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dimanche 30 mars 2025

Écoute ! - #6 Écouter ensemble

 

Pour la dernière prédication de la campagne proposée par notre Union d’Eglises, nous laissons le personnage de Samuel, et nous quittons même l’Ancien Testament pour le Nouveau, et plus précisément le livre des Actes des apôtres. 

Nous sommes dans les premières années de l’histoire de l’Église. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ a commencé à se répandre au-delà de Jérusalem et les premières communautés chrétiennes sont nées. Elles ont commencé à se structurer, d’ailleurs pas forcément de manière uniforme. 

Le récit que nous allons lire nous transporte à Antioche, en Syrie romaine, tout au sud de la Turquie actuelle. Nous nous retrouvons au milieu de l’Eglise de cette ville, dans laquelle servait notamment un certain Saul de Tarse, qui deviendra l’apôtre Paul. 

Actes 13.1-3
1Dans l'Église d'Antioche, il y avait des prophètes et des enseignants : Barnabas, Siméon surnommé le Noir, Lucius de Cyrène, Manaën, compagnon d'enfance d'Hérode qui régnait sur la Galilée, et Saul. 2Un jour, pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, l'Esprit saint leur dit : « Mettez à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. » 3Alors, après avoir jeûné et prié, ils posèrent les mains sur eux et les laissèrent partir.

Il faut bien mesurer l’importance de ce récit. C’est en réalité un moment-clé de l’histoire de l’Eglise qui marque le début du ministère de l’apôtre Paul. C’est le prélude à ses différents voyages missionnaires, qui nous sont relatés dans la suite du livre des Actes des apôtres, et qui ont permis l’expansion de la Bonne Nouvelle, en Asie Mineure, en Macédoine et dans tout l’Empire romain, l’élargissement de l’Eglise aux croyants non-Juifs. C’est aussi grâce à ces voyages missionnaire que l’apôtre Paul a écrit ses lettres, dont plusieurs aujourd’hui figurent dans le Nouveau Testament. 

Et tout est parti d’un culte célébré par l’Eglise d’Antioche, au cours duquel les croyants rassemblés ont entendu la voix du Saint-Esprit !


L’importance de la communauté 

Dans l’Eglise d’Antioche, nous dit-on, il y avait des prophètes et des enseignants. Il semble que ce soient eux qui étaient les responsables de l’Eglise. A Jérusalem, c’étaient les apôtres et les anciens. Ailleurs, on parle aussi des diacres (ou des ministres). Les termes changent mais ils semblent bien toujours désigner un groupe, un collège de responsables. La collégialité est à l’honneur dans les Eglises, dès leur origine. 

Mais ce ne sont pas les responsables seuls qui ont la charge de l’écoute de Dieu et de discerner sa volonté. Toute l’Eglise est concernée. C’est bien au cours d’un culte que l’Esprit saint parle à l’Eglise à Antioche. 

Il faut dire que, théologiquement, il y a une nouveauté, une différence majeure dans le Nouveau Testament par rapport à l’Ancien : le Saint-Esprit est répandu sur tous les croyants. Dans l’Ancien Testament, il était déjà à l’œuvre, évidemment. Il se saisissait particulièrement de certaines personnes, comme Samuel que nous avons suivi pendant plusieurs dimanches. L’histoire de l’Eglise, dans le livre des Actes, s’ouvre avec la Pentecôte et l’effusion de l’Esprit sur tous les disciples rassemblés. Et la promesse, rappelée par Pierre dans son discours ce jour-là, est pour toutes et tous, dans toutes les générations. 

L’universalité du don du Saint-Esprit désigne l’Eglise, la communauté, comme le lieu privilégié de l’écoute de Dieu. Par Eglise, je n’entends évidemment pas les bâtiments mais la communauté rassemblée. 

Ça n’exclut pas la possibilité que Dieu puisse utiliser telle ou telle personne d’une manière particulière, pour un ministère particulier. Mais la norme, désormais, c’est la communauté. C’est l’Eglise comme un corps constitué de plusieurs membres où chacun a sa place. C’est un édifice spirituel vivant, constitué de pierres vivantes. 

Et ce n’est pas une question de taille. Comme Jésus l’a dit à ses disciples, là où deux ou trois sont assemblés en son nom, il est au milieu d’eux. Là où Jésus-Christ se trouve par son Esprit, on peut s’attendre à ce qu’il parle… 


Comment le Saint-Esprit a parlé 

C’est donc, dans notre récit, à la communauté d’Antioche rassemblée que le Saint-Esprit parle. Comment a-t-il parlé ? Comment l’Eglise a discerné sa voix ? Qu’est-ce qu’il s’est passé précisément ? Au risque de vous décevoir, je suis obligé de dire qu’on ne le sait pas… le récit ne nous en dit rien. 

Ce qu’on peut constater, en revanche, c’est le l’importance de la communauté. On ne sait pas si Barnabas et Saul ont joué un rôle spécifique dans le discernement, s’ils ont ou non reçu un appel, une conviction qui aurait été confirmée ensuite par l’Eglise. Ce qui est clair, ce sur quoi le texte insiste, c’est le processus collectif de discernement par l’ensemble de la communauté : « Un jour, pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, l'Esprit saint leur dit… » (v.2)

Cela rappelle une formule utilisée, deux chapitres plus loin, lors du concile de Jérusalem. Les apôtres et plusieurs responsables sont réunis pour évoquer la question délicate de la coexistence dans l’Eglise de chrétiens d’origine juive et de chrétiens d’origine païenne. Au terme de débats visiblement animés, ils parviennent à un consensus qu’ils expriment dans une lettre, et dans cette lettre, ils utilisent cette fameuse formule : « il a paru bon à l’Esprit saint et à nous-mêmes… » (Actes 15.28)

Quand on lit Actes 15, on voit bien que la conviction commune à laquelle les participants du concile de Jérusalem sont arrivés est le résultat d’échanges et de débats… Or ils sont convaincus que le Saint-Esprit était à l’œuvre dans leurs débats, si bien que leur décision finale est perçue aussi comme celle du Saint-Esprit, qui est comme un co-auteur de la décision. 

Il y a un peu la même logique dans notre récit. Cette fois, l’écoute du Saint-Esprit n’est pas passée par des débats mais par un culte célébré ensemble. Était-ce dans la prière commune, dans la prédication ou d’une autre manière ? On ne le sait pas. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas une voix qui compte plus qu’une autre, il y a la conviction partagée de la communauté d’avoir entendu la voix du Saint-Esprit. 

Et il y a ensuite l’obéissance, qui fait partie de la véritable écoute, par une mise en pratique conséquente. Ils prient et imposent les mains à Barnabas et Saul, et ils les laissent partir. La formule est significative. Barnabas et Saul faisaient partie des prophètes et enseignants de l’Eglise, ils étaient importants et utiles à la communauté et ils auraient sans doute bien voulu les garder. Mais, parce que Dieu les appelle à une autre mission, ils les laissent partir…. 


Les leçons d’Antioche

Quelles leçons tirer de cet épisode concernant notre écoute de Dieu ? 


Une des responsabilités collectives de l’Eglise, c’est l’écoute de Dieu

Peut-être qu’on l’oublie parfois. Quand on demande quelle est la mission, ou la responsabilité de l’Eglise, on parlera sans doute du témoignage, de l’adoration, peut-être de l’amour du prochain… Mais parlera-t-on de l’écoute de Dieu ?

Or, pour correctement accomplir l’ensemble de sa mission, l’Eglise ne peut pas faire l’impasse sur l’écoute de Dieu. Et c’est une responsabilité qui n’incombe pas à quelques-uns seulement, au pasteur, au conseil, ou je ne sais qui d’autre. Elle est la responsabilité collective de la communauté. 

On peut se dire, bien-sûr, que certains dans l’Eglise ont une responsabilité particulière dans l’écoute de Dieu, notamment en lien avec l’exercice de leur ministère. Les prédicateurs, pour leur tâche d’enseignant, surtout si on croit au caractère prophétique de la prédication. Les membres du conseil, dans leur souci pastoral de direction. Mais l’écoute de Dieu, dans l’Eglise, ne peut pas être qu’une affaire de spécialistes. Il faut qu’elle ait une dimension communautaire. 

Est-ce que nous percevons nous cultes, nos rassemblements, comme des moments d’écoute de Dieu ? Quelle place le silence y a-t-il ? Il faut bien faire silence, parfois, pour écouter… De façon plus personnelle, dans quel état d’esprit venez-vous au culte ou aux différents rassemblements de l’Eglise ? Est-ce que vous vous attendez à ce que Dieu vous parle ? Est-ce que le discernement de ce que Dieu veut pour notre Eglise vous concerne, vous préoccupe ? 


Ecouter le Saint-Esprit, c’est aussi écouter celles et ceux chez qui le Saint-Esprit habite

Je vous rappelle, au passage, que selon le Nouveau Testament, c’est bien en chaque croyant que le Saint-Esprit fait sa demeure. C’est ce qu’on pourrait appeler l’écoute horizontale du Saint-Esprit, en complément de l’écoute verticale. 

L’écoute verticale est plus individuelle et s’exprime dans ma relation personnelle, intime, à Dieu, par son Esprit saint. Qu’il s’agisse d’une révélation ou d’une illumination qui « descend » du ciel, ou une conviction profonde qui « monte » du cœur. Mais il ne faut pas réduire l’action du Saint-Esprit à sa verticalité. 

Si l’écoute de l’Esprit saint passe par la communauté, c’est bien parce que la voix de l’Esprit saint peut s’exprimer aussi par la voix de mes frères et de mes sœurs. Se mettre à l’écoute du Saint-Esprit, c’est aussi se mettre à l’écoute de celles et ceux chez qui le Saint-Esprit habite ! 

Il s’agit donc bien de s’écouter les uns les autres, mais de le faire avec la conviction que c’est aussi une façon d’apprendre à écouter Dieu, une façon de discerner la voix du Saint-Esprit derrière celle de mon frère ou ma sœur. 

Voilà qui est de nature à changer nos relations dans l’Eglise ! 


Conclusion

Arrivés au terme de cette série de prédications autour de l’écoute de Dieu, nous voilà donc appelés à vivre la communauté. L’écoute de Dieu n’est pas seulement une part de la vie personnelle du croyant, c’est une responsabilité collective, partagée avec l’ensemble de l’Eglise. Et cette écoute de Dieu passe aussi par l’écoute de mon frère et ma sœur, chez qui le Saint-Esprit habite. 

Pour apprendre à écouter Dieu, apprenons donc aussi à nous écouter les uns les autres. C’est vrai dans l’Eglise locale bien-sûr, où le risque nous guette de ne pas vraiment rencontrer les autres, ou de restreindre nos relations aux quelques-uns que nous connaissons déjà. 

C’est vrai aussi au-delà de la communauté locale. Mes frères et mes sœurs sont aussi dans les autres confessions chrétiennes, la voix du Saint-Esprit s’exprime aussi dans d’autres traditions que la mienne. 

Cela demande de nous délaisser de nos a priori et de refuser l’esprit de jugement, d’oser la rencontre et de cultiver une curiosité de l’autre saine et stimulante.

