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dimanche 25 septembre 2022

Espérer !

 

>>> Ecouter la prédication 

Aujourd’hui nous commençons la campagne de rentrée proposée par notre Union d’Eglises, sur le thème : « Une espérance qui nous transforme », un thème qui nous accompagnera pendant 4 semaines. 

Avec la foi et l’amour, l’espérance fait partie des trois « choses qui demeurent » selon l’apôtre Paul (1 Corinthiens 13.13). Et même si la plus importante, c’est l’amour, toujours selon Paul, l’espérance est bel et bien un des fondamentaux de la foi chrétienne. 

Et dans les temps troublés et anxiogènes que nous traversons, elle revêt une importance particulière ! Nous avons besoin d’espérance ! Notre monde a besoin d’espérance ! Et c’est avec Abraham que nous allons commencer à en parler. 

Hébreux 11.8-19

8 Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l'appela : il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il partit sans savoir où il allait. 9 Par la foi, il vécut comme un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous la tente, ainsi qu'Isaac et Jacob, qui devinrent tous deux héritiers de la même promesse de Dieu. 10 Car Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur.

11 Par la foi, Sara elle-même, bien que stérile, fut rendue capable d'avoir une descendance, alors qu'elle avait passé l'âge d'être enceinte. En effet elle eut la certitude que Dieu serait fidèle à sa promesse. 12 C'est ainsi qu'à partir d'un seul homme, Abraham, pourtant déjà en âge de mourir, sont nés des descendants nombreux comme les étoiles dans les cieux, innombrables comme les grains de sable au bord de la mer.

13 C'est dans la foi que tous ces gens sont morts. Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu'ils étaient des étrangers et des gens de passage sur la terre. 14 En reconnaissant cela, ils montrent ainsi clairement qu'ils recherchent un pays qui serait le leur. 15 S'ils avaient pensé avec regret à celui qu'ils avaient quitté, ils auraient eu l'occasion d'y retourner. 16 En réalité, ils désiraient un pays meilleur que celui-ci et qui se trouverait dans les cieux. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu ; en effet, il leur a préparé une cité.

17 Par la foi, Abraham offrit Isaac en sacrifice, lorsque Dieu le mit à l'épreuve. Il se montra prêt à offrir son fils unique, alors qu'il avait reçu une promesse ; 18 Dieu lui avait dit :

« C'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis. »

19 Mais Abraham estima que Dieu était capable de ressusciter Isaac d'entre les morts ; c'est pourquoi Dieu lui rendit son fils, et ce fait a une valeur symbolique.


Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux est le grand chapitre sur la foi. Abraham y occupe une place de choix : c’est le personnage qui occupe le plus de versets. On y mentionne en particulier deux épisodes de sa vie où sa foi s’est manifestée de manière remarquable : l’appel qu’il a reçu de Dieu à quitter son pays et la demande insensée, à la fin de sa vie, de sacrifier son fils. 

Lorsqu’Abraham a répondu, par la foi, à l’appel du Seigneur, il s’est élancé vers l’inconnu. Dieu ne lui a pas dit : « Quitte ton pays et va dans le pays de Canaan », en lui donnant les coordonnées GPS ! Comme le rappelle notre texte, « Il partit sans savoir où il allait. » Et puis il foulera bien le sol de ce pays que Dieu a promis de lui donner en possession mais il ne verra pas lui-même l’accomplissement de la promesse. Ce seront ses descendants, des siècles plus tard, qui prendront possession du pays promis.

Et puis à la fin de sa vie, après toutes les difficultés rencontrées, après une naissance promise qui s’est fait attendre et qui s’est produite alors qu’on ne l’espérait plus, Dieu lui demande l’impensable : offrir son fils en sacrifice. C’est incompréhensible, car cela met en péril la promesse faite par Dieu lui-même. Mais Abraham obéit. Pourquoi ? Parce qu’il « estima que Dieu était capable de ressusciter Isaac d'entre les morts ». Au soir de sa vie, après tout ce qu’il avait vécu, sa confiance en Dieu était totale !

Quel homme de foi incroyable ! Un exemple pour tous… Cela dit, les versets 8-19 que nous avons lus ne parlent pas seulement d’Abraham. Ils parlent aussi de Sara, son épouse (v.11), à propos de la naissance d’Isaac. Et ils élargissent le propos aux croyants de l’ancien temps en général (v.13-16) : « C'est dans la foi que tous ces gens sont morts. » Ils sont rattachés au personnage d’Abraham car il est traditionnellement appelé le père des croyants. Comme lui, ils sont morts sans voir s’accomplir toutes les promesses de Dieu mais ils les ont saluées de loin (v.13-16). 

J’aime beaucoup cette formule : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. » Voilà exactement ce qu’est l’espérance : voir et saluer de loin l’accomplissement des promesses de Dieu. C’est une espérance qui nous permet d’avancer malgré les épreuves et les difficultés, une espérance qui nous garde debout malgré les frustrations et les déceptions, une espérance qui est le pendant indissociable de la foi, à l’image de l’exemple d’Abraham. 

Je vous propose donc de nous arrêter ce matin sur cette formule et de voir ce qu’elle dit de notre espérance. 


Espérer : surmonter les inachèvements

Ce qui est intéressant, et qui peut surprendre, dans cette formule, c’est qu’en parlant de foi et d’espérance, le texte commence par une affirmation négative : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises… »

On l’a vu avec Abraham : il n’est pas entré en possession du pays promis. C’est vrai aussi d’Isaac et de Jacob. C’est un point commun de tous les croyants, de l’Ancien comme du Nouveau Testament : ils reçoivent de nombreuses promesses de Dieu mais savent qu’ils ne les verront sans doute pas toutes s’accomplir. Et ce n’est pas un problème. Elles s’accompliront un jour. 

