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dimanche 6 septembre 2020

LE BERGER ET LA BREBIS PERDUE

 

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Est-ce que vous aimez qu’on vous raconte une histoire ? 

J’ai une fille qui est maîtresse des écoles et qui a donc fait sa rentrée cette semaine. Cette année, elle va faire des remplacements mais elle est ravie parce qu’elle commence l’année avec une classe de maternelles. Et ce qui lui plaît en particulier, c’est qu’elle va pouvoir raconter plein d’histoires à ses élèves. 

Mais les histoires, ce n’est pas seulement pour les enfants ! Moi qui suis cinéphile, j’aime me laisser embarquer par l’histoire qu’un film me raconte. Et si vous aimez lire, vous devez ressentir le même plaisir. 

Jésus aussi aimait raconter des histoires dans son enseignement. Il partait d’une situation de la vie de tous les jours pour en tirer une leçon spirituelle. C’est ce qu’on appelle les paraboles. Je vous propose d’en lire une ce matin :

Matthieu 18.12-14

12 Qu'en pensez-vous ? Si quelqu'un possède cent moutons et que l'un d'eux s'égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de celui qui s'est égaré ? 13 Je vous l'affirme, s'il le retrouve, il ressent plus de joie pour ce mouton que pour les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont pas égarés. 14 De même, votre Père qui est dans les cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits se perde.

Dans cette parabole, il y a deux personnages principaux : un berger et un mouton. Le berger nous parle de Dieu. Le mouton nous parle de nous. On peut même dire, probablement, que la parabole parle d’abord du berger (cf. la conclusion au verset 14) et ensuite du mouton. 

Mais je vous propose de commencer par le mouton… parce qu’il parle de nous !


Le mouton

Tout ce qu’on sait du mouton de l’histoire, c’est qu’il est perdu. On ne sait pas dans quelles circonstances il s’est égaré, ni si c’est de sa faute ou pas… Peu importe. Il est perdu. 

On a tous connu, une fois ou l’autre, ce sentiment d’être perdu. Que ce soit en randonnée parce qu’on s’est écarté des chemins balisés, à la lecture d’un mode d’emploi dont on ne comprend rien, ou face à une tâche à accomplir dont on se sent incapable… Qui n’a pas dit, un jour : “là, je suis perdu !”

Plus subtile : parfois on est perdu sans le savoir, ou en étant même persuadé qu’on a la situation bien en main… et là c’est pire ! Parce qu’on s’obstine. 

Ce que notre parabole veut nous dire, et ce que la Bible dit par ailleurs à plusieurs reprises, c’est que lorsque nous vivons sans Dieu, nous sommes perdus. Qu’on en soit conscient ou non. Ça ne veut pas dire pour autant qu’on est les pires des racailles, des voyous sans foi ni loi. On peut être des gens très bien sous tout rapport… et être perdus. 

Une affirmation biblique fondamentale, c’est que l’être humain a été créé à l’image de Dieu. C’est une façon de dire que nous sommes faits pour être en relation avec notre Créateur. Sans ce lien à notre Créateur, nous sommes perdus. 

Et le risque de se retrouver perdu, de s’égarer, de se perdre par rapport à soi-même, nous concerne tous, croyants ou non. Une des forces de la foi, c’est de se reconnaître perdu, c’est-à-dire ayant besoin de Dieu. Et cela, on peut aussi l’oublier en tant que chrétien, et vivre sa vie comme si Dieu n’était pas là, comme si, finalement, on pouvait se débrouiller tout seul. Ce n’est plus Dieu qui compte mais notre foi, notre appartenance religieuse, nos rites et nos habitudes… 

Avoir la foi, c’est être conscient de notre besoin de Dieu dans notre vie. Et avoir une foi vivante, c’est se nourrir de Sa présence au quotidien. 


Le berger

Venons-en maintenant au berger de la parabole. Il y a deux choses qui me frappent, dans cette histoire, à propos du berger : d’abord le fait que chaque mouton semble l’intéresser plus que le troupeau dans son ensemble, et ensuite sa joie communicative quand il retrouve le mouton perdu.

Il me semble que nous pouvons en tirer deux leçons sur Dieu :

  • Dieu n’aime pas seulement les humains en général, il se soucie de chacun en particulier. 
  • Ce que Dieu nous offre, ce n’est pas seulement de retrouver le troupeau mais de partager sa joie. 

Dieu est un berger qui connaît et qui se soucie de chaque mouton en particulier. Avec lui, ce n’est pas “une de perdue, dix de retrouvées”, c’est “une de perdue, une à retrouver !”. Dieu nous cherche ! Même si, aujourd’hui, nous ne nous soucions guère de lui, il cherche à rétablir la relation avec nous. 

