Comment reconnaît-on une femme ou un homme rempli du Saint-Esprit ? Est-ce que, spontanément, on ne pensera pas à quelqu’un qui prie avec ferveur, qui annonce la Parole de Dieu avec assurance, qui impressionne par sa foi, voire par lequel Dieu accomplit des miracles ? Voilà des femmes et des hommes remplis du Saint-Esprit !
Mais pensera-t-on à quelqu’un qui fait preuve de douceur, de bienveillance ou de maîtrise de soi ? C’est moins impressionnant que de prêcher devant une foule ou d’accomplir des miracles… mais ce sont bien trois aspects de ce que Paul appelle le fruit de l’Esprit. Et pour produire le fruit de l’Esprit, il faut bien être rempli du Saint-Esprit !
Galates 5.16-2516Voici donc ce que j'ai à vous dire : laissez l'Esprit saint conduire votre vie et vous n'obéirez plus aux mauvais penchants. 17Car l'être humain que nous sommes a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit a des désirs contraires à ceux de l'être humain : ils sont complètement opposés l'un à l'autre, de sorte que vous ne pouvez pas faire ce que vous voudriez. 18Mais si l'Esprit vous conduit, alors vous n'êtes plus soumis à la Loi.19On sait bien à quoi conduisent les penchants humains : la débauche, l'impureté et les actions honteuses, 20le culte des idoles et la magie, l'hostilité, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les discordes, les divisions, 21l'envie, les beuveries, les orgies et bien d'autres choses semblables. Je vous avertis maintenant comme je l'ai déjà fait : les personnes qui agissent ainsi n'auront pas de place dans le règne de Dieu.22Mais ce que l'Esprit saint produit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, 23la douceur et la maîtrise de soi. La Loi n'est certes pas contre de telles choses ! 24Ceux qui appartiennent à Jésus Christ ont fait mourir sur la croix leur faiblesse humaine avec ses passions égoïstes et ses mauvais penchants. 25L'Esprit nous a donné la vie ; laissons-le donc aussi diriger notre conduite.
Ce que l’apôtre Paul évoque dans ce passage, c’est le combat intérieur qui est le lot de tout chrétien. Une lutte entre, d’un côté les penchants humains, et de l’autre côté ce que produit le Saint-Esprit. Littéralement, le texte parle des « œuvres de la chair » et du « fruit de l’Esprit ». Les premières sont ce que, malheureusement, nous produisons par nous-mêmes, le second est ce que l’Esprit saint produit en nous.
Paul n’est pas en train de dire que, naturellement, l’être humain n’est animé que de mauvais penchants et qu’il ne produit que de mauvaises choses. Il y a, heureusement, de bonnes choses qui peuvent aussi provenir du cœur humain.
Pour bien comprendre ce que veut dire l’apôtre, il ne faut pas oublier que la lettre s’adresse à une Eglise. L’enjeu est d’abord communautaire. Juste avant, il encourageait d’ailleurs ses lecteurs à se laisser guider par l’amour en se mettant au service les uns des autres, et il les exhortait à ne pas se déchirer.
Ce que Paul veut dire ici, c’est que dans un groupe comme une Eglise, si on se laisse diriger par ses penchants humains naturels, tôt au tard, la communauté connaîtra des tensions, des rivalités, des divisions. Et, malheureusement, ça arrive trop souvent… C’est la dimension bassement humaine de l’Eglise. « On sait bien à quoi conduisent les penchants humains ». Ou comme le traduit la TOB : « On les connaît, les œuvres de la chair… »
A l’inverse, la seule façon de pouvoir s’édifier dans l’amour mutuel, et d’être une communauté qui reflète l’amour de Dieu, c’est de laisser l’Esprit saint agir en nous, au plus profond de notre être. C’est seulement ainsi que les penchants humains néfastes pourront être éteints et remplacés par le fruit du travail de l’Esprit en nous.
En ce jour de Pentecôte, c’est sur le fruit de l’Esprit que j’aimerais m’arrêter, pour considérer ce que le Saint-Esprit est appelé à produire dans notre vie. Car ce qui témoigne le plus de l’action du Saint-Esprit dans une Eglise ou chez un chrétien, ce ne sont pas les manifestations plus ou moins spectaculaires de l’Esprit mais le développement, souvent plus discret, du fruit de l’Esprit.
On reconnaît l’arbre à ses fruits
La métaphore du fruit rappelle certaines images utilisées par Jésus dans son enseignement, lorsqu’il parle de l’arbre qui se reconnaît à ses fruits. Les fruits de l’Esprit sont tout simplement les signes de la présence en nous du Saint-Esprit.
Il y a des dons que l’Esprit distribue à qui il veut, pour l’édification commune. Ce qui signifie qu’il y a des dons qui sont accordés à certains et pas à d’autres, c’est d’ailleurs pourquoi nous avons besoin les uns des autres, pour bénéficier pleinement de toute la richesse des dons de Dieu. Toutefois, contrairement aux dons accordés par l’Esprit, le fruit de l’Esprit est le même pour tous.
Une vie remplie du Saint-Esprit, c’est une vie qui témoigne, avec équilibre et harmonie, de tous les aspects du fruit de l’Esprit. C’est en tout cas ce vers quoi nous devons tendre.
