dimanche 20 septembre 2015

Une détermination à évangéliser

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Lecture biblique : Matthieu 28.16-20
16 Les onze disciples partent pour la Galilée. Ils arrivent sur la montagne où Jésus leur a dit d'aller. 17 En voyant Jésus, ils l'adorent mais certains hésitent à croire. 18 Jésus s'approche et leur dit : « J'ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. 19 Allez chez tous les peuples pour que les gens deviennent mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. 20 Apprenez-leur à obéir à tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.  »

Ce sont les dernières paroles de Jésus à ses disciples dans l’Évangile selon Matthieu. Non pas ses dernières paroles avant sa mort, puisqu'il est ressuscité ! Mais ses dernières paroles avant son ascension, avant de retourner auprès de son Père. Elles sont donc d'une importance particulière.

Tout est fait pour le souligner. Jésus a fixé un rendez-vous à ses disciples, sur une montagne, pour les leur transmettre. Et il commence avec une affirmation solennelle qui donne le ton : « J'ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. »

Et puis viennent les exhortations : allez chez tous les peuples, baptisez-les, apprenez-leur à obéir à mes commandements... La tâche est si grande, elle ne peut pas concerner les seuls apôtres réunis alors sur cette montagne ! Elle concerne toute l’Église, l'ensemble des disciples de Jésus-Christ d'hier, aujourd'hui et demain.

Ces paroles résument en quelques mots la mission de l’Église. Le mandat que Jésus-Christ lui a confié. Un mandat qui, par sa formulation, fait écho à un autre mandat, celui que le Créateur avait donné à toute l'humanité en Genèse 1.28 :

« Ayez des enfants, devenez nombreux. Remplissez la terre et dominez-la. Commandez aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel et à tous les animaux qui se déplacent sur la terre. »

L'humanité devait se multiplier et remplir la terre pour la dominer, c'est-à-dire y jouer son rôle de gestionnaire confié par Dieu. Ce mandat demeure, bien-sûr. Mais pour les disciples du Christ, un nouveau mandat vient s'ajouter, celui de remplir la terre... pour y faire des disciples du Christ.


Un mandat impératif

Premier élément à relever : c'est un commandement, pas une option. Jésus dit : « Allez ! » Il ne dit pas : « Ceux qui ont envie de le faire, allez-y ! », ou « ceux d'entre vous qui se sentent appelés à le faire, allez ! ». L'impératif est pour tous ! C'est le mandat de l’Église, et l’Église, c'est vous et moi.

Il est intéressant de remarquer que jusqu'ici, lorsque Jésus annonçait la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, il disait en général à ceux qui l'écoutaient : « Viens et suis-moi ! ». Mais maintenant, à ceux qui l'ont suivi il dit : « Allez ! ». Suivre le Christ, ce n'est pas rester entre nous, c'est aller chez tous les peuples.

Aller chez tous les peuples, c'est rejoindre l'autre là où il se trouve. Le connaître, l'aimer, chercher à le comprendre.

On est bien au-delà d'une présentation froide et objective de l’Évangile. Il ne suffit pas de glisser un traité dans la boîte aux lettres ou de donner un calendrier biblique pour répondre à l'appel de Jésus. L'objectif, c'est qu'ils deviennent des disciples. Il faut les enseigner à garder les commandements de Jésus. Bref, tout cela demande du temps, un investissement personnel, dans une vraie relation.

Alors certes, tout le monde n'est pas évangéliste au sens d'un ministère spécialisé. Mais tous nous sommes appelés à être témoins de l’Évangile, en paroles et en actes. Le mandat que Jésus confie à ses disciples, c'est à chacun de nous qu'il le confie aussi ! Quelle place réservons-nous à cet impératif dans notre vie de tous les jours ?


Un mandat universel

Jésus dit : « Allez chez tous les peuples... » La dimension universelle de ce mandat souligne le fait que tout le monde a besoin de recevoir l’Évangile. Notre voisin comme celui qui vit dans un peuple jamais atteint par l’Évangile.