A minima, nous y gagnerons une meilleure connaissance de la famille de Dieu… mais nous pourrions bien aussi, dans la voix de notre frère ou notre sœur, entendre quelque chose de la voix de l’Esprit saint ! 


dimanche 28 juillet 2024

L’esprit olympique (4) Esprit en mouvement

 

Suite et fin de notre mini-série de l’été sur l’esprit olympique. Voici un court rappel des épisodes précédents :

  • Le premier épisode, « La vie chrétienne, c’est du sport », s’était arrêté sur la métaphore sportive la plus développée dans la Bible pour parler de la vie chrétienne comme une course ou un combat, et qu’on trouve dans la première lettre de Paul aux Corinthiens
  • Le deuxième épisode, « Plus vite, plus haut, plus fort » prenait la devise olympique comme une métaphore possible de la vie chrétienne, dans laquelle la recherche de l’excellence et le dépassement de soi ne doit pas se vivre en compétition avec les autres.
  • Le troisième épisode, « L’important, c’est de participer », partait de cette célèbre formule attribuée à Pierre de Coubertin pour évoquer la nécessité d’être acteur de sa vie chrétienne et non pas spectateur, de participer vraiment, en faisant son maximum.
  • Voici donc notre dernier épisode qui s’intitule : « Esprit en mouvement ». 

Savez-vous à quoi correspond cette formule ? C’est, depuis 2004, la devise des Jeux paralympiques ! 

En plus de leur devise, les Jeux paralympiques ont aussi un drapeau spécifique. Les cinq anneaux y sont remplacés par ces trois symboles qu’on appelle des agitos du latin agito qui signifie « je bouge ». Ils symbolisent le mouvement et la volonté de ne jamais abandonner, ils évoquent la détermination et la résilience des para-athlètes

A l’origine, la devise des Jeux Paralympiques était « l’esprit, le corps et l’âme ». Une formule biblique qui faisait aussi référence à la devise olympique « plus vite, plus haut, plus fort. » Elle a été changée en 2003, et introduite aux Jeux d’Athènes en 2004. Désormais c’est donc « Esprit en mouvement » (« Spirit in motion »). Une formule directement liée aux agitos du drapeau paralympique. 

Avec cette nouvelle devise, le Comité international paralympique voulait non seulement rendre hommage à la force intérieure des para-athlètes mais aussi à leur capacité à inspirer tous ceux qui sont témoins de leurs exploits. 

Et il faut avouer qu’assister à une compétition paralympique est un spectacle étonnant et inspirant. 

Si la nouvelle devise paralympique est moins immédiatement biblique que la précédente, elle n’en demeure pas moins une formule qui peut entrer en résonnance avec nos préoccupations de croyants. 

Tout d’abord, je me dis qu’en tant que croyant, on est souvent plus proche d’un athlète paralympique que d’un athlète olympique. Spirituellement, nous sommes tous en quelque sorte en situation de handicap. 

Par ailleurs, la formule « Esprit en mouvement » peut résonner de deux façons complémentaires pour nous. Dans une perspective biblique, le mot « esprit » peut avoir un double sens. Il peut désigner, avec un « e » minuscule, l’esprit humain, sa part intérieure et immatérielle. Mais il peut aussi désigner, avec un « E » majuscule, l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit qui vient habiter le croyant. Ce double sens est intéressant pour nous… 


Nous sommes toutes et tous en situation de handicap

Aux Jeux paralympiques, tous ne concurrent pas en même temps. Prenez par exemple la discipline reine de l’athlétisme, il y a plusieurs catégories, en fonction du handicap : visuel, mental, moteur cérébral, amputation de membres supérieurs ou amputation de membres inférieurs… Et il y a même des graduations au sein de ces différents handicaps, par exemple de la déficience visuelle jusqu’à la cécité. Cela rend impossible la mise en compétition directe des uns et des autres… On ne va pas faire courir dans la même course un athlète aveugle, un autre amputé d’un bras et un troisième en fauteuil roulant. 

Il n’en demeure pas moins que chaque course suscite l’admiration en voyant la façon dont les athlètes parviennent à surmonter leur handicap en réalisant parfois des performances exceptionnelles. 

On a déjà parlé du danger de la comparaison dans la vie chrétienne. Mais il me semble qu’envisager cela sous l’angle de la métaphore paralympique est éclairant. Nous sommes tous en situation de handicap spirituel à cause du péché, mais nos handicaps sont différents 

Ce qu’on a tous en commun, c’est d’être des « para-athlètes spirituels ». La source commune de notre handicap, c’est le péché. Une réalité universelle, qui touche toute l’humanité :

Romains 3.22b-23
Il n'y a pas de différence entre les êtres humains : tous ont péché et sont privés de la présence glorieuse de Dieu.

Le péché, c’est tout ce qui nous éloigne de Dieu. C’est cette réalité spirituelle mystérieuse qui fait que chaque être humain a eu lui un élan qui a tendance à l’éloigner de Dieu. Si on laisse libre court à cet élan, alors on peut tomber dans les pires des comportements, qu’ils soient néfastes pour les autres ou autodestructeurs. 

La lutte contre le péché, contre cet élan qui nous éloigne de Dieu, est le lot de tous les chrétiens. Mais la lutte est différente pour chacune et chacun. Nous sommes tous en situation de handicap spirituel à cause du péché, mais nos handicaps sont différents. Il serait donc absurde de se comparer les uns les autres, ou pire de se juger les uns les autres. C’est aussi absurde que d’aligner dans une même course un para-athlète non-voyant et un autre dans un fauteuil roulant. 


Esprit/esprit en mouvement

Venons-en maintenant à la devise paralympique. Avec, pour nous, la possibilité du double sens Esprit ou esprit en mouvement… La vie chrétienne, c’est d’abord laisser l’Esprit de Dieu nous mettre en mouvement. Et c’est aussi mettre notre esprit en mouvement, le tenir en éveil et l’utiliser avec discernement. 

Le texte biblique qui peut le mieux exprimer cette double réalité est Romains 12.2 :

Romains 12.2
Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer et vous donner une intelligence nouvelle. Vous discernerez alors ce que Dieu veut : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait.

Qu’est-ce qui nous transforme ici ? Dans le texte original, ce n’est pas dit explicitement. Paul dit, littéralement, « soyez transformés » ou « laissez-vous transformer » (c’est le verbe qui a donné métamorphose en français). Mais on comprend bien que c’est Dieu lui-même, par son Esprit saint, qui opère cette transformation en nous. 

Et cette métamorphose, elle se manifeste par un renouvellement de l’intelligence. C’est cette intelligence nouvelle, fruit de la métamorphose opérée par Dieu, qui nous rend capable de discerner la volonté de Dieu. Et donc de lutter contre le péché qui nous éloigne de lui… 

Il s’agit donc, pour paraphraser la devise paralympique, de laisser d’abord l’Esprit de Dieu nous mettre en mouvement, pour ensuite mettre en mouvement notre esprit. 


Laisser l’Esprit nous mettre en mouvement

Esprit en mouvement… Il s’agit en premier lieu de laisser l’Esprit de Dieu nous mettre en mouvement. C’est lui seul qui nous permet de nous mettre en marche à la suite du Christ, puis d’avancer à sa suite. 

Il faut noter que Paul s’adresse ici à des croyants, pas à des non-croyants. Il ne faut donc pas penser qu’il suffirait d’une mise en mouvement initiale pour ensuite se laisser porter par l’élan. La mise en mouvement de l’Esprit de Dieu doit se poursuivre tout au long de notre vie chrétienne. Il faut sans cesse revenir à lui, le laisser renouveler son élan, nous laisser transformer par lui. 


Mettre notre esprit en mouvement

Pour autant, l’Esprit de Dieu ne va pas tout faire à notre place. Il donne l’élan, il est la source du mouvement. Il transforme notre intelligence… pour que nous l’utilisions ! Paul ne dit pas que Dieu nous transforme et qu’il nous montre quelle est sa volonté. Il nous transforme pour que nous discernions ce qu’il veut. Il donne l’élan initial et s’attend à ce que nous mettions en mouvement notre esprit renouvelé par lui.

Et cela même si nous avons besoin, comme nous l’avons dit, d’être sans cesse renouvelé dans notre élan par l’Esprit saint.  

En jouant sur le double sens biblique du mot « esprit », on pourrait dire qu’un chrétien épanoui est un chrétien rempli d’Esprit mais aussi plein d’esprit. 

Quand on dit de quelqu’un qu’il est plein d’esprit, on dit qu’il est vif et intelligent. Un trait d’esprit est une remarque pleine d’humour. Avoir de l’esprit c’est être capable de présenter ses idées de façon originale et piquante. Faire preuve de présence d’esprit, c’est réagir avec promptitude aux situations qui se présentent. Être vif d’esprit, c’est être créatif, imaginatif. 

Or il y a de multiples occasions dans notre vie chrétienne où on a besoin de faire preuve de présence d’esprit pour réagir à des situations inattendues, ou de vivacité d’esprit pour prendre une décision éclairée, et même parfois de faire un trait d’esprit pour désamorcer des situations tendues ou délicates. 

N’est-ce pas cela aussi, le renouvellement de l’intelligence dont parle l’apôtre Paul ? 


Conclusion

La métaphore paralympique appliquée à la vie chrétienne nous rappelle que nous sommes toutes et tous en situation de handicap spirituel, à cause du péché qui est en nous, cet élan contraire qui a tendance à nous pousser loin de Dieu. Mais l’Esprit saint est là pour nous donner, et nous redonner sans cesse le bon élan. 

Esprit/esprit en mouvement. La devise paralympique revisitée à la lumière de la Bible nous appelle, en tant que croyant, à laisser l’Esprit de Dieu nous mettre en mouvement, à le laisser nous donner et nous redonner sans cesse l’élan dont nous avons besoin pour suivre le Christ. Mais elle nous invite aussi faire usage de notre intelligence renouvelée. Remplis du Saint-Esprit, nous voulons aussi être plein d’esprit pour faire preuve de discernement, de vivacité et de sagesse face aux défis quotidiens auxquels nous faisons face. 

Nous pouvons compter sur le Seigneur pour nous aider face à ces défis. Il nous aime et vient à notre aide, car il est notre Père et nous sommes ses enfants, selon cette promesse rappelée par l’apôtre Paul aux Romains : « L'Esprit de Dieu atteste lui-même à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Romains 8.16). 


dimanche 19 mai 2024

On reconnaît un arbre à ses fruits

 

Comment reconnaît-on une femme ou un homme rempli du Saint-Esprit ? Est-ce que, spontanément, on ne pensera pas à quelqu’un qui prie avec ferveur, qui annonce la Parole de Dieu avec assurance, qui impressionne par sa foi, voire par lequel Dieu accomplit des miracles ? Voilà des femmes et des hommes remplis du Saint-Esprit !

Mais pensera-t-on à quelqu’un qui fait preuve de douceur, de bienveillance ou de maîtrise de soi ? C’est moins impressionnant que de prêcher devant une foule ou d’accomplir des miracles… mais ce sont bien trois aspects de ce que Paul appelle le fruit de l’Esprit. Et pour produire le fruit de l’Esprit, il faut bien être rempli du Saint-Esprit !