La liste que nous trouvons dans notre texte n’est, évidemment, pas exhaustive. Mais si vous êtes chrétiens et que vous ne témoignez d’aucun des fruits mentionnés par Paul, il y a un gros problème !
Bien-sûr, nous avons aussi des histoires et des personnalités différentes, qui fait que certains fruits de l’Esprit mûrissent plus facilement sur l’arbre que nous sommes, et d’autres ont plus de mal à se développer. Personne ne peut manifester l’ensemble de ces fruits de l’Esprit dans toute leur maturité. Nous avons tous des domaines que nous devons plus travailler que d’autres.
Mais on ne peut pas considérer que l’un ou l’autre des fruits de l’Esprit ne nous concerne pas. On ne peut pas dire : « l’amour et la joie d’accord, mais la patience ce n’est pas pour moi », ou « la maîtrise de soi, ce n’est pas mon appel », ou « je n’ai pas le don de la bienveillance » !
Laisser le temps aux fruits de mûrir
La métaphore du fruit évoque aussi un processus naturel qui prend du temps, ce qui est tout à fait adapté à l’œuvre du Saint-Esprit en nous. En parlant de fruit de l’Esprit, l’apôtre Paul veut en effet dire que lorsque le Saint-Esprit habite en nous, et si nous ne mettons pas d’obstacle à son œuvre, il finit toujours par produire du fruit.
Ce n’est pas nous qui faisons artificiellement ou à notre guise pousser un fruit sur un arbre. C’est l’arbre lui-même qui le produit naturellement. Et on le récolte au terme de ce processus, quand le fruit est mûr. En revanche, on prend soin de l’arbre pour qu’il produise du fruit, et du bon fruit.
C’est un peu la même chose pour l’œuvre du Saint-Esprit en nous. C’est une œuvre en profondeur, que nous ne maîtrisons pas, et qui finit par nous façonner, nous transformer… et cela se manifeste dans des fruits visibles. Mais un fruit est récolté en son temps, il lui faut du temps pour arriver à maturité.
L’œuvre du Saint-Esprit en nous est un travail à long terme. Il doit travailler sur notre caractère, contrer nos penchants naturels, faire avec nos blessures et nos traumatismes… Tout cela demande du temps, une lente maturation. On n’est pas dans l’immédiateté avec le fruit de l’Esprit !
Notre rôle à nous, c’est de ne pas mettre d’obstacle à l’œuvre de l’Esprit, ni chez nous ni chez notre frère ou notre sœur. Il s’agit de laisser le temps et la liberté à l’Esprit d’agir. Faire preuve de patience, envers nous-mêmes et envers les autres. On ne peut pas s’attendre à ce qu’un jeune chrétien, qui découvre la foi, développe tout de suite tous les fruits de l’Esprit. Et ce n’est pas en cherchant à le faire entrer dans un moule ou en lui imposant des contraintes qu’on va l’aider.
Ce n’est que de l’amour !
L'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.
La liste n’est pas exhaustive mais il y a déjà pas mal de boulot pour laisser tous ces aspects se développer en nous. Ce que je trouve intéressant, c’est la double dimension d’intériorité et de relation que cette liste évoque. Certains fruits tendent plus vers l’intériorité : la joie, la paix. D’autres plus vers la relation : la bienveillance, la bonté. Mais ils sont tous, d’une certaine manière, à la croisée des deux. Ils sont tous des attitudes de cœur qui se traduisent de manière concrète.
L’intériorité, c’est le lieu de la communion avec Dieu, c’est ce « lieu secret » dont parle Jésus où Dieu nous attend. C’est là où commence l’œuvre en profondeur du Saint-Esprit, dans la méditation, la prière, dans l’écoute de Dieu, qui peut revêtir de multiples formes mais qui est incontournable.
De cette écoute fondamentale de Dieu naît la transformation, le travail en profondeur de l’Esprit, qui fait petit à petit bourgeonner puis croître puis mûrir ses fruits. L’intériorité devient relation à l’autre. L’amour pour Dieu se manifeste dans l’amour pour le prochain.
Les fruits de l’Esprit sont la concrétisation de l’amour pour Dieu et de l’amour pour le prochain, que Jésus a cité comme les deux commandements fondamentaux, par lesquels toute la Loi s’accomplit. Voilà pourquoi Paul peut dire en conclusion que « la Loi n’est certes pas contre de telles choses ! » C’est une figure de style : non seulement la Loi n’est pas « contre » de telles choses mais elle les encourage.
Conclusion
En ce jour de Pentecôte où nous commémorons la venue du Saint-Esprit sur les premiers disciples réunis à Jérusalem, souvenons-nous de la promesse annoncée par Pierre dans son discours. Une promesse pour toutes les générations de disciples, pour tous ceux et toutes celles que Dieu appellera et qui répondront à son appel, c’est la promesse du Saint-Esprit. La promesse d’un changement de vie possible, d’une œuvre en profondeur de Dieu dans notre cœur.
Soyons donc remplis du Saint-Esprit, laissons-le agir en nous, laissons-lui le temps d’accomplir son œuvre en profondeur, de la faire germer puis grandir en nous, pour que nous portions du fruit à sa gloire, par notre vie, par notre amour pour Dieu et pour notre prochain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez un commentaire !