dimanche 26 mai 2024

Interrogez donc le passé !

 

Le texte de l’Ancien Testament de ce dimanche se trouve dans le Deutéronome. C’est le livre qui clôt le Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible, dans lesquels on trouve les récits des origines, celui de l’Exode avec la sortie d’Egypte des Hébreux, les différents textes de loi donnant un cadre de vie pour le peuple de Dieu. 

Deutéronome signifie « deuxième loi ». Ça ne signifie pas que Dieu donnerait ici une nouvelle loi qui viendrait remplacer la précédente. Il s’agit plutôt d’un rappel de la loi, ou d’une relecture de la loi. On rappelle les fondamentaux, juste avant l’entrée dans le pays promis. C’est ainsi que le livre se présente dans la Bible. 

Rien d’étonnant donc que dans le passage que nous allons lire, Moïse invite le peuple à se souvenir du passé.

Deutéronome 4.32-40
32 Interrogez donc le passé, ce qui est arrivé longtemps avant vous, depuis que Dieu a créé l'humanité sur la terre. Méditez sur tout ce qui s'est passé d'un bout à l'autre du monde. Un fait aussi extraordinaire s'est-il déjà produit ? A-t-on déjà entendu raconter une chose pareille ? 33 Existe-t-il un autre peuple qui ait entendu un dieu lui parler du milieu du feu et qui ait survécu, comme cela vous est arrivé ? 34 Ou bien un autre dieu que le vôtre a-t-il essayé un jour d'arracher son peuple à la domination d'un peuple ennemi en recourant à des signes impressionnants et des prodiges, des exploits irrésistibles et terrifiants ? Non, mais le Seigneur votre Dieu vous a arrachés de cette manière de l'Égypte, comme vous l'avez vu de vos propres yeux ! 35 Vous avez vu pour comprendre que le Seigneur est ce Dieu-là, qu'il n'y en a pas d'autre égal à lui. 36 Des cieux, il vous a fait entendre sa voix pour vous enseigner à être obéissants ; sur terre, il vous a fait voir un grand feu, et vous l'avez entendu parler du milieu de ce feu. 37 Parce qu'il aimait vos ancêtres et qu'il vous a choisis, vous, leurs descendants, il vous a fait sortir d'Égypte lui-même, grâce à sa force immense. 38 Il va maintenant mettre en fuite, à votre approche, des peuples plus nombreux et plus puissants que vous, et vous conduire dans leur pays pour vous le donner en possession dès aujourd'hui. 39 Reconnaissez donc aujourd'hui, et réfléchissez-y sans cesse, que le Seigneur est ce Dieu-là, aussi bien dans les cieux que sur la terre, et qu'il n'y en a pas d’autre. 40 Mets en pratique ses lois et ses commandements, que je te transmets aujourd'hui. Toi et tes descendants par la suite, tu y trouveras le bonheur, et tu vivras ainsi longtemps dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne pour toujours.


Moïse invite le peuple à se souvenir, ou plus précisément à interroger le passé. Il les invite à un retour en arrière en deux temps. D’abord en remontant le plus loin possible, en considérant « ce qui est arrivé longtemps avant vous, depuis que Dieu a créé l'humanité sur la terre. »  Il s’agit en réalité de contempler l’œuvre du Créateur, de s’émerveiller devant la création et la façon dont elle témoigne de la grandeur du Dieu qui l’a créée. Ensuite, il s’agit d’interroger un passé plus proche, qui remonte à quelques années à peine pour le peuple hébreu, avec la sortie d’Egypte. Moïse fait alors référence à la façon dont Dieu a délivré son peuple de l’esclavage en Egypte. 

Les questions qu’il pose sont rhétoriques. Les réponses sont sous-entendues. « Un fait aussi extraordinaire s'est-il déjà produit ? » La réponse est non, évidemment ! « Existe-t-il un autre peuple qui ait entendu un dieu lui parler du milieu du feu et qui ait survécu, comme cela vous est arrivé ? » La réponse est non, évidemment. 


