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dimanche 14 septembre 2025

Un père avait deux fils…

Qui connaît, ou qui a déjà entendu parler, de la parabole du fils prodigue ? 

Il s’agit sans doute d’une des paraboles de Jésus les plus connues. Mais son titre habituel est problématique. D’abord, il oublie qu’il y a bien deux fils dans l’histoire. Ensuite, il ne mentionne pas le père de la parabole qui lui aussi joue un rôle important. Enfin, il se concentre sur un aspect du personnage, sa prodigalité (le fait qu’il gaspille ses biens), ce qui n’est pas le plus important dans l’histoire. 

Luc 15.11-32
11Jésus dit : « Un homme avait deux fils. 12Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de notre fortune qui doit me revenir.” Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils. 13Peu de jours après, le plus jeune fils vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et gaspilla ainsi tout ce qu'il possédait. 14Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer du nécessaire. 15Il se mit donc au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons. 16Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. 17Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit : “Tous les employés de mon père ont du pain en abondance, tandis que moi, ici, je meurs de faim ! 18Je veux repartir chez mon père et je lui dirai : Père, j'ai péché contre Dieu et contre toi, 19je ne suis plus digne que tu m'appelles ton fils. Traite-moi donc comme l'un de tes employés.” 20Et il repartit chez son père.
Tandis qu'il était encore assez loin de la maison, son père le vit et il fut bouleversé : il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l'embrassa longuement. 21Le fils lui dit alors : “Père, j'ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu m'appelles ton fils…” 22Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus bel habit et mettez-le-lui ; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux pieds. 23Amenez le veau bien gras et tuez-le ; nous allons faire un festin et nous réjouir, 24car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l'ai retrouvé.” Et ils commencèrent à faire la fête.
25Pendant ce temps, le fils aîné de cet homme était aux champs. À son retour, quand il approcha de la maison, il entendit un bruit de musique et de danses. 26Il appela un des serviteurs et lui demanda ce qui se passait. 27Le serviteur lui répondit : “Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau bien gras, parce qu'il a retrouvé son fils en bonne santé.” 28Le fils aîné se mit alors en colère et refusait d'entrer dans la maison. Son père sortit pour le supplier d'entrer. 29Mais le fils répondit à son père : “Écoute, il y a tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l'un de tes ordres. Pourtant, tu ne m'as jamais donné même un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis. 30Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau bien gras !” 31Le père lui dit : “Mon enfant, toi tu es toujours avec moi, et tout ce que je possède est à toi. 32Mais nous devions faire une fête et nous réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé !” »

Souvent, quand on lit cette parabole, on se centre sur la trajectoire du fils cadet. Il représente les pécheurs que Jésus accueillait, ce qui attirait d’ailleurs les critiques des chefs religieux. Une des leçons de la parabole est l’assurance, pour le pécheur, de trouver un bon accueil auprès de Dieu si on revient à lui. Quoi qu’on ait fait, quelle que soit la façon dont a géré sa vie, il est toujours possible de revenir à Dieu. 

En général, on n’oublie pas pour autant de s’arrêter sur le fils aîné, puisque l’histoire ne n’arrête pas avec le retour du fils cadet. Et c’est vrai que c’est là que se trouve la pointe polémique de la parabole. Le fils aîné représente les Pharisiens et les chefs religieux qui critiquaient Jésus lorsqu’il fréquentait des pécheurs. Leur attitude est similaire à celle du fils aîné de la parabole, incapable de se réjouir du retour de son frère, comme les chefs religieux étaient incapable de se réjouir que des pécheurs reviennent à Dieu. C’est aussi une des leçons de la parabole. 

Ce matin toutefois, j’aimerais qu’on se centre sur le troisième personnage de la parabole… qui est peut-être même le personnage principal : le père. Rembrandt l’avait bien compris : dans son célèbre tableau, c’est le père qui occupe la place principale. En effet, il est nommé dès le début de l’histoire : « Un homme avait deux fils » Et il traverse tout le récit. Le fils cadet, lui, n’agit que dans la première moitié de l’histoire. Le fils aîné dans la deuxième moitié. Le père est présent du début à la fin. 

Que fait le père dans cette parabole ? 