Galates 5.16-25
16Voici donc ce que j'ai à vous dire : laissez l'Esprit saint conduire votre vie et vous n'obéirez plus aux mauvais penchants. 17Car l'être humain que nous sommes a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit a des désirs contraires à ceux de l'être humain : ils sont complètement opposés l'un à l'autre, de sorte que vous ne pouvez pas faire ce que vous voudriez. 18Mais si l'Esprit vous conduit, alors vous n'êtes plus soumis à la Loi.
19On sait bien à quoi conduisent les penchants humains : la débauche, l'impureté et les actions honteuses, 20le culte des idoles et la magie, l'hostilité, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les discordes, les divisions, 21l'envie, les beuveries, les orgies et bien d'autres choses semblables. Je vous avertis maintenant comme je l'ai déjà fait : les personnes qui agissent ainsi n'auront pas de place dans le règne de Dieu.
22Mais ce que l'Esprit saint produit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, 23la douceur et la maîtrise de soi. La Loi n'est certes pas contre de telles choses ! 24Ceux qui appartiennent à Jésus Christ ont fait mourir sur la croix leur faiblesse humaine avec ses passions égoïstes et ses mauvais penchants. 25L'Esprit nous a donné la vie ; laissons-le donc aussi diriger notre conduite.

Ce que l’apôtre Paul évoque dans ce passage, c’est le combat intérieur qui est le lot de tout chrétien. Une lutte entre, d’un côté les penchants humains, et de l’autre côté ce que produit le Saint-Esprit. Littéralement, le texte parle des « œuvres de la chair » et du « fruit de l’Esprit ». Les premières sont ce que, malheureusement, nous produisons par nous-mêmes, le second est ce que l’Esprit saint produit en nous.  

Paul n’est pas en train de dire que, naturellement, l’être humain n’est animé que de mauvais penchants et qu’il ne produit que de mauvaises choses. Il y a, heureusement, de bonnes choses qui peuvent aussi provenir du cœur humain. 

Pour bien comprendre ce que veut dire l’apôtre, il ne faut pas oublier que la lettre s’adresse à une Eglise. L’enjeu est d’abord communautaire. Juste avant, il encourageait d’ailleurs ses lecteurs à se laisser guider par l’amour en se mettant au service les uns des autres, et il les exhortait à ne pas se déchirer. 

Ce que Paul veut dire ici, c’est que dans un groupe comme une Eglise, si on se laisse diriger par ses penchants humains naturels, tôt au tard, la communauté connaîtra des tensions, des rivalités, des divisions. Et, malheureusement, ça arrive trop souvent… C’est la dimension bassement humaine de l’Eglise. « On sait bien à quoi conduisent les penchants humains ». Ou comme le traduit la TOB : « On les connaît, les œuvres de la chair… » 

A l’inverse, la seule façon de pouvoir s’édifier dans l’amour mutuel, et d’être une communauté qui reflète l’amour de Dieu, c’est de laisser l’Esprit saint agir en nous, au plus profond de notre être. C’est seulement ainsi que les penchants humains néfastes pourront être éteints et remplacés par le fruit du travail de l’Esprit en nous. 

En ce jour de Pentecôte, c’est sur le fruit de l’Esprit que j’aimerais m’arrêter, pour considérer ce que le Saint-Esprit est appelé à produire dans notre vie. Car ce qui témoigne le plus de l’action du Saint-Esprit dans une Eglise ou chez un chrétien, ce ne sont pas les manifestations plus ou moins spectaculaires de l’Esprit mais le développement, souvent plus discret, du fruit de l’Esprit.  


On reconnaît l’arbre à ses fruits

La métaphore du fruit rappelle certaines images utilisées par Jésus dans son enseignement, lorsqu’il parle de l’arbre qui se reconnaît à ses fruits. Les fruits de l’Esprit sont tout simplement les signes de la présence en nous du Saint-Esprit. 

Il y a des dons que l’Esprit distribue à qui il veut, pour l’édification commune. Ce qui signifie qu’il y a des dons qui sont accordés à certains et pas à d’autres, c’est d’ailleurs pourquoi nous avons besoin les uns des autres, pour bénéficier pleinement de toute la richesse des dons de Dieu. Toutefois, contrairement aux dons accordés par l’Esprit, le fruit de l’Esprit est le même pour tous. 

Une vie remplie du Saint-Esprit, c’est une vie qui témoigne, avec équilibre et harmonie, de tous les aspects du fruit de l’Esprit. C’est en tout cas ce vers quoi nous devons tendre. 

La liste que nous trouvons dans notre texte n’est, évidemment, pas exhaustive. Mais si vous êtes chrétiens et que vous ne témoignez d’aucun des fruits mentionnés par Paul, il y a un gros problème ! 

Bien-sûr, nous avons aussi des histoires et des personnalités différentes, qui fait que certains fruits de l’Esprit mûrissent plus facilement sur l’arbre que nous sommes, et d’autres ont plus de mal à se développer. Personne ne peut manifester l’ensemble de ces fruits de l’Esprit dans toute leur maturité. Nous avons tous des domaines que nous devons plus travailler que d’autres. 

Mais on ne peut pas considérer que l’un ou l’autre des fruits de l’Esprit ne nous concerne pas. On ne peut pas dire : « l’amour et la joie d’accord, mais la patience ce n’est pas pour moi », ou « la maîtrise de soi, ce n’est pas mon appel », ou « je n’ai pas le don de la bienveillance » ! 


Laisser le temps aux fruits de mûrir

La métaphore du fruit évoque aussi un processus naturel qui prend du temps, ce qui est tout à fait adapté à l’œuvre du Saint-Esprit en nous. En parlant de fruit de l’Esprit, l’apôtre Paul veut en effet dire que lorsque le Saint-Esprit habite en nous, et si nous ne mettons pas d’obstacle à son œuvre, il finit toujours par produire du fruit. 

Ce n’est pas nous qui faisons artificiellement ou à notre guise pousser un fruit sur un arbre. C’est l’arbre lui-même qui le produit naturellement. Et on le récolte au terme de ce processus, quand le fruit est mûr. En revanche, on prend soin de l’arbre pour qu’il produise du fruit, et du bon fruit. 

C’est un peu la même chose pour l’œuvre du Saint-Esprit en nous. C’est une œuvre en profondeur, que nous ne maîtrisons pas, et qui finit par nous façonner, nous transformer… et cela se manifeste dans des fruits visibles. Mais un fruit est récolté en son temps, il lui faut du temps pour arriver à maturité. 

L’œuvre du Saint-Esprit en nous est un travail à long terme. Il doit travailler sur notre caractère, contrer nos penchants naturels, faire avec nos blessures et nos traumatismes… Tout cela demande du temps, une lente maturation. On n’est pas dans l’immédiateté avec le fruit de l’Esprit !

Notre rôle à nous, c’est de ne pas mettre d’obstacle à l’œuvre de l’Esprit, ni chez nous ni chez notre frère ou notre sœur. Il s’agit de laisser le temps et la liberté à l’Esprit d’agir. Faire preuve de patience, envers nous-mêmes et envers les autres. On ne peut pas s’attendre à ce qu’un jeune chrétien, qui découvre la foi, développe tout de suite tous les fruits de l’Esprit. Et ce n’est pas en cherchant à le faire entrer dans un moule ou en lui imposant des contraintes qu’on va l’aider. 


Ce n’est que de l’amour !

L'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. 

La liste n’est pas exhaustive mais il y a déjà pas mal de boulot pour laisser tous ces aspects se développer en nous. Ce que je trouve intéressant, c’est la double dimension d’intériorité et de relation que cette liste évoque. Certains fruits tendent plus vers l’intériorité : la joie, la paix. D’autres plus vers la relation : la bienveillance, la bonté. Mais ils sont tous, d’une certaine manière, à la croisée des deux. Ils sont tous des attitudes de cœur qui se traduisent de manière concrète. 

L’intériorité, c’est le lieu de la communion avec Dieu, c’est ce « lieu secret » dont parle Jésus où Dieu nous attend. C’est là où commence l’œuvre en profondeur du Saint-Esprit, dans la méditation, la prière, dans l’écoute de Dieu, qui peut revêtir de multiples formes mais qui est incontournable. 

De cette écoute fondamentale de Dieu naît la transformation, le travail en profondeur de l’Esprit, qui fait petit à petit bourgeonner puis croître puis mûrir ses fruits. L’intériorité devient relation à l’autre. L’amour pour Dieu se manifeste dans l’amour pour le prochain.

Les fruits de l’Esprit sont la concrétisation de l’amour pour Dieu et de l’amour pour le prochain, que Jésus a cité comme les deux commandements fondamentaux, par lesquels toute la Loi s’accomplit. Voilà pourquoi Paul peut dire en conclusion que « la Loi n’est certes pas contre de telles choses ! » C’est une figure de style : non seulement la Loi n’est pas « contre » de telles choses mais elle les encourage. 


Conclusion

En ce jour de Pentecôte où nous commémorons la venue du Saint-Esprit sur les premiers disciples réunis à Jérusalem, souvenons-nous de la promesse annoncée par Pierre dans son discours. Une promesse pour toutes les générations de disciples, pour tous ceux et toutes celles que Dieu appellera et qui répondront à son appel, c’est la promesse du Saint-Esprit. La promesse d’un changement de vie possible, d’une œuvre en profondeur de Dieu dans notre cœur. 

Soyons donc remplis du Saint-Esprit, laissons-le agir en nous, laissons-lui le temps d’accomplir son œuvre en profondeur, de la faire germer puis grandir en nous, pour que nous portions du fruit à sa gloire, par notre vie, par notre amour pour Dieu et pour notre prochain. 


dimanche 28 mai 2023

Le Saint-Esprit, libre comme l’air

 

> Ecouter la prédication (à venir)

Le récit de Pentecôte est un épisode spectaculaire du Nouveau Testament qui a fasciné et intrigué les foules qui en ont été témoins. Mais l’ordinaire de l’action du Saint-Esprit est discret. Alors on pourrait presque l’oublier…

Dans le Judaïsme, Chavouot (Pentecôte) commémore le don de la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï. En envoyant son Esprit sur les disciples réunis le jour de Pentecôte, le Seigneur accomplit la promesse du prophète Jérémie : « Je mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. » (Jérémie 31.33) Le champ d’action de l’Esprit, c’est notre cœur, notre être intérieur. 

Si on oublie parfois le Saint-Esprit c’est aussi qu’il se fait un peu oublier puisque sa mission n’est pas de parler de lui-même mais de révéler Jésus-Christ et d’appliquer l’œuvre de Dieu à notre vie. 

En général, le Saint-Esprit est un acteur invisible et discret. Mais sans lui, l’œuvre de Dieu nous resterait étrangère, Jésus resterait un inconnu, personne n’aurait la foi. On ne le voit pas, mais sa présence et son action sont incontournables. En fait, tout dépend de lui !

C’est un peu comme l’air qui nous entoure et que nous respirons. On ne le voit pas mais il est là, et il nous est vital. Il contient l’oxygène dont nous avons besoin pour respirer et donc pour vivre. Sans air, nous mourons ! 

C’est un peu la même chose avec le Saint-Esprit. D’ailleurs, en hébreu comme en grec, l’esprit c’est le souffle, le vent, l’air… Il est invisible et pourtant vital. Sans lui, sans sa présence, sans son œuvre en nous, impossible de vivre. Sans le Saint-Esprit, nous serions tous spirituellement morts, nous ne serions pas ici ce matin pour en parler !

Je vous invite à prendre une grande respiration, et à lire un texte de l’apôtre Paul qui sera pour nous un grand bol d’air, un rappel que le Saint-Esprit nous est aussi vital que l’air que nous respirons. 

