Jésus-Christ est ressuscité ! Il est réellement ressuscité ! Cette affirmation, proclamée par les chrétiens depuis 2000 ans, est le cœur de notre foi. C’est la conclusion de chacun des quatre évangiles que nous trouvons dans la Bible.
Et pourtant, les évangélistes ne cachent pas que la réception de cette Bonne Nouvelle de la résurrection de Jésus ne s’est pas faite si facilement que cela. Y compris par les disciples eux-mêmes. C’est ce que nous allons constater avec la lecture du récit du matin de Pâques dans l’évangile de Jean.
Après avoir lu le récit de la Passion de Jésus dans ce même évangile, vendredi soir, nous en poursuivons la lecture ce matin. Souvenons-nous : descendu de la croix, le corps de Jésus, enveloppé de bandes de lin, avait été déposé dans un tombeau par Joseph d’Arimathée et Nicodème…
Jean 20.1-91Tôt le dimanche matin, alors qu'il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rend au tombeau. Elle voit que la pierre a été retirée de l'entrée du tombeau. 2Elle court trouver Simon Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. » 3Pierre et l'autre disciple partirent et se rendirent au tombeau. 4Ils couraient tous les deux ; mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. 5Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin qui étaient posées là, mais il n'entra pas. 6Simon Pierre, qui le suivait, arrive à son tour et entre dans le tombeau. Il voit les bandes de lin posées à terre 7ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. 8À cet instant, l'autre disciple, celui qui était arrivé le premier au tombeau, entra lui aussi. Il vit et il crut. 9En effet, les disciples n'avaient pas encore compris l'Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts. 10Puis les deux disciples s'en retournèrent chez eux.
Nous arrêtons la lecture ici pour ce matin mais le récit se poursuit dans les versets suivants avec Marie de Magdala qui sera la toute première à voir, non plus simplement le tombeau vide, mais Jésus lui-même, ressuscité. Même si elle aura un peu de mal à le reconnaître… Elle le confondra avec le jardinier !
Mais si on en reste à cette première partie du récit de Pâques, il est particulièrement intéressant de remarquer l’usage du verbe voir. Il apparaît en effet quatre fois.
Voir… en quatre étapes
D’abord au verset 1, pour Marie de Magdala. Arrivée au tombeau de petit matin, « elle voit que la pierre a été retirée de l’entrée du tombeau ». C’est tout ce qu’elle voit… elle ne va pas regarder de plus près et s’en va précipitamment. Elle court trouver les disciples, toute paniquée. Elle se dit que si la pierre a été roulée, c’est qu’on est venu retirer le corps de Jésus du tombeau. Mais qui a fait cela ? Et pourquoi ? Et où l’a-t-on emmené ? Marie est dans la confusion la plus totale, bouleversée. Et les disciples veulent en avoir le cœur net. Alors Pierre et un autre disciple vont au tombeau… eux aussi en courant. Il souffle donc un vent de panique en ce dimanche matin !
La deuxième fois qu’apparaît le verbe voir, c’est au verset 5, pour « l’autre disciple » qui court plus vite que Pierre et arrive en premier au tombeau. « Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin qui étaient posées là, mais il n'entra pas. » Il va donc un peu plus loin que Marie en regardant dans le tombeau, sans toutefois y entrer. Tout ce qu’il voit alors, ce sont les bandes de lins qui recouvraient le corps de Jésus. Pourquoi n’entre-t-il pas ? Est-ce simplement parce qu’il veut laisser Pierre, qui court moins vite, entrer en premier ? Ou est-ce qu’il craint, pour une raison ou pour une autre, d’entrer dans le tombeau ?
La troisième fois que le verbe voir apparaît, c’est pour Pierre. Cette fois il entre dans le tombeau et il voit les choses avec plus de précision. D’ailleurs, le récit donne des détails : « Il voit les bandes de lin posées à terre ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. » On reviendra sur cette description. Notons simplement que le récit ne dit pas comment Pierre a réagi à ce qu’il vu dans le tombeau.
C’est à ce moment-là que le verbe voir est utilisé pour la quatrième fois, à nouveau pour « l’autre disciple ». Cette fois, il entre à son tour dans le tombeau… et la formule qui décrit ce qui s’est alors passé pour lui est courte mais lourde de sens : « Il vit et il crut. » Il crut signifie ici, tout simplement, qu’il comprit que Jésus était ressuscité. C’est bien ce que laisse entendre la précision que donne l’évangéliste au verset suivant : « En effet, les disciples n'avaient pas encore compris l'Écriture selon laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts. » Non seulement « l’autre disciple » voit que le corps de Jésus est absent du tombeau, mais il comprend qu’il n’a pas été enlevé.
Jésus est ressuscité. Et cette proclamation ne peut être, hier comme aujourd’hui, qu’une affirmation de foi ! Une foi qui peut mettre un peu de temps à s’affirmer…
Ce qu’on voit dans le tombeau
Avant de tirer quelques leçons pour nous de ce récit, arrêtons-nous quelque peu sur la description de ce que les disciples ont vu dans le tombeau. Parce que finalement, ce qu’ils ont vu a compté dans leur expérience. C’est bien ce que « l’autre disciple » a vu qui l’a conduit à croire : « Il vit et il crut. »
Qu’est-ce que Pierre a vu dans le tombeau ? « Il voit les bandes de lin posées à terre ainsi que le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. » Autrement dit, il ne voit rien d’autres que les bandes de lin qui recouvraient le corps de Jésus.
