dimanche 22 mai 2022

N’ayez pas peur !

 

Ecouter la prédication

Comme le disait un sage il y a longtemps, très longtemps, dans une galaxie lointaine : « La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. » 

Ce n’est certes pas une parole biblique… mais ça aurait pu ! Car elle entre en écho avec la pensée biblique qui met en garde contre la peur et ses conséquences. D’ailleurs, l’une des exhortations les plus courantes dans la Bible est : « N’ayez pas peur ! » On la trouve, sous différentes formes, dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. Jésus lui-même l’a prononcé à plusieurs reprises. 

« N’ayez pas peur ! » Il semblerait que cette injonction revienne, sous une forme ou sous une autre, 365 fois dans la Bible… Une pour chaque jour. 

Si on a besoin de l’entendre si souvent, c’est bien que les raisons d’avoir peur ne manquent pas. On en sait quelque chose aujourd’hui, dans cette période anxiogène que nous traversons depuis deux ans, où la litanie des morts quotidiens à cause du Covid a été remplacée par les images des bombardements en Ukraine, si proche de nous, sans même parler du couperet de la crise écologique. Coup sur coup, deux menaces dont on croyait à tort être définitivement délivré en Europe nous a frappé : une pandémie et la guerre. Elles viennent bousculer nos certitudes, nos assurances illusoires… 

Il ne s’agit pas de nier les dangers ou de ne pas s’inquiéter de l’avenir de notre monde face aux événements qui nous secouent. Mais il s’agit bien de ne pas sombrer dans la peur… car la peur conduit aux pires excès. 

La peur est une émotion facile à manipuler, on peut l’utiliser comme un levier pour contraindre, paralyser, manipuler, on peut jouer avec les peurs et les instrumentaliser. On désigne alors des boucs émissaires, on attise les colères et les haines. Et franchement, depuis plus de deux ans, ça n’a pas manqué, de toutes parts, sur les réseaux sociaux, dans certains médias, dans certains discours politiques… et je ne suis pas sûr du tout que les Eglises en sortent indemnes. 

Depuis deux ans, la peur s’est invitée aussi dans les Eglises ! Evidemment, il faut être prudent et prendre au sérieux les dangers et les risques. Mais pas pour autant basculer dans la peur. J’ai l’impression qu’on s’est tous, un peu au moins, laissés gagner par le contexte anxiogène ambiant. Mais notre foi et notre espérance ne devraient-elles pas nous procurer la paix, y compris dans l’épreuve et l’angoisse, y compris face à une pandémie ou une guerre ? Je ne sens pas toujours les Eglises marquées par cette paix, dans ses relations internes, dans le quotidien de ses membres, dans la façon d’appréhender ce qui se passe dans le monde… 

Dans ce contexte, le texte de l’Evangile de ce matin me semble tout à fait approprié puisqu’on y entend Jésus prononcer cette fameuse injonction : « N’ayez pas peur ! » Il le fait au cœur du long entretien qu’il a avec ses disciples, dans l’Evangile de Jean, juste avant d’être arrêté et condamné à être crucifié. D’une certaine façon, c’est bien aussi un contexte anxiogène pour Jésus et ses disciples…

Jean 14.23-29

23 Jésus continua : « La personne qui m'aime obéira à ma parole et mon Père l'aimera. Nous viendrons à elle, mon Père et moi, et nous ferons notre demeure chez elle. 24 La personne qui ne m'aime pas n'obéit pas à ce que je dis. Et cette parole que vous m'entendez dire ne vient pas de moi, mais de mon Père qui m'a envoyé. 25 Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous. 26 Celui qui doit vous venir en aide, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

27 C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés. 28 Vous m'avez entendu dire : “Je m'en vais, mais je reviendrai auprès de vous.” Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de savoir que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. 29 Je vous l'ai annoncé maintenant, avant que ces choses arrivent, afin que lorsqu'elles arriveront vous croyiez.


La paix que Jésus donne

Ces paroles de Jésus annoncent déjà l’Ascension et la Pentecôte, les deux grandes fêtes chrétiennes que nous nous apprêtons à fêter prochainement. Il parle de l’Ascension lorsqu’il dit à ses disciples qu’il va retourner auprès du Père, et il parle de la Pentecôte lorsqu’il annonce la venue de l’Esprit saint que le Père enverra en son nom. Dans les deux cas, ce que Jésus promet à ses disciples, c’est sa paix. Une paix que seul Jésus peut donner. 

La paix de l’Ascension, c’est celle qui découle de l’œuvre pleinement achevée par le Christ. C’est la paix du salut pleinement accompli en Jésus-Christ, mort et ressuscité. L’Ascension, c’est la continuité de la résurrection. Vainqueur de la mort, Jésus monte au ciel, s’asseoir sur le trône du Roi. Tous les puissants de la terre peuvent s’agiter, les nations et les peuples peuvent s’ébranler, Jésus-Christ est le Roi des rois, il a vaincu la mort et il reviendra établir son Royaume, un royaume de justice et de paix. C’est la paix en espérance !