Dieu n’est pas spectateur de notre vie. Ce n’est pas un juge ou un arbitre qui compte le bons et les mauvais points. Il est acteur de notre vie, il nous cherche et veut prendre soin de nous. Le Dieu dont nous parle la Bible n’est pas un Dieu lointain et impersonnel, c’est un Dieu proche, aimant, et personnel. Il n’est pas seulement l’architecte qui a créé l’univers et ses lois avant de laisser le monde fonctionner tout seul, il est un berger qui aime et prend soin de ses brebis.

C’est aussi pourquoi le berger ne veut pas seulement nous faire “rentrer dans le rang” et réintégrer le troupeau. Dieu ne veut pas que nous soyons des moutons de Panurge, qui suivent le mouvement sans se poser de question, sans recul, sans esprit critique… et sans enthousiasme ! Il veut que nous partagions sa joie. Sa joie de nous avoir retrouvé… et notre joie de l’avoir trouvé ! 

Il est important d’apprendre à voir la vie chrétienne comme l’occasion de partager la joie de Dieu. Ça ne veut pas dire que tout sera toujours merveilleux, un chemin sans embûche, sans difficulté, sans épreuve… loin de là. Un chrétien n’est pas toujours gai et sautillant ! 

Mais connaître Dieu, à travers Jésus-Christ, comme un berger qui nous connaît, nous aime et prend soin de nous, n’est-ce pas la source d’une joie profonde, paisible dans l’épreuve et enthousiasmante d’espérance ? 


Conclusion

Dieu se réjouit ce matin, il partage notre joie en ce dimanche où nous avons assisté à un baptême. Il est rempli de la joie du berger de la parabole. 

Quel que soit notre cheminement personnel, il nous invite à croire que nous sommes perdus si nous perdons le contact avec Dieu. Et ça peut nous arriver à tous, y compris si nous sommes croyant de longue date. 

Mais lorsque nous nous égarons, pour une raison ou pour une autre, Dieu nous cherche toujours. Sans relâche. Il ne s’en lasse jamais. C’est la conclusion de la parabole : “votre Père qui est dans les cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits se perde.” 

Ce Dieu-là mérite qu’on se laisse trouver par lui… et que nous partagions sa joie !


dimanche 3 mai 2020

Le berger et la porte


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Cette courte prédication fait partie d'un "mini-culte" filmé spécialement pour le temps de confinement dû à l'épidémie de covid-19. La vidéo peut être visionnée sur la page de l'Eglise évangélique libre de Toulouse.

Jésus aimait raconter des histoires. On en trouve plusieurs dans les évangiles, ce sont les paraboles. Inspirées de la vie quotidienne, elles font références à des situations que tout le monde connaissaient. Mais Jésus les racontait pour enseigner des vérités spirituelles. Derrière leur apparente simplicité, elle ont une portée et une profondeur étonnantes.

Parfois elles sont évidentes à comprendre, parfois un peu plus obscures. Mais elles nous réservent souvent des surprises. Le texte de l’Evangile de ce dimanche en est un parfait exemple.

Je vous propose de lire, dans l’Evangile selon Jean, au chapitre 10, les versets 1 à 10.

Jean 10.1-10
1 Jésus dit : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : celui qui entre dans l'enclos des moutons sans passer par la porte, mais en grimpant par un autre côté, celui-là est un voleur, un brigand. 
2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des moutons. 3 Le gardien lui ouvre la porte et les moutons écoutent sa voix. Il appelle ses moutons chacun par son nom et les mène dehors. 
4 Quand il les a tous fait sortir, il marche devant eux et les moutons le suivent, parce qu'ils connaissent sa voix. 5 Mais ils ne suivront certainement pas un inconnu ; ils fuiront plutôt loin de lui, parce qu'ils ne connaissent pas la voix des inconnus. »
6 Jésus se servit de cette image pour leur parler, mais ses auditeurs ne comprirent pas ce qu'il leur disait.
7 Jésus poursuivit : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : moi je suis la porte de l'enclos des moutons. 8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands ; mais les moutons ne les ont pas écoutés. 9 Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture. 10 Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire. Moi, je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance.


On cite souvent ce texte pour évoquer la figure du bon berger appliquée à Jésus. Et c’est vrai. C’est bien une des leçons de cette parabole. Jésus est comme un bon berger, qui prend soin de son troupeau. Il protège et rassure ses moutons, qui connaissent et aiment sa voix. C’est une très belle image de la proximité du croyant avec son Dieu, inspirée d’une image biblique, présente par exemple dans le fameux Psaume 23 : “Le Seigneur est mon berger…”

Mais dans les versets que nous avons lus, lorsque Jésus explique l’histoire que nous venons de lire, il ne parle parle pas d’abord du berger. Avant de dire qu’il est le berger, il se compare à un autre élément de l’histoire, et ce n’est pas celui auquel on aurait forcément pensé. Il affirme ainsi, au verset 9 :

“Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture.”


