dimanche 17 avril 2022

Il faut croire pour le voir !

 

> Ecouter la prédication 

Les récits du matin de Pâques dans les évangiles sont étonnants… Ils évoquent bien-sûr la résurrection de Jésus-Christ, le plus grand miracle de toute l’histoire de l’humanité, mais ils ne cachent pas pour autant les difficultés des disciples, les plus proches de Jésus, à croire en cette résurrection.  Même les témoins oculaires du Christ ressuscité ont du mal à le reconnaître !

C’est le cas, en particulier, d’une des plus proches de Jésus : Marie de Magdala. 

Nous allons la retrouver alors que le tombeau vide a déjà été découvert. Marie de Magdala était la première à le constater. Elle est allée prévenir les disciples. Pierre et Jean sont allé vérifier et ils l’ont constaté aussi. La pierre a été roulée, le tombeau est bel et bien vide. Jésus serait-il ressuscité ? Pas sûr du tout que les disciples l’aient vraiment compris à ce moment-là… 

En tout cas, Marie, elle, est encore dans le désarroi. 

Jean 20.11-18

11 Marie se tenait près du tombeau, dehors, et elle pleurait. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder dans le tombeau ; 12 elle voit deux anges vêtus de blanc assis à l'endroit où avait reposé le corps de Jésus, l'un à la place de la tête et l'autre à la place des pieds. 13 Les anges lui demandèrent : « Pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis. » 14 Ayant dit cela, elle se retourne et voit Jésus qui se tenait là, mais sans se rendre compte que c'était lui. 15 Jésus lui demanda : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Pensant que c'était le jardinier, elle lui dit : « Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le reprendre. » 16 Jésus lui dit : « Marie ! » Elle se retourne vers lui et lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », ce qui signifie “maître !” 17 Jésus reprit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : “Je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu.” » 18 Marie de Magdala se rend donc auprès des disciples et leur annonce : « J'ai vu le Seigneur ! » Et elle leur raconte ce qu'il lui a dit.

Au début de notre récit, Marie, qui pleurait devant le tombeau vide, voit deux anges dans le tombeau. Attention, il ne faut pas s’imaginer les anges comme des êtres éclatants avec des ailes dans le dos, comme on les voit représentés parfois. Dans la Bible, la plupart du temps les anges ressemblent à des êtres humains comme les autres, porteurs d’un message de la part du Seigneur (c’est le sens du mot ange, messager). Rien ne les distingue, à priori, dans leur apparence. 

Ils lui demandent pourquoi elle pleure. Le tombeau vide est une bonne nouvelle, mais Marie est encore incapable de le comprendre. Aujourd’hui nous sommes dans la joie parce que le tombeau est vide, car Jésus-Christ est ressuscité. Mais pour Marie, ce qu’elle constate, c’est que le corps de Jésus n’est plus là. Comment pourra-t-elle faire son deuil ? « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis. » 

Elle se retourne alors et voit Jésus… mais elle ne le reconnaît pas. « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Je me suis toujours demandé pourquoi Jésus posait cette question à Marie. Pourquoi ne lui dit-il pas qui il est. Pourquoi la laisse-t-il dans son trouble ? Pourquoi ? Combien de pourquoi dans notre vie, lorsque nous sommes troublés, perdus, dans le doute ou la tristesse… 

En tout cas, Marie est incapable de voir que c’est Jésus qui lui parle. Elle pense que c’est le jardinier. Quelle idée ! « Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le reprendre. »

Son obsession, c’est de retrouver le corps de Jésus. A tel point qu’elle est incapable de voir, devant ses yeux, le Jésus qu’elle cherche, bien vivant. Pourquoi le jardinier aurait-il pris le corps de Jésus ? Et qu’est-ce que Marie ferait de ce corps si elle le récupérait ? De toute évidence, elle est déboussolée… 

C’est quand Jésus l’appelle par son nom, « Marie ! », qu’elle le reconnaît soudain. Allez savoir pourquoi… Ce n’est pas à cause de sa voix, elle l’a déjà entendue juste avant. Peut-être dans l’intonation, la façon de l’appeler par son nom ? Toujours est-il que maintenant elle a compris : celui à qui elle parle est bien Jésus ! Il est vivant ! 