La première chose qu’il a vue… c’est donc ce qu’il n’a pas vu. Le corps de Jésus n’était plus là ! Ce n’est pas rien… Son absence a, en soi, une signification.
Ensuite, il y a les bandes de lin. Le fait qu’elles soient encore dans le tombeau est un indice. Si des gens avait emporté le corps, quelle que soit leur raison, pourquoi aurait-on enlevé les bandes de lin qui le recouvraient ?
Ou alors, on pourrait dire, peut-être, que les bandes sont tombées dans la précipitation, lorsque le corps a été enlevé… Mais alors pourquoi le linge qui couvrait la tête de Jésus était, lui, roulé à part ? En fait, c’est comme si les bandes étaient tombées au moment où Jésus ressuscité s’est levé, et puis qu’ensuite il ait enlevé le linge qui lui recouvrait la tête, il l’a roulé et déposé à part.
L’absence du corps de Jésus. La façon dont les bandes de lins se retrouvent dans le tombeau. Tout cela ne constitue évidemment pas une preuve irréfutable de la résurrection de Jésus… mais ce sont des indices qui sont cohérents avec l’affirmation de sa résurrection. Même si la résurrection de Jésus elle-même ne peut être qu’une affirmation de foi. Le texte ne dit pas : « Il vit et il sut » mais « il vit et il crut. »
Deux leçons pour aujourd’hui
Venons-en maintenant aux leçons que nous pouvons tirer de ce récit pour nous aujourd’hui.
Il faut plus de temps pour croire que pour voir…
C’est une constante dans les récits de Pâques qu’on trouve dans les évangiles : les disciples, y compris les plus proches de Jésus, ont du mal à croire en sa résurrection. On les voit dans l’incertitude, le désarroi, le doute… C’est loin d’être une évidence tout de suite. Au contraire, il leur faut du temps pour arriver à croire. Comme dans notre récit : il faut quatre fois le verbe voir avant qu’arrive le verbe croire…
Et c’est normal. Il faut du temps pour croire ! Dieu le sait très bien : il est patient à notre égard. Soyons aussi patient envers nous-mêmes et envers les autres. Laissons-nous le temps de la découverte, de l’apprentissage.
La foi se construit avec le temps, elle s’affermit, elle s’approfondit. Elle nous fait grandir. Et tout cela demande du temps. La foi est un cheminement, une quête jamais terminée, un voyage qui ouvre toujours sur de nouveaux horizons.
C’est pourquoi, refuser de croire pour voir seulement, c’est restreindre nos horizons, nous limiter voire nous enfermer. Choisir de croire est un chemin plus long, mais qui nous permet de nous ouvrir à Dieu !
Croire, c’est une autre façon de voir
Il ne faut pas pour autant opposer voir et croire. Ce que Marie de Magdala et les disciples ont vu les ont aidés à croire. Le tombeau vide. Les bandes de lin sur le sol. Le linge servant à couvrir la tête, roulé à part. Tout cela ne suffisait pas à démontrer la résurrection de Jésus mais il s’agissait bien d’un faisceau d’indices qui invitaient à croire.
La foi ne s’appuie pas sur ce qu’on voit seulement… mais elle n’est pas pour autant déconnectée de la réalité. Ce qu’on voit, ce qu’on perçoit de différentes manières, ce qu’on observe, tout cela peut aussi informer notre foi.
Je dirais même qu’il faut garder cet ancrage dans la réalité, continuer d’observer, de réfléchir, de prendre du recul, pour ne pas faire dire n’importe quoi à notre foi.
Et en même temps, il s’agit d’ouvrir les yeux, de chercher à croire. Quels sont les indices laissés par Dieu dans notre monde, dans notre vie, pour signifier sa présence ? Quelles sont les « bandes de lin » que le Seigneur laisse sur ma route aujourd’hui ? Où sont les indices de sa présence, de son amour ?
On peut dire que la foi est une manière différente de voir. C’est une interprétation de ce qu’on voit, qui intègre la présence de Dieu et son œuvre dans le monde, dans notre vie. C’est, en quelque sorte, une perception augmentée de la réalité !
Conclusion
Jésus-Christ est ressuscité. Il est réellement ressuscité ! C’est incroyable ? Oui… mais c’est vrai !
Contrairement à ce que prétendent certains, choisir la foi n’est pas le chemin de la facilité. Il faut plus de temps pour croire que pour voir. C’est plus difficile de croire. Non pas de croire tout et n’importe quoi mais de choisir la foi, la confiance en Dieu en toutes circonstances, l’espérance malgré tout ce qu’on voit autour de nous.
C’est plus difficile… mais c’est aussi une aventure extraordinaire, à la suite de Jésus-Christ ressuscité. La foi nous permet de voir différemment, et de discerner la présence de Dieu dans notre vie, dans notre monde. Et si nous lui faisons confiance, il laisse sur notre chemin des indices de sa présence. La foi est ce qui nous permet de les voir, de les comprendre.
Il faut du temps pour croire… alors soyons patient, envers nous-mêmes et envers les autres ! Et cherchons toujours à discerner les indices de sa présence, que le Christ vivant laisse sur notre chemin.
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