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dimanche 20 avril 2025

Il faut du temps pour croire

 

Jésus-Christ est ressuscité ! Il est réellement ressuscité ! Cette affirmation, proclamée par les chrétiens depuis 2000 ans, est le cœur de notre foi. C’est la conclusion de chacun des quatre évangiles que nous trouvons dans la Bible.  

Et pourtant, les évangélistes ne cachent pas que la réception de cette Bonne Nouvelle de la résurrection de Jésus ne s’est pas faite si facilement que cela. Y compris par les disciples eux-mêmes. C’est ce que nous allons constater avec la lecture du récit du matin de Pâques dans l’évangile de Jean. 

Après avoir lu le récit de la Passion de Jésus dans ce même évangile, vendredi soir, nous en poursuivons la lecture ce matin. Souvenons-nous : descendu de la croix, le corps de Jésus, enveloppé de bandes de lin, avait été déposé dans un tombeau par Joseph d’Arimathée et Nicodème… 

Jean 20.1-9
1Tôt le dimanche matin, alors qu'il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rend au tombeau. Elle voit que la pierre a été retirée de l'entrée du tombeau. 2Elle court trouver Simon Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. » 3Pierre et l'autre disciple partirent et se rendirent au tombeau. 4Ils couraient tous les deux ; mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. 5Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin qui étaient posées là, mais il n'entra pas. 6Simon Pierre, qui le suivait, arrive à son tour et entre dans le tombeau. Il voit les bandes de lin posées à terre 7ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. 8À cet instant, l'autre disciple, celui qui était arrivé le premier au tombeau, entra lui aussi. Il vit et il crut. 9En effet, les disciples n'avaient pas encore compris l'Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts. 10Puis les deux disciples s'en retournèrent chez eux.

Nous arrêtons la lecture ici pour ce matin mais le récit se poursuit dans les versets suivants avec Marie de Magdala qui sera la toute première à voir, non plus simplement le tombeau vide, mais Jésus lui-même, ressuscité. Même si elle aura un peu de mal à le reconnaître… Elle le confondra avec le jardinier ! 

Mais si on en reste à cette première partie du récit de Pâques, il est particulièrement intéressant de remarquer l’usage du verbe voir. Il apparaît en effet quatre fois. 


Voir… en quatre étapes

D’abord au verset 1, pour Marie de Magdala. Arrivée au tombeau de petit matin, « elle voit que la pierre a été retirée de l’entrée du tombeau ». C’est tout ce qu’elle voit… elle ne va pas regarder de plus près et s’en va précipitamment. Elle court trouver les disciples, toute paniquée. Elle se dit que si la pierre a été roulée, c’est qu’on est venu retirer le corps de Jésus du tombeau. Mais qui a fait cela ? Et pourquoi ? Et où l’a-t-on emmené ? Marie est dans la confusion la plus totale, bouleversée. Et les disciples veulent en avoir le cœur net. Alors Pierre et un autre disciple vont au tombeau… eux aussi en courant. Il souffle donc un vent de panique en ce dimanche matin !

La deuxième fois qu’apparaît le verbe voir, c’est au verset 5, pour « l’autre disciple » qui court plus vite que Pierre et arrive en premier au tombeau. « Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin qui étaient posées là, mais il n'entra pas. » Il va donc un peu plus loin que Marie en regardant dans le tombeau, sans toutefois y entrer. Tout ce qu’il voit alors, ce sont les bandes de lins qui recouvraient le corps de Jésus. Pourquoi n’entre-t-il pas ? Est-ce simplement parce qu’il veut laisser Pierre, qui court moins vite, entrer en premier ?  Ou est-ce qu’il craint, pour une raison ou pour une autre, d’entrer dans le tombeau ? 

La troisième fois que le verbe voir apparaît, c’est pour Pierre. Cette fois il entre dans le tombeau et il voit les choses avec plus de précision. D’ailleurs, le récit donne des détails : « Il voit les bandes de lin posées à terre ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. » On reviendra sur cette description. Notons simplement que le récit ne dit pas comment Pierre a réagi à ce qu’il vu dans le tombeau. 