Une telle affirmation peut paraître agressive, intolérante. La perspective d'aller chez tous les peuples pour faire des disciples peut s'apparenter à une stratégie de conquête qui peut faire peur.

Mais, il faut le souligner, il n'y a aucune contrainte. Un disciple, c'est celui qui décide de suivre son maître. On ne peut pas faire des disciples de Jésus-Christ sous la contrainte. Des adeptes d'une religion peut-être, mais pas des disciples de Jésus-Christ.

Or l’Évangile, ce n'est pas une religion. C'est une bonne nouvelle pour tous les hommes, celle de l'amour de Dieu manifesté pour tous les hommes, celle du pardon de Dieu offert grâce à la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Tous ceux qui ne connaissent pas cette bonne nouvelle se perdent. En avons-nous la conviction ? Sommes-nous bien sûrs que chacun, quel qu'il soit, a besoin de l’Évangile ? Je crois que souvent on vit comme si ce n'était pas le cas. On est content d'être chrétien, l’Évangile est important dans notre vie, on est peut-être déçu voire triste que nos proches n'aient pas la foi... Mais avons-nous vraiment le même regard que Jésus, ému de compassion en regardant la foule :

Jésus voit les foules et son cœur est plein de pitié. En effet, les gens sont fatigués et découragés, comme des moutons qui n'ont pas de berger. Alors Jésus dit à ses disciples : « Il y a une grande récolte à faire, mais les ouvriers ne sont pas assez nombreux. »  (Mt 9.36-37)


Un mandat assorti d'une promesse

On pourrait se dire que la tâche est immense et la responsabilité écrasante. Mais il ne faut pas oublier que ces paroles de Jésus se terminent par une promesse : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. ».

Alors oui, la tâche est immense et la responsabilité écrasante. Mais Jésus-Christ est là, avec nous. Après avoir dit au cours de son ministère : « Viens et suis moi. », Jésus nous dit maintenant : « Allez... et je vous suivrai ! »

« Allez... pour que les gens deviennent mes disciples. » Voilà l'objectif : faire des disciples du Christ. Pas des disciples de nous-mêmes, ou de notre Église, ou de notre religion. Il s'agit de présenter le Christ pour permettre à ceux qui ne le connaissent pas de le rencontrer.

Et c'est là que la présence du Christ est essentielle. C'est lui qui agit, c'est lui qui appelle, c'est lui qui convainc. C'est lui le maître.

Dans notre témoignage, il s'agit de présenter le Christ qui est vivant en nous par son Esprit. C'est pour cela que notre témoignage ne passe pas seulement par des mots mais aussi par notre façon de vivre. Laisser le Christ transparaître dans notre vie, c'est le début du témoignage.

Souvenons-nous en : annoncer l’Évangile, c'est présenter Jésus-Christ. Ce n'est pas enseigner une doctrine, une morale ou une religion.


Conclusion

Le troisième indice de vitalité qui nous est proposé est la détermination à évangéliser. Et ici, le mot détermination est important. Il est de notre ressort, en tant que disciple du Christ et en tant qu'Eglise, de placer l'évangélisation, l'annonce de la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, comme une priorité de notre vie.

C'est bien le mandat que Jésus a donné à ses disciples. Et ça ne nous est pas forcément naturel... Il faut aller, se lancer, prendre le risque du rejet ou du mépris. Mais c'est bien notre tâche. Car comme le dit bien l'apôtre Paul :

Comment invoquer le Seigneur si on ne croit pas en lui ? Et comment croire au Seigneur si on n'a pas entendu parler de lui ? Et comment entendre parler de lui si personne ne l'annonce ? (Romains 10.14)

dimanche 6 septembre 2015

Dix indices de vitalité - 1. La Parole de Dieu au centre


Cette prédication est la première d'une série sur les 10 indices de vitalité, empruntés au processus « Vitalité » proposé par l'UEEL pour une revitalisation des Églises. Ces indices bibliques veulent aider les Églises à porter un regard juste sur elles-mêmes, en vue de devenir des Églises saines et missionnaires. 

