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dimanche 3 juillet 2016

Avoir Dieu pour mère

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Esaïe 66.10-14a
10Vous qui aimez Jérusalem,
réjouissez-vous avec elle,
débordez de joie à cause d'elle.
Vous qui étiez en deuil à cause de ses malheurs,
soyez fous de joie avec elle !
11Alors elle vous rendra courage.
Vous serez rassasiés
comme des bébés qui tètent avec joie
le sein rempli de lait de leur mère.
12En effet, voici ce que le SEIGNEUR dit :
« Je vais faire couler vers Jérusalem
le bonheur comme un fleuve,
et les richesses des peuples comme un torrent qui déborde.
Je prendrai soin de vous
comme une mère le fait
pour le bébé qu'elle allaite.
Elle le porte sur son dos
et le caresse sur ses genoux.
13Oui, comme une mère console son enfant,
moi aussi, je vous consolerai.
À Jérusalem, vous serez consolés.
14Quand vous vivrez cela,
votre cœur sera dans la joie,
et votre corps reprendra vie
comme l'herbe après la pluie. »


Dans sa deuxième et sa troisième partie, le livre d'Esaïe s'adresse aux Juifs exilés à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Il s'adresse à un peuple découragé, loin de son pays, en attente d'espérance. Or, au cœur de ces chapitres, il est question de consolation. Car Dieu a un projet de retour pour son peuple.

Juste avant notre texte, le prophète utilise l'image de l'enfantement pour parler de ce retour. Un miracle, sujet de joie immense. Et au cœur de notre texte, l'image se prolonge avec celle d'un bébé heureux, dans les bras de sa mère, rassasié de son lait.

Pourquoi ne pourrions-nous pas nous approprier cette image ? Car elle nous parle de Dieu et de ceux qu'il aime, de la relation qu'il veut avoir avec eux. Et on peut considérer la relation de Dieu avec le peuple d'Israël, dans l'Ancien Testament, comme un prototype de la relation qu'il veut entretenir avec les humains en général.

Et de cette image, nous pouvons déduire deux affirmations qui, il faut l'avouer, peuvent paraître surprenantes au premier abord :

  • Nous sommes des nourrissons qui avons besoin d'être consolés
  • Dieu est une mère qui console et nourrit



Nous sommes des nourrissons qui avons besoin d'être consolés

De simples nourrissons

L'image du nourrisson n'est peut-être pas, au premier abord, très valorisante. Un nourrisson, c'est mignon... mais c'est fragile, faible, vulnérable. Ca n'a aucune autonomie et une capacité de communication limitée.

Un nourrisson ne s'exprime pratiquement que par les pleurs. Quand il a faim, il pleure. Quand il a mal, il pleure. Quand il a peur, il pleure. Difficile d'avoir une conversation élaborée dans ces conditions ! Et pourtant, sa mère reconnaît ses pleurs. Ils ne sont pas les mêmes quand il a mal ou quand il a faim. Quand une mère entend son bébé pleurer, elle sait ce dont il a besoin.

Nous sommes bien des nourrissons devant Dieu, avec notre langage limité pour lui parler. Mais Dieu comprend nos murmures, nos cris et nos prières maladroites, comme une mère comprend les pleurs de son enfant.

Car les promesses de Dieu dans le prophète Esaïe sont aussi les réponses de Dieu aux prières de ceux qui criaient à lui dans le contexte de l'exil. Dieu les a consolé...

Le salut comme consolation

Le salut est une consolation. On associe, avec raison, d'autres notions au salut dans la Bible. Le pardon, la réconciliation, la régénération, la justification.... Ici, c'est la consolation. C'est une notion centrale chez Esaïe. La 2e partie du livre s'ouvre par cet appel : « Consolez, consolez mon peuple ! » (Es 40.1). Et la thématique de la consolation se répète de nombreuses fois dans les deuxièmes et troisièmes parties du livre. On retrouve aussi cette thématique chez d'autres prophètes, notamment Jérémie.