L’apparence de Jésus ressuscité était-elle différente de celle qu’il avait avant sa mort ? Difficile à dire… Certes, Marie n’est pas la seule, dans les évangiles, à ne pas reconnaître Jésus en le voyant. C’est le cas aussi, par exemple, des disciples sur le chemin d’Emmaüs. Mais parfois, on a l’impression que ses disciples le reconnaissent tout de suite. Difficile, donc, d’en tirer des conclusions définitives. 

La tristesse extrême pouvait expliquer un manque de lucidité, d’où une incapacité à reconnaître Jésus. Surtout que les évangiles soulignent à plusieurs reprises que les disciples ne s’attendaient pas du tout à ce qu’il ressuscite ! Quand Jésus leur annonçait qu’il devrait mourir et qu’il ressusciterait, les évangiles précisent que les disciples ne comprenaient pas ce qu’il leur disait… 

Et on ne va pas leur jeter la pierre ! Croire en la résurrection, ce n’est quand même pas si facile que ça… 

Affirmer la résurrection du Christ est pourtant le cœur de la Bonne Nouvelle que nous proclamons. C’est la clé de voûte de notre foi. L’apôtre Paul le soulignera mieux que quiconque : si Jésus-Christ n’est pas ressuscité d’entre les morts, toute notre foi s’écroule. 

1 Corinthiens 15.16-17

16 Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 17 Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi ne mène à rien et vous êtes encore en plein dans vos péchés. 

Les évangiles affirment avec force la résurrection du Christ. Plusieurs récits affirment que Jésus ressuscité est apparu à de nombreuses reprises, souvent à plusieurs personnes réunies, et qu’il a donné des signes concrets que ce n’était pas une illusion mais une réalité : il a invité ses disciples à le toucher, il a mangé avec eux, etc. Pour les évangiles, et pour l’ensemble du Nouveau Testament, Jésus-Christ est vraiment ressuscité. Ce n’est pas un symbole ou une façon imagée de parler, c’est une réalité. On a le droit de mettre en doute les récits des évangiles et les témoignages des disciples mais c’est bien ce qu’ils affirment. 

Pour autant, les évangiles ne cachent pas que l’accueil de cette résurrection de Jésus n’a pas été évidente, ça n’allait pas de soi. L’exemple de Marie de Magdala n’est pas un cas isolé. En réalité, presque tous les exemples qui nous sont donnés laissent apparaître une difficulté à croire, des hésitations voire des doutes, des obstacles à surmonter. 

Deux questions se posent alors : 

  • Faut-il être fou, illuminé ou naïf pour croire en la résurrection de Jésus-Christ ? 
  • Comment voir la présence du Christ vivant auprès de nous, aujourd’hui ?


Faut-il être fou, illuminé ou naïf pour croire en la résurrection de Jésus-Christ ?

Dire que Jésus-Christ est vraiment ressuscité est une affirmation qui heurte notre entendement, qui va à l’encontre de tout ce qu’on sait de la vie qui, universellement, se termine avec la mort, une mort de laquelle on ne revient pas ! 

Alors faut-il être fou, illuminé ou naïf pour croire que Jésus-Christ est ressuscité ? Non ! Mais il faut accepter de se placer sur le terrain de la foi et non de la raison. On ne peut pas prouver que Dieu existe. On ne peut pas prouver non plus que Dieu n’existe pas. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une question de foi. 

Vous pouvez dire que Dieu n’existe pas et que Jésus était un homme comme les autres. Vous pouvez estimer que les disciples de Jésus ont été victimes d’hallucinations collectives ou qu’ils sont des menteurs et des imposteurs. 

Mais vous pouvez aussi choisir de faire confiance aux témoignages des disciples et autres témoins oculaires du Christ ressuscité. Vous pouvez choisir de croire que Dieu existe, et qu’il est même au moins aussi raisonnable de croire que le monde dans lequel nous vivons n’est pas le fruit du hasard. Et si Dieu est Dieu, et donc qu’il est parfait, il doit être amour. Comment pourrait-il être parfait s’il n’aime pas ? Pourquoi alors la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu devenu homme, témoignage ultime de l’amour de Dieu, ne serait pas possible ? 

Peut-on prouver, de manière irréfutable, que Jésus-Christ est ressuscité ? Non ! Est-il pour autant déraisonnable de croire que Jésus-Christ est ressuscité ? Non !