Notre vie ici-bas, même notre vie chrétienne, est faite aussi d’inachèvements. Il ne faut pas se mentir : nous ne vivons pas tout au long de notre vie chrétienne dans un sentiment béat de plénitude absolue ! Il y a des hauts et des bas… La vie chrétienne est faite aussi de frustrations, d’insatisfaction, de luttes et de conflits intérieurs. L’apôtre Paul en parle de façon poignante en Romain 7 : « Je ne comprends pas ce que je fais : car je ne fais pas ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je déteste ! » (Rm 7.16)

L’espérance chrétienne, ce n’est pas penser que tout nous est donné ici-bas : succès, prospérité, guérison… Il ne faut pas prêter à Dieu des promesses qu’il n’a pas faites et qui résultent d’une mauvaise compréhension de la Bonne Nouvelle. 

L’espérance chrétienne permet de surmonter ces frustrations et ces inachèvements, de les accepter en sachant qu’un jour toutes les promesses s’accompliront. Et elle permet aussi de recevoir les bénédictions de Dieu comme des grâces et des avant-goûts de ce qui nous attend. 


Espérer : se nourrir des promesses de Dieu

Ce n’est pas parce que les croyants n’ont pas vu toutes les promesses de Dieu s’accomplir que les promesses disparaissent. Les promesses de Dieu demeurent, et elles s’accompliront toutes un jour, au plus tard lors de l’achèvement de son projet. Espérer c’est se nourrir de ces promesses. 

Pour Abraham, Isaac et Jacob, les choses promises sont le peuple issu de leur descendance et prenant possession du pays de Canaan. Ils n’ont pas vu tout cela, mais Dieu l’a promis et il a renouvelé plusieurs fois ses promesses. En réalité, dès le début, ils savaient qu’ils ne verraient pas l’accomplissement des promesses de Dieu : ils savaient qu’ils mourraient avant de voir un peuple naître de leur descendance. Mais ils ont vécu des accomplissements partiels de ces promesses, ou des étapes décisives. A commencer, pour Abraham, par la naissance d’Isaac, alors que tout espoir semblait impossible. 

Quelles sont les promesses de Dieu pour nous ? La vie éternelle, la résurrection finale au jour du retour de Jésus-Christ, une Création totalement renouvelée et libérée de l’empreinte du mal. Verrons-nous l’accomplissement de ces promesses ? Nul ne le sait… Depuis 2000 ans, les chrétiens espèrent en ces promesses et sont morts sans les avoir vues s’accomplir. Sauf celle de la vie éternelle, qui est l’assurance que même la mort ne peut nous séparer de la présence de Dieu. 

Ces promesses, il est important de les connaître et de se les remémorer. C’est ce qui nourrit notre espérance. Sans elles, notre espérance dépérit mais avec elles, notre espérance est nourrie, elle s’affermit et alimente notre vie de foi, en particulier lorsque nous faisons face aux épreuves et à l’adversité. L’espérance chrétienne a faim des promesses de Dieu. Ressentez-vous cette faim aujourd’hui ? 


Espérer : voir et saluer de loin l’accomplissement des promesses

Et c’est là que nous en venons à la fameuse formule de l’épître aux Hébreux : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. » Comment comprendre les deux verbes utilisés ici : voir et saluer ?

On peut penser d’abord au premier verset de ce même chapitre 11 de l’épître aux Hébreux : « Mettre sa foi en Dieu, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas… » (Hébreux 11.1)

Autrement dit, croire, c’est une autre façon de voir ! Et cela nous permet de voir ce qui est invisible, ce qu’on ne peut voir que par la foi, comme la présence de Dieu auprès de nous. 

Saluer, c’est faire un signe de loin. Comme, par exemple, lorsque vous arrivez au terme d’un long voyage en bateau et que vous voyez sur le quai votre famille ou vos amis qui vous attendent. Vous leur faites un signe de la main, vous les saluez de loin. Vous savez qu’il vous faudra encore du temps pour que le bateau arrive à quai, qu’il s’amarre et que vous puissiez en descendre. Vous n’êtes pas encore avec eux mais c’est tout comme ! Vous anticipez la joie des retrouvailles et des embrassades. 

C’est un peu la même chose pour notre espérance. Elle est une anticipation de la joie des promesses accomplies, de l’aboutissement de notre voyage ici-bas et l’arrivée au quai de l’éternité, dans le port de la Nouvelle Création. 

La foi et l’espérance nous permettent de voir au-delà des incertitudes et des inquiétudes d’aujourd’hui, au-delà des nuages sombres qui semblent s’amonceler à l’horizon ou des tempêtes qui bousculent notre vie. Elles permettent de voir et de saluer de loin l’accomplissement des promesses de Dieu, elles permettent d’en goûter déjà quelques avant-goûts par la foi et l’expérience de la présence de Dieu dans notre vie. Et ça change tout ! L’espérance est un guide, une boussole dans notre vie. 


Conclusion

« Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. »

L’espérance n’est pas un déni de la réalité, elle n’est pas une fuite en avant utopique, elle n’idéalise pas la vie, même la vie chrétienne, surtout la vie chrétienne ! Elle ne nous ôte pas les déceptions, les insatisfactions et les frustrations ici-bas… mais elle nous permet de les surmonter en voyant plus loin. 

Car Dieu nous a fait des promesses qui nous donnent un horizon nouveau, qui permettent de voir au-delà des impasses et des murs qui semblent se dresser devant nous. Par la foi, on peut même saluer de loin l’accomplissement de ces promesses. Et Dieu nous fait la grâce, dès aujourd’hui, d’avoir quelques avant-goûts de cet accomplissement : sa présence en nous par son Esprit, la joie d’être sauvé, la communion avec les frères et sœurs qui partagent notre foi, l’amour qui peut être donné et reçu… 

Espérer, c’est vivre ! Car alors la vie vaut la peine d’être vécue. Est-ce encore le cas sans espérance ? L’espérance que nous trouvons dans le Christ vivant donne à notre vie un sens, un but, un horizon qui ouvre sur l’éternité !

 

dimanche 8 mars 2020

Apprendre de la foi d'Abraham

Cette méditation s'inscrivait dans un culte "en famille" autour de l'appel d'Abraham, après avoir visionné et discuté en petits groupes la vidéo suivante :


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Et si nous revenions au début, là où tout a commencé, quand Abram a entendu l’appel de Dieu...

