dimanche 5 juin 2022

Pentecôte : un signe et une promesse


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Tout à l’heure, le début du récit de Pentecôte, en Actes 2, a été lu. Je vous propose d’en reprendre la lecture là où on s’est arrêté, à partir du verset 5, et de nous concentrer sur les réactions que les événements ont suscitées.  

Actes 2.5-13

5 À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6 Quand ce bruit se fit entendre, ils s'assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d'eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient remplis de stupeur et d'admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9 Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d'Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d'Asie ; 10 certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d'autres sont venus de Rome, 11 de Crète et d'Arabie ; certains sont nés Juifs, et d'autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » 12 Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu'est-ce que cela signifie ? » 13 Mais d'autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »

La fête de la Pentecôte est une des grandes fêtes juives. On y commémore le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. C’était une fête de pèlerinage, au cours de laquelle le peuple était invité à se déplacer et monter à Jérusalem pour se rendre au Temple. C’est ce qui explique la présence dans la ville de Juifs de tous les pays, parfois exilés depuis des générations. L’hébreu n’était plus leur langue maternelle mais seulement celle de la liturgie dans les synagogues. 

C’était le moment idéal pour le Seigneur de poser un signe fort, d’envoyer un message aux foules rassemblées. La venue du Saint-Esprit sur les disciples le jour de la Pentecôte est avant tout un signe qui provoque des réactions diverses de la part de ceux qui en sont témoins. 

  • De la curiosité : ils s’assemblent pour connaître l’origine de ce bruit étonnant qu’ils entendent soudain. 
  • De l’étonnement : ils entendent des Galiléens, qui plus est pas forcément très instruits, parler dans leur propre langue maternelle
  • De la perplexité : ils sont dans la stupeur et l’interrogation. Ils ne savent pas quoi penser de ce qu’ils voient et entendent… Certains sont même plus que perplexes et prétendent qu’ils sont ivres.

Franchement, on aurait pu s’attendre à mieux ! En fait, on pourrait presque avoir l’impression que le signe de la Pentecôte était un raté, qu’il n’a pas eu l’effet escompté, voire même que Pierre a dû rattraper le coup ! En voyant les réactions de la foule, Pierre prend en effet la parole : 

Actes 2.14-16

14 Pierre se leva avec les onze autres apôtres ; d'une voix forte, il s'adressa à la foule : « Ecoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe. 15 Ces gens ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il est neuf heures du matin. 16 Mais c'est maintenant que se réalise ce que le prophète Joël a annoncé… »

Il explique ensuite longuement, en citant de nombreux textes de l’Ancien Testament, le projet de salut de Dieu qui s’est accompli dans la mort et la résurrection de Jésus. Et le résultat est spectaculaire : 

Actes 2.41

Un grand nombre d'entre eux acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ 3 000 personnes s'ajoutèrent au groupe des croyants.

Evidemment, j’étais un peu provocateur en disant qu’on avait l’impression que Pierre rattrapait le coup après un signe qui aurait raté sa cible ! Mais il faut bien remarquer que les choses se passent en deux temps : d’abord le signe qui suscite de nombreuses réactions, puis l’explication par Pierre qui suscite des conversions. Mais les deux temps sont bien l’œuvre de Dieu. Le dernier verset du chapitre 2 du livre des Actes le rappelle : c’est bien le Seigneur qui, chaque jour, ajoutait à l’Eglise les personnes qu’il amenait au salut (Actes 2.47). Même s’il le fait par la prédication de Pierre ou le témoignage de la communauté. 

Je vous propose de considérer cet événement de la Pentecôte sous deux angles. D’abord pour souligner en quoi il est un signe majeur dans l’histoire, ensuite pour évoquer en quoi il est une promesse et un défi pour nous aujourd’hui encore. 


Un signe majeur dans l’histoire

Un signe, c’est un événement particulier porteur de sens, qui n’est pas appelé à se reproduire. Il ne faut pas confondre ce qui se passe dans Actes 2 avec ce qui se passe ailleurs dans le NT, qui est notamment évoqué dans la Première épître aux Corinthiens, je veux parler du phénomène du parler en langues. Ici, ce ne sont pas dans des langues inconnues que l’Esprit donne aux disciples de s’exprimer mais il s’agit des langues maternelles des auditeurs présents. Pas besoin d’interprétation puisque le miracle, justement, c’est que chacun comprend ce qu’il entend ! 

Une Bonne Nouvelle pour tous

Et c’est là le premier aspect du signe : il faut désormais que tous aient accès à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans sa propre langue, pour que tous puissent l’entendre. Car c’est une Bonne Nouvelle pour tous ! 

C’est un écho direct à la parole de Jésus à ses disciples avant son Ascension :

Actes 1.8

Vous recevrez une force quand l'Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde.

Le signe de la Pentecôte marque le point de départ de l’expansion de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre : les merveilles de Dieu sont proclamées dans toutes les langues. 


La Loi gravée dans le cœur 

Mais on peut aller plus loin. Le fait que cela se passe le jour de la fête juive de la Pentecôte n’est pas non plus un hasard. Nous pouvons penser ici à la prophétie de Jérémie annonçant une Alliance Nouvelle : 

Jérémie 31.33

33 L'alliance que je conclurai avec le peuple d'Israël consistera en ceci, déclare le Seigneur : J'inscrirai mon enseignement non plus sur des tablettes de pierre, mais dans leur conscience ; je le graverai dans leur cœur ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. 