C’est à ce moment-là que le verbe voir est utilisé pour la quatrième fois, à nouveau pour « l’autre disciple ». Cette fois, il entre à son tour dans le tombeau… et la formule qui décrit ce qui s’est alors passé pour lui est courte mais lourde de sens : « Il vit et il crut. » Il crut signifie ici, tout simplement, qu’il comprit que Jésus était ressuscité. C’est bien ce que laisse entendre la précision que donne l’évangéliste au verset suivant : « En effet, les disciples n'avaient pas encore compris l'Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts. » Non seulement « l’autre disciple » voit que le corps de Jésus est absent du tombeau, mais il comprend qu’il n’a pas été enlevé. 

Jésus est ressuscité. Et cette proclamation ne peut être, hier comme aujourd’hui, qu’une affirmation de foi ! Une foi qui peut mettre un peu de temps à s’affirmer… 


Ce qu’on voit dans le tombeau

Avant de tirer quelques leçons pour nous de ce récit, arrêtons-nous quelque peu sur la description de ce que les disciples ont vu dans le tombeau. Parce que finalement, ce qu’ils ont vu a compté dans leur expérience. C’est bien ce que « l’autre disciple » a vu qui l’a conduit à croire : « Il vit et il crut. »

Qu’est-ce que Pierre a vu dans le tombeau ? « Il voit les bandes de lin posées à terre ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. » Autrement dit, il ne voit rien d’autres que les bandes de lin qui recouvraient le corps de Jésus. 

La première chose qu’il a vue… c’est donc ce qu’il n’a pas vu. Le corps de Jésus n’était plus là ! Ce n’est pas rien… Son absence a, en soi, une signification. 

Ensuite, il y a les bandes de lin. Le fait qu’elles soient encore dans le tombeau est un indice. Si des gens avait emporté le corps, quelle que soit leur raison, pourquoi aurait-on enlevé les bandes de lin qui le recouvraient ? 

Ou alors, on pourrait dire, peut-être, que les bandes sont tombées dans la précipitation, lorsque le corps a été enlevé… Mais alors pourquoi le linge qui couvrait la tête de Jésus était, lui, roulé à part ? En fait, c’est comme si les bandes étaient tombées au moment où Jésus ressuscité s’est levé, et puis qu’ensuite il ait enlevé le linge qui lui recouvrait la tête, il l’a roulé et déposé à part. 

L’absence du corps de Jésus. La façon dont les bandes de lins se retrouvent dans le tombeau. Tout cela ne constitue évidemment pas une preuve irréfutable de la résurrection de Jésus… mais ce sont des indices qui sont cohérents avec l’affirmation de sa résurrection. Même si la résurrection de Jésus elle-même ne peut être qu’une affirmation de foi. Le texte ne dit pas : « Il vit et il sut » mais « il vit et il crut. »


Deux leçons pour aujourd’hui

Venons-en maintenant aux leçons que nous pouvons tirer de ce récit pour nous aujourd’hui. 

Il faut plus de temps pour croire que pour voir… 

C’est une constante dans les récits de Pâques qu’on trouve dans les évangiles : les disciples, y compris les plus proches de Jésus, ont du mal à croire en sa résurrection. On les voit dans l’incertitude, le désarroi, le doute… C’est loin d’être une évidence tout de suite. Au contraire, il leur faut du temps pour arriver à croire. Comme dans notre récit : il faut quatre fois le verbe voir avant qu’arrive le verbe croire… 

Et c’est normal. Il faut du temps pour croire ! Dieu le sait très bien : il est patient à notre égard. Soyons aussi patient envers nous-mêmes et envers les autres. Laissons-nous le temps de la découverte, de l’apprentissage. 

La foi se construit avec le temps, elle s’affermit, elle s’approfondit. Elle nous fait grandir. Et tout cela demande du temps. La foi est un cheminement, une quête jamais terminée, un voyage qui ouvre toujours sur de nouveaux horizons. 

C’est pourquoi, refuser de croire pour voir seulement, c’est restreindre nos horizons, nous limiter voire nous enfermer. Choisir de croire est un chemin plus long, mais qui nous permet de nous ouvrir à Dieu !


