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Parmi les textes bibliques proposés dans la liste de lectures de ce dimanche, il y a une histoire que l’on trouve dans le livre de l’Exode. C’est un récit de bataille, au cours de laquelle Moïse a adopté une attitude plutôt surprenante…
Exode 17.8-13
8 Les Amalécites vinrent attaquer les Israélites à Refidim. 9 Moïse dit à Josué : « Choisis des hommes capables de nous défendre et combats les Amalécites. Demain je me tiendrai au sommet de la colline, avec le bâton de Dieu à la main. » 10 Josué partit combattre les Amalécites, comme Moïse le lui avait ordonné, tandis que Moïse, Aaron et Hour se postaient au sommet de la colline. 11 Tant que Moïse tenait un bras levé, les Israélites étaient les plus forts, mais quand il le laissait retomber, les Amalécites l'emportaient. 12 Lorsque les deux bras de Moïse furent lourds de fatigue, Aaron et Hour prirent une pierre et la placèrent près de Moïse. Moïse s'y assit. Aaron et Hour, chacun d'un côté, lui soutinrent les bras, qui restèrent ainsi fermement levés jusqu'au coucher du soleil. 13 Josué remporta une victoire complète sur l'armée amalécite.
Nous sommes peu de temps après la sortie d’Egypte. L’euphorie qui devait accompagner cet épisode extraordinaire pour les Hébreux est retombée : tout n’est pas aussi simple qu’ils l’auraient imaginé. Tout le monde est fatigué, des tensions naissent, des récriminations s’élèvent. Bref, le peuple est fragilisé, vulnérable. Et c’est ce moment que les Amalécites, un peuple autochtone, choisissent pour attaquer. Le livre du Deutéronome, qui parle aussi de notre épisode, le souligne :
Deutéronome 25.17-18
17 Souviens-toi de ce qu'Amalec t'a fait, lorsque vous étiez en route, après la sortie d'Égypte. 18 Ils n'avaient aucune crainte de Dieu, si bien qu'ils t'ont attendu le long du chemin, alors que tu étais complètement épuisé. Ils ont attaqué les retardataires à l'arrière.
Les Amalécites apparaissent dans l’histoire biblique comme l’un des ennemis les plus acharnés d’Israël. L’Ancien Testament relate de nombreux conflits entre les deux peuples. C’est ici le premier d’entre eux.
C’est en particulier l’attitude de Moïse qui va nous intéresser. Il envoie Josué se battre et lui se tient en arrière, sur les hauteurs, avec le “bâton de Dieu”. Quand il lève les bras avec ce bâton, les Israélites dominent la bataille, quand il baisse les bras, ce sont les Amalécites qui dominent.
Ce “bâton de Dieu” est le même que Moïse a brandi au-dessus de la mer qui s’est ouverte en deux pour laisser passer le peuple Hébreux qui sortait d’Egypte et était poursuivi par le Pharaon et son armée. L’épisode est récent, impossible de ne pas y penser ! Le message est clair : comme le Seigneur a délivré son peuple de l’armée du Pharaon, Moïse espère qu’il le délivrera de son ennemi Amalec.
Mais comme la bataille dure, Moïse se fatigue et a besoin de l’aide d’Aaron et Hour pour maintenir ses bras en l’air… jusqu’au coucher du soleil, jusqu’à la victoire complète d’Israël..
On peut aussi voir dans la posture de Moïse une attitude de prière. En effet, au temps biblique c’est en élevant les mains que l’on priait. On en trouve à plusieurs reprise l’expression dans les Psaumes par exemple. Ainsi, sur la colline, lorsque Moïse levait ses bras il implorait Dieu de leur donner la victoire. Lorsqu’il baissait les bras, il cessait de prier. Et grâce à l’aide d’Aaron et Hour, il a persévéré dans la prière jusqu’au coucher du soleil. Jusqu’à la victoire totale.
Qu’est-ce qu’un tel récit peut nous dire aujourd’hui ? Les Amalécites ont disparu… Mais pour nous, ils peuvent représenter sans doute plutôt nos ennemis, extérieurs ou intérieurs, qui profitent de nos situations de faiblesse, de vulnérabilité, pour nous attaquer et chercher à nous détruire. L’exemple de Moïse peut nous inspirer face à l’adversité.
Prendre des initiatives
Avez-vous noté que dans ce récit, Dieu ne parle pas ? Il ne dit pas à Moïse d’attaquer les Amalécites, il ne lui dit pas de monter sur la colline et de brandir son bâton. Visiblement, Moïse fait tout cela de sa propre initiative. Il ne le fait pas sur un coup de tête ! Il a appris de ses expériences passées et il n’attend pas que Dieu lui dicte tout le temps ce qu’il doit faire pour agir ! N’y a-t-il pas là une leçon pour nous ?
Face à l’adversité, Dieu attend que nous prenions des initiatives !