Si Dieu existe, alors pourquoi ne pourrait-il pas ressusciter le Christ ? Plus encore, si Jésus-Christ est le Fils de Dieu, comment la mort aurait-elle pu le retenir ? En réalité, il est tout à fait cohérent, et même raisonnable, de dire que si Jésus-Christ est bien celui que les évangiles présentent, Dieu l’a ressuscité. En disant tout cela, je ne vous ai rien prouvé du tout… Mais peut-on pour autant dire que ce que j’ai dit est déraisonnable et irrationnel ? 


Comment voir la présence du Christ vivant auprès de nous, aujourd’hui ?

Alors bien-sûr, vous allez dire que, même si ça tient la route, c’est quand même difficile à croire. Si c’est votre cas, vous êtes en bonne compagnie. C’était difficile à croire même pour les premiers disciples de Jésus ! Même pour Marie de Magdala, pourtant si proche de Jésus. Il lui a fallu du temps, dans le récit que nous avons lu, pour que ses yeux s’ouvrent et qu’elle reconnaisse devant elle celui dont elle cherchait le corps. Il était mort mais il est ressuscité. 

Je suis persuadé que nous pouvons tous être un peu comme Marie, incapable de reconnaître Jésus, même lorsqu’il est là, présent à nos côtés. Peut-être à cause de l’épreuve, de l’angoisse, de la tristesse, peut-être à cause d’une routine qui s’est installée, d’un manque de discernement ou de curiosité. 

Bien-sûr, il ne nous apparaîtra pas comme il est apparu à Marie de Magdala ou aux autres disciples. Mais il a bel et bien promis sa présence à nos côtés, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Le défi du disciple de Jésus-Christ, aujourd’hui, ce n’est pas seulement de croire en la résurrection du Christ, il y a près de 2000 ans, c’est d’arriver à discerner la présence du Christ vivant à ses côtés, aujourd’hui. C’est d’arriver à vivre la béatitude que Jésus a prononcé à Thomas, le disciple qui ne voulait croire que lorsqu’il verrait le Christ de ses yeux : 

Jean 20.29

« C'est parce que tu m'as vu que tu as cru ? Heureuses sont les personnes qui n'ont pas vu et qui croient ! »

Croire sans avoir vu, ce n’est pas s’autopersuader de la présence du Christ. C’est vraiment voir différemment, avec les yeux de la foi. Ou plutôt apprendre à voir différemment. Un peu comme lorsque vous vous retrouvez dans l’obscurité et que vous ne voyez rien, puis, avec le temps, vos yeux s’habituent et commencent à discerner des choses dans la nuit. De la même manière, les yeux de la foi s’exercent et apprennent à voir… même si on n’arrive jamais à avoir une vision nocturne parfaite ! Mais si vous gardez les yeux fermés en disant que de toute façon il fait nuit, vous ne verrez rien. 

Ouvrir les yeux dans la nuit, c’est faire le choix de la foi. Et si vous gardez les yeux ouverts, vous verrez que vos yeux s’habitueront et que vous apprendrez à voir la présence du Christ à vos côtés, dans une circonstance de la vie, dans une rencontre, dans une parole reçue, dans une conviction ou une paix qui s’enracinera dans votre cœur. Et, vous savez quoi ? Ça nous rend vraiment heureux ! Ça change la vie !


Conclusion

A propos du Christ ressuscité, il ne faut pas se tromper. Il ne s’agit pas de le voir pour y croire… au contraire, il faut croire pour le voir !

La foi, aujourd’hui, est le seul moyen de voir le Christ ressuscité. Ce n’est pas une histoire d’hallucination ou d’illumination, c’est une question de confiance. 

Si vous attendez pour croire d’avoir une preuve absolument irréfutable de la résurrection du Christ, vous ne croirez jamais… 

Et si vous attendez, pour être sûr de la présence de Dieu dans votre vie, de voir des signes irréfutables et spectaculaires, alors vous passerez à côté de tous les petits signes de la présence du Christ qu’il sème dans votre quotidien. 

Osons le choix de la foi, celui de la confiance en Dieu, et habituons les yeux de notre foi à discerner sa présence dans notre vie. Car il faut bien croire pour le voir ! 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire !