lundi 25 décembre 2017

La joie de Noël

1 Jean 1.1-4
1 Nous vous annonçons la Parole qui donne la vie et qui existe depuis toujours. Nous l'avons entendue, nous l'avons vue de nos yeux, nous l'avons regardée avec attention, nous l'avons touchée de nos mains. 2 Oui, la vie s'est montrée, et nous l'avons vue. Nous en sommes témoins, et nous vous annonçons cette vie avec Dieu pour toujours. Elle était près du Père et elle s'est montrée à nous. 3 Cette vie, nous l'avons vue et nous l'avons entendue. Nous vous l'annonçons à vous aussi, ainsi vous serez unis à nous. Ensemble, nous serons unis au Père et à son Fils Jésus-Christ. 4 Nous vous écrivons cela pour que notre joie soit totale.

Ce prologue de la première épître de Jean, comme celui de l'Evangile selon Jean, nous parle de l'incarnation. Cette Parole, qui était dès le commencement et qui s'est manifestée parmi les humains. Cette Parole entendue, vue, contemplée et touchée. Le message de Noël c'est qu'en Jésus-Christ, le Dieu invisible devient visible, le spirituel devient matériel, la Parole devient chair.

Mais ce qui surprend ici, c'est le « nous ». Qui est désigné par ce « nous » ? C'est sans doute le « nous » des témoins oculaires. De ceux qui ont vu Jésus de leurs yeux, qui l'ont entendu de leurs oreilles, qui ont contemplé sa gloire de Ressuscité, qui l'ont même alors touché.

Ce « nous » est limité à quelques-uns : ils sont très peu nombreux à pouvoir dire tout cela. Jean en faisait partie... Mais Jean n'en reste pas à ce « nous ». Il y a ensuite un « vous », au verset 3 : « Nous en sommes témoins, et nous vous annonçons cette vie avec Dieu pour toujours. ... » Ce « vous », c'est celui des destinataires de l'épître, et à travers eux, nous aussi, qui l'entendons aujourd'hui. Ce sont ceux qui n'ont pas vu, entendu et touché le Christ mais qui ont entendu la Bonne Nouvelle à son sujet. Comme nous l'avons entendue une fois de plus ce soir... C'est vous et moi.

Et si nous recevons cette Bonne Nouvelle par la foi, alors nous sommes en communion avec les premiers témoins oculaires du Christ : « Nous vous l'annonçons à vous aussi, ainsi vous serez unis à nous. » Et cette communion n'est pas seulement une communion de pensée ou d'opinion, c'est une communion spirituelle, une communion « avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ. »

Si bien que le « nous » du verset 4 est sans doute différent du « nous » du verset 1. Jean dit à la fin de notre passage : « Nous vous écrivons cela pour que notre joie soit totale. ». Mais de la joie de qui parle-t-il ? Seulement de celle des témoins oculaires ? Ne serait-ce pas la joie de tous ceux qui partagent la communion avec le Père et le Fils ? Le « nous » du verset 4 englobe le « nous » du verset 1 et le « vous » du verset 3...

Nous pouvons partager la même joie que les bergers témoins de la naissance de Jésus, la même joie que les disciples témoins oculaires du Christ jusqu'à sa résurrection, la même joie que tous les chrétiens depuis 2000 ans qui chantent Noël.

Si la joie de Noël est évidente pour ceux qui fêtent Noël dans une famille unie, avec plusieurs générations qui partagent un bon repas et s'échangent des cadeaux, qu'en est-il pour ceux qui n'ont pas cette chance, pour ceux qui sont seuls, ou en rupture avec leur famille, ou qui n'ont pas les moyens ou la possibilité d'offrir des cadeaux ? Qu'en est-il de ceux qui vivent Noël dans un pays en guerre, ou en exil loin de leur pays, ou de façon clandestine parce qu'ils n'ont pas le droit d'afficher leur foi ?