Croire, c’est une autre façon de voir

Il ne faut pas pour autant opposer voir et croire. Ce que Marie de Magdala et les disciples ont vu les ont aidés à croire. Le tombeau vide. Les bandes de lin sur le sol. Le linge servant à couvrir la tête, roulé à part. Tout cela ne suffisait pas à démontrer la résurrection de Jésus mais il s’agissait bien d’un faisceau d’indices qui invitaient à croire. 

La foi ne s’appuie pas sur ce qu’on voit seulement… mais elle n’est pas pour autant déconnectée de la réalité. Ce qu’on voit, ce qu’on perçoit de différentes manières, ce qu’on observe, tout cela peut aussi informer notre foi. 

Je dirais même qu’il faut garder cet ancrage dans la réalité, continuer d’observer, de réfléchir, de prendre du recul, pour ne pas faire dire n’importe quoi à notre foi. 

Et en même temps, il s’agit d’ouvrir les yeux, de chercher à croire. Quels sont les indices laissés par Dieu dans notre monde, dans notre vie, pour signifier sa présence ? Quelles sont les « bandes de lin » que le Seigneur laisse sur ma route aujourd’hui ? Où sont les indices de sa présence, de son amour ? 

On peut dire que la foi est une manière différente de voir. C’est une interprétation de ce qu’on voit, qui intègre la présence de Dieu et son œuvre dans le monde, dans notre vie. C’est, en quelque sorte, une perception augmentée de la réalité !


Conclusion

Jésus-Christ est ressuscité. Il est réellement ressuscité ! C’est incroyable ? Oui… mais c’est vrai !

Contrairement à ce que prétendent certains, choisir la foi n’est pas le chemin de la facilité. Il faut plus de temps pour croire que pour voir. C’est plus difficile de croire. Non pas de croire tout et n’importe quoi mais de choisir la foi, la confiance en Dieu en toutes circonstances, l’espérance malgré tout ce qu’on voit autour de nous. 

C’est plus difficile… mais c’est aussi une aventure extraordinaire, à la suite de Jésus-Christ ressuscité. La foi nous permet de voir différemment, et de discerner la présence de Dieu dans notre vie, dans notre monde. Et si nous lui faisons confiance, il laisse sur notre chemin des indices de sa présence. La foi est ce qui nous permet de les voir, de les comprendre. 

Il faut du temps pour croire… alors soyons patient, envers nous-mêmes et envers les autres ! Et cherchons toujours à discerner les indices de sa présence, que le Christ vivant laisse sur notre chemin. 


dimanche 5 janvier 2025

De bonnes résolutions ?

Je vous propose, pour les trois premiers dimanches de janvier, de commencer l’année avec les Psaumes, et plus précisément avec les trois premiers psaumes du psautier biblique. 

Le Psaume 1 est sans doute l’un des plus connus. Et pourtant, il est un peu atypique. Ce n’est pas, comme c’est le cas en général, un cantique de louange ou un chant de repentance, ce n’est même pas une prière. Il s’agit d’une béatitude… Et en tant que tel, il convient particulièrement bien à un premier culte de l’année, au moment où il est de tradition de se souhaiter les meilleurs vœux. 

Psaume 1
1Heureux celui qui ne suit pas les conseils des méchants,
qui ne s'arrête pas sur le chemin de ceux qui se détournent de Dieu,
et qui ne s'assied pas avec ceux qui se moquent de tout !
2Ce qu'il aime, au contraire, c'est l'enseignement du Seigneur ;
il le médite jour et nuit.
3Il est comme un arbre planté près d'un cours d'eau :
il produit ses fruits quand la saison est venue,
et son feuillage ne perd jamais sa fraîcheur.
Tout ce qu'il fait réussit.
4Mais ce n'est pas le cas des méchants :
ils sont comme des brins de paille dispersés par le vent.
5C'est pourquoi, au moment du jugement,
ces gens-là ne sont pas admis ;
dans l'assemblée des justes, il n'y a pas de place pour eux.
6Le Seigneur connaît la conduite des justes,
mais la conduite des méchants
les mène au désastre.