1 Corinthiens 12.3-7
3 Je vous certifie que personne, en parlant par l'Esprit de Dieu, ne dit : « Maudit soit Jésus ! », et que personne ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! », sinon par l'Esprit saint.
4 Or il y a diversité de dons de la grâce, mais c'est le même Esprit ; 5 diversité de services, mais c'est le même Seigneur ; 6 diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. 7 Or à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune.


Ce texte affirme, avec force, deux choses : 
1° On ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit
2° L’action du Saint-Esprit est caractérisée par la diversité

Je vous propose de nous arrêter sur ces deux affirmations et de voir en quoi elles nous concernent aujourd’hui, en quoi elles nous invitent à élargir notre regard sur l’action du Saint-Esprit dans notre vie.


On ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit

Le verset 3 dit deux fois la même chose, de manières différentes voire opposées : on ne peut pas dire « Maudit soit Jésus » par le Saint-Esprit et on ne peut pas dire « Jésus est le Seigneur » sans le Saint-Esprit. Il ne s’agit évidemment pas seulement des paroles prononcées mais de ce qu’elles signifient. On pourrait dire, plus simplement, qu’on ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit. Nul ne peut l’être sans lui. Et sans lui, il n’y aurait aucun chrétien sur cette terre, l’Eglise n’existerait pas, nous ne serions pas ici ce matin !

Ça veut dire aussi que nul ne peut dire qui est vraiment croyant sinon le Saint-Esprit. Or le Saint-Esprit, c’est Dieu. Il fait ce qu’il veut. Il est libre comme l’air… Il n’appartient à aucune Eglise, il n’est enfermé dans aucune confession de foi. S’il est impossible d’être croyant sans le Saint-Esprit, alors partout où il y a des croyants, il y a le Saint-Esprit ! 

Cette affirmation doit élargir nos horizons et nous mettre en garde contre tout esprit sectaire. Comprendre l’œuvre du Saint-Esprit nous invite à considérer l’unité de l’Eglise. Une unité qui dépasse nos étiquettes et nos réalités institutionnelles. L’Eglise, c’est le fruit de l’action du Saint-Esprit. C’est par lui que Jésus accomplit sa promesse de bâtir son Eglise. Croyez-vous, après 2000 ans d’histoire, que l’Eglise existerait encore si c’était l’œuvre des humains et si elle ne dépendait que de ses institutions ? 

Comment peut-on alors dire : « toi, tu n’es pas chrétien parce que tu ne pries pas comme moi, parce que tu ne penses pas comme moi, parce que tu ne vis pas ta foi comme moi… ». A priori, selon notre texte, il n’y a pas de raison de douter de la foi de celui ou celle qui déclare « Jésus est le Seigneur ! » Quelle que soit son appartenance ecclésiale, quelle que soit sa manière de vivre sa foi. 

En fait, ce n’est pas à vous ni à moi de dire qui est véritablement chrétien et qui ne l’est pas ! De quel droit je dirais « toi, tu n’es pas un chrétien authentique, parce que tu n’as pas vécu ceci ou cela, parce que tu n’as pas déclaré ceci ou cela ! » C’est l’affaire de chacun, devant Dieu. C’est l’affaire du Saint-Esprit qui agit dans les cœurs. Mon affaire à moi, c’est de m’ouvrir à l’action de l’Esprit, pas seulement en moi mais aussi chez les autres. Et demander à Dieu de m’ouvrir les yeux pour discerner mon frère et ma sœur en Christ là où ils se trouvent, et de me réjouir avec eux lorsque je les rencontre. 


L’action du Saint-Esprit est caractérisée par la diversité

L’autre accent de notre passage tombe sur la diversité. Avec l’unité, c’est l’autre face de la même pièce. A trois reprise, Paul souligne la diversité de l’action de Dieu par son Esprit : il y a diversité de dons de la grâce, diversité de services (ou de ministères), diversité d'opérations (ou d’œuvres, de façons d’agir). Et tout est rassemblé, au verset 7, dans l’expression « manifestation de l’Esprit » qui est une formule englobante : elle désigne toutes les façons dont le Saint-Esprit se manifeste dans notre vie. 

Certes, dans la suite du chapitre, on trouvera une liste de dons de la grâce qui se rapportent plutôt à la vie de l’Eglise et au culte. Mais pourquoi la liste serait-elle exhaustive ? Elle est liée à ce qui se passait dans l’Eglise de Corinthe où les problèmes et les divisions se manifestaient justement quand ils se réunissaient. D’autre part, Paul soulignera que la voie suprême par laquelle le Saint-Esprit agit, c’est l’amour. Il y consacre tout un chapitre, le fameux chapitre 13. 

Le Saint-Esprit n’est pas à l’œuvre seulement entre les quatre murs d’une Eglise ! Il accompagne et anime le croyant tous les jours de sa vie, dans toutes les sphères de son existence. 

Or, on a parfois l’impression que le Saint-Esprit n’agit que dans l’Eglise, quand les chrétiens sont réunis. Ou alors que sa seule façon d’agir « à l’extérieur », c’est à travers notre témoignage, quand nous annonçons la Bonne nouvelle du Christ. C’est extrêmement réducteur !

Il me semble légitime de considérer les termes utilisés par Paul de façon très générale : il y a les « dons de la grâce » (charisma), les « façons de servir » (diakovia) et les « façons d’agir » (energema). Ces termes couvrent l’ensemble de la vie chrétienne. Pas seulement la vie d’Eglise ! Il y a différentes façons d’agir ou de servir, en fonction des dons reçus, mais il n’y a que l’Esprit de Dieu qui donne et ordonne. 

Si l’Esprit saint a été donné à l’Eglise, le jour de la Pentecôte, c’est pour que tout le monde entende parler des merveilles de Dieu dans sa propre langue. Le Saint-Esprit est donné pour que nous allions à la rencontre des autres. Et pas seulement pour parler et délivrer un message, mais aussi pour exercer nos dons, pour servir et pour agir. 


Conclusion

Il y a une bonne nouvelle liée à tout cela : nous n’avons pas à entrer dans un moule, nous pouvons être nous-mêmes ! Car le Saint-Esprit agit et se révèle dans toute la diversité de notre humanité, il nous rejoint là où nous en sommes. 

Pas besoin de prophétiser ou d’accomplir des miracles pour expérimenter l’action du Saint-Esprit, pas besoin de prêcher avec éloquence ou de haranguer les foules pour le voir agir. Le Saint-Esprit habite ma vie, mes dons, mon service et mes actions. Il agit en moi et par moi avec ce que je suis, ce que Dieu a fait de moi et ce qu’il fera de moi demain. Le Saint-Esprit est comme l’air que je respire, c’est lui qui oxygène spirituellement ma vie, dans tout ce que je fais, tous les jours de ma vie. 

Le service de mon prochain et mon action au quotidien ne sont pas moins importants ni moins spirituels que ce que je vis le dimanche à l’église. Il y a diversité de dons de la grâce, diversité de façons de servir, diversité de façons d’agir… et c’est le même Dieu qui opère tout en tous ! 


dimanche 16 octobre 2022

Jusqu’au bout du monde

 
> Ecouter la prédication (à venir)

Avec Abraham, le « père de croyants », nous avons compris l’espérance comme une façon de voir et de saluer de loin l’accomplissement des promesses de Dieu, même celles que nous ne voyons pas de notre vivant. Avec les enseignements de l’apôtre Paul, nous avons compris l’espérance comme un cheminement en cours, celui du croyant qui se laisse modeler par Dieu comme de l’argile par le potier, et qui se laisse transformer, métamorphoser, par l’Esprit de Dieu au plus profond de son être… en attendant la métamorphose ultime, au jour de notre résurrection à venir. 

Et maintenant ? Comment mettre en œuvre notre espérance ? En accomplissant la mission que le Christ nous confie, en attendant le jour de son retour. C’est ce dont nous parle le texte choisi pour cette dernière prédication de notre campagne de rentrée. 

Actes 1.4-8

4 Un jour qu'il prenait un repas avec ses disciples, Jésus leur donna cet ordre : « Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis et que je vous ai annoncé. 5 Car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés dans l'Esprit saint. »

6 Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le règne pour Israël ? » 7 Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. 8 Mais vous recevrez une force quand l'Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde. »


Ce texte s’ouvre sur une promesse extraordinaire, ou plutôt la confirmation d’une promesse extraordinaire : la venue du Saint-Esprit. « Attendez ce que le Père a promis et que je vous ai annoncé. Car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés dans l'Esprit saint. »

Une telle promesse, c’est forcément le début d’une nouvelle ère. Et c’est vrai ! Mais les disciples s’enflamment : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le règne pour Israël ? »

Là, ils vont un peu vite en besogne… et Jésus remet les choses en perspective : il y a des choses que nous ne pouvons pas savoir, Dieu a un calendrier mais nous ne pouvons le connaître : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité »

Bref, Jésus leur dit, en quelque sorte : « On reste calme, Dieu a tout en main et il y a des choses que vous ne pouvez pas savoir. Votre responsabilité n’est certainement pas de décrypter cet agenda secret. Vous avez une autre mission : être mes témoins jusqu’au bout du monde. » Notez au passage que cela implique que l’établissement final du Royaume de Dieu n’était pas pour tout de suite… on n’est pas témoin jusqu’au bout du monde en quelques jours ! 

Jésus calme donc les ardeurs de ses disciples en les recentrant sur leur mission : être ses témoins. Mais il y a un prérequis indispensable : la force du Saint-Esprit, et la mission s’accomplira une étape après l’autre, jusqu’au bout du monde.


Être témoin

Jésus ne dit pas à ses disciples : vous serez des évangélistes, des personnes qui proclament la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, jusqu’au bout du monde. Il leur dit : vous serez mes témoins. Ce n’est pas la même chose. Evangéliste, c’est un ministère particulier auquel Dieu appelle certains seulement. Être témoin, c’est la vocation commune à tout chrétien, tout disciple de Jésus-Christ. 

Le terme grec, marturos, a donné martyr en français. La connotation liée à la souffrance et à la mort ne vient pas du grec mais de l’histoire de l’Eglise, lorsque les chrétiens devaient faire face à la persécution et qu’ils risquaient la mort à cause de leur foi. Fidèles jusqu’au bout, ils mouraient en témoin du Christ. 

Plusieurs des disciples qui ont entendu ces paroles de Jésus sont morts en martyr, dans ce sens second. Et aujourd’hui encore, dans certains pays, être fidèle à sa foi chrétienne conduit les croyants à des persécutions qui peuvent parfois les mener jusqu’à la mort en martyr, en témoin du Christ. 

Sans aller jusqu’au martyr, être témoin du Christ, c’est lui être fidèle, être cohérent avec sa foi. La mission ne consiste pas d’abord à évangéliser, à proclamer ou même à parler. Il s’agit d’être témoin par notre vie tout entière.

Pour revenir au texte de la semaine dernière, si le culte que Dieu attend de nous, c’est l’offrande de notre vie entière, alors nous sommes témoins du Christ quand notre vie, dans tous ses aspects, témoigne du Christ. Lorsque notre comportement de tous les jours, qui inclut aussi nos paroles évidemment, pointent vers le Christ. 