Mais pour le croyant, la joie de Noël ne dépend pas des circonstances. La joie de Noël, c'est celle qui naît de la connaissance d'un Dieu qui est devenu l'un des nôtres pour nous sauver, qui s'est fait serviteur, partageant notre condition humaine, nos limites et nos souffrances, nos tentations et nos épreuves, par amour.

Noël, c'est la joie profonde d'être compris et aimé par Dieu, et cela reste vrai dans toutes les circonstances de notre vie.

dimanche 10 décembre 2017

Un nouvel espoir !

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Esaïe 40.1-11

1 Redonnez de l'espoir à mon peuple. Oui, redonnez-lui de l'espoir, dit votre Dieu. 2 Rendez courage à Jérusalem. Annoncez-lui à haute voix : « Les travaux forcés sont terminés pour toi, tu as fini de réparer ta faute, le SEIGNEUR t'a fait payer le prix total de tous tes péchés. » 3 Quelqu'un crie : « Dans le désert, ouvrez un chemin pour le SEIGNEUR. Dans ce lieu sec, faites une bonne route pour notre Dieu. 4 Remplissez de terre le creux des vallées, abaissez les montagnes et les collines. Changez en plaines toutes les pentes, et les hauteurs en vallée. 5 Alors la gloire du SEIGNEUR paraîtra, et tous les habitants de la terre la verront. Voilà l'ordre du SEIGNEUR. » 6 Quelqu'un me dit : « Crie ! » Je demande : « Qu'est-ce que je dois crier ? » Il répond : « Ceci : les êtres humains sont comme l'herbe, ils ne sont pas plus solides que les fleurs des champs. 7 Quand le souffle du SEIGNEUR passe sur elles, l'herbe sèche et la fleur tombe. — Oui, les êtres humains sont aussi fragiles que l'herbe. — 8 L'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu tient toujours. » 9 Jérusalem, monte sur une haute montagne. Ville de Sion, crie de toutes tes forces. Toi qui apportes une bonne nouvelle, élève la voix, n'aie pas peur. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! 10 Voici le Seigneur DIEU. Il vient avec puissance. Il est assez fort pour gouverner. Il rapporte ce qu'il a gagné, il ramène la récompense de son travail. 11 Comme un berger, il garde son troupeau, il le rassemble d'un geste de la main, il porte les agneaux dans ses bras, il conduit doucement les brebis qui allaitent leurs petits. »


Nous sommes le 10 décembre. La date tant attendue approche ! Plus que quelques jours pour arriver au jour que tous, petits et grands, attendent depuis des semaines. Et tout le monde s'y prépare. On essaye de deviner ce que nous allons découvrir avec émerveillement ce jour-là... L'attente grandit. La tension est palpable. Enfin, nous allons bientôt savoir...

Je ne parle pas de Noël, je parle du nouvel épisode de Star Wars qui sort mercredi ! Qui sont les parents de Rey ? Luke est-il passé du côté obscure de la force ? Et qui est réellement Snoke, le nouveau grand méchant ?

Les mauvaises langues disent bien que la nouvelle trilogie ne fait que copier la première trilogie. Mais les mythes se répètent... l'histoire aussi ! Ce qui s'est passé il y a très longtemps, dans une lointaine galaxie, rappelle ce qui s'est passé il y a longtemps, dans un lointain pays en Palestine... et fait même écho à ce qui se passe aujourd'hui, chez nous.

Hier comme aujourd'hui, ne connaissons-nous pas un monde qui a perdu l'espoir, où de nouvelles formes de mal menacent, face à un avenir incertain voire bouché ? Et pourtant, hier comme aujourd'hui certains parlent de l'espoir fou d'un sauveur qui fera vaincre la lumière face aux ténèbres.

