dimanche 28 mai 2023

Le Saint-Esprit, libre comme l’air

 

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Le récit de Pentecôte est un épisode spectaculaire du Nouveau Testament qui a fasciné et intrigué les foules qui en ont été témoins. Mais l’ordinaire de l’action du Saint-Esprit est discret. Alors on pourrait presque l’oublier…

Dans le Judaïsme, Chavouot (Pentecôte) commémore le don de la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï. En envoyant son Esprit sur les disciples réunis le jour de Pentecôte, le Seigneur accomplit la promesse du prophète Jérémie : « Je mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. » (Jérémie 31.33) Le champ d’action de l’Esprit, c’est notre cœur, notre être intérieur. 

Si on oublie parfois le Saint-Esprit c’est aussi qu’il se fait un peu oublier puisque sa mission n’est pas de parler de lui-même mais de révéler Jésus-Christ et d’appliquer l’œuvre de Dieu à notre vie. 

En général, le Saint-Esprit est un acteur invisible et discret. Mais sans lui, l’œuvre de Dieu nous resterait étrangère, Jésus resterait un inconnu, personne n’aurait la foi. On ne le voit pas, mais sa présence et son action sont incontournables. En fait, tout dépend de lui !

C’est un peu comme l’air qui nous entoure et que nous respirons. On ne le voit pas mais il est là, et il nous est vital. Il contient l’oxygène dont nous avons besoin pour respirer et donc pour vivre. Sans air, nous mourons ! 

C’est un peu la même chose avec le Saint-Esprit. D’ailleurs, en hébreu comme en grec, l’esprit c’est le souffle, le vent, l’air… Il est invisible et pourtant vital. Sans lui, sans sa présence, sans son œuvre en nous, impossible de vivre. Sans le Saint-Esprit, nous serions tous spirituellement morts, nous ne serions pas ici ce matin pour en parler !

Je vous invite à prendre une grande respiration, et à lire un texte de l’apôtre Paul qui sera pour nous un grand bol d’air, un rappel que le Saint-Esprit nous est aussi vital que l’air que nous respirons. 

1 Corinthiens 12.3-7
3 Je vous certifie que personne, en parlant par l'Esprit de Dieu, ne dit : « Maudit soit Jésus ! », et que personne ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! », sinon par l'Esprit saint.
4 Or il y a diversité de dons de la grâce, mais c'est le même Esprit ; 5 diversité de services, mais c'est le même Seigneur ; 6 diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. 7 Or à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune.


Ce texte affirme, avec force, deux choses : 
1° On ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit
2° L’action du Saint-Esprit est caractérisée par la diversité

Je vous propose de nous arrêter sur ces deux affirmations et de voir en quoi elles nous concernent aujourd’hui, en quoi elles nous invitent à élargir notre regard sur l’action du Saint-Esprit dans notre vie.


On ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit

Le verset 3 dit deux fois la même chose, de manières différentes voire opposées : on ne peut pas dire « Maudit soit Jésus » par le Saint-Esprit et on ne peut pas dire « Jésus est le Seigneur » sans le Saint-Esprit. Il ne s’agit évidemment pas seulement des paroles prononcées mais de ce qu’elles signifient. On pourrait dire, plus simplement, qu’on ne peut pas être chrétien sans l’œuvre en nous du Saint-Esprit. Nul ne peut l’être sans lui. Et sans lui, il n’y aurait aucun chrétien sur cette terre, l’Eglise n’existerait pas, nous ne serions pas ici ce matin !

Ça veut dire aussi que nul ne peut dire qui est vraiment croyant sinon le Saint-Esprit. Or le Saint-Esprit, c’est Dieu. Il fait ce qu’il veut. Il est libre comme l’air… Il n’appartient à aucune Eglise, il n’est enfermé dans aucune confession de foi. S’il est impossible d’être croyant sans le Saint-Esprit, alors partout où il y a des croyants, il y a le Saint-Esprit ! 

Cette affirmation doit élargir nos horizons et nous mettre en garde contre tout esprit sectaire. Comprendre l’œuvre du Saint-Esprit nous invite à considérer l’unité de l’Eglise. Une unité qui dépasse nos étiquettes et nos réalités institutionnelles. L’Eglise, c’est le fruit de l’action du Saint-Esprit. C’est par lui que Jésus accomplit sa promesse de bâtir son Eglise. Croyez-vous, après 2000 ans d’histoire, que l’Eglise existerait encore si c’était l’œuvre des humains et si elle ne dépendait que de ses institutions ? 