L'idée de consolation est liée alors au retour de l'exil. L'exil est certes l'éloignement du pays mais, spirituellement, c'est aussi et surtout l'éloignement de Dieu. Et dans le message des prophètes, le retour de l'exil est lié au retour à Dieu. La consolation est certes celle du retour au pays mais aussi celle du retour à Dieu. Comme le nourrisson qui retrouve les bras de sa mère.

Dans le Nouveau Testament, on retrouve cette idée de consolation associée au salut. Le vieux Syméon à Jérusalem, qui attendait la venue du Messie, nous est ainsi décrit par Luc : « Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui. » (Lc 2.25) Et, prenant Jésus dans ses bras, il peut dire : « Maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur mourir dans la paix, comme tu l'as dit. Oui, mes yeux ont vu le salut que tu nous donnes. » (Lc 2.29-30)

Nous sommes des nourrissons qui avons besoin d'être consolés. On a besoin d'être consolé quand on est triste, quand on souffre. Nous l'avons tous vécu. Mais nous avons besoin aussi d'une consolation spirituelle. Celle qui vient du salut de Dieu, de son pardon et sa grâce. Celle qui répond à la tristesse de l'éloignement de Dieu, la souffrance existentielle de la séparation avec Dieu. C'est une souffrance qu'on occulte parfois... mais qui est bien réelle. Parce que nous sommes créés par et pour Dieu, nous sommes faits pour être en relation avec notre Créateur.


Dieu est une mère qui console et nourrit

Pour illustrer cette consolation offerte par Dieu, c'est donc l'image de la mère qui est utilisée. Ce n'est pas la première fois que la Bible, à commencer par Esaïe, décrit Dieu avec des caractéristiques féminines. Et ça ne devrait pas nous étonner...

Car Dieu n'a pas de genre ! Même si Jésus nous invite à appeler Dieu « notre Père », ce dernier n'a rien à voir avec un vieillard à la barbe blanche ! Masculin et féminin sont des catégories valides pour les humains, pas pour Dieu !

Pour parler de Dieu, on en est réduit à utiliser notre langage, nos catégories. Nos mots, nos concepts, notre théologie, sont trop limités pour décrire Dieu. Nous ne sommes que des nourrissons... La perfection divine nous reste inaccessible, incompréhensible. Tout ce que nous disons de Dieu n'est que partiel. Nous ne pouvons l'enfermer dans les cases de nos mots, de nos concepts.

Mais il se révèle à nous avec le langage que nous comprenons. Comme les adultes communiquent avec les tout petits bébés par des mots et des sons adaptés. Dieu utilise notre langage pour se révéler. Il se met à notre hauteur. C'est le mouvement qui traverse toute la révélation biblique, jusqu'à son aboutissement dans l'incarnation, le Fils de Dieu devenu homme.

Avec notre langage humain, nous pouvons donc connaître ce que Dieu révèle de lui-même. Or, dans la Genèse, quand Dieu crée l'humain à son image, il les crée homme et femme. L'homme et la femme, le masculin et le féminin sont donc des métaphores également valides pour parler de Dieu ! Il est tout aussi légitime de parler de Dieu comme un père que comme une mère. Nous n'avons pas besoin de chercher une autre figure féminine à élever au rang de Dieu... Dieu, notre Père, est aussi notre mère.

Dieu : une mère qui console

« Comme une mère console son enfant, moi aussi, je vous consolerai. » (v.13). Cette promesse exprime le soin personnel, intime, de Dieu pour ses enfants. C'est une image d'une tendresse incroyable pour un Dieu aussi proche de nous qu'une mère l'est pour son enfant !

Ce Dieu si proche, c'est celui qui vient habiter en nous, par son Esprit. Notez d'ailleurs que le mot hébreux pour « esprit » (rouah) est féminin... Et que dans l’Évangile selon Jean, le Saint-Esprit est appelé le consolateur !

Dieu : une mère qui nourrit

« Vous serez rassasiés comme des bébés qui tètent avec joie le sein rempli de lait de leur mère. » (v.11). Là aussi, l'image est incroyable de tendresse et d'intimité. Dieu est une mère qui nourrit. Et la nourriture que Dieu donne, c'est le lait maternel. Il donne de lui-même. Il se donne. Comme Dieu se donnera lui-même dans la personne de son Fils. Comme Dieu lui-même nous remplit de sa présence, par son Esprit.