1° Il laisse libre ses enfants. A la demande de son fils cadet, il partage ses biens en deux et le laisse partir. Il n’essaie pas de le retenir, de le raisonner. Il le laisse partir… même s’il estime peut-être qu’il commet une erreur, même si connaissant son fils il peut imaginer ce qu’il fera de cet argent... Il respecte son choix et le laisse libre de partir. Plus tard, au moment du retour de son fils, on sent l’attente fébrile du père, et on comprend qu’il était inquiet. Il l’était sans doute déjà au moment de son départ… 

2° Il accueille avec joie le retour de son fils. Le verset 20 est très touchant. Il le voit arriver de loin et il court à sa rencontre pour l’accueillir. D’après ce que raconte l’histoire, le fils devait être dans un sale état… Il l’accueille sans condition. Il n’y a pas une parole de reproche, pas de sous-entendu, du style : « je savais bien que tu faisais une erreur… Tu aurais dû rester avec moi… » Rien de tout cela. Juste une étreinte pour lui montrer tout son amour. 

Plus encore, il veut que toute la maisonnée se réjouisse et qu’une fête soit organisée en l’honneur de son fils de retour. Il ne le laisse même pas aller jusqu’au bout des paroles de repentance qu’il avait prévues de dire à son père, espérant seulement que ce dernier le reprendrait comme serviteur dans sa maison, même pas comme un fils. Il donne l’ordre de tuer le veau gras et d’organiser un festin en l’honneur de son fils qui est de retour. 

3° Il invite le fils aîné à rejoindre la fête. Il prend le temps de lui expliquer, d’apaiser sa colère pour l’associer à la fête. Comme il est allé à la rencontre de son fils cadet de retour, il va à la rencontre de son fils aîné qui refuse de se réjouir. Il sort de la maison pour le supplier d’entrer pour le festin. Il invite à la paix et la réconciliation entre les deux frères. Pour autant, pas de reproche non plus dans la bouche du père, pas de contrainte mais il prend le temps d’expliquer son attitude, et il l’invite à se joindre à la fête. 

Le père de la parabole est évidemment une figure de Dieu, telle que Jésus-Christ le révèle. Quelles leçons sur Dieu pouvons-nous tirer du père de la parabole ? 


Dieu nous laisse libre

Dieu nous laisse libre. Il ne s’impose pas à nous. Il appelle à la foi, qui doit être un consentement personnel et libre. 

La Genèse affirme que Dieu a créé l’être humain à son image. La formule, avec sa part de mystère, signifie notamment qu’il nous a créés pour que nous lui soyons des vis-à-vis possibles. Non pas des égaux évidemment… la créature reste soumise au Créateur. Mais des vis-à-vis possibles, des êtres capables d’être en relation avec Dieu. Or un vis-à-vis doit être libre. Libre d’être lui-même. Libre de dire oui ou non. 

Cette liberté dit quelque chose du type de relation que Dieu veut avoir avec nous. Une relation authentique et vraie, où la foi est l’expression même de notre liberté. 

A plus forte raison encore devons-nous respecter la liberté de notre prochain, la liberté de nos frères et sœurs. Leur liberté aussi de ne pas être comme nous, de ne pas penser comme nous, de ne pas croire comme nous… 


Dieu nous accueille toujours avec joie

L’attitude du père de la parabole, avec son accueil généreux et sans reproche, est évidemment une image de la grâce de Dieu. Quand il fait grâce, il n’est pas un juge distant et froid qui rend un jugement favorable, ou un fonctionnaire signant un document administratif. Il est comme le père de la parabole, courant vers son fils et l’étreignant de tout son cœur. Peut-il y avoir de plus belle image de la grâce ? 

Affirmer la grâce de Dieu c’est affirmer que Dieu accueille toujours celui ou celle qui vient à lui. Plus encore, il nous accueille toujours avec joie, avec enthousiasme. Parce qu’il nous aime. 

On peut même dire qu’il attend qu’on revienne à lui. Il attend parce qu’il nous veut libre, et il ne contraint jamais notre retour à lui. C’est le respect de notre liberté. Mais il attend notre retour comme le père de la parabole attend le retour de son fils. Comme une expression de son amour pour nous. 