Au don de la Loi gravée sur des tablettes de pierre répond le don de l’Esprit qui remplit les disciples réunis. Le Saint-Esprit qui remplit les croyants, c’est la Loi de Dieu qui se grave dans le cœur. On peut même voir un rappel, dans le bruit, le vent et le feu qui accompagnent l’événement de la Pentecôte, les éléments naturels déchaînés sur le mont Sinaï. 

Un anti-Babel

Mais on peut même remonter plus loin encore et penser à un événement décrit dans les premiers chapitres de la Genèse où il est question de l’apparition soudaine de multiples langues. C’est la tour de Babel (Genèse 11). Dans ce récit, les humains ont construit une tour qui monte jusqu’au ciel, pour défier Dieu. Et le récit de la Genèse nous dit que Dieu est « descendu » des cieux et qu’il a décidé d’embrouiller le langage des humains pour qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres, afin de les disperser sur l’ensemble de la terre. 

Le signe de la Pentecôte en Actes 2 apparaît comme un anti-Babel. A la confusion des langues qui mène à la dispersion répond les merveilles de Dieu proclamées dans toutes les langues, pour unir l’humanité dans une Bonne Nouvelle adressée à tous. 

Tout cela pour dire que ce qui se passe ce jour-là à Jérusalem est une étape majeure dans le projet de Dieu. C’est un signe à la portée immense… qui symbolise l’inauguration de la Nouvelle Alliance. 


Une promesse et un défi pour nous 

Jésus avait promis à ses disciples, à plusieurs reprises, que Dieu leur enverrait son Esprit saint. Ce jour de la Pentecôte, la promesse s’accomplit. Mais comme Pierre le souligne dans son discours, la promesse n’est pas seulement pour eux : 

Actes 2.39

Car la promesse de Dieu a été faite pour vous et pour vos enfants, ainsi que pour tous ceux qui vivent au loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera.

La promesse, c’est celle du Saint-Esprit qui vient habiter le croyant, une promesse pour tous ceux qui hier, aujourd’hui et demain répondent à l’appel de Dieu. Si le signe de la Pentecôte est un événement unique qui n’est pas appelé à se reproduire, la promesse qui s’y rattache demeure et traverse les générations. 

Et du coup, sans chercher à reproduire l’événement de la Pentecôte, nous pouvons nous demander comment il entre en écho avec notre vie de croyant, aujourd’hui. 

Un Esprit qui suscite des réactions

Je remarque d’abord les nombreuses réactions de la foule. Le Saint-Esprit, lorsqu’il remplit le croyant, suscite des réactions chez ceux qui en sont témoins. Des questions, de la curiosité, des moqueries... Les réactions ne sont pas forcément positives et enthousiastes mais en tout cas, ça ne laisse pas indifférent !

Il ne s’agit pas de reproduire les événements de la Pentecôte mais de s’interroger comment la présence du Saint-Esprit en nous se manifeste concrètement. Et peut-être, simplement, se demander : est-ce que notre vie de disciple du Christ au quotidien suscite des réactions de ceux que nous côtoyons ? Est-ce que notre vie d’Eglise, de communauté de disciples du Christ, suscite des réactions ? Pas forcément des réactions positives d’ailleurs… Mais si la vie d’un croyant ou d’une communauté de croyants remplis du Saint-Esprit laisse indifférent et ne suscite aucune réaction, c’est que nous avons raté quelque chose d’essentiel et qu’il faut nous interroger ! 

Le besoin d’un discours explicatif

Je remarque ensuite la nécessité du discours de Pierre pour accompagner le signe de la Pentecôte et l’expliquer. Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés, comme Pierre, à parler à des foules. Nous ne sommes pas tous appelés à être prédicateur ou évangéliste. Mais nous sommes tous appelés à être « prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous » pour utiliser la formule de l’apôtre Pierre (1 Pierre 3.15). 

L’essentiel, pour chacun de nous, c’est de faire l’expérience du salut, de recevoir le Saint-Esprit et d’avoir la foi. Mais la foi chrétienne n’est pas qu’une expérience à vivre, inexplicable, c’est aussi une Bonne Nouvelle à partager. Et pour pouvoir le faire, il faut que nous sachions prendre du recul sur notre expérience, que nous réfléchissions notre foi, pour pouvoir en rendre compte. 

Une foi qui ne serait qu’intellectuelle, abstraite, serait une foi sans vie. Mais une foi qui ne serait que pure expérience, inexplicable, intransmissible serait une foi incomplète puisqu’elle ne permettrait pas d’accomplir la vocation de témoin du croyant. 

Faut-il le préciser, ce travail d’approfondissement de notre foi, de réflexion, d’étude, c’est aussi l’œuvre du Saint-Esprit en nous. Jésus l’avait annoncé à ses disciples :

Jean 14.26

Celui qui doit vous venir en aide, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.


Conclusion

Pentecôte est une grande fête chrétienne, qu’il est important de célébrer. 

C’est un signe majeur dans l’histoire. Désormais, Dieu a contracté une Alliance Nouvelle avec les humains, sa loi n’est plus gravée sur des pierres mais sur le cœur des croyants, par son Esprit.

C’est une promesse extraordinaire pour nous, celle d’une présence de Dieu dans notre vie comme jamais auparavant : son Esprit saint vient faire sa demeure chez le croyant. 

C’est aussi, du coup, un défi. Celui de laisser l’Esprit de Dieu nous transformer, pour que sa présence en nous suscite des réactions autour de nous et nous donne l’occasion de rendre compte de l’espérance qui est en nous… et de voir ainsi la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ continuer à se répandre jusqu’aux extrémités de la terre. 


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