dimanche 8 mai 2022

Une foule immense

 

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Quel est le point commun à toutes ces images ? 

Ce sont toutes des métaphores bibliques de l’Eglise (le troupeau, le corps' la maison, la mariée, le champ, le peuple). 

Chaque métaphore a ses limites mais elle a un fort pouvoir d’évocation. Pour avoir une vision complète de ce qu’est l’Eglise, il faut les considérer toutes mais chaque image, prise pour elle-même, est riche d’enseignements. 

Je vous propose ce matin de nous arrêter sur une de ces images de l’Eglise, telle qu’elle apparaît dans le livre de l’Apocalypse. Il s’agit de l’Eglise comme peuple… mais un peuple bien particulier. 

Apocalypse 7.9-17

9 Après cela, je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C'étaient des gens de tout pays, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'agneau, vêtus de vêtements blancs et avec des branches de palmiers à la main. 10 Ils criaient d'une voix forte : « Le salut vient de notre Dieu, qui siège sur le trône, et de l'agneau ! » 11 Tous les anges se tenaient autour du trône, des anciens et des quatre êtres vivants. Ils se jetèrent face contre terre devant le trône, et ils adorèrent Dieu 12 en disant :

« Amen ! Oui, la louange, la gloire,

la sagesse, la reconnaissance,

l'honneur, la puissance et la force

sont à notre Dieu pour toujours !

Amen. »

13 L'un des anciens me demanda : « Qui sont ces gens vêtus de vêtements blancs et d'où viennent-ils ? » 14 Je lui répondis : « C'est toi qui le sais, mon seigneur. » Il me dit alors : « Ce sont ceux qui ont passé par la grande persécution. Ils ont lavé leurs habits et les ont blanchis dans le sang de l'agneau. 15 C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu. Ils lui rendront un culte nuit et jour dans son temple. Celui qui siège sur le trône les abritera. 16 Ils n'auront plus jamais faim ni soif ; ni le soleil, ni aucune grande chaleur ne les brûleront plus. 17 Car l'agneau qui est au milieu du trône sera leur berger et les conduira aux sources d'eau vive. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Le livre de l’Apocalypse est organisé autour de différents cycles marqués par le chiffre 7. Il y a les lettres aux 7 Eglises, les 7 sceaux, les 7 trompettes, les 7 coupes… La vision de la foule innombrable clôt la section des 7 sceaux. Elle dit donc quelque chose du projet de salut de Dieu, de son aboutissement. Nous avons bien dans cette foule immense une image de l’Eglise : voilà quel peuple Dieu veut rassembler ! 

Nous sommes appelés à considérer cette vision non seulement comme un horizon qui sera atteint au jour de l’achèvement du projet de Dieu mais aussi comme un appel qui nous est adressé, en tant qu’Eglise et en tant que croyant. 

Les caractéristiques de la foule décrite dans l’Apocalypse peuvent résonner comme un défi à relever, pour se conformer au projet de Dieu. Examinons donc ces caractéristiques dans cette optique. 


Une foule immense que personne ne pouvait compter

C’est la première chose qui est dite : la foule est immense. Le peuple que Dieu veut rassembler, l’Eglise qu’il veut, n’est pas un petit groupe d’élus, une sorte d’élite spirituelle ou une communauté de privilégiés. C’est une grande foule, un peuple nombreux. C’est la promesse de l’impact immense de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, qui a transformé et continue de transformer des millions de vies. C’est aussi un appel à l’ouverture et à l’accueil de tous. 

Mais la façon dont l’immensité est décrite doit être notée. Il s’agit en effet d’une foule que personne ne peut compter. La formule doit nous interpeller… Est-ce à dire que nous pourrions avoir la tentation, ou la prétention, de la compter ? Dénombrer la foule, ce serait fixer ses limites. Ce serait dire : « toi tu en fais partie et toi tu n’en fais pas partie ! ». 

En réalité, le seul qui puisse compter cette foule, le seul qui en connaisse les limites et qui connaît même le nom de chaque individu qui en fait partie, c’est Dieu et lui seul. Ce n’est pas à nous de délimiter le périmètre du peuple de Dieu ! Sur quelque critère que ce soit. Nous n’avons pas le droit de nous placer en juge et de dire : « ceux-là sont de vrais chrétiens et pas les autres. Ceux-là sont sauvés et pas les autres. »


Des gens de tout pays et de tout peuple 

Ce qui frappe ensuite dans la description de la foule, c’est sa diversité. Le texte le dit avec insistance : elle est constituée de « gens de tout pays, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. » On aurait pu simplement évoquer l’un ou l’autre de ces qualificatifs mais le texte en utilise quatre, qui disent grosso modo la même chose et soulignent l’extrême diversité de la foule. 