Et comme une Église, c'est avant les membres qui la composent, ces indices de vitalité peuvent aussi nous aider à faire le point sur notre propre vie spirituelle. 

Lecture biblique : 2 Timothée 3.10-17

10Toi, tu m'as suivi en tout : tu as écouté mon enseignement, tu as imité ma conduite, tu as connu mes projets, ma foi, ma patience, mon amour, ma fidélité. 11Tu sais les dures attaques et les souffrances que j'ai connues à Antioche de Pisidie, à Iconium, à Lystre. Oui, j'ai beaucoup souffert. Pourtant, le Seigneur m'a délivré de tout cela. 12D'ailleurs, tous ceux qui veulent vivre fidèlement en étant unis au Christ Jésus, on les fera souffrir. 13Mais les gens mauvais et les charlatans iront toujours plus loin dans le mal. Ils tromperont les autres, et on les trompera à leur tour. 14Toi, garde solidement ce que tu as appris et ce que tu as accepté comme quelque chose de sûr. Tu sais quels maîtres t'ont appris cela. 15Oui, tu connais les Livres Saints depuis ton enfance, ils sont capables de te donner la sagesse. Cette sagesse conduit au salut quand on croit en Jésus-Christ. 16Tous les Livres Saints sont inspirés de Dieu. Ils sont utiles pour enseigner la vérité, pour persuader, pour corriger les erreurs, pour former à une vie juste. 17Grâce aux Livres Saints, l'homme de Dieu sera parfaitement préparé et formé pour faire tout ce qui est bien.

2 Timothée 3.16 est sans doute un des versets bibliques préférés dans nos Églises évangéliques, un de ceux qui sont les plus cités... Après Jean 3.16 évidemment ! Nous aimons ce texte qui souligne l'inspiration des Écritures, et grâce auquel nous pouvons dire que la Bible est la Parole de Dieu. 

Mais pour bien le comprendre, il est utile de le replacer dans son contexte. La deuxième épître à Timothée est une épître tardive du Nouveau Testament. Elle contient les dernières instruction de l'apôtre Paul à son protégé Timothée. Nous sommes dans un contexte de lutte, la persécution contre les chrétiens s'intensifie et Paul dit à Timothée que ça va être dur, qu'il va continuer à rencontrer de l'opposition, qu'il devra se battre et risquer la persécution. 

Pour faire face à tout cela, il y a un fondement solide sur lequel s'appuyer : la Bible, Parole de Dieu. Paul invite Timothée à la mettre au cœur de son ministère. La Parole de Dieu au centre. Voilà bien un premier signe de vitalité, pour un chrétien comme pour une Église. Mais qu'entend-on par là ? 



La Parole de Dieu est au centre si son autorité est respectée

L'autorité de la Parole de Dieu découle de son inspiration. Si la Bible est la Parole de Dieu, alors elle doit être prise au sérieux et être LA référence pour notre foi et notre vie chrétienne. A cause de Celui qui l'a inspirée.

Comment sait-on si l'autorité de la Parole de Dieu est respectée ? Si elle sert toujours d'étalon à notre foi et notre pratique. Si tout ce que nous faisons cherche à être en accord avec l'enseignement biblique. 

Et on a beau dire que la Bible est notre autorité en matière de foi, avouons qu'en pratique, d'autres choses lui contestent cette autorité. Le poids des traditions et des habitudes, la recherche d'expériences ou de sensations fortes, la comparaison (pour ne pas dire la compétition) avec les autres...

Qu'est-ce qui gouverne notre vie ? Qu'est-ce qui est le fondement de nos différents comportements ? Qu'est-ce qui oriente notre vie d'Eglise ? Pourquoi fait-on telle ou telle activité ? Dire : « On a toujours fait comme ça... » n'est jamais une réponse valide ! 