Commençons par quelques mots d’explication. Le Psaume dit d’abord ce qu’il ne faut pas faire, en parlant de personnes qu’il s’agit d’éviter, pour ne pas agir comme elles. Les méchants, ceux qui se détournent de Dieu (les pécheurs) et ceux qui se moquent de tout (les moqueurs) désignent, grosso modo, les mêmes personnes.  Ce sont des termes à prendre comme des quasi-synonymes, pour parler des attitudes contraires à ce que Dieu attend de nous.  Les verbes qui leur sont associés, en revanche, évoquent une progression : ne pas suivre, ne pas s’arrêter, ne pas s’asseoir… C’est comme si, à chaque fois, on franchissait une nouvelle étape. Il y a là comme une spirale qui nous entraîne à nous installer dans le mal. Et plus on s’y installe, plus il est difficile de se remettre en route !

Quant à ce qu’il convient de faire pour être heureux selon Dieu, c’est résumé en une seule phrase : aimer l’enseignement du Seigneur et le méditer jour et nuit. Littéralement, le Psaume parle de « plaisir dans la Torah du Seigneur ». La formule est forte et évoque bien plus que de l’intérêt. Il s’agit de trouver son plaisir dans la Loi du Seigneur. Et cela en tout temps, de jour comme de nuit. 

Vient alors une promesse pour le juste, le croyant, celui qui trouve son plaisir dans l’enseignement du Seigneur, sous la forme d’une métaphore : il sera comme un arbre planté près d’un cours d’eau, qui se développe et produit du fruit. Il y a ensuite une parole de jugement sur les méchants, ceux qui se détournent de Dieu, avec une autre métaphore : ils seront comme de la paille dispersée par le vent. Le contraste est parlant, entre un arbre vigoureux qui porte du fruit et de la paille qui s’envole au gré du vent. Autrement dit, la voie du juste, celle du croyant, est présentée comme étant bien préférable, et de loin, à celle du méchant ! Avec ce Psaume, nous pouvons affirmer que la vie avec Dieu est celle qui peut nous rendre heureux, dès aujourd’hui. 

Alors en ce début d’année, je vous proposerai trois bonnes résolutions, inspirées de ce psaume. Vous en ferez ce que vous voulez… mais il se pourrait bien qu’elles puissent nous aider à être heureux. C’est le Psaume qui le dit ! 


1re bonne résolution : Eviter les mauvaises fréquentations

Cette bonne résolution, je la déduis du tout début du psaume. Il me semble qu’elle résume assez bien la triple mise en garde du premier verset. 

Encore faut-il bien discerner quelles sont les mauvaises fréquentations. A chacun de les discerner pour lui-même, sans forcément toujours écouter ce que les autres vous disent ! Il ne faut pas oublier que les Pharisiens disaient de Jésus qu’il avait de mauvaises fréquentations !

Il s’agit de discerner les personnes qui ont une mauvaise influence sur nous, celles qui nous entraînent loin de Dieu, d’une manière ou d’une autre. 

Et il ne faut pas ici être naïf ou simpliste ! Ce n’est pas seulement une différence entre chrétiens et non-chrétiens. C’est bien plus complexe que cela. Il y a des chrétiens qui sont des mauvaises fréquentations… et des non-chrétiens qui sont de bonnes fréquentations ! 

Et puis aujourd’hui, les mauvaises fréquentations peuvent très bien être virtuelles et se rencontrer en ligne, sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas une question qui ne concerne que les jeunes générations ! Ces mauvaises fréquentations ne se trouvent pas seulement sur Tiktok et Instagram. Elles sont aussi sur Facebook que les vieux comme moi fréquentent… Ou dans les mails ou les messages instantanés que nous recevons, les « informations » qui nous parviennent et que nous gobons tout cru sans y réfléchir, voire que nous transmettons d’un clic sans recul, sans les vérifier. 

Et si je prenais la résolution d’évaluer mes fréquentations, réelles ou virtuelles ? Et si je décidais de m’astreindre à une discipline dans la réception des informations que je reçois, et encore plus dans celles que je transmets ? 


2e bonne résolution : Envisager sa vie de croyant sous l’angle du plaisir 

Cette bonne résolution, je la déduis de la formulation positive du verset 2. Il s’agit d’associer le plaisir à la vie du croyant. Je ne parle pas, évidemment, d’une quête effrénée du plaisir, sous toutes ses formes. Le bonheur n’est pas le plaisir et la jouissance. 

