dimanche 25 septembre 2022

Espérer !

 

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Aujourd’hui nous commençons la campagne de rentrée proposée par notre Union d’Eglises, sur le thème : « Une espérance qui nous transforme », un thème qui nous accompagnera pendant 4 semaines. 

Avec la foi et l’amour, l’espérance fait partie des trois « choses qui demeurent » selon l’apôtre Paul (1 Corinthiens 13.13). Et même si la plus importante, c’est l’amour, toujours selon Paul, l’espérance est bel et bien un des fondamentaux de la foi chrétienne. 

Et dans les temps troublés et anxiogènes que nous traversons, elle revêt une importance particulière ! Nous avons besoin d’espérance ! Notre monde a besoin d’espérance ! Et c’est avec Abraham que nous allons commencer à en parler. 

Hébreux 11.8-19

8 Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l'appela : il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il partit sans savoir où il allait. 9 Par la foi, il vécut comme un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous la tente, ainsi qu'Isaac et Jacob, qui devinrent tous deux héritiers de la même promesse de Dieu. 10 Car Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur.

11 Par la foi, Sara elle-même, bien que stérile, fut rendue capable d'avoir une descendance, alors qu'elle avait passé l'âge d'être enceinte. En effet elle eut la certitude que Dieu serait fidèle à sa promesse. 12 C'est ainsi qu'à partir d'un seul homme, Abraham, pourtant déjà en âge de mourir, sont nés des descendants nombreux comme les étoiles dans les cieux, innombrables comme les grains de sable au bord de la mer.

13 C'est dans la foi que tous ces gens sont morts. Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu'ils étaient des étrangers et des gens de passage sur la terre. 14 En reconnaissant cela, ils montrent ainsi clairement qu'ils recherchent un pays qui serait le leur. 15 S'ils avaient pensé avec regret à celui qu'ils avaient quitté, ils auraient eu l'occasion d'y retourner. 16 En réalité, ils désiraient un pays meilleur que celui-ci et qui se trouverait dans les cieux. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu ; en effet, il leur a préparé une cité.

17 Par la foi, Abraham offrit Isaac en sacrifice, lorsque Dieu le mit à l'épreuve. Il se montra prêt à offrir son fils unique, alors qu'il avait reçu une promesse ; 18 Dieu lui avait dit :

« C'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis. »

19 Mais Abraham estima que Dieu était capable de ressusciter Isaac d'entre les morts ; c'est pourquoi Dieu lui rendit son fils, et ce fait a une valeur symbolique.


Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux est le grand chapitre sur la foi. Abraham y occupe une place de choix : c’est le personnage qui occupe le plus de versets. On y mentionne en particulier deux épisodes de sa vie où sa foi s’est manifestée de manière remarquable : l’appel qu’il a reçu de Dieu à quitter son pays et la demande insensée, à la fin de sa vie, de sacrifier son fils. 

Lorsqu’Abraham a répondu, par la foi, à l’appel du Seigneur, il s’est élancé vers l’inconnu. Dieu ne lui a pas dit : « Quitte ton pays et va dans le pays de Canaan », en lui donnant les coordonnées GPS ! Comme le rappelle notre texte, « Il partit sans savoir où il allait. » Et puis il foulera bien le sol de ce pays que Dieu a promis de lui donner en possession mais il ne verra pas lui-même l’accomplissement de la promesse. Ce seront ses descendants, des siècles plus tard, qui prendront possession du pays promis.

Et puis à la fin de sa vie, après toutes les difficultés rencontrées, après une naissance promise qui s’est fait attendre et qui s’est produite alors qu’on ne l’espérait plus, Dieu lui demande l’impensable : offrir son fils en sacrifice. C’est incompréhensible, car cela met en péril la promesse faite par Dieu lui-même. Mais Abraham obéit. Pourquoi ? Parce qu’il « estima que Dieu était capable de ressusciter Isaac d'entre les morts ». Au soir de sa vie, après tout ce qu’il avait vécu, sa confiance en Dieu était totale !