Comment peut-on alors dire : « toi, tu n’es pas chrétien parce que tu ne pries pas comme moi, parce que tu ne penses pas comme moi, parce que tu ne vis pas ta foi comme moi… ». A priori, selon notre texte, il n’y a pas de raison de douter de la foi de celui ou celle qui déclare « Jésus est le Seigneur ! » Quelle que soit son appartenance ecclésiale, quelle que soit sa manière de vivre sa foi. 

En fait, ce n’est pas à vous ni à moi de dire qui est véritablement chrétien et qui ne l’est pas ! De quel droit je dirais « toi, tu n’es pas un chrétien authentique, parce que tu n’as pas vécu ceci ou cela, parce que tu n’as pas déclaré ceci ou cela ! » C’est l’affaire de chacun, devant Dieu. C’est l’affaire du Saint-Esprit qui agit dans les cœurs. Mon affaire à moi, c’est de m’ouvrir à l’action de l’Esprit, pas seulement en moi mais aussi chez les autres. Et demander à Dieu de m’ouvrir les yeux pour discerner mon frère et ma sœur en Christ là où ils se trouvent, et de me réjouir avec eux lorsque je les rencontre. 


L’action du Saint-Esprit est caractérisée par la diversité

L’autre accent de notre passage tombe sur la diversité. Avec l’unité, c’est l’autre face de la même pièce. A trois reprise, Paul souligne la diversité de l’action de Dieu par son Esprit : il y a diversité de dons de la grâce, diversité de services (ou de ministères), diversité d'opérations (ou d’œuvres, de façons d’agir). Et tout est rassemblé, au verset 7, dans l’expression « manifestation de l’Esprit » qui est une formule englobante : elle désigne toutes les façons dont le Saint-Esprit se manifeste dans notre vie. 

Certes, dans la suite du chapitre, on trouvera une liste de dons de la grâce qui se rapportent plutôt à la vie de l’Eglise et au culte. Mais pourquoi la liste serait-elle exhaustive ? Elle est liée à ce qui se passait dans l’Eglise de Corinthe où les problèmes et les divisions se manifestaient justement quand ils se réunissaient. D’autre part, Paul soulignera que la voie suprême par laquelle le Saint-Esprit agit, c’est l’amour. Il y consacre tout un chapitre, le fameux chapitre 13. 

Le Saint-Esprit n’est pas à l’œuvre seulement entre les quatre murs d’une Eglise ! Il accompagne et anime le croyant tous les jours de sa vie, dans toutes les sphères de son existence. 

Or, on a parfois l’impression que le Saint-Esprit n’agit que dans l’Eglise, quand les chrétiens sont réunis. Ou alors que sa seule façon d’agir « à l’extérieur », c’est à travers notre témoignage, quand nous annonçons la Bonne nouvelle du Christ. C’est extrêmement réducteur !

Il me semble légitime de considérer les termes utilisés par Paul de façon très générale : il y a les « dons de la grâce » (charisma), les « façons de servir » (diakovia) et les « façons d’agir » (energema). Ces termes couvrent l’ensemble de la vie chrétienne. Pas seulement la vie d’Eglise ! Il y a différentes façons d’agir ou de servir, en fonction des dons reçus, mais il n’y a que l’Esprit de Dieu qui donne et ordonne. 

Si l’Esprit saint a été donné à l’Eglise, le jour de la Pentecôte, c’est pour que tout le monde entende parler des merveilles de Dieu dans sa propre langue. Le Saint-Esprit est donné pour que nous allions à la rencontre des autres. Et pas seulement pour parler et délivrer un message, mais aussi pour exercer nos dons, pour servir et pour agir. 


Conclusion

Il y a une bonne nouvelle liée à tout cela : nous n’avons pas à entrer dans un moule, nous pouvons être nous-mêmes ! Car le Saint-Esprit agit et se révèle dans toute la diversité de notre humanité, il nous rejoint là où nous en sommes. 

Pas besoin de prophétiser ou d’accomplir des miracles pour expérimenter l’action du Saint-Esprit, pas besoin de prêcher avec éloquence ou de haranguer les foules pour le voir agir. Le Saint-Esprit habite ma vie, mes dons, mon service et mes actions. Il agit en moi et par moi avec ce que je suis, ce que Dieu a fait de moi et ce qu’il fera de moi demain. Le Saint-Esprit est comme l’air que je respire, c’est lui qui oxygène spirituellement ma vie, dans tout ce que je fais, tous les jours de ma vie. 

Le service de mon prochain et mon action au quotidien ne sont pas moins importants ni moins spirituels que ce que je vis le dimanche à l’église. Il y a diversité de dons de la grâce, diversité de façons de servir, diversité de façons d’agir… et c’est le même Dieu qui opère tout en tous ! 


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