Genèse 12.1-3
1 Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai naître de toi un grand peuple ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. À travers toi, toutes les familles de la terre seront bénies. »

Je ne sais pas si ça s’est passé comme dans la vidéo. Dieu ne parle pas de la même façon à tout le monde. Mais il est sûr qu’Abram a compris que Dieu l’appelait à partir, à quitter son pays, sa maison… pour aller où ? Dans le pays que Dieu lui montrera.

Bref, Abram savait qu’il devait partir... mais il ne savait pas où il devait aller. Le Seigneur lui dit simplement qu’il lui montrerait, mais une fois qu’il sera parti.

Croire, ce n’est pas tout savoir et tout comprendre, c’est faire confiance à Dieu. C’est se mettre en marche à la suite du Seigneur pour aller là où il nous conduira.

Dans notre monde aujourd’hui, on a une peur terrible de l’inconnu, de ce qu’on ne maîtrise pas. On le voit avec l’épidémie de coronavirus ! Je ne parle pas des précautions sanitaires légitimes à respecter. Je parle de la psychose et de la paranoïa qui l’entoure. Les fake news et théories du complot se développent sur les réseaux sociaux. SOS racisme a lancé une campagne contre le racisme anti-asiatique qui se développe depuis l'épidémie. On a même constaté une baisse des ventes de la Corona, une bière mexicaine !

Face à la peur de l’inconnu, dans notre vie, dans notre monde, nous avons un refuge : la foi, la confiance que nous plaçons en Dieu qui, lui, maîtrise toutes choses.

Abram n’a pas eu peur de répondre à l’appel de Dieu et de partir vers l’inconnu. Pourquoi ? Parce qu’il a cru dans les promesses de Dieu. Le Seigneur ne se contente pas de dire à Abram : “vas-y, pars et tu verras bien où je te dirai d’aller !” Il lui donne des promesses pour le mettre en marche : “je ferai de toi un grand peuple “(ce qui veut dire qu’il aura des enfants), “tu seras une bénédiction pour les autres” (et quand Dieu dit les autres, c’est “toutes les familles de la terre” !).

Ce n’est pas rien ! Et les promesses que Dieu a faites à Abraham se sont toutes accomplies. Lui qui pourtant était très âgé, comme son épouse Sarah, a eu un fils, premier d’une descendance nombreuse : le peuple d’Israël. Par ce peuple est venu celui qui est source de bénédiction pour toutes les familles de la terre : Jésus-Christ. Les promesses de Dieu se sont accomplies au-delà de ce que Abraham pouvait imaginer.

Ce sont les promesses de Dieu qui nous mettent en marche en nous donnant une espérance, ce sont elles qui nourrissent notre foi, ce sont sur elles que nous nous appuyons.

Or Dieu promet de nous aimer et que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de son amour. Il nous promet sa présence à nos côtés, tous les jours, dans la joie comme dans l’adversité. Et il nous promet, même au-delà de la mort, la vie éternelle, avec lui.

Alors faisons-lui confiance, levons-nous, n’ayons pas peur de l’avenir, ni de l’inconnu. Le Dieu d’Abraham nous appelle à le suivre jusque dans le pays qu’il nous montrera.

dimanche 20 octobre 2019

Face à l’adversité

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Parmi les textes bibliques proposés dans la liste de lectures de ce dimanche, il y a une histoire que l’on trouve dans le livre de l’Exode. C’est un récit de bataille, au cours de laquelle Moïse a adopté une attitude plutôt surprenante…

Exode 17.8-13
8 Les Amalécites vinrent attaquer les Israélites à Refidim. 9 Moïse dit à Josué : « Choisis des hommes capables de nous défendre et combats les Amalécites. Demain je me tiendrai au sommet de la colline, avec le bâton de Dieu à la main. » 10 Josué partit combattre les Amalécites, comme Moïse le lui avait ordonné, tandis que Moïse, Aaron et Hour se postaient au sommet de la colline. 11 Tant que Moïse tenait un bras levé, les Israélites étaient les plus forts, mais quand il le laissait retomber, les Amalécites l'emportaient. 12 Lorsque les deux bras de Moïse furent lourds de fatigue, Aaron et Hour prirent une pierre et la placèrent près de Moïse. Moïse s'y assit. Aaron et Hour, chacun d'un côté, lui soutinrent les bras, qui restèrent ainsi fermement levés jusqu'au coucher du soleil. 13 Josué remporta une victoire complète sur l'armée amalécite.

Nous sommes peu de temps après la sortie d’Egypte. L’euphorie qui devait accompagner cet épisode extraordinaire pour les Hébreux est retombée : tout n’est pas aussi simple qu’ils l’auraient imaginé. Tout le monde est fatigué, des tensions naissent, des récriminations s’élèvent. Bref, le peuple est fragilisé, vulnérable. Et c’est ce moment que les Amalécites, un peuple autochtone, choisissent pour attaquer. Le livre du Deutéronome, qui parle aussi de notre épisode, le souligne :

Deutéronome 25.17-18
17 Souviens-toi de ce qu'Amalec t'a fait, lorsque vous étiez en route, après la sortie d'Égypte. 18 Ils n'avaient aucune crainte de Dieu, si bien qu'ils t'ont attendu le long du chemin, alors que tu étais complètement épuisé. Ils ont attaqué les retardataires à l'arrière.

Les Amalécites apparaissent dans l’histoire biblique comme l’un des ennemis les plus acharnés d’Israël. L’Ancien Testament relate de nombreux conflits entre les deux peuples. C’est ici le premier d’entre eux.

C’est en particulier l’attitude de Moïse qui va nous intéresser. Il envoie Josué se battre et lui se tient en arrière, sur les hauteurs, avec le “bâton de Dieu”. Quand il lève les bras avec ce bâton, les Israélites dominent la bataille, quand il baisse les bras, ce sont les Amalécites qui dominent.

Ce “bâton de Dieu” est le même que Moïse a brandi au-dessus de la mer qui s’est ouverte en deux pour laisser passer le peuple Hébreux qui sortait d’Egypte et était poursuivi par le Pharaon et son armée. L’épisode est récent, impossible de ne pas y penser ! Le message est clair : comme le Seigneur a délivré son peuple de l’armée du Pharaon, Moïse espère qu’il le délivrera de son ennemi Amalec.