Quel homme de foi incroyable ! Un exemple pour tous… Cela dit, les versets 8-19 que nous avons lus ne parlent pas seulement d’Abraham. Ils parlent aussi de Sara, son épouse (v.11), à propos de la naissance d’Isaac. Et ils élargissent le propos aux croyants de l’ancien temps en général (v.13-16) : « C'est dans la foi que tous ces gens sont morts. » Ils sont rattachés au personnage d’Abraham car il est traditionnellement appelé le père des croyants. Comme lui, ils sont morts sans voir s’accomplir toutes les promesses de Dieu mais ils les ont saluées de loin (v.13-16). 

J’aime beaucoup cette formule : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. » Voilà exactement ce qu’est l’espérance : voir et saluer de loin l’accomplissement des promesses de Dieu. C’est une espérance qui nous permet d’avancer malgré les épreuves et les difficultés, une espérance qui nous garde debout malgré les frustrations et les déceptions, une espérance qui est le pendant indissociable de la foi, à l’image de l’exemple d’Abraham. 

Je vous propose donc de nous arrêter ce matin sur cette formule et de voir ce qu’elle dit de notre espérance. 


Espérer : surmonter les inachèvements

Ce qui est intéressant, et qui peut surprendre, dans cette formule, c’est qu’en parlant de foi et d’espérance, le texte commence par une affirmation négative : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises… »

On l’a vu avec Abraham : il n’est pas entré en possession du pays promis. C’est vrai aussi d’Isaac et de Jacob. C’est un point commun de tous les croyants, de l’Ancien comme du Nouveau Testament : ils reçoivent de nombreuses promesses de Dieu mais savent qu’ils ne les verront sans doute pas toutes s’accomplir. Et ce n’est pas un problème. Elles s’accompliront un jour. 

Notre vie ici-bas, même notre vie chrétienne, est faite aussi d’inachèvements. Il ne faut pas se mentir : nous ne vivons pas tout au long de notre vie chrétienne dans un sentiment béat de plénitude absolue ! Il y a des hauts et des bas… La vie chrétienne est faite aussi de frustrations, d’insatisfaction, de luttes et de conflits intérieurs. L’apôtre Paul en parle de façon poignante en Romain 7 : « Je ne comprends pas ce que je fais : car je ne fais pas ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je déteste ! » (Rm 7.16)

L’espérance chrétienne, ce n’est pas penser que tout nous est donné ici-bas : succès, prospérité, guérison… Il ne faut pas prêter à Dieu des promesses qu’il n’a pas faites et qui résultent d’une mauvaise compréhension de la Bonne Nouvelle. 

L’espérance chrétienne permet de surmonter ces frustrations et ces inachèvements, de les accepter en sachant qu’un jour toutes les promesses s’accompliront. Et elle permet aussi de recevoir les bénédictions de Dieu comme des grâces et des avant-goûts de ce qui nous attend. 


Espérer : se nourrir des promesses de Dieu

Ce n’est pas parce que les croyants n’ont pas vu toutes les promesses de Dieu s’accomplir que les promesses disparaissent. Les promesses de Dieu demeurent, et elles s’accompliront toutes un jour, au plus tard lors de l’achèvement de son projet. Espérer c’est se nourrir de ces promesses. 

Pour Abraham, Isaac et Jacob, les choses promises sont le peuple issu de leur descendance et prenant possession du pays de Canaan. Ils n’ont pas vu tout cela, mais Dieu l’a promis et il a renouvelé plusieurs fois ses promesses. En réalité, dès le début, ils savaient qu’ils ne verraient pas l’accomplissement des promesses de Dieu : ils savaient qu’ils mourraient avant de voir un peuple naître de leur descendance. Mais ils ont vécu des accomplissements partiels de ces promesses, ou des étapes décisives. A commencer, pour Abraham, par la naissance d’Isaac, alors que tout espoir semblait impossible. 