Il ne veut pas des robots qui obéissent aux commandes. Il veut des croyants responsables, adultes spirituellement, capables d’agir et de réagir avec sagesse et discernement.
Evidemment, en prenant des initiatives, on risque de se tromper. Parfois, on fera des mauvais choix… Mais c’est aussi comme ça qu’on apprend. Et Dieu veillera sur nous. Ne croyons-nous pas qu’il peut corriger nos erreurs ?
Il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi ! Moïse n’a pas fait n’importe quoi ! Sa réaction était réfléchie et sensée. Elle s’appuyait sur ce que Dieu avait promis et sur ce qu’il avait déjà accompli pour son peuple.
Bien-sûr que parfois on aura besoin d’aide, face à des décisions difficiles. Mais bien souvent, Dieu s’attend à ce ce que nous fassions preuve de logique, de discernement, d’initiative. C’est aussi très spirituel de prendre des initiatives, d’agir sans attendre toujours un ordre de mission ou un feu vert explicite de Dieu.
Saisir les promesses de Dieu
Parlons un peu maintenant de ce “bâton de Dieu”. On l’a dit, c’est le même que Moïse avait utilisé lors de la traversée de la mer. Cette fois-là, d’ailleurs, c’est Dieu qui lui avait dit de lever son bâton au-dessus de la mer.
Brandir le bâton de Dieu, c’est se souvenir des délivrances passées, de ce que Dieu a déjà accompli, et de ce qu’il a promis de faire. Voilà sans doute ce que nous sommes aussi appelés à faire face à l’adversité.
Face à l’adversité, nous sommes appelés à nous saisir des promesses de Dieu.
Pas plus que le bâton de Moïse n’avait de vertu magique, les promesses de Dieu ne sont pas des formules magiques par lesquelles nous remportons la victoire. Mais les promesses de Dieu, celles qui sont consignées dans la Bible, celles qui découlent de l’oeuvre accomplie par le Christ, mort et ressuscité, ces promesses sont précieuses face à l’adversité. Parce qu’elles nous rappellent que Dieu nous aime et qu’il ne nous abandonnera pas. Elles nous rappellent que la mort n’aura pas le dernier mot car Jésus-Christ l’a vaincue le dimanche de Pâques. Elles nous permettent de tenir ferme, de résister, d’endurer avec patience… parce que nous avons une espérance.
N’hésitons pas à “brandir le bâton de Dieu”, à nous remémorer les promesses de Dieu pour nous !
Demander de l’aide
L’autre aspect étonnant de ce récit de bataille, c’est l’aide d’Aaron et Hour à Moïse pour qu’il puisse garder ses bras levés jusqu’au coucher du soleil !
Si les bras levés de Moïse sont bien un signe de prière de sa part, alors on comprend qu’il a dû lutter aussi, dans la prière, avec persévérance. Et qu’il a eu besoin d’aide pour y arriver.
Face à l’adversité, nous avons besoin d’aide.
Car l’adversité ne cessera jamais... Que nous soyons croyant ou non, nous avons tous à lutter, tout au long de notre vie, contre des ennemis extérieurs ou intérieurs à nous-mêmes. Nous avons tous nos combats, nos fragilités qui nous rendent vulnérables et qui menacent, parfois, de nous faire tomber, de nous détruire. Chacun, pour sa part, sait quels sont ses combats…
La première aide dont nous avons besoin, c’est celle de Dieu. Dans l’adversité, prions ! Avec persévérance, comme Moïse gardait ses bras levés ! Prions pour demander l’aide de Dieu. Jésus lui-même nous y invite lorsqu’il intègre, dans le Notre Père, la prière qu’il enseigne à ses disciples : “Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal !”
Mais il arrive aussi que nous ayons besoin d’une aide supplémentaire. Il nous faut des Aaron et des Hour qui nous soutiennent, qui sont avec nous sur la colline, qui trouvent des pierres où nous pouvons nous asseoir, qui maintiennent nos bras levés dans la prière. Nous avons besoin de compagnons de route, qui se tiennent à nos côtés, qui prient pour nous et avec nous.
Et si nous ne trouvons pas cette aide dans l’Eglise alors où la trouverons-nous ?
Conclusion
L’adversité est notre lot commun… et nos adversaires peuvent autant nous être extérieurs qu’intérieurs. Mais ils sont bien là. La vie est un combat. Face à l’adversité, l’exemple de Moïse dans notre récit nous invite à prendre des initiatives, à saisir les promesses de Dieu, et à demander de l’aide.
Moïse et le peuple d’Israël ont été secourus par Dieu et ils ont vaincu les Amalécites, leurs ennemis. Alors à plus forte raison pouvons-nous espérer dans le secours du Christ, qui a vaincu même la mort, cet ennemi ultime. Il combat avec nous, il se tient sur la colline avec nous, il nous permet de rester debout, ou il nous relève si nous tombons.
Face à l’adversité, le Christ est en nous et avec nous. C’est notre plus grand espoir, en toutes circonstances.
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