Mais comme la bataille dure, Moïse se fatigue et a besoin de l’aide d’Aaron et Hour pour maintenir ses bras en l’air… jusqu’au coucher du soleil, jusqu’à la victoire complète d’Israël..

On peut aussi voir dans la posture de Moïse une attitude de prière. En effet, au temps biblique c’est en élevant les mains que l’on priait. On en trouve à plusieurs reprise l’expression dans les Psaumes par exemple. Ainsi, sur la colline, lorsque Moïse levait ses bras il implorait Dieu de leur donner la victoire. Lorsqu’il baissait les bras, il cessait de prier. Et grâce à l’aide d’Aaron et Hour, il a persévéré dans la prière jusqu’au coucher du soleil. Jusqu’à la victoire totale.

Qu’est-ce qu’un tel récit peut nous dire aujourd’hui ? Les Amalécites ont disparu… Mais pour nous, ils peuvent représenter sans doute plutôt nos ennemis, extérieurs ou intérieurs, qui profitent de nos situations de faiblesse, de vulnérabilité, pour nous attaquer et chercher à nous détruire. L’exemple de Moïse peut nous inspirer face à l’adversité.


Prendre des initiatives


Avez-vous noté que dans ce récit, Dieu ne parle pas ? Il ne dit pas à Moïse d’attaquer les Amalécites, il ne lui dit pas de monter sur la colline et de brandir son bâton. Visiblement, Moïse fait tout cela de sa propre initiative. Il ne le fait pas sur un coup de tête ! Il a appris de ses expériences passées et il n’attend pas que Dieu lui dicte tout le temps ce qu’il doit faire pour agir ! N’y a-t-il pas là une leçon pour nous ?

Face à l’adversité, Dieu attend que nous prenions des initiatives !

Il ne veut pas des robots qui obéissent aux commandes. Il veut des croyants responsables, adultes spirituellement, capables d’agir et de réagir avec sagesse et discernement.

Evidemment, en prenant des initiatives, on risque de se tromper. Parfois, on fera des mauvais choix… Mais c’est aussi comme ça qu’on apprend. Et Dieu veillera sur nous. Ne croyons-nous pas qu’il peut corriger nos erreurs ?

Il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi ! Moïse n’a pas fait n’importe quoi ! Sa réaction était réfléchie et sensée. Elle s’appuyait sur ce que Dieu avait promis et sur ce qu’il avait déjà accompli pour son peuple. 

Bien-sûr que parfois on aura besoin d’aide, face à des décisions difficiles. Mais bien souvent, Dieu s’attend à ce ce que nous fassions preuve de logique, de discernement, d’initiative. C’est aussi très spirituel de prendre des initiatives, d’agir sans attendre toujours un ordre de mission ou un feu vert explicite de Dieu.


Saisir les promesses de Dieu


Parlons un peu maintenant de ce “bâton de Dieu”. On l’a dit, c’est le même que Moïse avait utilisé lors de la traversée de la mer. Cette fois-là, d’ailleurs, c’est Dieu qui lui avait dit de lever son bâton au-dessus de la mer.

Brandir le bâton de Dieu, c’est se souvenir des délivrances passées, de ce que Dieu a déjà accompli, et de ce qu’il a promis de faire. Voilà sans doute ce que nous sommes aussi appelés à faire face à l’adversité.

Face à l’adversité, nous sommes appelés à nous saisir des promesses de Dieu.

Pas plus que le bâton de Moïse n’avait de vertu magique, les promesses de Dieu ne sont pas des formules magiques par lesquelles nous remportons la victoire. Mais les promesses de Dieu, celles qui sont consignées dans la Bible, celles qui découlent de l’oeuvre accomplie par le Christ, mort et ressuscité, ces promesses sont précieuses face à l’adversité. Parce qu’elles nous rappellent que Dieu nous aime et qu’il ne nous abandonnera pas. Elles nous rappellent que la mort n’aura pas le dernier mot car Jésus-Christ l’a vaincue le dimanche de Pâques. Elles nous permettent de tenir ferme, de résister, d’endurer avec patience… parce que nous avons une espérance.

N’hésitons pas à “brandir le bâton de Dieu”, à nous remémorer les promesses de Dieu pour nous !


Demander de l’aide


L’autre aspect étonnant de ce récit de bataille, c’est l’aide d’Aaron et Hour à Moïse pour qu’il puisse garder ses bras levés jusqu’au coucher du soleil !

Si les bras levés de Moïse sont bien un signe de prière de sa part, alors on comprend qu’il a dû lutter aussi, dans la prière, avec persévérance. Et qu’il a eu besoin d’aide pour y arriver.

Face à l’adversité, nous avons besoin d’aide.

Car l’adversité ne cessera jamais... Que nous soyons croyant ou non, nous avons tous à lutter, tout au long de notre vie, contre des ennemis extérieurs ou intérieurs à nous-mêmes. Nous avons tous nos combats, nos fragilités qui nous rendent vulnérables et qui menacent, parfois, de nous faire tomber, de nous détruire. Chacun, pour sa part, sait quels sont ses combats…

La première aide dont nous avons besoin, c’est celle de Dieu. Dans l’adversité, prions ! Avec persévérance, comme Moïse gardait ses bras levés ! Prions pour demander l’aide de Dieu. Jésus lui-même nous y invite lorsqu’il intègre, dans le Notre Père, la prière qu’il enseigne à ses disciples :  “Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal !”

Mais il arrive aussi que nous ayons besoin d’une aide supplémentaire. Il nous faut des Aaron et des Hour qui nous soutiennent, qui sont avec nous sur la colline, qui trouvent des pierres où nous pouvons nous asseoir, qui maintiennent nos bras levés dans la prière. Nous avons besoin de compagnons de route, qui se tiennent à nos côtés, qui prient pour nous et avec nous.

Et si nous ne trouvons pas cette aide dans l’Eglise alors où la trouverons-nous ?