Interroger le passé

Vous arrive-t-il aussi d’interroger le passé ? Vous arrive-t-il de considérer la façon dont Dieu a agi, par le passé… dans le monde ou dans votre vie ? Le texte de ce matin nous y invite, et c’est un exercice utile. 

On peut, comme dans notre texte, remonter aux origines et contempler l’œuvre extraordinaire du Créateur. Et si la délivrance de l’esclavage en Egypte est, pour nous, une autre œuvre éloignée de Dieu, il y en a une autre que nous sommes invités à contempler sans cesse. Une œuvre datant de 2000 ans, celle du Christ. Elle est bien plus grande encore que celle de la sortie d’Egypte. Elle est aussi extraordinaire que l’œuvre de création elle-même.

Alors interrogeons le passé en nous souvenant de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Il est le Fils de Dieu devenu homme pour partager notre condition humaine, avec toutes nos épreuves, nos faiblesses, la souffrance, jusqu’à la mort. Y a-t-il une preuve d’amour plus grande que celle-ci ? La réponse est non, évidemment ! 

Interrogeons le passé en nous souvenant de la mort injuste et scandaleuse de Jésus, qu’il a pourtant acceptée par amour pour nous. Sa mort est le sacrifice ultime qui nous accorde le pardon. Y a-t-il une source de paix et d’assurance plus grande ? La réponse est non, évidemment ! 

Interrogeons le passé pour contempler le matin de Pâques, avec le tombeau vide, les premiers témoins du Resuscité. Il a vaincu la mort. Y a-t-il un triomphe plus éclatant dans toute l’histoire de l’humanité ? La réponse est non, évidemment !

Interrogeons le passé pour nous souvenir des promesses de Jésus accomplies après son Ascension et son retour auprès du Père, lorsque le Saint-Esprit a été envoyé, le jour de Pentecôte, que nous avons célébré la semaine dernière. Y a-t-il promesse plus extraordinaire que celle du Saint-Esprit qui vient faire sa demeure en nous, Dieu lui-même qui fait de nous sa maison, le lieu de sa résidence ? La réponse est non, évidemment ! 

On peut aussi interroger le passé plus récent, plus personnel. Le passé de notre chemin avec le Seigneur. On peut se souvenir des différentes façons dont Dieu a cheminé avec nous, les réponses qu’il a données à nos prières, ses interventions en notre faveur, les expériences qu’il nous a permis de vivre, les rencontres, les découvertes. Bref, toutes les fois où nous avons eu l’occasion de voir Dieu agir dans notre vie ou autour de nous, de manière évidente ou discrète. Interrogeons notre passé, pour y discerner la présence fidèle de Dieu. 


Le Seigneur est Dieu et il n’y en a pas d’autre

Pourquoi interroger le passé ? En tout cas pas pour s’y réfugier. Il ne s’agit pas d’être nostalgique d’un passé révolu, il ne s’agit pas céder au refrain du « c’était mieux avant… »  Si Moïse interroge le passé, c’est pour en arriver à aujourd’hui : 

Deutéronome 4.39-40
39 Reconnaissez donc aujourd'hui, et réfléchissez-y sans cesse, que le Seigneur est ce Dieu-là, aussi bien dans les cieux que sur la terre, et qu'il n'y en a pas d’autre. 40 Mets en pratique ses lois et ses commandements, que je te transmets aujourd'hui. Toi et tes descendants par la suite, tu y trouveras le bonheur, et tu vivras ainsi longtemps dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne pour toujours.

Deux impératifs sont liés à « aujourd’hui » dans cette conclusion :

  • Reconnaître que le Seigneur est Dieu et qu’il n’y en a pas d’autre
  • Mettre en pratique ses lois et ses commandements

Le premier impératif est bien-sûr, une affirmation théologique forte, celle du monothéisme. Il y a un seul Dieu et ce Dieu, c’est le Seigneur. Et en interrogeant le passé, on peut affirmer que c’est lui qui a créé l’univers, c’est lui qui a délivré son peuple d’Egypte, c’est lui qui a envoyé son Fils pour notre salut, c’est lui qui habite en nous par son Esprit, c’est lui qui manifeste de différentes façons sa présence dans notre vie. 