Vous avez déjà vu le visage d'un nourrisson dans les bras de sa mère après avoir bu son lait ? C'est l'image même du bonheur, de la béatitude. La plénitude ! Ce Dieu qui se donne lui-même pour nous ne peut que nous offrir la plénitude. Une plénitude de joie, d'espérance, d'amour.


Conclusion

Ce texte, plein d'espoir pour le peuple de Juda exilé à Babylone, est aussi porteur de promesse pour nous. Car il nous décrit un Dieu tendre et proche, une mère qui prend soin des nourrissons que nous sommes.

Laissons-nous donc prendre dans les bras de Dieu, laissons-nous consoler par lui, laissons-nous nourrir par lui. Abandonnons-nous à sa tendresse et recevons la plénitude de sa joie, celle de se savoir aimé par le Créateur de l'Univers.

Ecoutons-le nous dire :

« Je prendrai soin de vous
comme une mère le fait
pour le bébé qu'elle allaite.
Elle le porte sur son dos
et le caresse sur ses genoux.
Oui, comme une mère console son enfant,
moi aussi, je vous consolerai.
(...)
Quand vous vivrez cela,
votre cœur sera dans la joie,
et votre corps reprendra vie
comme l'herbe après la pluie. »

dimanche 2 mars 2014

Un Dieu tendre et fidèle... comme un mère

Lecture biblique : Esaïe 49.14-16

Nous sommes dans le contexte de l'exil à Babylone. Le peuple de Juda est loin de son pays, déporté loin du pays de la promesse. Il y a forcément chez eux un sentiment d'abandon, de désespoir : Dieu a jugé son peuple, il l'a abandonné.

Mais Dieu répond par le biais de son prophète et veut rassurer son peuple. Non, il ne l'a ni oublié ni abandonné. Et pour l'exprimer, il utilise un langage imagé très fort... et surprenant. Il compare Dieu à une mère allaitant son bébé, une mère qui ne peut oublier son enfant. « Même si elle l'oubliait, moi je ne t'oublierai jamais. »


Dieu est aussi notre mère !

Arrêtons-nous sur cette métaphore étonnante de Dieu sous la forme d'une mère. Quand on y pense, c'est surprenant... pour un Dieu qu'on a l'habitude d'appeler Père !

L'image traditionnelle de Dieu, ce serait plutôt celle d'un vieillard à la barbe blanche... Toute caricaturale qu'elle soit, elle peut véhiculer l'idée de sagesse et d'éternité. Mais à en croire Esaïe, l'image d'une mère allaitant son bébé est tout aussi pertinente pour évoquer Dieu.

Ca me fait penser au roman, bestseller paru il y a quelques années, de Paul Young : « La Cabane ». Dans ce livre, un homme rencontre Dieu dans une cabane, ou plutôt la Trinité, sous une forme corporelle inhabituelle : le Père est une femme afro-américaine, le Fils un homme du Moyen-Orient et le Saint-Esprit une petite femme asiatique. C'est un roman, pas un ouvrage théologique... Et même si ce n'est pas un chef d'oeuvre de la littérature, j'ai bien aimé ce livre qui apporte une lumière originale sur la question de la Trinité. N'en déplaise à tous ceux qui ont tiré à boulets rouges sur son auteur, accusé d'hérésie !

En tout cas, il y a quand même quelques textes dans la Bible, dont celui d'Esaïe, qui troublent l'image traditionnelle, et paternaliste, de Dieu. Et c'est tant mieux ! Dieu n'est pas, à proprement parlé, masculin ou féminin. Ou alors, d'une certaine façon, il est les deux. N'oublions pas que dans la Genèse, c'est en tant qu'homme et femme que l'être humain a été créé à l'image de Dieu...

Dieu est toujours plus grand, plus complexe que ce que nous pouvons en dire. Tout ce que nous pouvons savoir sur Dieu est forcément partiel. Comment pourrait-il en être autrement d'un être infini ? Permettez-moi de vous le dire : vous ne savez rien ! Vous n'avez rien compris... ou si peu ! Mais c'est normal... moi aussi !