Cette diversité fait pleinement partie du projet de Dieu. L’Eglise que Dieu veut rassembler est universelle et multiculturelle ! Et elle est le reflet de ce que Dieu veut pour l’humanité : une humanité diverse, multiculturelle, qui s’enrichit de sa diversité. C’est pourquoi aussi le racisme, la xénophobie ou le nationalisme sont tout simplement incompatibles avec la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.

La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ n’est pas liée à une culture, elle n’appartient à aucune civilisation. Ce qui veut dire aussi qu’elle peut se vivre et s’exprimer de manières différentes, à travers le prisme des cultures. Ça ne veut pas dire qu’elle peut se vivre n’importe comment… mais il n’y en a pas une seule expression valide. 

Mais ça veut dire aussi que la diversité dans l’Eglise n’est pas seulement une donnée à constater et à accepter, comme s’il fallait simplement faire avec… Il s’agit bien de valoriser la diversité comme une richesse, comme correspondant au projet de Dieu. 


Ils sont vêtus de vêtements blancs

Toute la foule est vêtue de vêtements blancs. Mais il y a quelque chose de paradoxal dans ces vêtements : ils ont été blanchis dans le sang de l’Agneau… Je vous déconseille d’essayer, en faisant votre lessive, de blanchir vos vêtements avec du sang ! Ça ne fonctionne pas ! 

Il s’agit bien sûr d’une métaphore qui frappe les esprits. Ce sang fait référence à la mort en sacrifice de Jésus-Christ. Les vêtements blancs sont donc le fruit de l’œuvre accomplie par le Christ. Ils sont un signe de pureté, de pardon (les vêtements ne sont pas seulement blancs, ils sont blanchis). C’est en réalité l’image du salut accordé par Dieu : s’ils portent tous le même vêtement c’est qu’ils sont tous au bénéfice de l’œuvre de salut de Dieu en Jésus-Christ. D’ailleurs, c’est bien ce salut qu’ils proclament en chœur :  

Apocalypse 7.10

Ils criaient d'une voix forte : « Le salut vient de notre Dieu, qui siège sur le trône, et de l'agneau ! »

Voilà ce que tous les membres de cette foule ont en commun. Faut-il le rappeler ? Ce qui fait l’unité de l’Eglise, c’est l’œuvre accomplie par Jésus-Christ ! Toute unité qui ne serait pas fondée sur le Christ serait vaine et illusoire. Mais toute œuvre de division accomplie au nom du Christ serait une forme de blasphème dont il faut se repentir. 


Ils rendent un culte jour et nuit à Dieu

Que fait la foule dans cette vision ? Elle se tient devant le trône de Dieu et lui rend un culte jour et nuit.

La vocation première de l’Eglise, et donc de chaque croyant, c’est l’adoration. Il ne s’agit pas de passer sa vie à prier et chanter des cantiques mais de considérer que le but ultime de notre vie, toute notre vie, est de glorifier Dieu, notre Créateur et Sauveur. 

C’est l’exhortation de l’apôtre Paul dans son épître aux Romains : 

Romains 12.1

Frères et sœurs, puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous, je vous invite à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, qui appartient à Dieu et qui lui est agréable. C'est là le véritable culte conforme à la parole de Dieu.

En fait, en tant que disciples du Christ, nous devons comprendre que notre culte, ce n’est pas seulement le dimanche matin. C’est tous les jours. Et pas seulement lorsque nous prions. Tout dans notre vie peut devenir une forme d’adoration. Lorsque nous mettons notre travail au service du prochain, lorsque nous œuvrons pour la paix dans nos relations, lorsque nous savons écouter, encourager, soutenir celui ou celle qui en a besoin… 

En un mot, lorsque notre vie témoigne de notre amour pour Dieu et de notre amour pour notre prochain, alors notre vie est un culte rendu à Dieu. 


Conclusion

Comment pourrait-on répondre au défi de cette vision de la foule innombrable, de ce peuple marqué par l’universalité et la diversité, si on cultive l’entre-soi, si nous ne nous préoccupons que de nous-mêmes ? Bien-sûr qu’il est important de prendre soin les uns des autres et de vivre la communion fraternelle dans l’Eglise. Mais nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas là seulement pour nous, nous sommes là pour aimer notre prochain et proclamer à tous la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Notre horizon, c’est la foule innombrable d’Apocalypse 7, pas un petit cocon douillet. 

Nous ne pourrons le vivre que si nous sommes une Eglise ouverte sur le monde et non coupée du monde. Il s’agit d’être à l’écoute du monde, de ses peurs et de ses espoirs, de son langage et de ses cultures, et ne pas nous réfugier dans une contre-culture évangélique rassurante et confortable. 

Comment, sinon, la foule pourra-t-elle être si nombreuse et si diverse ? Comment celles et ceux qui n’en font pas encore partie la rejoindront ? 

Aujourd’hui, Dieu nous rassemble dans l’Eglise mais il nous attend aussi dans le monde !


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