Conclusion


L’adversité est notre lot commun… et nos adversaires peuvent autant nous être extérieurs qu’intérieurs. Mais ils sont bien là. La vie est un combat. Face à l’adversité, l’exemple de Moïse dans notre récit nous invite à prendre des initiatives, à saisir les promesses de Dieu, et à demander de l’aide.

Moïse et le peuple d’Israël ont été secourus par Dieu et ils ont vaincu les Amalécites, leurs ennemis. Alors à plus forte raison pouvons-nous espérer dans le secours du Christ, qui a vaincu même la mort, cet ennemi ultime. Il combat avec nous, il se tient sur la colline avec nous, il nous permet de rester debout, ou il nous relève si nous tombons.

Face à l’adversité, le Christ est en nous et avec nous. C’est notre plus grand espoir, en toutes circonstances.

dimanche 4 août 2019

Balaam et son ânesse

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Pour ce dimanche estival, je propose que nous nous arrêtions sur une histoire, un récit parmi les plus étonnants de l'Ancien Testament.

Nous sommes avec le peuple Hébreux. Après être sorti d'Egypte sous la conduite de Moïse, et après avoir traversé le désert pendant 40 ans, les voilà proches de la terre promise par Dieu à leur ancêtre Abraham. Ils campent dans les plaines arides de Moab, à l'est du Jourdain, en face de Jéricho. Mais les autochtones ne voient pas leur arrivée d'un très bon œil...

Balac, le roi de Moab, décide alors de se tourner vers un prophète puissant du nom de Balaam. Il lui demande de jeter une malédiction contre ce peuple venu d'Egypte, pour qu'il ait une chance de le vaincre. Mais Dieu parle au prophète et lui dit de ne pas aller avec Balac et de ne pas maudire ce peuple qu'il a béni. Mais Balac insiste, promettant au prophète de le combler d'honneurs s'il vient avec lui... Alors Balaam attend, pour une seconde nuit, ce que Dieu va lui dire.

Nombres 22.20-35
20 Pendant la nuit, Dieu vient dire à Balaam : « Si ces hommes sont venus t'appeler, pars avec eux. Mais tu feras seulement ce que je te dirai. » 21 Le matin suivant, Balaam se lève, il prépare son ânesse et il part avec les chefs de Moab.
22 Quand Dieu voit Balaam partir, il se met en colère. Balaam avance sur la route, monté sur son ânesse. Deux serviteurs sont avec lui. Alors un ange du SEIGNEUR se place sur la route pour l'empêcher de passer. 23 L'ânesse voit l'ange debout au milieu de la route. Il tient une épée à la main. L'ânesse quitte la route et elle passe à travers les champs. Balaam se met à la frapper pour la ramener sur la route. 24 L'ange va se placer plus loin dans un chemin étroit qui traverse des vignes entre deux murs. 25 L'ânesse voit l'ange du SEIGNEUR, elle se serre contre le mur et ainsi, elle blesse le pied de Balaam. Celui-ci la frappe de nouveau. 26 L'ange du SEIGNEUR les dépasse encore une fois. Il va se placer dans un passage très étroit. Là, on ne peut passer ni à sa droite ni à sa gauche. 27 Quand l'ânesse voit l'ange, elle se couche sous Balaam. Celui-ci se met en colère et les coups de bâton pleuvent.
28 Alors le SEIGNEUR fait parler l'ânesse, et elle dit à son maître : « Qu'est-ce que je t'ai fait, pour que tu me frappes trois fois ? » 29 Balaam lui répond : « Tu te moques de moi ! Si j'avais une épée à la main, je te tuerais tout de suite ! » 30 L'ânesse lui dit : « Est-ce que je ne suis pas ton ânesse ? C'est moi que tu montes depuis toujours ! Est-ce que j'ai l'habitude d'agir ainsi avec toi ? » Balaam répond : « Non ! »
31 Alors le SEIGNEUR ouvre les yeux de Balaam. Balaam voit l'ange du SEIGNEUR debout sur le chemin, une épée à la main. Il se met à genoux, le front contre le sol. 32 L'ange du SEIGNEUR lui dit : « Tu as frappé ton ânesse trois fois. Pourquoi donc ? Je suis venu t'empêcher de passer. En effet, ce voyage me paraît dangereux. 33 Ton ânesse m'a vu, et trois fois, elle s'est écartée de moi. Si elle n'avait pas fait cela, je t'aurais tué, mais elle, je l'aurais laissée en vie. » 34 Balaam dit à l'ange : « J'ai commis une faute ! En effet, je n'ai pas vu que tu étais devant moi sur la route. Mais maintenant, si ce voyage te déplaît, je suis prêt à faire demi-tour. » 35 L'ange du SEIGNEUR répond : « Non ! Va avec ces hommes. Mais tu prononceras seulement les paroles que je te dirai. » Alors Balaam continue la route avec les chefs de Balac.

Voilà un récit pour le moins surprenant ! Il y a d'abord, bien sûr, l'ânesse de Balaam : elle voit l'ange du Seigneur sur la route, alors que le prophète qui la monte ne le voit pas... Et ça, trois fois de suite ! Ensuite, la même ânesse se met à parler... A la rigueur, pourquoi pas ? Dieu est tout-puissant ! Mais le plus étonnant, ce n'est pas tellement que l'ânesse parle, c'est que Balaam semble trouver ça tout à fait normal puisqu'il discute avec elle ! Franchement, à la place de Balaam, comment auriez-vous réagi ? Imaginez-vous en train de promener votre chien, comme tous les jours, et tout à coup il s'arrête, vous regarde et se met à vous parler. Vous tapez la discute avec lui, sans broncher ? C'est pourtant ce que semble faire Balaam avec son ânesse !

C'est cet élément qui me laisse penser que ce récit n'est probablement pas à prendre au pied de la lettre... Mais ce n'est pas ce qui m'importe pour ce matin. Prenons, simplement, le récit tel qu'il nous apparaît, avec ses péripéties et ses dialogues étonnants, avec son humour aussi... et demandons-nous quel en est le message, pour le peuple Hébreux à ce moment de son histoire, et quel prolongement nous pouvons discerner pour nous aujourd'hui.