Mais il est tellement facile de voir la vie de croyant avant tout sous l’angle du devoir, de l’effort, des privations, des interdits et des contraintes. Je ne dis pas que la vie chrétienne est toujours facile et agréable, loin de là. Mais il y a bien une source de joie et de plaisir dans la foi. 

Le Psaume ne dit pas que le croyant est heureux en accomplissant avec crainte et tremblement la Loi de Dieu, en plongeant avec angoisse son regard dans sa Parole pour comprendre ce que Dieu exige de lui. Il est heureux en trouvant son plaisir dans l’enseignement du Seigneur. 

Oui, il y a un réel plaisir à plonger son regard dans la Parole de Dieu, à y découvrir son amour, sa fidélité, ses promesses. Oui, il y a un réel plaisir à vivre selon les préceptes du Seigneur, à aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes. Oui, il y un réel plaisir à comprendre ce à quoi Dieu nous appelle, la façon dont il nous associe à son projet, la manière dont son Royaume nous rejoint et nous transforme. 

Et si je prenais la résolution d’envisager ma vie de croyant sous l’angle de la joie et du plaisir plutôt que celui du devoir et de la contrainte ? Non pas pour me soustraire à mes responsabilités de chrétien mais les envisager comme une occasion d’entrer pleinement dans le bonheur que Dieu m’offre ? 


3e bonne résolution : Accepter le temps et les saisons 

Je déduis cette bonne résolution de la double métaphore de l’arbre et de la paille. La différence entre l’arbre et la paille, c’est aussi le rapport au temps, aux saisons. La paille est coupée chaque année. L’arbre demeure. La paille a bien produit du fruit, du blé, de l’orge, de l’avoine… mais elle est coupée. L’arbre produit du fruit mais il demeure. 

Il ne s’agit donc pas seulement de porter du fruit mais de demeurer… pour produire du fruit le moment venu. Dans la métaphore du Psaume, l’arbre ne porte pas toujours du fruit mais seulement quand c’est la saison. Pourtant il demeure, son feuillage garde sa fraîcheur parce qu’il est vivant. Même s’il ne produit pas de fruit. 

Nous avons aussi des saisons dans notre vie. Certaines sont fertiles d’autres plus arides. L’important c’est de demeurer, de persévérer. Et pour cela, il faut accepter le temps et les saisons. Or, nous ne sommes pas maître des saisons de notre vie. C’est Dieu qui nous fera porter du fruit le moment venu. 

Et si je prenais la résolution de faire confiance à Dieu pour les fruits qu’il produira dans ma vie, de lui confier le temps et les saisons de ma vie ? Et si je décidais de prioritairement développer mes racines, pour m’ancrer dans le sol de sa Parole et m’abreuver au fleuve de son Esprit… et laisser Dieu agir pour le reste ? 


Conclusion

En conclusion, je vous laisserai simplement les trois bonnes résolutions que je vous propose. Encore une fois, vous en ferez ce que vous voulez… peut-être vous sentirez-vous plus concerné par l’une ou par l’autre :

  • Eviter les mauvaises fréquentations
  • Envisager sa vie de croyant sous l’angle du plaisir
  • Accepter le temps et les saisons

Je vous souhaite, tout simplement, une bonne année 2025 ! 


dimanche 25 juin 2023

Prendre le temps

 

Nous vivons dans un monde paradoxal. Aujourd’hui, tout va très vite… mais on n’a jamais le temps. 

Tout va vite, et nous avons en général un mal fou à ralentir. Je me souviens des réactions, il y a quelques années, quand on a décidé de diminuer de 10 km/h la vitesse sur les routes secondaires, alors même que ça pouvait réduire les accidents et l’impact environnemental. Mais nous obliger à rouler moins vite, c’est une atteinte scandaleuse à notre liberté ! On a tellement de mal à rouler moins vite… Et cela, pas seulement sur la route ! 

Tout va vite, et on suit le mouvement. Et trop souvent, malheureusement, il nous faut un gros pépin dans notre vie pour qu’on s’arrête ou qu’on ralentisse, quand les circonstances nous imposent de nous arrêter, ou quand notre corps dit « stop »… et il est parfois trop tard ! 

Comment ne pas céder à la tentation de la vitesse et de l’instantané ? Dans notre monde où tout doit aller vite, tout de suite, et si nous redécouvrions les vertus de la lenteur ? 