Avec la force du Saint-Esprit

C’est pour cela qu’on ne peut pas être témoin du Christ sans la force que procure le Saint-Esprit. C’est lui qui nous modèle et nous transforme à l’image du Christ, c’est lui qui nous donne la force de tenir ferme face à l’épreuve et l’adversité, c’est lui qui peut nous donner les mots justes lorsqu’il s’agit de défendre notre foi. 

Pour être témoin du Christ jusqu’au bout du monde, il y a du pain sur la planche, le travail ne manque et le besoin est là, urgent. Mais Jésus demande à ses disciples d’attendre. « Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis et que je vous ai annoncé. » Plus tard il les enverra et leur demandera de quitter Jérusalem mais pour l’instant, ils doivent attendre. Jésus n’invite évidemment pas ses disciples à la procrastination. Ils doivent attendre parce que ce n’est pas encore le moment, parce qu’ils doivent, d’abord, être revêtu du Saint-Esprit. Autrement dit, ils ne peuvent pas être témoin du Christ sans le Saint-Esprit. 

La qualité de notre témoignage dépend aussi de notre capacité à attendre. Attendre le bon moment. Il faut arrêter de bassiner les gens avec d’incessants appels à la conversion, ou les assommer avec des versets bibliques… mais il faut aussi savoir saisir les occasions qui se présentent pour une parole appropriée. Il faut arrêter de voir nos voisins, nos collègues ou nos amis comme des cibles et n’envisager nos relations avec eux que sous l’angle de la stratégie pour qu’ils se convertissent… mais il ne faut pas non plus s’interdire toute parole et refuser de s’afficher comme croyant ! 

Et surtout, il faut savoir attendre pour prendre le temps de recevoir ce que Dieu veut nous donner par son Esprit. La qualité de notre témoignage dépend aussi largement de notre proximité avec Dieu. Pour refléter la lumière du Christ par notre vie, il faut nous y exposer par notre vie de piété personnelle et communautaire. 

Il faut donc savoir attendre, de plusieurs manières, pour répondre avec pertinence à l’appel que le Christ nous adresse d’être ses témoins.


Franchir une étape après l’autre

Ce qui est intéressant dans la façon dont Jésus exprime la mission qu’il donne à ses disciples ici, c’est qu’il indique des étapes. Il aurait pu très bien dire « Vous serez alors mes témoins jusqu'au bout du monde. » Ça aurait évidemment impliqué toutes les étapes intermédiaires ! Mais il parle explicitement de ces étapes : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée, et en Samarie, et jusqu’au bout du monde. »

On va du plus porche au plus éloigné. Jérusalem, c’est la ville où ils vivaient alors. La Judée, c’est toute la région, la Samarie c’est le pays voisin et le peuple apparenté, le bout du monde c’est tout le reste. 

Et les étapes ne sont pas seulement géographiques mais aussi culturelles. La Judée, c’est l’ancien Royaume de Juda, la terre historique du peuple Juif. Les disciples sont en terrain connu. La Samarie, c’est le territoire de l’ancien Royaume du Nord d’Israël, où résident désormais les Samaritains, un peuple parent mais méprisé par les Juifs d’alors. Première barrière culturelle. Le bout du monde, c’est tout le reste, les païens, tous les non-Juifs. Et là ce n’est pas une barrière mais un mur culturel !

En insistant sur ces différentes étapes, Jésus souligne que pour accomplir leur mission de témoin, ses disciples doivent comprendre que l’enjeu n’est pas que géographique mais bel et bien culturel et spirituel. 

Aujourd’hui, le bout du monde est sur notre palier… ou sur nos écrans d’ordinateur ou de smartphone. Mais les barrières voire les murs culturels demeurent le grand défi du témoignage. Comment pouvons-nous par notre vie, nos paroles et nos actes, rejoindre ceux que nous côtoyons et qui sont parfois très éloignés de nous par leur culture, leurs valeurs ou les priorités dans leur vie ? Il faut sans doute y aller aussi par étape, avec patience, dans le respect et l’écoute. Et l’aide du Saint-Esprit, dont l’œuvre renouvelle notre intelligence, est ici la clé pour exercer un juste discernement et être créatif !


Conclusion

Et maintenant donc ? Comment mettre en œuvre notre espérance ? En accomplissant la mission que le Christ nous confie, celle d’être témoin du Christ, en attendant le jour de son retour. 

Le défi est de taille, aujourd’hui comme hier. Il peut même nous paraître insurmontable. Mais une force nous est promise, celle de l’Esprit saint qui vient habiter en nous. 

Le bon témoin sait attendre, pour discerner le bon moment et le bon moyen, et pour laisser le temps à Dieu de poursuivre son œuvre en lui. Pour refléter sa lumière dans notre vie quotidienne, il faut prendre le temps de s’y exposer dans notre piété personnelle et communautaire. Alors seulement nous serons ses témoins, partout où il nous conduira, même jusqu’au bout du monde. 

dimanche 5 juin 2022

Pentecôte : un signe et une promesse


> Ecouter la prédication

Tout à l’heure, le début du récit de Pentecôte, en Actes 2, a été lu. Je vous propose d’en reprendre la lecture là où on s’est arrêté, à partir du verset 5, et de nous concentrer sur les réactions que les événements ont suscitées.  

Actes 2.5-13

5 À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6 Quand ce bruit se fit entendre, ils s'assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d'eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient remplis de stupeur et d'admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9 Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d'Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d'Asie ; 10 certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d'autres sont venus de Rome, 11 de Crète et d'Arabie ; certains sont nés Juifs, et d'autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » 12 Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu'est-ce que cela signifie ? » 13 Mais d'autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »

La fête de la Pentecôte est une des grandes fêtes juives. On y commémore le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. C’était une fête de pèlerinage, au cours de laquelle le peuple était invité à se déplacer et monter à Jérusalem pour se rendre au Temple. C’est ce qui explique la présence dans la ville de Juifs de tous les pays, parfois exilés depuis des générations. L’hébreu n’était plus leur langue maternelle mais seulement celle de la liturgie dans les synagogues. 

C’était le moment idéal pour le Seigneur de poser un signe fort, d’envoyer un message aux foules rassemblées. La venue du Saint-Esprit sur les disciples le jour de la Pentecôte est avant tout un signe qui provoque des réactions diverses de la part de ceux qui en sont témoins. 

  • De la curiosité : ils s’assemblent pour connaître l’origine de ce bruit étonnant qu’ils entendent soudain. 
  • De l’étonnement : ils entendent des Galiléens, qui plus est pas forcément très instruits, parler dans leur propre langue maternelle
  • De la perplexité : ils sont dans la stupeur et l’interrogation. Ils ne savent pas quoi penser de ce qu’ils voient et entendent… Certains sont même plus que perplexes et prétendent qu’ils sont ivres.

Franchement, on aurait pu s’attendre à mieux ! En fait, on pourrait presque avoir l’impression que le signe de la Pentecôte était un raté, qu’il n’a pas eu l’effet escompté, voire même que Pierre a dû rattraper le coup ! En voyant les réactions de la foule, Pierre prend en effet la parole : 

Actes 2.14-16

14 Pierre se leva avec les onze autres apôtres ; d'une voix forte, il s'adressa à la foule : « Ecoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe. 15 Ces gens ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il est neuf heures du matin. 16 Mais c'est maintenant que se réalise ce que le prophète Joël a annoncé… »

Il explique ensuite longuement, en citant de nombreux textes de l’Ancien Testament, le projet de salut de Dieu qui s’est accompli dans la mort et la résurrection de Jésus. Et le résultat est spectaculaire : 

Actes 2.41

Un grand nombre d'entre eux acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ 3 000 personnes s'ajoutèrent au groupe des croyants.

Evidemment, j’étais un peu provocateur en disant qu’on avait l’impression que Pierre rattrapait le coup après un signe qui aurait raté sa cible ! Mais il faut bien remarquer que les choses se passent en deux temps : d’abord le signe qui suscite de nombreuses réactions, puis l’explication par Pierre qui suscite des conversions. Mais les deux temps sont bien l’œuvre de Dieu. Le dernier verset du chapitre 2 du livre des Actes le rappelle : c’est bien le Seigneur qui, chaque jour, ajoutait à l’Eglise les personnes qu’il amenait au salut (Actes 2.47). Même s’il le fait par la prédication de Pierre ou le témoignage de la communauté. 

Je vous propose de considérer cet événement de la Pentecôte sous deux angles. D’abord pour souligner en quoi il est un signe majeur dans l’histoire, ensuite pour évoquer en quoi il est une promesse et un défi pour nous aujourd’hui encore. 


Un signe majeur dans l’histoire

Un signe, c’est un événement particulier porteur de sens, qui n’est pas appelé à se reproduire. Il ne faut pas confondre ce qui se passe dans Actes 2 avec ce qui se passe ailleurs dans le NT, qui est notamment évoqué dans la Première épître aux Corinthiens, je veux parler du phénomène du parler en langues. Ici, ce ne sont pas dans des langues inconnues que l’Esprit donne aux disciples de s’exprimer mais il s’agit des langues maternelles des auditeurs présents. Pas besoin d’interprétation puisque le miracle, justement, c’est que chacun comprend ce qu’il entend ! 

Une Bonne Nouvelle pour tous

Et c’est là le premier aspect du signe : il faut désormais que tous aient accès à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans sa propre langue, pour que tous puissent l’entendre. Car c’est une Bonne Nouvelle pour tous ! 

C’est un écho direct à la parole de Jésus à ses disciples avant son Ascension :

Actes 1.8

Vous recevrez une force quand l'Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde.

Le signe de la Pentecôte marque le point de départ de l’expansion de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre : les merveilles de Dieu sont proclamées dans toutes les langues. 


La Loi gravée dans le cœur 

Mais on peut aller plus loin. Le fait que cela se passe le jour de la fête juive de la Pentecôte n’est pas non plus un hasard. Nous pouvons penser ici à la prophétie de Jérémie annonçant une Alliance Nouvelle : 

Jérémie 31.33

33 L'alliance que je conclurai avec le peuple d'Israël consistera en ceci, déclare le Seigneur : J'inscrirai mon enseignement non plus sur des tablettes de pierre, mais dans leur conscience ; je le graverai dans leur cœur ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. 

Au don de la Loi gravée sur des tablettes de pierre répond le don de l’Esprit qui remplit les disciples réunis. Le Saint-Esprit qui remplit les croyants, c’est la Loi de Dieu qui se grave dans le cœur. On peut même voir un rappel, dans le bruit, le vent et le feu qui accompagnent l’événement de la Pentecôte, les éléments naturels déchaînés sur le mont Sinaï. 

Un anti-Babel

Mais on peut même remonter plus loin encore et penser à un événement décrit dans les premiers chapitres de la Genèse où il est question de l’apparition soudaine de multiples langues. C’est la tour de Babel (Genèse 11). Dans ce récit, les humains ont construit une tour qui monte jusqu’au ciel, pour défier Dieu. Et le récit de la Genèse nous dit que Dieu est « descendu » des cieux et qu’il a décidé d’embrouiller le langage des humains pour qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres, afin de les disperser sur l’ensemble de la terre. 

Le signe de la Pentecôte en Actes 2 apparaît comme un anti-Babel. A la confusion des langues qui mène à la dispersion répond les merveilles de Dieu proclamées dans toutes les langues, pour unir l’humanité dans une Bonne Nouvelle adressée à tous. 

Tout cela pour dire que ce qui se passe ce jour-là à Jérusalem est une étape majeure dans le projet de Dieu. C’est un signe à la portée immense… qui symbolise l’inauguration de la Nouvelle Alliance. 