Certes, Jésus est le bon berger de cette parabole. Mais il en est aussi la porte… Or que dit-on de cette porte, dans l’histoire ?

  • C’est par elle que passe le berger, à l’inverse des voleurs et brigands qui, eux, escaladent l’enclos. 
  • C’est par elle que passent les moutons, guidés par le berger. Elles peuvent ainsi entrer et sortir de l’enclos. 



La porte c’est l’entrée légitime dans l’enclos

La porte de l'enclos laisse passer le véritable berger alors que les voleurs et les brigands escaladent l’enclos. Jésus est donc l’entrée légitime dans l’enclos. Qu’est-ce que ça signifie ? En fait, nous avons ici une affirmation messianique forte. Jésus est le Messie, celui que Dieu a choisi pour accomplir son plan de salut, son projet pour nous réconcilier avec lui.

En réalité, Jésus est à la fois le berger et la porte qui permet au berger d’entrer. Un peu comme la lettre aux Hébreux dira que Jésus est à la fois le sacrifice et le prêtre qui offre le sacrifice. D’ailleurs, on retrouvera cette notion de sacrifice, dans la deuxième partie de l’explication que Jésus donnera de cette histoire. Il affirmera alors qu’il est aussi le bon berger “qui donne sa vie pour ses moutons”.

L’Evangile, c’est-à-dire la Bonne Nouvelle, c’est que Dieu pourvoit à tout pour notre salut. Il est la porte et le berger qui nous fait entrer et sortir de l’enclos. Il est le sacrifice et le prêtre qui offre le sacrifice. Or Jésus, le Fils de Dieu devenu homme, est le seul à pouvoir être cela. Justement parce qu’il est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. C’est un des plus grands mystères de la foi chrétienne. Mais c’est aussi l’un des plus importants, sans lequel l’édifice de l’Evangile s'écroule… mais grâce auquel nous pouvons recevoir l’assurance du salut, parce qu’il repose entièrement sur Dieu.


La porte permet aux moutons d’entrer et de sortir

L’autre leçon de cette histoire, c’est ce que cette métaphore de la porte nous dit du salut lui-même. “Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture.” Et Jésus conclut en disant : “Moi, je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance.”

Si on prête attention à l’histoire que raconte Jésus, le berger entre dans l’enclos pour en faire sortir les moutons, les amener à leur lieu de pâturage, et qu’ils trouvent leur nourriture. Cette porte, explique Jésus, permet aux moutons d’entrer et de sortir. Autrement dit, le salut, ce n’est pas d’être à l’abri dans l’enclos, c’est d’être conduit par le berger en dehors de l’enclos. Le berger, grâce à la porte, ne confine pas ses moutons dans l’enclos mais leur permet d’entrer et de sortir. Une image qui résonne de façon particulière pour nous, après presque deux mois de confinement…

Le salut, c’est la porte, pas l’enclos ! Ça me semble important de le dire parce que la tentation existe de comprendre le salut plutôt comme un enclos… au risque qu’il devienne un bunker.  Le salut que Dieu nous offre ne nous enferme pas, il nous rend libre et nous garantit la présence du Seigneur à nos côtés.

Or il y a des chrétiens qui se confinent dans leur Église, dans leur pratique religieuse ou dans leurs certitudes. Ils se coupent du monde et ne suivent pas le berger qui veut les y mener. Pire, ils referment la porte que le gardien vient d’ouvrir, préférant se replier sur eux-mêmes.

Mais ça, c’est le contraire de l’Evangile, qui est amour du prochain, partage, espérance. Jésus est la porte de l’enclos. Une porte grande ouverte !


Conclusion

Lorsque nos églises et nos temples se rouvriront, il ne s’agira pas de nous y confiner ! Nous nous y rassemblerons, certes. Et nous en aurons besoin ! Mais nous devrons garder la porte grande ouverte sur le monde. Plus encore, il s’agira, s’il le faut, de déconfiner nos Églises !

Notre appel n’est pas de nous rassembler dans l’enclos de l’Eglise et de rester entre nous, en sécurité et bien au chaud... Notre appel est de passer la porte et de suivre le Christ là où il nous conduira, dans les pâturages du monde, pour y apporter et y vivre l’Evangile.

C’est là que le Christ nous attend !