D'autant que la discussion entre Balaam et son ânesse n'est pas le seul élément étonnant de ce récit. L'attitude de Dieu aussi est surprenante. On le voit se mettre en colère quand Balam se met en route... alors qu'il vient juste de lui dire de partir ! Et puis ensuite, il empêche Balaam de passer, affirmant même qu'il l'aurait tué si l'ânesse ne s'était pas arrêtée... et finalement il lui dit de continuer son chemin, en lui redisant, en gros, ce qu'il lui avait dit avant qu'il parte ! Vous y comprenez quelque chose, vous ?


Pourquoi Dieu se met-il en colère ? 


Rappelons-nous que lorsque le roi Barac était venu demander de l'aide à Balaam, Dieu avait dit clairement à ce dernier : « Non, tu n'iras pas avec eux ! Tu ne maudiras pas le peuple d'Israël, parce que je l'ai béni. » (Nb 22.12)

Mais Balac était revenu à la charge. Et je me demande si la deuxième réponse de Balaam était si honnête que cela... Balac avait insisté, en promettant de le couvrir d'honneurs mais sans vraiment préciser les choses. Et Balaam, lui, est explicite et même en rajoute un peu : « Même si Balac me donne tout l'argent et tout l'or qui remplissent sa maison, je ne peux pas faire une chose, petite ou grande, contre l'ordre du SEIGNEUR mon Dieu. » (Nb 22.18) Et il dit, quand même, aux émissaire du roi de rester pour la nuit, au cas où Dieu lui dirait quelque chose...

Mais la première réponse de Dieu n'était pas assez claire ? Et pourquoi est-ce qu'il changerait d'avis ? Pourtant, c'est ce qu'il semble faire puisqu'il lui dit : « Si ces hommes sont venus t'appeler, pars avec eux. » Ah bon ? Dieu n'était pas au courant qu'ils étaient déjà venus l'appeler avant ? En fait, j'ai l'impression que Dieu connaît le cœur de Balaam et qu'il le laisse aller. Se disant que de toute façon, il veut y aller... alors qu'il yaille ! Mais attention, il lui précise : « Tu feras seulement ce que je te dirai. »

L'empressement dont le prophète fait preuve ensuite semble bien confirmer cela. Il ne se fait pas prier. Dès le lendemain matin, il selle son ânesse et prend la route ! Et ensuite il sera incapable de voir l'ange qui lui barrera le chemin...

La « colère » de Dieu ne trahit donc pas un brusque changement d'humeur de sa part. Ce n'est pas un caprice... Probablement que le Seigneur veut plutôt donner une leçon au prophète. Il s'obstine à vouloir contourner la réponse négative de Dieu ? Dieu, à son tour, s'obstinera à bloquer Balaam sur son chemin...


Pourquoi le prophète est-il moins clairvoyant que son ânesse ?


C'est toute l'ironie de l'histoire. Alors que le prophète ne comprend pas ce qui se passe, l'ânesse voit, elle, l'ange du Seigneur ! La première fois, elle peut l'éviter en passant par les champs. La deuxième fois, elle doit raser les murs, blessant au passage le pied de Balaam. Mais la troisième fois, le passage est trop étroit et l'ânesse ne peut que s'arrêter. Et le prophète, lui, ne comprend rien, il ne voit rien et tout ce qu'il trouve à faire, c'est se mettre en colère contre son ânesse et la rouer de coups.

Balaam semblait pourtant jusque là capable d'entendre clairement la voix de Dieu... Mais là, il ne voit rien. Il devait être trop concentré sur l'objectif de son voyage, aveuglé par la perspective de la récompense promise par le roi de Moab... Il a obtenu le feu vert de Dieu pour répondre à l'offre de Balac, alors il y va. Il ne se pose plus de question. C'est comme s'il était déjà arrivé au bout de son chemin... et du coup, il n'est plus prêt à rencontrer Dieu sur sa route. Pourtant il aurait quand même dû se douter qu'il y avait quelque chose qui clochait quand Dieu lui a dit d'aller vers Barac alors qu'il venait de le lui interdire formellement.

Il faudra, pour que le prophète sorte de sa torpeur, que le Seigneur lui ouvre les yeux, comme il le ferait pour un aveugle. Alors seulement il verra l'ange du Seigneur et reconnaîtra sa faute.


Quelles leçons pour nous ?


Le première leçon que nous pouvons tirer de cet épisode, c'est que Dieu nous laisse parfois aller jusqu'au bout de nos obstinations... Parce qu'il faut parfois faire l'expérience de l'échec, se retrouver face à un mur, pour comprendre. Ça peut être douloureux... mais nécessaire.

Car Balaam n'est pas un cas isolé, loin de là ! Dans la Bible, il y a une expression qui revient à de nombreuses reprises pour qualifier l'obstination du peuple de Dieu : « avoir la nuque raide », c'est-à-dire refuser de courber la tête, n'en faire qu'à sa tête. Aujourd'hui on dirait avoir la tête dure... Vous ne vous sentez pas concernés ? Vraiment ?

La deuxième leçon est une mise en garde : il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir... ni plus sourd que celui qui pense avoir tout compris. Enfermés dans nos certitudes, nous ne sommes plus capables de voir Dieu sur notre chemin. 

Même un prophète est moins clairvoyant qu'un âne quand il s'enferme dans son obstination. L'exemple tragi-comique de Balaam doit nous inviter à l'humilité. Méfions-nous de nos certitudes.

Ici, je fais une différence entre les convictions et les certitudes. C'est important de se forger des convictions solides, d'affermir sa foi, d'approfondir sa connaissance de Dieu. On peut s'appuyer sur ses convictions, on peut les partager, on peut même les défendre. Mais gardons nous de faire de nos convictions des certitudes. Par certitude, je veux dire des vérités absolues, définitives, qu'on ne discute pas. On pourrait dire qu'une certitude a le cou raide... alors qu'une conviction est prête à se laisser encore modeler. Les fanatiques ont des certitudes. Les croyants ont des convictions.

Nos certitudes nous rendent aveugles, elles nous empêchent de voir le Seigneur sur notre chemin. Nos convictions nous gardent les yeux ouverts, elles s'affermissent dans la rencontre avec Dieu.