Evidemment, on est dans le registre de la métaphore. C’est une façon imagée de parler. Mais elle nous dit quelque chose de vrai. Dieu est amour. Il est un Dieu qui aime, qui cherche la relation harmonieuse et qui se réjouit avec enthousiasme de toute réconciliation.


Dieu nous invite à la réconciliation

Si le père de la parabole incarne la grâce, le fils aîné incarne l’inverse : le refus de la grâce, dans le refus de se réjouir du retour de son frère. Mais le père ne peut se satisfaire de cela et il va supplier son fils de participer à la fête. 

Dieu nous invite à la réconciliation. Il ne se contente pas de faire grâce, il nous invite à nous faire grâce les uns aux autres. Il ne se contente pas de nous accueillir, il nous invite à nous accueillir les uns les autres, avec joie. Il nous supplie de participer à la fête ! 

On ne peut jamais se satisfaire des divisions et des inimitiés. Œuvrer pour la réconciliation et préserver la paix devrait être une préoccupation majeure du chrétien. Dans sa vie personnelle, familiale, dans l’Eglise, dans le monde… « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu ! » (Matthieu 5.9)


Conclusion

Le père de la parabole est bien un personnage essentiel de l’histoire, peut-être même le personnage principal. Il est une figure de Dieu. Un Dieu qui nous laisse libre, qui nous accueille toujours avec joie et qui nous invite à la réconciliation. 

La figure du père de la parabole est ainsi pour nous à la fois une promesse et un appel. La promesse d’un Dieu qui fait grâce dans son amour. Et un appel à vivre avec notre prochain cette grâce que nous recevons de lui. 

La liberté, la joie et la paix. Voilà trois aspects de la grâce, celle dont Dieu nous témoigne dans son amour et celle qu’il nous appelle à vivre, comme reflet de son image en nous. 

Cette liberté, cette joie et cette paix, recevons-les tout à nouveau de Dieu ce matin. Et demandons-lui de nous aider à les vivre pleinement avec notre prochain !  

dimanche 28 avril 2024

Vous serez vraiment libres

 

Ce matin, ma prédication sera un peu particulière… J’avais à cœur de partager avec vous quelque chose d’une expérience marquante que j’ai vécue récemment. C’était il y a quelques jours, au cours du Forum Chrétien Mondial auquel j’ai eu le privilège de participer au Ghana. 

Dans ce cadre, nous avons visité le fort de Cape Coast, un ancien comptoir colonial qui a vu transiter 3 millions d’esclaves issus de la population africaine pendant les 4 siècles et plus de la période de traite des esclaves vers les Amériques. 

C’est une visite dont on ne sort pas indemne… Se retrouver sur le lieu même des atrocités commises, dans des cellules sombres et insalubres où on entassait des êtres humains comme du bétail. Voir de ses propres yeux ces lieux de supplice, marcher sur les pas des millions d’africaines et d’africains déshumanisés, traités comme des objets qu’on achète et qu’on vend. Se retrouver dans une cellule, soudain plongée dans le noir complet et savoir que c’est là, à même le sol, qu’on laissait sans nourriture et sans eau, ceux qui essayaient de résister, celles qui ne se laissaient pas abuser… 

Comment le cœur humain peut-il produire de telles horreurs ? Ça ébranle nos certitudes… parce que ce cœur humain, c’est aussi le mien. 

Mais le pire, sans doute, a été lorsque le guide nous a dit, depuis la place centrale du fort, que juste au-dessus des donjons où étaient emprisonnés et maltraité les esclaves, là se trouvait l’église. Les fidèles pouvaient ainsi prier et chanter des cantiques le dimanche alors même que sous leurs pieds, des hommes et des femmes étaient enchaînés, affamés, maltraités et mouraient. Les cantiques couvraient les cris et les pleurs…  Pour se rendre aux offices, les fidèles passaient même devant la trappe par laquelle on jetait la nourriture aux esclaves, à même le sol. 

Comment un tel cynisme est-il possible ? Comment la foi peut-elle être aussi aveuglée ? 