Quelles sont les promesses de Dieu pour nous ? La vie éternelle, la résurrection finale au jour du retour de Jésus-Christ, une Création totalement renouvelée et libérée de l’empreinte du mal. Verrons-nous l’accomplissement de ces promesses ? Nul ne le sait… Depuis 2000 ans, les chrétiens espèrent en ces promesses et sont morts sans les avoir vues s’accomplir. Sauf celle de la vie éternelle, qui est l’assurance que même la mort ne peut nous séparer de la présence de Dieu. 

Ces promesses, il est important de les connaître et de se les remémorer. C’est ce qui nourrit notre espérance. Sans elles, notre espérance dépérit mais avec elles, notre espérance est nourrie, elle s’affermit et alimente notre vie de foi, en particulier lorsque nous faisons face aux épreuves et à l’adversité. L’espérance chrétienne a faim des promesses de Dieu. Ressentez-vous cette faim aujourd’hui ? 


Espérer : voir et saluer de loin l’accomplissement des promesses

Et c’est là que nous en venons à la fameuse formule de l’épître aux Hébreux : « Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. » Comment comprendre les deux verbes utilisés ici : voir et saluer ?

On peut penser d’abord au premier verset de ce même chapitre 11 de l’épître aux Hébreux : « Mettre sa foi en Dieu, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas… » (Hébreux 11.1)

Autrement dit, croire, c’est une autre façon de voir ! Et cela nous permet de voir ce qui est invisible, ce qu’on ne peut voir que par la foi, comme la présence de Dieu auprès de nous. 

Saluer, c’est faire un signe de loin. Comme, par exemple, lorsque vous arrivez au terme d’un long voyage en bateau et que vous voyez sur le quai votre famille ou vos amis qui vous attendent. Vous leur faites un signe de la main, vous les saluez de loin. Vous savez qu’il vous faudra encore du temps pour que le bateau arrive à quai, qu’il s’amarre et que vous puissiez en descendre. Vous n’êtes pas encore avec eux mais c’est tout comme ! Vous anticipez la joie des retrouvailles et des embrassades. 

C’est un peu la même chose pour notre espérance. Elle est une anticipation de la joie des promesses accomplies, de l’aboutissement de notre voyage ici-bas et l’arrivée au quai de l’éternité, dans le port de la Nouvelle Création. 

La foi et l’espérance nous permettent de voir au-delà des incertitudes et des inquiétudes d’aujourd’hui, au-delà des nuages sombres qui semblent s’amonceler à l’horizon ou des tempêtes qui bousculent notre vie. Elles permettent de voir et de saluer de loin l’accomplissement des promesses de Dieu, elles permettent d’en goûter déjà quelques avant-goûts par la foi et l’expérience de la présence de Dieu dans notre vie. Et ça change tout ! L’espérance est un guide, une boussole dans notre vie. 


Conclusion

« Ils n'ont pas reçu les choses que Dieu avait promises, mais ils les ont vues et saluées de loin. »

L’espérance n’est pas un déni de la réalité, elle n’est pas une fuite en avant utopique, elle n’idéalise pas la vie, même la vie chrétienne, surtout la vie chrétienne ! Elle ne nous ôte pas les déceptions, les insatisfactions et les frustrations ici-bas… mais elle nous permet de les surmonter en voyant plus loin. 

Car Dieu nous a fait des promesses qui nous donnent un horizon nouveau, qui permettent de voir au-delà des impasses et des murs qui semblent se dresser devant nous. Par la foi, on peut même saluer de loin l’accomplissement de ces promesses. Et Dieu nous fait la grâce, dès aujourd’hui, d’avoir quelques avant-goûts de cet accomplissement : sa présence en nous par son Esprit, la joie d’être sauvé, la communion avec les frères et sœurs qui partagent notre foi, l’amour qui peut être donné et reçu… 

Espérer, c’est vivre ! Car alors la vie vaut la peine d’être vécue. Est-ce encore le cas sans espérance ? L’espérance que nous trouvons dans le Christ vivant donne à notre vie un sens, un but, un horizon qui ouvre sur l’éternité !

 

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