Et on n'est pas dans un film... Avec Esaïe, on est en Israël. Le prophète apparaît au VIIIe siècle avant Jésus-Christ alors que la menace assyrienne est aux portes du royaume d'Israël. Esaïe présente cette menace comme l'intervention de Dieu lui-même à l'égard de son peuple infidèle. Mais dans sa deuxième partie, qui commence avec le chapitre 40, le livre évoque un autre contexte, celui de l'invasion babylonienne au VIe siècle avant Jésus-Christ. Les Juifs ont été déporté à Babylone. Loin du pays que Dieu leur avait donné, loin du Temple où ils allaient rencontrer Dieu, les exilés sont dans le désespoir, avec la certitude que Dieu les a abandonné. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir... Mais c'est dans ce contexte que Dieu va vouloir redonner de l'espoir à son peuple. Non, il ne l'a pas abandonné et il a encore des projets de libération pour lui. Et au cœur de ces chapitres 40-55, quatre poèmes commenceront à présenter un personnage mystérieux, le Serviteur du Seigneur, dans lequel le Nouveau Testament verra la figure du Messie, Jésus-Christ. 

Notre texte de ce matin est un texte d'espérance, qui répondait aux besoins spirituelles des Juifs exilés à Babylone... mais qui répond aussi à nos besoins spirituels aujourd'hui. Je vous propose d'en souligner trois.


On a besoin d'espoir !

Un nouvel espoir. C'est désormais le titre du tout premier film de la saga Star Wars... L'espoir, c'est le premier besoin auquel notre texte répond : « Redonnez de l'espoir à mon peuple ! ». Un appel qui trouve un écho bienfaisant pour nous aujourd'hui, particulièrement en ce temps de l'Avent. 

Les versions traditionnelles préfèrent traduire par « Consolez » ou « Réconfortez », et c'est bien le sens premier du verbe hébreux. Mais la consolation et le réconfort dont il s'agit s'expriment bien par un nouvel espoir dans le contexte du livre d'Esaïe. C'est bien en ouvrant des perspectives d'avenir que le Seigneur console son peuple. Le temps est venu de faire place au Seigneur et de l'accueillir comme un libérateur.

Dans ce temps de l'Avent, les paroles d'Esaïe trouvent leur écho dans le personnage de Jean-Baptiste, dont le ministère a été de préparer la venue du Christ, d'ouvrir ce chemin pour le Messie libérateur.

Aujourd'hui encore nous avons besoin d'espoir. Et le message de Noël est bien celui d'un espoir, toujours renouvelé. Le Fils de Dieu est venu, sa lumière brille dans notre obscurité. Face aux guerres et aux conflits, face au terrorisme et à la haine, face à la précarité et l'incertitude du lendemain, nous rappelons que le Fils de Dieu est venu naître dans une étable, pour nous éclairer de la lumière de Dieu, pour offrir sa vie pour nous, pour ressusciter victorieux.

Notre attente aujourd'hui, c'est qu'il vienne à nous par son Esprit pour nous relever, nous consoler, nous guider. Notre attente aujourd'hui, c'est qu'il revienne au jour fixé par Dieu, pour accomplir pleinement son Royaume et chasser définitivement jusqu'au dernier ennemi, la mort.

On a besoin d'espoir, et cet espoir se trouve en Jésus-Christ !


On a besoin de promesses fiables !

Des promesses, on en a entendu cette année, avec la campagne électorale... Sans se faire trop d'illusion sur leur fiabilité. Il y a bien un cynisme ambiant auquel nous cédons facilement. Nous n'arrivons arriver à croire aux promesses qu'on nous fait, échaudés que nous sommes par l'omniprésence de la langue de bois, les publicités mensongères ou les fake news...