Dieu lui-même prend son temps. Vous me direz peut-être qu’il n’est pas pressé par le temps, lui… OK mais il n’est pas non plus limité et contraint comme nous, rien ne lui est impossible. Mais Dieu a pris son temps. 

Même s’il faut le prendre symboliquement, le récit de la création en 6 jours est significatif. Dieu aurait pu tout créer en un clin d’œil, en un instant. Non, il prend 6 jours pour le faire. Et il prend même le temps, le 7e jour, de s’arrêter et de contempler son œuvre. Dieu a pris son temps. 

Dans son œuvre de salut, il a pris des siècles pour arriver jusqu’à Jésus-Christ, accompagnant les humains dans leur histoire, avec patience, préparant la venue du Christ par ses prophètes, alimentant une espérance. Dieu a pris son temps. 

Et puis voilà près de 2000 ans que Jésus est retourné auprès de son Père et que les chrétiens attendent son retour. Dieu prend son temps. D’ailleurs, on ne devrait pas en être surpris : il avait laissé entendre que ça ne viendrait pas tout de suite. Dans les nombreuses paraboles où il nous invite à nous tenir prêt pour le jour de son retour, en se comparant à un maître qui s’est absenté et a confié ses biens à ses serviteurs, le maître tarde à revenir… 

Si Dieu prend son temps, ne devrions-nous pas, nous aussi, prendre notre temps ? Car notre cheminement spirituel aussi demande du temps… et nous aimerions souvent que les choses aillent plus vite, nos progrès, l’œuvre de Dieu en nous, le fruit de notre témoignage et de notre service…  

Mais regardez la liste du fruit de l’Esprit (Galates 5.22-23) : l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. Ne sont-elles pas toutes des vertus qui demandent du temps ? C’est évident pour la patience, la fidélité ou la maîtrise de soi ! Mais l’amour ce n’est pas la passion ou la pulsion. La bienveillance, la bonté et la douceur demandent aussi du temps pour s’épanouir. Même la joie dans ce contexte, surtout associée à la paix, ne peut pas n’être qu’une sensation fugace… L’expression même, « fruit de l’Esprit », implique nécessairement le facteur temps. Un arbre ne produit pas son fruit en un clin d’œil ! Il faut le temps des saisons. 

Au contraire, les œuvres de la chair, ou les penchants humains comme le traduit la NFC, (Galates 5.19-21) sont toutes de l’ordre de l’instantané, du plaisir immédiat, de la pulsion : la débauche, l'impureté et les actions honteuses, le culte des idoles et la magie, l'hostilité, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les discordes, les divisions, l'envie, les beuveries, les orgies et bien d'autres choses semblables.

Il s’agit donc bien de laisser l’Esprit Saint affermir en nous des vertus qui s’épanouissent dans le temps plutôt que de céder aux pulsions et penchants naturels qui nous poussent vers l’immédiat et l’instantané. 

Un style de vie plus posé et sobre, qui sait attendre et ne veut pas tout, tout de suite, c’est bon pour tout le monde : pour soi-même, pour les autres avec qui nous sommes en relation, et même pour la planète ! 

J’ai repensé ici aux paroles de Jésus, dans le Sermon sur la Montagne, au sujets des inquiétudes… Un texte que nous pouvons aussi relire avec cette perspective de la patience et d’une certaine lenteur, ou du moins du temps qui passe. Dans ces paroles, Jésus nous invite aussi à savoir attendre et prendre le temps. 

Matthieu 6
25 Ne vous inquiétez pas au sujet de la nourriture et de la boisson dont vous avez besoin pour vivre, ou au sujet des vêtements dont vous avez besoin pour votre corps. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus important que les vêtements ? 26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils ne ramassent pas de récoltes dans des greniers, et votre Père qui est au ciel les nourrit ! Ne valez-vous pas beaucoup plus que les oiseaux ? 27 Qui d'entre vous parvient par ses soucis à prolonger un peu la durée de sa vie ?
28 Et pourquoi vous inquiétez-vous au sujet des vêtements ? Observez comment poussent les fleurs des champs : elles ne travaillent pas, elles ne se tissent pas de vêtements. 29 Pourtant, je vous l'affirme, même Salomon, avec toute sa richesse, n'a pas eu de vêtements aussi beaux qu'une seule de ces fleurs des champs. 30 Si Dieu habille ainsi l'herbe qui est dans les champs aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, ne vous habillera-t-il pas à bien plus forte raison vous-mêmes ? Comme votre foi en lui est faible !
31 Ne vous inquiétez donc pas en disant : “Qu'allons-nous manger ? qu'allons-nous boire ? ou qu'allons-nous mettre pour nous habiller ?” 32 Ce sont les païens qui recherchent sans arrêt tout cela. Mais votre Père qui est au ciel sait que vous en avez besoin. 33 Cherchez d'abord le règne de Dieu, cherchez à faire sa volonté, et Dieu vous accordera aussi tout le reste. 34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s'inquiètera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.