Laissons-nous donc simplement interpeller par cette métaphore de Dieu comme une mère. Elle souligne deux attributs de Dieu : la tendresse et la fidélité.


La tendresse de Dieu

« Est-ce qu'une femme oublie
le bébé qu'elle allaite ?
Est-ce qu'elle cesse de montrer sa tendresse
à l'enfant qu'elle
 a porté ? »

L'amour de Dieu est comparé à la tendresse d'une mère pour son enfant. Une image incroyablement intime. Et de fait, quand la Bible parle de manière imagée de l'amour de Dieu, elle prend des métaphores très intimes : l'amour d'un père ou d'une mère pour ses enfants ou l'amour d'un mari pour sa femme...

Notre compréhension de l'amour de Dieu ne doit pas se contenter de bons sentiments, pour le « bon Dieu » qui-aime-tout-le-monde-et-qui-pardonne-à-tout-le-monde. Dans l'histoire biblique, l'amour de Dieu s'est manifesté dans des actes concrets : la promesse d'une descendance à Abraham, la sortie d'Egypte des Hébreux, l'entrée dans le pays promis, le retour après l'exil et, bien-sûr, la venue du Fils de Dieu sur terre.

L'amour de Dieu pour nous est un amour vrai et authentique, qui ouvre sur une relation personnelle et intime avec lui. L'amour de Dieu est protéiforme. Ici, c'est son aspect tendre qui est souligné. Voilà qui donne l'image d'un Dieu réconfortant, consolateur, rassurant. L'image nous pousse à une intimité avec Dieu. A nous mettre dans la position du bébé qui allaite dans les bras de sa mère : le bonheur absolu pour un bébé !


La fidélité de Dieu

« Même si elle l'oubliait,
moi je ne t'oublierai jamais.
Vois, j'ai écrit ton nom
sur la paume de mes mains.
Je pense sans arrêt à tes mu
rs de défense. »

Dans des conditions normales, une mère n'abandonne pas son enfant, elle ne l'oublie jamais. Malheureusement, on sait que cela peut arriver... Alors Dieu va plus loin. Il envisage même cette possibilité pour dire que lui, ne le fera jamais. La fidélité de Dieu est sans faille.

Le peuple de Juda était pourtant en droit de se le demander. Rappelons qu'ils sont en exil, déportés du pays que Dieu leur avait promis. Bon, ils en étaient responsables, de par leur infidélité à Dieu. Et dans l'affirmation du verset 14, il n'y a pas forcément de reproche. Peut-être simplement un constat amer : « Le SEIGNEUR m'a abandonnée, mon maître m'a oubliée. » Sous-entendu : « on l'a bien mérité ! »

Mais Dieu n'est pas de cet avis. Il a encore des projets en réserve pour son peuple, parce que même s'ils sont infidèles, lui reste fidèle. Et à l'image du peuple d'Israël dans la Bible, nos vies sont faites aussi d'infidélités, d'oublis du Seigneur et de mauvais choix avec des conséquences parfois néfastes. Nous aussi nous pouvons nous dire parfois : « Le SEIGNEUR m'a abandonné, mon maître m'a oublié. » Et même ajouter : « je l'ai bien mérité ! »

Mais la promesse demeure : « Je ne t'oublierai jamais ». D'autant qu'elle a été renouvelée par Jésus : la parabole dite de l'enfant prodigue ne dit pas autre chose !

Si Dieu est fidèle, c'est parce qu'il nous aime. Comme le père de l'enfant prodigue, comme la mère qui s'occupe de son bébé. C'est parce qu'il s'est engagé par alliance avec nous. Le baptême est un signe que Jésus nous a laissé pour être signe de cette alliance. Un signe que nous posons au début de notre vie chrétienne, pour ne pas oublier. Pour se souvenir aussi que Dieu n'oubliera jamais. Témoin de notre engagement, il s'engage à nos côtés.


Conclusion

En guise de conclusion, je terminerai avec une exhortation :

Ne vous enfermez pas dans vos certitudes sur Dieu et laissez-vous surprendre par lui, à travers la Bible. Recherchez sa présence comme le bébé recherche la présence de sa mère, et vivez de sa tendresse et sa fidélité.