Une promesse et un défi pour nous 

Jésus avait promis à ses disciples, à plusieurs reprises, que Dieu leur enverrait son Esprit saint. Ce jour de la Pentecôte, la promesse s’accomplit. Mais comme Pierre le souligne dans son discours, la promesse n’est pas seulement pour eux : 

Actes 2.39

Car la promesse de Dieu a été faite pour vous et pour vos enfants, ainsi que pour tous ceux qui vivent au loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera.

La promesse, c’est celle du Saint-Esprit qui vient habiter le croyant, une promesse pour tous ceux qui hier, aujourd’hui et demain répondent à l’appel de Dieu. Si le signe de la Pentecôte est un événement unique qui n’est pas appelé à se reproduire, la promesse qui s’y rattache demeure et traverse les générations. 

Et du coup, sans chercher à reproduire l’événement de la Pentecôte, nous pouvons nous demander comment il entre en écho avec notre vie de croyant, aujourd’hui. 

Un Esprit qui suscite des réactions

Je remarque d’abord les nombreuses réactions de la foule. Le Saint-Esprit, lorsqu’il remplit le croyant, suscite des réactions chez ceux qui en sont témoins. Des questions, de la curiosité, des moqueries... Les réactions ne sont pas forcément positives et enthousiastes mais en tout cas, ça ne laisse pas indifférent !

Il ne s’agit pas de reproduire les événements de la Pentecôte mais de s’interroger comment la présence du Saint-Esprit en nous se manifeste concrètement. Et peut-être, simplement, se demander : est-ce que notre vie de disciple du Christ au quotidien suscite des réactions de ceux que nous côtoyons ? Est-ce que notre vie d’Eglise, de communauté de disciples du Christ, suscite des réactions ? Pas forcément des réactions positives d’ailleurs… Mais si la vie d’un croyant ou d’une communauté de croyants remplis du Saint-Esprit laisse indifférent et ne suscite aucune réaction, c’est que nous avons raté quelque chose d’essentiel et qu’il faut nous interroger ! 

Le besoin d’un discours explicatif

Je remarque ensuite la nécessité du discours de Pierre pour accompagner le signe de la Pentecôte et l’expliquer. Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés, comme Pierre, à parler à des foules. Nous ne sommes pas tous appelés à être prédicateur ou évangéliste. Mais nous sommes tous appelés à être « prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous » pour utiliser la formule de l’apôtre Pierre (1 Pierre 3.15). 

L’essentiel, pour chacun de nous, c’est de faire l’expérience du salut, de recevoir le Saint-Esprit et d’avoir la foi. Mais la foi chrétienne n’est pas qu’une expérience à vivre, inexplicable, c’est aussi une Bonne Nouvelle à partager. Et pour pouvoir le faire, il faut que nous sachions prendre du recul sur notre expérience, que nous réfléchissions notre foi, pour pouvoir en rendre compte. 

Une foi qui ne serait qu’intellectuelle, abstraite, serait une foi sans vie. Mais une foi qui ne serait que pure expérience, inexplicable, intransmissible serait une foi incomplète puisqu’elle ne permettrait pas d’accomplir la vocation de témoin du croyant. 

Faut-il le préciser, ce travail d’approfondissement de notre foi, de réflexion, d’étude, c’est aussi l’œuvre du Saint-Esprit en nous. Jésus l’avait annoncé à ses disciples :

Jean 14.26

Celui qui doit vous venir en aide, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.


Conclusion

Pentecôte est une grande fête chrétienne, qu’il est important de célébrer. 

C’est un signe majeur dans l’histoire. Désormais, Dieu a contracté une Alliance Nouvelle avec les humains, sa loi n’est plus gravée sur des pierres mais sur le cœur des croyants, par son Esprit.

C’est une promesse extraordinaire pour nous, celle d’une présence de Dieu dans notre vie comme jamais auparavant : son Esprit saint vient faire sa demeure chez le croyant. 

C’est aussi, du coup, un défi. Celui de laisser l’Esprit de Dieu nous transformer, pour que sa présence en nous suscite des réactions autour de nous et nous donne l’occasion de rendre compte de l’espérance qui est en nous… et de voir ainsi la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ continuer à se répandre jusqu’aux extrémités de la terre. 


dimanche 31 mai 2020

LE DÉFI DE PENTECÔTE



Pentecôte, c’est le jour J pour l’Eglise. Le moment à partir duquel la Bonne Nouvelle va se répandre ! Jusque là, les disciples étaient réunis entre eux, parfois en présence du Christ ressuscité. Ils attendaient que la promesse de Jésus de leur envoyer le Saint-Esprit se réalise. Au début de notre récit, les disciples sont d’ailleurs réunis dans une maison... Et puis le Saint-Esprit descend sur eux, les foules accourent, intriguées, et l’Evangile est annoncé. 

Bref, la descente de l’Esprit saint sur les disciples, c’était un peu le déconfinement de l’Eglise… C’est donc un assez joli symbole que nos cultes puissent reprendre en ce dimanche de   Pentecôte !

Actes 2.1-13
1 Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. 2 Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d'eux. 4 Ils furent tous remplis de l'Esprit saint et ils se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'exprimer.
5 À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6 Quand ce bruit se fit entendre, ils s'assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d'eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient remplis de stupeur et d'admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9 Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d'Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d'Asie ; 10 certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d'autres sont venus de Rome, 11 de Crète et d'Arabie ; certains sont nés Juifs, et d'autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! » 
12 Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu'est-ce que cela signifie ? » 13 Mais d'autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »

Ces dernières semaines, nous avons tous vécu une expérience commune, universelle. La pandémie que nous traversons, et surtout l’expérience du confinement qui lui est liée, sera inscrite dans les livres d’histoire : plus de la moitié de l’humanité a été confinée en même temps ! Cette expérience commune a été vécue dans des circonstances variables, selon que vous avez été atteint par le virus ou non, en fonction des conditions dans lesquelles vous avez vécu le confinement, seul ou avec d’autres, avec ou sans jardin, avec des enfants scolarisés à la maison, en télétravail ou si vous avez continué de travailler pour assurer des services essentiels… Il y a donc eu une expérience commune, partagée par tous, mais elle a été vécue différemment par chacun. 

N’est-ce pas, d’ailleurs, le propre d’une expérience universelle ? Elle est partagée par tous mais vécue différemment par chacun. L’événement de la descente de l’Esprit saint à la Pentecôte a indéniablement un caractère universel, et on y retrouve cette tension entre le “tous” et le “chacun”.

Lorsque le Saint-Esprit se manifestent, il est dit : “Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d'eux.” (v.3)
C’est le même Saint-Esprit qui descend sur tous les disciples réunis, mais cela se manifeste par des langues de feu qui se séparent pour se poser une à une sur chacun. 

Plus loin, ce qui cause l’étonnement de la foule réunie à Jérusalem ce jour-là, c’est d’entendre parler des merveilles de Dieu dans la propre langue de chacun. Et que sont ces grandes oeuvres de Dieu sinon l’Evangile, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Il suffit de lire le discours de Pierre dans la deuxième partie du chapitre pour en avoir la preuve. Or, les foules disent : “Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ?” (v.8)
Autrement dit, c’est la même Bonne Nouvelle qui est proclamée à tous, mais dans la langue maternelle de chacun. 

L’Evangile, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, est véritablement universelle. Elle est la même pour tous, mais elle est aussi entendue, reçue et incarnée différemment par chacun. Et cette tension entre le “pour tous” et le “pour chacun” de l’Evangile, constitue un des grands défis de l’Eglise, qu’on pourrait formuler ainsi :

Il y a une seule Bonne Nouvelle pour tous, à traduire dans la langue de chacun, et à recevoir dans sa propre langue maternelle. 


Une seule Bonne Nouvelle pour tous 

Il faut qu’elle soit la même pour tous, sinon chacun invente une Bonne Nouvelle à sa mesure… qui ne sera donc plus une Bonne Nouvelle pour tous ! Et il faut en même temps que cette Bonne Nouvelle soit personnelle, pour qu’elle rejoigne chacun. 

Comment transmettre une Bonne Nouvelle qui soit à la fois unique pour tous et personnelle à chacun ? Quel est le message dont nous sommes porteurs ?

Nous n’avons pas une religion à proposer, avec ses rites et ses traditions, nous n’avons pas à doctrine à proposer, avec ses certitudes et ses dogmes. Nous avons une personne à faire connaître : Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme, mort et ressuscité ! Il veut nous rencontrer et nous sauver. C’est ça la Bonne Nouvelle !

Il me semble donc que c’est seulement si la Bonne Nouvelle que nous annonçons est centrée sur la personne de Jésus-Christ qu’elle peut être à la fois pour tous et pour chacun. Parce qu’elle n’est pas alors un énoncé doctrinal ou un ensemble de précepts religieux. Elle est l’occasion d’une rencontre, par la foi, avec quelqu’un. Une rencontre qui débouche sur une relation personnelle. Ce que nous partageons, c’est la rencontre avec le Christ vivant. Mais notre relation avec lui est personnelle à chacun. 


Traduite dans la langue de chacun

Pour qu’elle soit accessible, cette Bonne Nouvelle doit être traduite dans la langue de chacun. Je me suis rendu compte que nous avons dans ce récit la première traduction de l’Evangile ! L’hébreu et le grec, qui sont les langues d’origine de l’AT et du NT, ne sont pas des langues sacrées. Ce qui compte, c’est le message. Et parce que c’est une Bonne Nouvelle, et qu’elle est pour tous, il faut la traduire dans toutes les langues !

Or la traduction est un art difficile ! Vous avez peut-être des souvenirs douloureux d’étudiants devant votre version anglaise ou latine... ou de la difficulté de votre apprentissage du français si ce n’est pas votre langue maternelle !

Or tout chrétien est appelé à être un traducteur de l’Evangile. Pas tellement pour écrire des versions de la Bible en différentes langues, mais pour le rendre compréhensible par nos contemporains, nos amis, nos proches. Et vous savez qu’il n’est pas toujours facile de trouver les mots justes pour témoigner de notre foi… Mais il ne faut pas oublier que la meilleure traduction de l’Evangile est sans doute sa traduction concrète, dans nos vies. 

Nous ne sommes pas responsable de l’accueil que les autres vont réserver à la Bonne Nouvelle, mais nous sommes responsables de la façon dont nous la traduisons, dans nos mots et dans notre vie quotidienne. L’élément important que nous révèle le récit de Pentecôte, c’est que cette traduction est une oeuvre du Saint-Esprit. C’est lui qui donne aux disciples la capacité de parler des merveilles de Dieu dans d’autres langues… C’est lui qui pourra rendre notre témoignage accessible et pertinent envers notre prochain. 


Reçue dans sa langue maternelle

L’Evangile est une Bonne Nouvelle, non pas seulement quand elle est annoncée mais quand elle est reçue. 

Cela s’exprime, dans la récit de Pentecôte, par l’émerveillement des foules qui entendent parler des oeuvres de Dieu “dans leur langue maternelle”. Littéralement, en grec, on parle de “la langue dans laquelle nous sommes nés”. C’est la langue qu’on a apprise enfant, celle de nos parents, de notre éducation. Une Bonne Nouvelle traduite dans ma langue maternelle, c’est une Bonne Nouvelle qui parle mon langage, qui rejoint mon histoire. 