Il est souvent question de liberté et d’esclavage dans la Bible. Jésus lui-même l’utilise comme une métaphore spirituelle, laissant entendre que les esclaves ne sont pas forcément ceux qu’on croit, et les hommes et femmes libres non plus. 

Jean 8.31-36
31 Jésus dit aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous restez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 32 vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » 33 Ils lui répondirent : « Nous sommes les descendants d'Abraham et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu nous dire : “Vous deviendrez libres” ? » 34 Jésus leur répondit : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : toute personne qui pèche est esclave du péché. 35 Un esclave ne fait pas pour toujours partie de la famille, mais un fils en fait partie pour toujours. 36 Si donc le Fils vous libère, vous serez vraiment libres.

Jean précise bien que Jésus s’adresse ici aux Juifs qui ont cru en lui. Il s’agit donc de croyants, il parle à ses disciples. Ce que Jésus dit ici nous concerne donc, nous qui sommes chrétiens. Mais les premiers auditeurs de ces paroles de Jésus ne comprennent pas. Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre ? Mais nous sommes libres ! Nous ne sommes pas et nous n’avons jamais été esclave de qui que ce soit ! 

Jésus précise alors sa pensée : « toute personne qui pèche est esclave du péché. »  On peut donc être esclave sans le savoir ! Jésus parle bien sûr d’un esclavage spirituel, d’une servitude qui n’a rien à voir avec les chaînes qu’on mettait aux poignets et aux chevilles des esclaves. D’ailleurs, spirituellement, à Cape Coast, ce sont les esclavagistes qui étaient les vrais esclaves. Ils étaient esclaves de leur péché, emprisonnés dans leur aveuglement, leur cynisme, l’appât du gain… 

Qu’est-ce qui nous rend libre ? La vérité ! On ne parle pas ici d’une vérité théorique, ou doctrinale. On ne parle pas d’une vérité qu’on pourrait détenir, qu’il faudrait défendre ou inculquer à tout prix. Il faut se méfier de ces vérités-là. La « vérité » des esclavagistes, c’était la distinction des races et la supériorité de l’une sur l’autre. Mais ça n’a rien d’une vérité, c’est au contraire un pur mensonge. 

La vérité dont parle Jésus, c’est la vérité de sa personne. Celle du Fils de Dieu venu faire œuvre de réconciliation avec Dieu. Il est, selon ses propres paroles, « le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14.6)

Cette vérité-là, elle libère spirituellement même celui qui est esclave d’un point de vue humain. J’en veux pour preuve la suite de mon expérience vécue au cours de ma visite au fort de Cape Coast. 

Après la visite du fort, nous sommes montés jusqu’à la cathédrale méthodiste construite désormais sur les hauteurs de Cape Coast, pour un office particulier de lamentation. Et au cours de cet office, nous avons notamment chanté quelques spirituals. Ces chants que les esclaves afro-américains chantaient en travaillant dans les champs de coton, par lesquels ils exprimaient leur foi, leur lamentation et leur espérance.

Jesus is a rock in a weary land
« Jésus est un rocher dans une terre épuisée, un abri au temps de la tempête. » 

Sometimes I feel like a motherless child
« Parfois je me sens comme un enfant sans sa mère, loin de chez moi. Parfois je me sens comme déjà presque partie. Alors je me mets à genoux et je prie. » 

Chanter sa foi, sa lamentation et son espérance, tout en travaillant comme esclave dans les chants de coton… Quelle leçon de résilience, de foi, d’espérance !  Ce sont celles et ceux à qui on niait toute humanité qui donnaient une leçon d’humanité et de foi. En composant des chants qu’on chante encore aujourd’hui.

Même au plus profond du malheur, même dans les moments les plus sombres de l’histoire, que ce soit l’histoire de l’humanité, ou la petite histoire de notre vie, même au cœur de l’oppression, de la persécution, de la haine, la lumière de la foi et de l’espérance peut naître. 

Et ici c’est la figure de Jésus qui apparaît comme l’expression même de l’amour et de la solidarité de Dieu envers les plus petits, les maltraités, les rejetés. Lui-même, le Fils de Dieu devenu homme, a été rejeté, condamné injustement, torturé et crucifié. Jésus nous a rejoint dans notre souffrance jusqu’à la mort, il est notre rocher et notre espoir, notre secours et notre abri, d’autant qu’il est aussi ressuscité ! 