Il y a donc ici plus qu’une affirmation théologique. Il ne s’agit pas seulement de croire qu’il y a un seul Dieu, il s’agit de le reconnaître et d’y réfléchir, littéralement de le « faire revenir vers notre cœur ». Il y a un effort d’assimilation à faire, un travail d’appropriation, de réflexion quant à toutes les implications, pour soi, de cette affirmation absolue : le Seigneur est Dieu et il n’y en a pas d’autre. 

Le Seigneur est le seul Dieu, en-haut dans le ciel et en bas sur la terre. L’est-il aussi dans notre cœur ? Ou doit-il partager la place avec d’autres « dieux » en qui nous mettons notre confiance ou notre espérance ? Les dieux de l’argent, des richesses ou du confort. Les dieux de la réussite, de la popularité ou de la renommée. Les dieux du pouvoir, de l’influence ou des réseaux. 

Voilà pourquoi il faut sans cesse faire revenir cette vérité vers notre cœur : le Seigneur est le seul Dieu et il n’y en a pas d’autre.

Le deuxième « aujourd’hui » de notre texte nous invite à écouter et mettre en pratique la parole du Seigneur, comme une concrétisation de sa présence en Souverain dans notre cœur : « Mets en pratique ses lois et ses commandements, que je te transmets aujourd'hui. »

Il ne s’agit pas d’obéir aveuglément, comme un soldat qui obéit aux ordres sans poser de question. Il s’agit de les suivre dans la confiance, en sachant que le Seigneur nous les donne pour notre bien, pour entrer dans ses bénédictions. Comme Moïse l’affirme dans notre texte : « Toi et tes descendants par la suite, tu y trouveras le bonheur, et tu vivras ainsi longtemps dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne pour toujours. »

Les lois et les commandements du Seigneur nous sont donnés pour notre bonheur. Pourquoi Dieu nous aurait-il créé et sauvé, si ce n’est pas pour notre bonheur ? Pourquoi aurait-il délivré son peuple de l’esclavage pour le mettre sous un autre joug de contraintes arbitraires ? Pourquoi le Fils de Dieu serait-il devenu homme, et serait-il mort pour nous, si c’est pour faire de nous des esclaves ? Dieu aurait-il fait tout cela pour nous laisser contraindre, nous opprimer ou nous laisser tomber aujourd’hui ? Non, évidemment !

C’est pour cela qu’en interrogeant le passé, en nous souvenant de ce que Dieu a fait pour nous, dès son œuvre de Création, nous savons que nous pouvons lui faire confiance pour aujourd’hui et demain. Il est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité. 


Conclusion

C’est un exercice utile que d’interroger le passé, de se remémorer ce que le Seigneur a fait pour nous, depuis la Création du monde jusqu’à aujourd’hui. L’action du Seigneur s’inscrit dans l’histoire de l’humanité, et elle s’inscrit aussi dans notre histoire. Nous avons là une source d’émerveillement inépuisable. 

Je vous laisse ces deux questions, évoquées au cours de la prédication :

  • Vous arrive-t-il d’interroger le passé ? Vous arrive-t-il de considérer la façon dont Dieu a agi, par le passé… dans le monde ou dans votre vie ?
  • Le Seigneur est le seul Dieu, en-haut dans le ciel et en bas sur la terre. L’est-il aussi dans notre cœur ? Ou doit-il partager la place avec d’autres « dieux » en qui nous mettons notre confiance ou notre espérance ?

En répondant à ces questions, nous chercherons à interroger le passé pour mieux accueillir aujourd’hui le Seigneur comme notre Dieu, le seul et l’unique.


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