Il s'agit de remettre les habitudes et les traditions à leur place. Il n'y a pas de tradition qui ne puisse être mise en doute, pas d'habitude qui ne puisse être questionnée. Ça ne veut pas dire qu'on va forcément rejeter toute tradition. Mais il faut que nous soyons prêts à les réévaluer sans cesse à la lumière de la Parole de Dieu.


La Parole de Dieu est au centre si elle étudiée avec sérieux

Pour certains, on pourrait croire qu'il suffit de citer un verset biblique pour justifier telle doctrine ou tel comportement pour avoir respecté l'autorité de l'Ecriture. C'est une erreur ! Je sais qu'il y a cette habitude bien évangélique de vouloir toujours trouver un verset biblique qui réponde de manière définitive à chaque question. Mais la Bible n'est pas un livre de recettes... 

L'apôtre Paul rappelle à Timothée que la Parole de Dieu est utile « pour enseigner la vérité, pour persuader, pour corriger les erreurs, pour former à une vie juste. » Cela implique bien plus que de simples citations de versets bibliques mais une étude sérieuse, une lecture intelligente.

Une lecture intelligente de la Bible, c'est d'abord une lecture qui la prend pour ce qu'elle est : une véritable bibliothèque, riche de toute sa diversité. Avec une intention première : révéler le projet de salut de Dieu. Mettre la Parole de Dieu au centre, c'est développer sa culture biblique. Lire et relire la Bible, toute la Bible. Il faut privilégier l'ensemble par rapport au détail. Préférer une lecture continue à une lecture fragmentée. 

Ca implique sans doute aussi d'éviter une lecture solitaire. La lecture personnelle est importante, bien-sûr. Mais lire intelligemment la Bible, c'est aussi la lire ensemble, dans l'écoute mutuelle, en acceptant les débats. Pas de pensée unique dans la lecture intelligente de la Bible ! Il s'agit d'être prêt à se laisser surprendre, à être remis en question. 



La Parole de Dieu est au centre si elle est mise en pratique

Il faut aller plus loin. Une lecture intelligente ne s'arrête pas à l'intellect. L'apôtre Paul termine son paragraphe en soulignant le but ultime visé, qui n'est pas d'augmenter sa connaissance mais d'être « parfaitement préparé et formé pour faire tout ce qui est bien. » (v.17)

L'objectif pointé par l'apôtre Paul, ce n'est pas une connaissance encyclopédique de la Bible mais une vie transformée et façonnée par elle. La Bible pour elle-même ne sert à rien. Son étude, sa méditation, n'a de sens que si elle nous permet d'avancer spirituellement, de progresser dans la foi. 

La Bible sera au centre de notre vie, au centre de notre Église, si elle est mise en pratique. La centralité de la Parole de Dieu se mesure aux fruits qu'elle nous fait porter dans notre vie. Comment la lecture de la Bible continue-t-elle à vous transformer aujourd'hui ?

Il est triste, et parfois même scandaleux, de voir des chrétiens qui connaissent la Bible sur le bout des doigts avoir un comportement en complet désaccord avec l’Évangile : dans le jugement, refusant de pardonner, étant fauteur de trouble, dans le mensonge ou les magouilles... Ce n'est peut-être pas le dimanche au culte, mais pendant la semaine sur leur lieu de travail ou dans leur famille. Ces chrétiens ont beau connaître la Bible par cœur, la Parole de Dieu n'est certainement pas au centre de leur vie !


Conclusion

Affirmer la centralité de la Parole de Dieu, pour une Église ou pour un chrétien, est une évidence. Mais il ne suffit pas de connaître la Bible par cœur pour que ce soit vraiment le cas. 

La Parole de Dieu est au centre si son autorité est respectée, si on l'étudie avec sérieux et si elle est mise en pratique. Sinon, elle n'est qu'un élément parmi d'autres dans notre Église et dans notre vie. Et nous ne devrons pas nous étonner alors de manquer de vitalité spirituelle...

Par contre, si elle est vraiment au centre de notre vie, alors l'oeuvre de Dieu en nous sera réelle et elle portera du fruit !