Le Fils de Dieu, en devenant homme, nous a rejoint dans notre histoire humaine. Il est devenu l’un des nôtres, comme nous tous. Par son Esprit, il me rejoint, aujourd’hui, dans mon histoire. Il nous appelle chacun à le suivre et il habite notre quotidien. C’est la Bonne Nouvelle pour tous et pour chacun !

D’où l’importance, dans l’Eglise, de partager notre foi commune, de la vivre et de l’exprimer ensemble. C’est pour cela que nous sommes heureux de pouvoir reprendre nos cultes ! Mais d’où l’importance aussi de ne pas enfermer chacun dans des stéréotypes ou des carcans mais de savoir accueillir la diversité de nos spiritualités, une même foi exprimée dans un langage propre à chacun !


Conclusion

Juste avant son Ascension, Jésus avait donné à ses disciples cet ordre de mission : “Vous recevrez une force quand l'Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde.” (Actes 1.8)

Depuis le jour J de la Pentecôte, cet ordre de mission reste valable. Le flambeau nous est parvenu, de génération en génération. Le défi de Pentecôte se poursuit : il y a une seule Bonne Nouvelle pour tous, à traduire dans la langue de chacun, et à recevoir dans sa propre langue maternelle. 

Et n’oublions une autre excellente nouvelle liée à Pentecôte : c’est le Saint-Esprit, qui habite en nous, qui nous rendra capable de dire les merveilles de Dieu de façon appropriée, dans le langage de notre prochain !



dimanche 20 mai 2018

Vivre le changement (5) L'oeuvre transformatrice du Saint-Esprit

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Pentecôte, ce n'est pas seulement un événement du passé, une étape dans l'histoire du salut. C'est une promesse qui nous concerne encore : Dieu vient habiter en nous par son Esprit.

Pour les premiers chrétiens, quel changement ! On le voit au début du livre des Actes des apôtres : c'est spectaculaire. Les apôtres et les disciples, jusqu'ici discrets voire craintifs, annoncent l'Evangile aux foules avec assurance. Les gens sont touchés et changent de vie. L'Eglise grandit, pleine d'enthousiasme. Mais rapidement, les ennuis commencent, les tensions naissent, les choses ne sont pas aussi simples dans l'Eglise... et ça se confirmera dans les épîtres du Nouveau Testament.

N'est-ce pas un peu la même chose pour nous ? Au début de la vie chrétienne, les changements sont souvent évidents. Tout est nouveau, il y a l'enthousiasme de la découverte... Et puis, avec le temps, le rythme du changement a tendance à ralentir. L'évolution devient plus lente, moins évidente. Il y a encore parfois des progrès, par à coup... Mais aussi parfois l'impression qu'on n'avance plus vraiment, qu'on est bloqué à un palier. L'oeuvre transformatrice du Saint-Esprit devient moins évidente en nous.

Bref, la transformation de notre vie par le Saint-Esprit, ça fonctionne bien au début... mais ça se complique ensuite. Et c'est frustrant parce qu'on sent bien que ce n'est pas vraiment normal que ça se passe comme ça. Alors comment faire pour que le Saint-Esprit nous transforme, et qu'il continue à le faire tout au long de notre vie de foi ?


1. Laisser Jésus-Christ grandir en nous

Le premier texte biblique qui peut nous aider à répondre à cette question se trouve dans l'évangile selon Jean, au chapitre 16. C'est un extrait du discours de Jésus à ses disciples, peu de temps avant d'être arrêté.

Jean 16.5-7,13-15
5 Maintenant, je m'en vais auprès de celui qui m'a envoyé. Et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ? ” 6 Mais votre cœur est plein de tristesse parce que je vous ai dit cela. 7 Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je parte. En effet, si je ne pars pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas à vous, mais si je pars, je vous l'enverrai. 
(…) 13 Quand l'Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, il ne dira pas des choses qui viennent de lui. Mais il dira tout ce qu'il entendra et il vous annoncera ce qui doit arriver. 14 L'Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu'il recevra ce qui est à moi et il vous l'annoncera. 15 Tout ce qui est à mon Père est aussi à moi. C'est pourquoi je vous ai dit : “L'Esprit de vérité recevra ce qui est à moi et il vous l'annoncera.”

Ici, Jésus répond à l'inquiétude des disciples. Ils sentent que Jésus va les quitter. Pourtant Jésus leur dit : « il vaut mieux pour vous que je parte. » Comment est-ce possible ? Pour les disciples, perdre leur maître est la pire chose qui puisse leur arriver ! Or Jésus leur dit qu'il est avantageux pour eux qu'il s'en aille.

Oui mais si Jésus part, alors il pourra leur envoyer « celui qui doit les aider ». Cette périphrase traduit le terme grec paraclêtos qui signifie littéralement « celui qui se tient à côté », donc l'intercesseur, le défenseur, le consolateur... Et Jésus précise : « L'Esprit de vérité montrera ma gloire, parce qu'il recevra ce qui est à moi et il vous l'annoncera. » (v.14)

Autrement dit, le Saint-Esprit « remplace » Jésus-Christ auprès des disciples, et il le remplace avantageusement. C'est parce qu'il y a là un pas de plus franchi par Dieu pour s'approcher de nous. Déjà en Jésus, le Fils de Dieu est devenu l'un des nôtres, humain comme nous. Désormais, Dieu se fait encore plus proche puisqu'il vient par son Esprit faire sa demeure en nous. L'apôtre Paul l'exprime de façon très concrète lorsqu'il dit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu ? » (1 Corinthiens 6.19). Et comme il est Esprit, il n'est pas limité dans l'espace et peut être présent, pleinement, en chaque croyant, où qu'il soit. Voilà pourquoi c'est avantageux pour les disciples que Jésus parte et qu'il envoie son Esprit !

La mission du Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ. Il nous est donné pour nous montrer la gloire du Christ. Par le Saint-Esprit, c'est Jésus-Christ qui est avec nous et nous pouvons le rencontrer.

Autrement dit, c'est Jésus-Christ que nous recevons quand l'Esprit vient faire sa demeure en nous, c'est lui que nous entendons lorsque l'Esprit nous parle. L'oeuvre du Saint-Esprit, c'est de faire grandir le Christ en nous. Et c'est cela qui nous transforme. Quand le Christ grandit en nous, c'est alors que le Saint-Esprit nous transforme !

Quelle leçon en tirer, concrètement ? Notre première priorité, toujours, c'est d'approfondir notre relation avec le Christ. Il nous faut voir tous les aspects de notre piété, et de notre vie chrétienne, comme une occasion d'approfondir cette relation avec le Christ.

  • On ne lit pas la Bible pour accroître sa connaissance mais pour y trouver le Christ et l'accueillir tout à nouveau. 
  • On ne prie pas pour faire sa « liste de courses » spirituelles ou pour se faire du bien et s'épanouir spirituellement. On prie pour dialoguer avec le Christ. 
  • On n'aime pas son prochain juste parce que c'est un commandement, et encore moins pour faire une bonne œuvre et accumuler des « miles spirituels » et obtenir un place premium au paradis ! On aime son prochain parce qu'on y trouve le visage du Christ : « tout ce que vous faites à l'un de ces petits, c'est à moi que vous le faites. » (Matthieu 25.40)


Cherchez Jésus-Christ, toujours, partout. Il grandira en vous, et son Esprit vous transformera !


2. Identifier nos blocages

Mais cet élan positif, toujours tourné vers le Christ, ne suffit pas toujours. On garde parfois l'impression que ça bloque, qu'il y a quelque chose qui coince et empêche la transformation.

Ici, c'est un autre texte du Nouveau Testament qui peut nous aider. L'apôtre Paul y parle d'un blocage, en faisant référence à Moïse qui, lorsqu'il redescendait de la montagne où il rencontrait Dieu devait couvrir son visage d'un voile. Il se base sur cet épisode de l'Ancien Testament, d'une part pour expliquer l'aveuglement de beaucoup de ses frères Israélites, et d'autre part pour parler de l'oeuvre de l'Esprit chez le chrétien. Et là ça nous intéresse !

2 Corinthiens 3.12-17
12 Avec cette espérance, nous sommes pleins de confiance. 13 Nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur son visage. De cette façon, les Israélites ne pouvaient pas voir la fin d'une gloire qui ne durait pas. 14 Mais leur intelligence s'est fermée, et jusqu'à aujourd'hui, quand ils lisent les livres de l'ancienne alliance, le même voile est encore là. Non, il n'est pas enlevé, sauf pour celui qui est uni au Christ. 15 En effet, jusqu'à aujourd'hui, chaque fois que les Israélites lisent les livres de Moïse, un voile couvre leur cœur. 16 Mais chaque fois que les gens se tournent vers le Seigneur, le voile tombe. 17 Le Seigneur ici, c'est l'Esprit Saint. Et quand l'Esprit du Seigneur est présent, la liberté est là. 18 Notre visage à nous tous est sans voile, et la gloire du Seigneur se reflète sur nous, comme dans un miroir. Alors le Seigneur, qui est l'Esprit, nous transforme. Il nous rend semblables à lui, avec une gloire toujours plus grande.

Ce que je retiens de ce texte, en lien avec notre question, c'est cette image du voile qui tombe et qui permet à l'Esprit de Dieu de faire en nous son œuvre de transformation. Je retiens aussi l'affirmation de la liberté associée à la présence de l'Esprit.

Pour grandir spirituellement, pour voir agir en nous l'oeuvre transformatrice du Saint-Esprit, il faut que nous arrivions à nous libérer des obstacles qui bloquent notre développement spirituel.

Pour utiliser une autre image, on pourrait dire que le Saint-Esprit est le moteur de notre transformation. C'est lui qui nous fait avancer. Si on n'avance plus, on pourrait se dire que c'est la faute du moteur... Mais si dans votre voiture vous laissez le frein à main serré, vous aurez beau appuyer sur l'accélérateur, vous n'avancerez pas. Et ce n'est pas la faute du moteur mais du frein à main que vous n'avez pas desserré !

J'ai l'impression que dans notre vie spirituelle, nous gardons parfois notre frein à main serré... Il s'agit donc pour nous d'identifier nos blocages, nos freins... ce qui obstrue l'action du Saint-Esprit dans notre vie.

  • Ca peut être l'orgueil. Celui de se croire déjà arrivé, de se penser suffisamment expérimenté, suffisamment spirituel, suffisamment sage, pour ne plus avoir vraiment à progresser. 
  • Ca peut être la peur. La peur de devoir bouleverser ses repères, remettre en cause ses convictions, renoncer à un statu quo finalement assez confortable... 
  • Ca peut aussi être une culpabilité qu'on entretient et qui nous rabaisse, un sentiment d'indignité, d'incapacité, de honte. A cause de notre passé, ou de l'image qu'on a de soi. 


D'autres freins sont évidemment possibles. Ils peuvent être liés à notre personnalité mais aussi à notre histoire, parfois à des expériences douloureuses, ou à une parole dite contre nous, ou à des convictions erronées dans lesquelles nous nous enfermons...

Si nous avons l'impression de stagner spirituellement, peut-être que notre prière prioritaire devrait être de demander à Dieu de nous aider à identifier ces blocages et ces freins dans notre vie spirituelle. Et une fois les blocages identifiés, alors relâchons le frein à main ! Lâchons prise, faisons-lui confiance ! Laissons le Saint-Esprit nous transformer.