Epilogue


L'histoire de Balaam ne s'arrête pas là. Il semble bien avoir retenu la leçon parce que les deux chapitres suivants nous racontent comment, par trois fois, le prophète prononcera des bénédictions pour le peuple d'Israël au lieu des malédictions qui lui étaient demandées. Il rappellera au passage les promesses de Dieu envers son peuple, concernant son alliance et la terre qui lui est promise. Si bien que le roi de Moab finira par lui dire : "OK, tu ne peux pas les maudire, mais au moins arrête de les bénir !"

Ce récit étonnant de Balaam a toute son importance dans le récit du livre des Nombres. En marche vers la terre promise, au milieu de peuples pas toujours bienveillants à leur égard, le peuple d'Israël peut être rassuré : Dieu restera toujours fidèle à son alliance et à ses promesses.

N'est-ce pas là aussi une belle leçon pour nous ? Car si nous devons nous méfier de nos certitudes, il y a bien une assurance sur laquelle nous appuyer : Dieu est toujours fidèle à ses promesses, quels que soient les obstacles, quels que soient les adversaires qui nous mettent des bâtons dans les roues... et quelle que soit notre propre obstination !


dimanche 25 mars 2018

La vie de disciple n'est pas un long fleuve tranquille...

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Matthieu 7.13-29
13« Entrez par la porte étroite. En effet, la porte qui ouvre sur la mort est large, et le chemin pour y aller est facile. Beaucoup de gens passent par là. 14Mais la porte qui ouvre sur la vie est étroite, et le chemin pour y aller est difficile. Ceux qui le trouvent ne sont pas nombreux. »
15« Faites attention aux faux prophètes ! Ils viennent à vous, habillés avec des peaux de moutons. Mais au-dedans, ce sont des loups féroces. 16Vous les reconnaîtrez en voyant ce qu'ils font. On ne cueille pas du raisin sur des cactus ! On ne cueille pas des figues sur des plantes piquantes ! 17Oui, un bon arbre produit de bons fruits, un arbre malade produit de mauvais fruits. 18Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, et un arbre malade ne peut pas produire de bons fruits. 19Quand un arbre ne produit pas de bons fruits, on le coupe et on le jette dans le feu. 20Donc, vous reconnaîtrez les faux prophètes en voyant ce qu'ils font. »
21« Pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur ! ” Il faut aussi faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. 22Quand je viendrai pour juger les gens, beaucoup me diront : “Seigneur, Seigneur, c'est en ton nom que nous avons parlé, c'est en ton nom que nous avons chassé les esprits mauvais ! C'est en ton nom que nous avons fait de nombreux miracles ! ” 23Alors je leur dirai : “Je ne vous ai jamais connus. Allez-vous-en loin de moi, vous qui faites le mal ! ”  »
24« Celui qui écoute toutes ces paroles et m'obéit, celui-là ressemble à un sage. Le sage construit sa maison sur de la pierre. 25La pluie tombe, les rivières débordent, les vents soufflent et se jettent contre la maison. La maison ne tombe pas, parce qu'on a posé ses fondations sur de la pierre. 26Mais celui qui écoute mes paroles et ne fait pas ce que je dis, celui-là ressemble à quelqu'un de stupide. Celui qui est stupide construit sa maison sur le sable. 27La pluie tombe, les rivières débordent, les vents soufflent et frappent la maison. La maison tombe et elle est complètement détruite. »
28Quand Jésus a fini de dire toutes ces paroles, les foules sont très étonnées par sa façon d'enseigner. 29En effet, il ne fait pas comme les maîtres de la loi, mais il enseigne avec l'autorité que Dieu lui donne.


Jusqu'ici, on s'est bien rendu compte que les enseignements de Jésus rassemblés dans le Sermon sur la Montagne sont percutants, voire dérangeants, pour le moins exigeants. Mais là, ça se termine en feux d'artifice !

Au cas où on le croirait encore, la vie de disciples du Christ n'est pas une sinécure ! D'ailleurs, dans son enseignement, Jésus n'a jamais dit que la vie du chrétien serait facile, toujours agréable, sans embûche, sans épreuve, comme sur des roulettes ! Non, la vie de disciple de Jésus-Christ n'est pas un long fleuve tranquille... mais elle vaut vraiment la peine d'être vécue !


Emprunter le chemin étroit

Avec la double métaphore de la porte étroite et du chemin étroit, Jésus avertit que choisir de le suivre, ce n'est pas choisir le chemin de la facilité. Il ne suffit pas de suivre le mouvement, il faut emprunter le bon chemin. Or le chemin que Jésus nous propose est étroit et peu de gens l'empruntent. Autrement dit, si nous choisissons de suivre le Christ, ça va être difficile et nous serons minoritaires ! On ne pourra pas dire que Jésus ne nous a pas prévenu...

L'attrait du chemin large, c'est celui de la facilité. Non seulement parce qu'il est large mais aussi parce que c'est celui que la majorité emprunte. Et c'est toujours bien plus facile de suivre la foule que de se démarquer des autres. D'autant que la porte étroite dont parle Jésus, il faut la chercher pour l'emprunter. En effet, si Jésus exhorte à entrer par la porte étroite, il précise que « ceux qui la trouvent ne sont pas nombreux. »

Autrement dit, le chemin naturel, que tout le monde emprunte, c'est celui qui mène à la mort... Et il faut une vraie décision, ferme et assurée, pour chercher un autre chemin et trouver la porte qui y conduit. C'est ce que l'Evangile appelle la repentance, le changement radical de la foi, la décision de changer de chemin et de suivre le Christ.

Est-ce que vous voulez simplement faire comme tout le monde ? Ou êtes-vous prêts à vous démarquer et choisir le chemin qu'ouvre le Christ ? Même si c'est un chemin étroit, inconfortable, qui peut vous mettre en décalage par rapport aux autres... Je pense que c'est une question que nous avons toujours à nous poser, parce que l'attrait du chemin large demeure tout au long de notre vie.