Esaïe le dit : « les êtres humains sont comme l'herbe, ils ne sont pas plus solides que les fleurs des champs. Quand le souffle du SEIGNEUR passe sur elles, l'herbe sèche et la fleur tombe. — Oui, les êtres humains sont aussi fragiles que l'herbe... » (v.6b-7)

Oui les humains sont fragiles... et leurs promesses aussi ! Ce n'est pas sur un homme que tout notre espoir peut reposer. Même s'il s'agissait d'un Jedi... C'est un appui bien trop fragile. Mais comme le dit Esaïe : « L'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu tient toujours. » (v.8)

A la fragilité de l'être humain, le prophète oppose la force de la parole de Dieu. Sa parole, ce sont ses promesses. Elles sont fiables et solides. Les Israélites l'avaient oublié, dans le désespoir de leur exil. Ils avaient oublié que le jugement de Dieu n'effaçait pas ses promesses irrévocables.

Nous pouvons penser parfois que nos erreurs, nos fautes, nous ferment les portes des promesses de Dieu. Elles peuvent, certes, nous éloigner de Dieu, provoquer en nous une sorte d'exil spirituel. Mais les promesses de Dieu demeurent.

« Si nous lui sommes infidèles,
lui demeure fidèle,
car il ne peut se renier lui-même. »
(2 Timothée 2.13)

Il est donc toujours temps de revenir à lui et de repartir à zéro. Toujours.


On a besoin de douceur !

La fin de notre texte est extraordinaire. Le prophète annonce la venue du Seigneur, en vainqueur, dans toute sa puissance... Et c'est un berger qui arrive, plein de douceur et de bienveillance !

« Voici le Seigneur DIEU. Il vient avec puissance. Il est assez fort pour gouverner. Il rapporte ce qu'il a gagné, il ramène la récompense de son travail. Comme un berger, il garde son troupeau, il le rassemble d'un geste de la main, il porte les agneaux dans ses bras, il conduit doucement les brebis qui allaitent leurs petits. » (v.10-11)

Dans la promesse d'Esaïe Dieu ne vient pas en inspirant la peur mais en inspirant la paix et la confiance. Comme il se révéla à Elie dans la souffle doux et subtil et non dans le feu et la tempête.

Comme le disait Yoda à Anakin Skywalker avant qu'il devienne Dark Vador, avec une sagesse aux accents bibliques : « La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. »

La peur, la colère, la haine, la souffrance... L'espérance d'Esaïe y répond. Le message de Noël y répond. En Jésus, Dieu ne vient pas en inspirant la peur mais la paix et la confiance. Le Fils de Dieu vient avec douceur. Alors même que le peuple attendait un libérateur guerrier, que Jean-Baptiste lui-même semblait annoncer un juge intraitable, c'est un petit enfant qui viendra. Un enfant qui, adulte, se comparera à un bon berger qui prend soin de ses brebis, qui est prêt même à donner sa vie pour elles.

On a besoin de douceur et de bienveillance. Alors même que ce ne sont pas vraiment des valeurs qui sont mises en avant dans notre société, beaucoup plus marquée par la compétition, la lutte, la réussite personnelle... des valeurs qui sont aussi souvent génératrices de peur : la peur d'échouer, d'être devancé.

Nous pouvons, au contraire, regarder l'avenir avec paix et confiance, parce que nous avons un Dieu tout-puissant qui porte sur nous un regard bienveillant et plein de douceur.


Conclusion

Mercredi, je serai au cinéma pour voir le nouveau Star Wars. J'ai réservé ma place depuis plusieurs semaines... Je suis impatient ! Mais, évidemment, ce n'est que du cinéma. Le véritable espoir dont nous avons besoin ne peut pas venir d'un homme, même s'il s'agissait d'un Jedi !

Ou plutôt, il ne peut pas venir d'un homme seulement... Car Jésus-Christ est bien un homme mais il est aussi le Fils de Dieu.

On a besoin d'espoir. On a besoin de promesses fiables. On a besoin de douceur. Tout cela on le trouve en Jésus-Christ. Il a vaincu la mort : sa résurrection est notre espoir le plus grand. Il est venu accomplir le projet de Dieu : il accomplit ses promesses. Il est devenu l'un des nôtres, humble serviteur, pour manifester la compassion de Dieu.