Conclusion

Un des grands défis de la vie chrétienne, c'est la persévérance : arriver à renouveler sa marche avec le Christ, une fois l'enthousiasme du début atténué voire effacé. Poursuivre tout au long de notre vie un processus de croissance spirituelle, de transformation en profondeur. Seule l'action du Saint-Esprit peut rendre cela possible. Mais cela passera par deux impératifs :
Chercher le Christ, toujours : le Saint-Esprit est indissociable de la personne de Jésus-Christ.
Porter un regard lucide sur soi-même, pour pouvoir identifier les freins et les blocages qui demeurent en nous.

Nous continuerons d'avancer si nous appuyons sur l'accélérateur de notre relation à Jésus-Christ et si nous desserrons le frein à main de nos blocages. Si vous faites l'un sans l'autre, vous n'avancerez pas. Mais si faites les deux, alors la route vous est ouverte !

dimanche 8 janvier 2017

Le rôle du culte

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NB : Cette prédication est la première d'une série qui essayera de répondre aux « questions à l'apôtre Paul » posées par les participants au week-end de rentrée de l’Église évangélique libre de Toulouse. Plusieurs questions touchaient à la question du culte, et notamment la musique et les chants, la place de la confession des péchés, la liberté qui doit être laissée à l'Esprit de Dieu.

Dans la terminologie protestante, le culte désigne le rassemblement de l’Église pour prier, chanter, écouter la Parole de Dieu... Or, il y a peu de textes dans le Nouveau Testament qui donnent des instructions précises quant au culte. On sait par le livre des Actes des apôtres que, dès le lendemain de la Pentecôte, les chrétiens se réunissaient pour prier et écouter l'enseignement des apôtres. On a quelques consignes de l'apôtre Paul dans la première épître aux Corinthiens, mais dans un contexte où il fallait remettre un peu d'ordre dans le chaos qui semblait régner dans cette Église. Et puis il y a deux textes, assez proches quant à leur contenu, dans deux autres épîtres de Paul. Je vous propose de les lire et de les méditer ce matin.

Ephésiens 5.18-20
18Ne buvez pas trop de vin : la boisson pousse les gens à se détruire. Mais soyez remplis de l'Esprit Saint. 19Ensemble, dites des psaumes, des hymnes, des cantiques qui viennent de cet Esprit. Chantez la louange du Seigneur de tout votre cœur. 20Remerciez Dieu le Père toujours et pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

Colossiens 3.15-17
15Que la paix du Christ dirige vos cœurs ! Dieu vous a appelés à cette paix pour former un seul corps. Dites-lui toujours merci. 16Que la parole du Christ habite parmi vous avec toute sa richesse. Donnez-vous des enseignements et des conseils avec toute la sagesse possible. Remerciez Dieu de tout votre cœur, en chantant des psaumes, des hymnes et des cantiques qui viennent de l'Esprit Saint. 17Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père.

Il y aurait beaucoup à dire à partir de ces deux textes. A commencer par le fait qu'il n'y a rien de contraignant quant à la façon de vivre un culte. On peut être fidèle à ces textes de bien des manières, avec différentes formes de spiritualité communautaire, dans différentes traditions ecclésiales. Il n'y a pas qu'une seule façon de vivre un culte qui serait conforme à la Bible...

Mais si on ne devait garder que quelques éléments incontournables du culte, j'en proposerais trois : la communauté, le Saint-Esprit et le cœur.


La communauté

On peut lire la Bible seul, on peut prier seul, on peut même chanter seul... mais ce n'est pas un culte au sens où on l'entend en général. Même si on parle parfois de « culte personnel ». Le culte, c'est une expression de piété communautaire. Et elle est importante parce que dans la perspective biblique, la foi n'est pas qu'une affaire personnelle et individuelle, elle a une dimension communautaire. On n'est pas chrétien tout seul, chacun fait partie du corps du Christ.

Alors bien-sûr, le culte est rendu à Dieu. Son but est de glorifier le Seigneur : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu, le Père. » (Colossiens 3.17)

Mais quand on lit les instructions de l'apôtre Paul dans nos deux textes, l'accent tombe sur la dimension communautaire ! Il s'agit de dire ensemble des psaumes, de chanter ensemble à Dieu. Le rassemblement doit manifester la réalité que nous formons un seul corps en Christ. C'est ce qui explique que la musique, avec le chant, occupe une place centrale dans ces textes bibliques. A cause de sa dimension communautaire ! Chanter, c'est prier ensemble, en même temps, avec le mêmes paroles. C'est la voix du corps du Christ qui s'exprime.

Mais littéralement, Ephésiens 5.19 dit : « Parlez-vous les uns aux autres par des psaumes, des hymnes, etc... » Il ne s'agit donc pas seulement de prier et chanter ensemble mais de le faire les uns pour les autres.

Ca signifie donc que le choix des cantiques dans un culte est important. Ils doivent nous parler, nous édifier. Et cela tant au niveau de la musique que des paroles. Pour la musique, dans cette optique, il est nécessaire qu'il y ait un renouvellement, avec des musiques modernes, qui nous parlent culturellement. Dans le respect bien-sûr des goûts divers... Il faut aussi que les cantiques aient des paroles qui ont du sens. C'est vrai que là, on n'est pas toujours gâtés... et pas seulement avec les nouveaux chants. Des fois, ça passe parce qu'il y a la musique. Mais essayez un test redoutable : lisez les paroles d'un cantique à haute voix, sans les chanter. Et voyez ce que ça donne...

Mais l'exhortation à « se parler les uns aux autres » est valable aussi pour la prière communautaire. Certes, en priant, on parle à Dieu... mais on parle aussi à ses frères et sœurs quand on prie à haute voix en public ! Evidemment, il ne s'agit pas de régler ses comptes pendant une prière, ni de déballer sa vie privée en public. Même s'il faut aussi qu'il y ait dans nos cultes l'occasion de confesser personnellement à Dieu nos péchés, et susciter peut-être une démarche de pardon et de réconciliation à mettre en œuvre dans notre vie.

Mais n'avez-vous jamais été édifié par une prière au cours d'un culte ? Peut-être faudrait-il mieux les préparer ? Pourquoi ne prépareriez-vous pas vos prières avant de venir au culte le dimanche matin ? Pour qu'elles honorent Dieu et édifient les frères et sœurs...

La dimension communautaire du culte est donc essentielle. Et on peut très bien la manquer, y compris quand une église est pleine. Si on vit le culte chacun pour soi devant Dieu, en oubliant ses frères et sœurs autour de soi. Mais l’Église est un corps et non une banque d'organes. Les organes sont liés les uns aux autres pour former un corps vivants, pas mis les uns à côté des autres dans un même lieu. Et cela doit se voir dans le rassemblement du culte !


Le Saint-Esprit

Le deuxième incontournable du culte, c'est le Saint-Esprit. Il en est un acteur indispensable. En Ephésiens 5, tout découle du Saint-Esprit qui nous remplit. Littéralement, le texte dit : « soyez remplis du Saint-Esprit, en disant ensemble des psaumes... et chantant et psalmodiant... ». L'exhortation de base c'est d'être rempli du Saint-Esprit et toutes les autres sont des propositions relatives. Autrement dit, si on n'est pas rempli du Saint-Esprit, tout le reste n'a plus de sens... C'est pourquoi la prière d'ouverture, au début de nos cultes, est importante. Ce n'est pas juste pour la forme. Elle exprime la nécessité de la présence de Dieu, par son Esprit, au milieu de son peuple qui se réunit.

Si on est remplis du Saint-Esprit, alors nos chants, nos prières, ne seront pas seulement nos paroles mais les paroles du Saint-Esprit lui-même... D'ailleurs Colossiens 3 ne parle pas d'être rempli du Saint-Esprit mais de la parole du Christ qui doit habiter en nous dans toute sa richesse. Être rempli du Saint-Esprit, c'est être habité par la parole du Christ.

Remarquez bien qu'ici il n'est pas question d'un type de piété plus que d'un autre. Pas besoin d'être charismatique pour dire que nous devons être remplis du Saint-Esprit et que l'Esprit de Dieu doit animer et donner vie à nos cultes ! Ici se pose bien-sûr la question de la liberté de l'Esprit. Il faut sans doute laisser une part de spontanéité dans nos cultes pour la laisser pleinement s'exprimer. Mais être spontané ne signifie pas forcément être inspiré ! De même la liberté de l'Esprit c'est aussi de pouvoir agir en amont, dans la préparation.

Quoi qu'il en soit, sans le Saint-Esprit, un culte n'est qu'une réunion entre chrétiens... Mais Dieu n'est pas là. Et ce n'est plus un culte. C'est un rassemblement humain, qui peut être très sympathique voire même enthousiaste. Mais sans la présence et l'action de Dieu, ce n'est pas un culte.


Le cœur

Le troisième incontournable que j'aimerais souligner, c'est le cœur. Notre cœur. « Chantez la louange du Seigneur de tout votre cœur. » (Ep 5.19)« Remerciez Dieu de tout votre cœur » (Col 3.16)

On ne parle pas ici des sentiments et des émotions. On parle de l'implication personnelle. Ca induit aussi des émotions mais pas seulement. Vivre un culte avec le cœur, c'est le vivre avec l'esprit en éveil, une écoute active, une authenticité dans les paroles et les gestes, etc...

Quelle est notre attente, notre préparation ? Quand nous venons au culte le dimanche, nous attendons-nous à rencontrer Dieu, à entendre sa voix ? Pas seulement revoir des frères et sœurs, être portés par une louange vivante, être instruit par la prédication de la Bible. Mais rencontrer Dieu. Ou pour utiliser les expressions de nos textes, être remplis du Saint-Esprit et de la parole du Christ.

Vous aurez remarqué qu'il n'y a pratiquement que des impératifs dans nos deux textes. Donc les choses ne se font pas toute seule. Il faut y mettre du sien. Les chants peuvent être magnifiques, la prédication pertinente, l'ambiance chaleureuse... si vous n'y mettez pas chacun tout votre cœur, ça sera un culte qui ne vous concernera pas...

Si votre cœur n'est pas impliqué dans le culte, alors ce qui s'y passera vous sera extérieur. Comme si les seuls acteurs d'un culte étaient ceux qui sont sur l'estrade... Si vous n'êtes pas acteurs du culte, en y participant de tout votre cœur, alors vous en restez spectateurs.


Conclusion

La communauté, Dieu, le croyant. Le rôle du culte est de permettre l'articulation de ces trois dimensions de l’Église.

Retirez la dimension communautaire et le culte n'est alors qu'une parenthèse dans la semaine où chacun vient faire son marché et repart chez lui avec ce qu'il a trouvé... ou pas.

Retirez l'Esprit de Dieu et le culte n'est alors guère plus qu'un rassemblement humain comme un autre, comme on participe à un club ou une association.

Retirez l'implication personnelle, de tout cœur, de chacun et le culte devient juste un spectacle, avec des acteurs ou des chanteurs qui se produisent devant un public. Allez plutôt au théâtre ou au cinéma !

Vivons au contraire le culte comme l'occasion d'expérimenter l’Église comme corps du Christ. Un corps dans la diversité de ses membres, par la dimension communautaire. Un corps vivant, animé par le Saint-Esprit. Un corps où chacun a son importance, dans lequel chacun est acteur, de tout cœur.