La foi des esclaves exprimée dans les Spirituals n’excusent en rien, évidemment, l’horreur de leur exploitation. D’autant que la justification de ce système inhumain au nom d’une supériorité de la soi-disant race blanche et de l’infériorité de la soi-disant race noire, et pour lequel on trouvait même des confirmations dans des versets bibliques détournés de leur sens, a donné naissance au racisme qui gangrène encore notre société. Un racisme qu’on ne voit pas seulement se manifester chez les suprémacistes blancs aux Etats-Unis mais aussi en Europe, sous différentes formes. Un racisme « ordinaire » qui subsiste encore, dans des a priori tenaces, des discriminations diverses… 

L’esclavage, et le racisme qui lui est lié, est sans doute l’une des pires transgressions du commandement fondamental « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».  Tu aimeras ton prochain parce qu’il est comme toi-même, créé à l’image de Dieu. 

Mais ce n’est pas la seule forme de transgression, loin de là. Même si l’esclavage a été officiellement aboli dans le monde, d’autres formes d’esclavage existent encore aujourd’hui. On les voit se manifester dans les processus de déshumanisation, d’exploitation, de discriminations… on en retrouve partout, et sous toutes sortes de formes. Le cœur humain n’a pas changé. 

Evidemment, c’est compliqué de s’extraire d’un système mondialisé. Mais on sait bien, par exemple, qu’en achetant certains produits à prix cassés, fabriqués à des milliers de kilomètres d’ici, par des êtres humains, voire des enfants, exploités, on entretient un système mortifère. On ne peut pas faire comme si on ne le savait pas… 

Et puis toutes les fois où on nie à l’autre son humanité, où on juge, on discrimine, on humilie, pour quelque raison que ce soit, que ce soit la couleur de la peau, la culture, le genre, l’orientation sexuelle, les convictions… on porte atteinte à l’image de Dieu en l’autre. On peut être profondément différent d’autrui, être en désaccord, même profond, avec ses convictions ou ses choix de vie, on n’a jamais le droit de lui ôter sa dignité d’être humain créé, comme nous, à l’image de Dieu. 

Toutes les fois où on prête l’oreille à certains discours haineux, stigmatisants, qui entretiennent la peur, le rejet de l’autre, surtout si on les like ou les partage sur les réseaux sociaux, ne s’en rend-on pas complice ? 


Conclusion

J’ai conscience d’avoir redit des choses que j’ai déjà dites assez récemment dans certaines prédications… Mais l’expérience que j’ai vécue lors de la visite à Cape Coast leur ont donné un relief particulier. Et je ne pouvais pas ne pas vous le partager… 

Une parole comme celle de Jésus mentionnée plus haut a, je dois le dire, une portée différente pour moi aujourd’hui. « Si le Fils vous libère, vous serez vraiment libres. » La liberté est un bien précieux à sauvegarder, une valeur pour laquelle il est légitime de se battre. Et elle peut, sous différents aspects, être remise en cause, y compris dans nos sociétés occidentales. 

La liberté est aussi une réalité spirituelle à recevoir en Christ et à développer. Je suis persuadé que la vie chrétienne est un chemin constant vers plus de liberté. Et je ne parle ni de laxisme ni de chaos. Je parle de la liberté de la grâce, celle du salut et du pardon de Dieu qui me permettent d’être, véritablement, moi-même. 

Le Christ nous libère, il ne nous enchaîne pas. Il nous donne la vie et la vie n’est pas contrainte. 

Et si je suis vraiment libre, alors la liberté d’autrui dont aussi être respectée. Je ne veux pas hésiter, bien sûr, à lui parler de la vie et de l’espérance qui est promise en Christ, mais je le ferai en respectant sa personne et sa liberté. 

Et je laisserai l’Esprit de Dieu agir. Car l’Esprit de Dieu est libre. Ou, comme le dit Jésus :

Jean 3.8 
L'Esprit, comme le vent, souffle où il veut ; tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Voilà ce qui se passe pour toute personne qui naît de l'Esprit de Dieu.