La paix de Pentecôte, c’est celle qui découle de la présence de l’Esprit saint en nous, par lequel Dieu lui-même fait sa demeure en nous ! « La personne qui m'aime obéira à ma parole et mon Père l'aimera. Nous viendrons à elle, mon Père et moi, et nous ferons notre demeure chez elle. » (Jean 14.23) Le monde peut s’écrouler autour de nous, les obstacles et les difficultés peuvent s’amonceler dans notre vie, cette assurance reste pour toujours : Dieu a fait sa demeure en nous par son Esprit. Non seulement il est avec nous mais il est en nous, et il traverse avec nous les épreuves. C’est l’assurance de la paix du Christ, par sa présence. 

Face aux épreuves et aux dangers qui nous guettent, nous ne trouverons pas la paix dans ce monde. On ne la trouvera pas dans les vaccins ou chez les laboratoires pharmaceutiques, on ne la trouvera pas chez une femme ou un homme politique, on ne la trouvera pas chez tel prophète autoproclamé ou tel youtubeur qui prétend tout expliquer par des théories plus ou moins complotistes. On ne pourra la trouver que chez Celui dont le Royaume n’est pas de ce monde, celui qui nous donne la paix mais pas comme le monde la donne. 

Si nous voulons recevoir la paix et la laisser s’épanouir en nous, c’est dans une œuvre qui nous dépasse que nous la trouverons, dans l’oeuvre du salut de Dieu accompli en Jésus-Christ et appliqué à notre vie par le Saint-Esprit. C’est la paix de Noël, de Pâques, de l’Ascension et de Pentecôte. C’est la paix du Fils de Dieu devenu homme, mort et ressuscité, qui règne aujourd’hui dans les cieux mais qui est présent en chacun de nous par son Esprit. 

Il n’existe pas de paix plus grande que celle-là !


La paix comme plénitude

Concrètement, quelle est cette paix promise par le Christ ? Comment se manifeste-t-elle dans notre vie ? 

Ici, il faut bien comprendre que la paix n’est pas seulement l’absence de conflit. Si on ne recherche la paix qu’en cherchant à être délivré de nos peurs et nos angoisses, ça ne suffira pas. Le mot hébreu shalom indique une plénitude. La paix n’est pas seulement l’absence de conflits intérieurs, elle est la plénitude du Christ dans notre vie. 

La question à se poser pour connaître cette paix n’est pas de se demander quelles sont les peurs et les angoisses dont je dois être délivré mais quelles sont les promesses que je dois découvrir ou redécouvrir ? Plutôt que de se vider de ses peurs, il s’agit de se remplir du Christ. Alors les peurs, les angoisses seront naturellement évacuées, les promesses, l’amour et la présence du Christ prenant toute la place ! 

Je ne vous donne pas un truc ou une formule magique, je vous invite simplement à changer de perspective. A penser au Christ qui nous remplit d’abord, avant de penser à ce dont nous devons nous libérer. 

Cela fait écho à cette autre parole de Jésus, un peu plus tôt dans l’Evangile de Jean : 

Jean 7.37b-39a

« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, celui qui croit en moi. Comme dit l'Écriture, “des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur”. » Jésus disait cela à propos de l'Esprit de Dieu que ceux qui croyaient en lui allaient recevoir.

C’est bien ce même Esprit, qui vient faire sa demeure en nous, que Jésus annonce dans notre texte, c’est lui qui est la source de la paix. Les deux métaphores se télescopent : il fait sa demeure en nous et il nous remplit… alors notre coupe déborde. Et si l’Esprit du Christ prend toute la place, il n’y en a plus pour les angoisses et les peurs ! 

Pour recevoir, entretenir et laisser s’épanouir la paix de Dieu en nous, il s’agit d’accueillir sans cesse et tout à nouveau sa présence dans notre vie par son Esprit. Et nous nourrir de ses promesses. 

Que dit Jésus du Saint-Esprit qu’il va envoyer ? « Celui qui doit vous venir en aide, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14.26).  En nourrissant notre foi des paroles de Dieu, c’est sa paix qui nous remplit. 

Il s’agit donc de nous remplir des promesses de Dieu, de nous remplir d’une relation vivante avec Dieu, de nous remplir par la bénédiction de la communion fraternelle en découvrant la présence du Christ chez ma sœur et mon frère… 


Conclusion

« N’ayez pas peur ! » 

Ce n’est pas la peur qui doit dicter notre conduite, quelles que soient les circonstances de notre vie. C’est encore plus vrai pour le croyant qui est animé d’une espérance. 

Or le croyant ne peut chasser la peur sans accueillir la paix du Christ. La démarche n’est pas d’abord de combattre ses peurs mais d’accueillir le Christ. Plutôt que de se débarrasser, se vider, de ses peurs, il s’agit d’être rempli par l’Esprit de Dieu. 

Alors recevons tout à nouveau cette promesse de Jésus pour nous : 

C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas troublés, ne soyez pas effrayés.


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