Discerner les loups déguisés en agneaux

Le deuxième enseignement porte sur les faux prophètes, avec une mise en garde : faites attention car les apparences sont trompeuses : des loups féroces sont déguisés en agneaux innocents !

Il y a toujours eu, et il y a encore, des enseignants plus ou moins gourous et malveillants qui ont l'apparence de la sagesse et de l'humilité et cachent une soif de pouvoir. Ils utilisent les faiblesses, la crédulité des gens pour les manipuler, en usant d'un langage spirituel, parfois teinté de couleur chrétienne, saupoudré de paroles bibliques.

Comment les démasquer ? Ici, c'est la métaphore de l'arbre et de ses fruits que Jésus utilise : on reconnaît l'arbre à ses fruits ! Autrement dit, il ne faut pas en rester aux apparences, aux premières impressions mais examiner les choses avec sérieux, avec recul (il faut du temps pour que les fruits mûrissent)...

En fait, il s'agit de ne pas gober tout cru ce qu'on nous donne à entendre. Quand je vois tout ce qui circule sur les réseaux sociaux, ce que les gens partagent sans prendre de recul, sans aucun esprit critique... je suis atterré. Et c'est tout aussi valable pour les chrétiens que pour les autres. La mise en garde de Jésus résonne vraiment d'une manière particulière à l'heure d'Internet. Facebook, Youtube, ils sont souvent là les faux prophètes aujourd'hui !

Mais la vigilance doit être de mise en toutes circonstances. Y compris le dimanche matin à l'église ! Il ne s'agit pas de faire la chasse aux sorcière ! Mais de faire preuve de discernement...


Faire la volonté de Dieu

Le troisième enseignement de Jésus ici est peut-être le plus perturbant ! Il s'agit de faire la volonté de Dieu. Au début, on comprend bien : « Pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur ! ” Il faut aussi faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » OK, c'est normal : les belles paroles ne suffisent pas, il faut qu'elles se traduisent en actes.

Sauf que lorsqu'on lit la suite, ça se complique. Il y est quand même question de parler au nom de Jésus, de chasser des esprits mauvais en son nom et de faire des miracles en son nom. Ce ne sont pas que des paroles... Et Jésus leur dira : « Je ne vous ai jamais connus. Allez-vous-en loin de moi, vous qui faites le mal ! »

Cela signifie qu'on peut parler au nom de Jésus, chasser des esprits mauvais et accomplir des miracles en son nom... et ne pas faire la volonté de Dieu. On parlait d'apparences trompeuses avec les loups déguisés en agneaux, ici c'est encore plus flagrant ! Parce qu'ici, les fruits eux-mêmes sont trompeurs !

Les paroles spirituelles, les actes de puissance et les miracles ne sont pas suffisants, en eux-mêmes, pour attester de la fidélité à la volonté de Dieu. Parfois, la volonté de Dieu est dans le silence, parfois elle est dans l'épreuve et la faiblesse...


Bâtir sa maison sur le roc

Le Sermon sur la Montagne se termine avec une parabole. Elle évoque deux maisons, l'une construite par un fou, sur du sable. L'autre construite par un homme sage, sur le roc. Lorsque vient la tempête, la première maison s'écroule alors que l'autre reste debout. Or, qui est le sage de la parabole ? C'est celui qui écoute les paroles du Christ et les met en pratique. Et qui est le fou ? C'est celui qui écoute aussi les mêmes paroles mais ne les met pas en pratique.

Autrement dit, il ne suffit pas d'écouter (et donc, de connaître la parole de Dieu), il faut la mettre en pratique. Sinon, l'écoute et la connaissance ne servent à rien. Et la maison s'écroule...

Ce n'est pas un hasard si le Sermon sur la Montagne se termine avec cette parabole. Elle souligne finalement que ce qui est vraiment important, ce n'est pas seulement l'écoute ou la connaissance mais la mise en pratique. On peut trouver les discours de Jésus magnifiques ou interpellant, on peut connaître le message de l'Evangile, savoir par cœur des dizaines de versets bibliques... si on ne met pas en pratique ces paroles, si on ne laisse pas le Seigneur nous changer en profondeur à travers elle, ça ne sert à rien !

Cette dernière parabole nous le demande : ce que vous avez lu ou entendu des paroles de Jésus, comment changent-elles votre vie ? Car sinon, vous êtes en train de construire votre maison sur du sable...

Mais aussi saisir les promesses

On pourrait être un peu KO après ces quatre enseignements musclés, surtout quand on les enchaîne ! Mais si ces paroles nous secouent et nous interpellent, elles peuvent aussi nous encourager. Parce qu'elles contiennent aussi de belles promesses !

Tout d'abord, même si la porte et le chemin sont étroits, ils conduisent bien à la vie. Et au-delà du chemin, c'est bien la destination du chemin qui compte ! On ne choisit pas la difficulté parce qu'on aime la difficulté mais parce qu'on suit le Christ qui nous conduit jusqu'à Dieu. Et ce chemin existe, il nous est accessible !

Ensuite, même s'il le dit juste en passant, Jésus dit bien qu'il y a des bons arbres et qu'ils portent de bons fruits. Être un bon arbre, dans cette métaphore, c'est être attaché au Christ et recevoir notre vie de lui. Et dans ce cas, nous porterons du bon fruit.

Pour la troisième parole, c'est peut-être moins évident d'y trouver un côté positif. Mais elle sous-entend quand même qu'il est bien possible de faire la volonté de Dieu ! Mieux : il n'est pas forcément besoin d'accomplir des choses extraordinaires (comme les miracles évoqués par ceux que Jésus rejette) pour accomplir cette volonté ! Elle nous est finalement accessible, si nous restons attachés au Christ.

Enfin, n'oublions pas que la parabole des deux maisons promet également à ceux qui construisent leur maison sur le roc, en mettant en pratique les paroles du Seigneur, qu'ils tiendront debout face aux tempêtes !


Conclusion

La vie de disciples du Christ n'est pas un long fleuve tranquille... c'est un fleuve impétueux, qui emprunte parfois d'étroits canyons et connaît même des chutes. Mais c'est bien le fleuve qui conduit à l'océan du Royaume de Dieu. Alors ça vaut vraiment la peine !