Prendre le temps d’observer

Jésus nous invite à regarder les oiseaux du ciel, à observer les fleurs des champs. Il nous dit : arrêtez-vous quelques instants. Laissez de côté vos préoccupations et vos inquiétudes et regardez, contemplez ! A force de toujours courir, de ne jamais s’arrêter, on ne prend plus le temps de regarder…

Jésus prend ici la nature comme métaphore. Les oiseaux ne s’inquiètent pas du lendemain et les fleurs des champs ne se tuent pas à la tâche. Pourtant, Dieu nourrit les uns et habille les autres. 

Jésus ne veut pas dire par là que nous ne devons pas être prévoyant, que nous ne devons pas travailler et que tout nous tombera du ciel, par miracle. Il dit simplement que les soucis et les inquiétudes ne nous apportent rien de positif, bien au contraire. 

Le verset 27 est une formule clé : « Qui d'entre vous parvient par ses soucis à prolonger un peu la durée de sa vie ? » C’est même probablement l’inverse qui se produit ! La même idée est poursuivie avec le fameux verset 34 : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s'inquiètera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. »

Dans ces différentes exhortations, Jésus nous invite à prendre le temps de regarder, d’observer, de contempler… et choisir la confiance plutôt que l’inquiétude. Ce choix de la confiance, c’est celui de la foi placée en Dieu, qui prendra soin de nous. 


Prendre le temps de chercher 

En plus de l’appel à regarder et observer, Jésus nous invite aussi à chercher. « Cherchez d'abord le règne de Dieu, cherchez à faire sa volonté, et Dieu vous accordera aussi tout le reste. » (v.33)

Chercher. Voilà encore une activité qui demande du temps et de la patience… qui ne se donne pas à nous si facilement, et certainement pas dans l’immédiateté. 

Que faut-il chercher ? Le règne de Dieu. Littéralement, le règne (ou royaume) de Dieu et sa justice. Ce ne sont pas deux choses différentes mais deux façons de dire la même chose, ou deux aspects complémentaires de la même réalité. Le règne (ou royaume) de Dieu, c’est là où Dieu règne. Sa justice, c’est ce qui est juste de faire dans ce royaume. D’où la traduction de la NFC : « Cherchez d'abord le règne de Dieu, cherchez à faire sa volonté. » On pourrait même dire : cherchez le règne de Dieu, c’est-à-dire cherchez à faire sa volonté. 

Et on sait bien que cela n’est pas forcément évident. Parfois, on sait très bien ce qui est juste de faire mais on hésite ou on craint de le faire, pour différentes raisons. Parfois, on a du mal à discerner ce qui est juste de faire, parce que les situations peuvent être complexes. 

Dans tous les cas, chercher à faire la volonté de Dieu demande du temps… du temps pour le discernement, pour la mise en pratique, et pour persévérer dans la bonne voie ! 


Conclusion

Dans notre monde où tout va vite et dans lequel pourtant nous n’avons jamais le temps, l’enseignement de Jésus va à contre-courant. Il est bon que nous l’entendions. Et que nous réapprenions à prendre le temps. 

Nous devrions-nous pas refuser la fuite en avant qu'on veut nous imposer et relativiser la course à la réussite, au profit, à la croissance ? Ne nous faut-il pas prendre le temps de la méditation, de la contemplation, de l'écoute, savoir nous arrêter et prendre du recul... méditer et prier !  

Prenons le temps de nous reposer en Dieu, de lui faire confiance et de le laisser agir en nous !