dimanche 17 septembre 2023

Comment être (un peu plus) satisfait de ma vie de prière ?

Nous terminons ce matin notre mini-série de prédications sur la prière, à partir des enseignements de Jésus à ses disciples dans Matthieu 6 et Luc 11. 

Nous avons d’abord répondu à la question « Pourquoi est-il important de prier ? ». Et nous avons répondu que nos prières tissent un lien d’intimité avec Dieu et nous permettent de mieux le connaître et d’être plus proche de lui. 

Nous nous sommes demandé ensuite comment entendre Dieu répondre à nos prières. Et s’il n’y a pas de réponse simple à cette question, nous avons souligné le rôle central du Saint-Esprit : N’ayons pas peur de « casser les pieds » à Dieu par nos prières, il est toujours prêt à nous écouter et il veut nous donner de bonnes choses... et c’est le Saint-Esprit qui nous aidera à les discerner comme bonnes.

La question que nous nous poserons ce matin est la suivante : « Comment être (un peu plus) satisfait de ma vie de prière ? »


Les frustrations de la prière

Quand j’ai pensé à cette mini-série de prédications sur la prière, c’est sans doute la première problématique qui m’est venue à l’esprit, tant il me paraît universel que pour le chrétien, la prière, pourtant essentielle à sa vie spirituelle, est aussi souvent un lieu de frustrations et d’insatisfaction. 

Certains arrivent sans doute à trouver un équilibre satisfaisant, et même épanouissant, dans leur vie de prière mais je crois qu’il n’y a pas un seul croyant qui, au moins à un moment de sa vie chrétienne, n’a pas connu l’insatisfaction dans ce domaine. Qui ne s’est jamais dit « je ne prie pas assez », ou « ma vie de prière est peu enthousiasmante », ou « je n’arrive pas à me discipliner pour dégager du temps pour la prière dans ma journée » ?… Et puis il y a pour tous des hauts et des bas dans notre vie de prière, ce qui justement peut être source d’insatisfaction ! Ce n’est pas toujours facile d’arriver à se renouveler et ne pas tomber dans la routine… 

J’aimerais dire tout de suite qu’il ne faut pas s’étonner de cette insatisfaction. Elle est normale… et la solution n’est certainement pas de se culpabiliser à l’excès ! Ce n’est pas ça qui changera les choses positivement, bien au contraire…

Si la prière, comme on l’a dit dans la première prédication de cette mini-série, est importante pour le croyant parce qu’elle tisse des liens d’intimité avec Dieu, qui pourrait dire : « voilà, j’ai atteint le degré d’intimité parfaite avec Dieu » ? Seul Jésus pouvait dire : « Le Père et moi, nous sommes uns » (Jean 10.30). Mais il était le Fils de Dieu ! 

Si pour entendre Dieu répondre à notre prière, et ainsi vivre pleinement un dialogue vivant avec Dieu, il faut la lumière intérieure de l’Esprit saint, qui pourrait dire : « il n’y a dans ma vie aucun obstacle à l’Esprit saint, aucune zone d’ombre dans mon cœur et j’entends clairement sa voix à tout instant » ?

C’est pour cela que j’ai proposé comme question, non pas « Comment être parfaitement satisfait de ma vie de prière ? » mais, plus modestement et de façon plus réaliste : « Comment être (un peu plus) satisfait de ma vie de prière ? »

Et pour trouver quelques éléments de réponse, je vous propose de revenir aux deux textes que nous avons lus pour les deux premières prédications de cette mini-série, et qui résument l’enseignement de Jésus à ses disciples sur la prière. On ne va pas les relire entièrement mais juste en retirer deux versets qui peuvent nous apporter quelques éléments de réponse.

Matthieu 6.6
6Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, à l'écart, ferme la porte pour prier ton Père qui est là, dans cet endroit secret ; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera.

Luc 11.1
1 Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples. »


L’exemple de Jésus

Dans la question du disciple de Jésus à son maître, il y a une envie d’apprendre à prier… Or il savait déjà prier, ce n’était pas un novice ou un nouveau converti. Mais il y a la force de l’exemple de Jésus : c’est en le voyant prier que ce disciple a eu envie de savoir comment prier, sans doute comment prier… comme Jésus. 

En effet, tout au long des évangiles, on nous dit, souvent, que Jésus priait. Que ce soit de façon personnelle et intime, en se mettant un moment à l’écart pour prier, parfois même toute la nuit, ou que ce soit avec les autres, lorsqu’il se rendait au Temple ou dans les synagogues. La prière personnelle et la prière communautaire faisaient partie intégrante de sa vie. 

Jésus priait… mais la plupart du temps on ne sait pas ce qu’il disait et ce qu’il vivait dans sa prière. La prière est d’abord un domaine de l’intime. Où chacun doit trouver sa voie. Jésus lui-même mettait en pratique son conseil : « Lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, à l'écart, ferme la porte pour prier ton Père qui est là, dans cet endroit secret… » 

Evidemment, cet « endroit secret » n’est pas forcément à prendre littéralement. Ça peut être, bien-sûr, notre chambre. Ça peut être un autre endroit calme, à l’écart. C’est parfois tout simplement le secret de notre cœur : on peut se mettre à l’écart et prier au milieu d’une foule. C’est plus une attitude de cœur qu’un emplacement physique, même si certains cadres peuvent être propice à notre attitude de cœur ! 

On a quand même quelques rares exemples de prières que Jésus a prononcées. On en fait vite l’inventaire :

  • Une prière spontanée, comme un élan joyeux de Jésus, à l’écoute du récit de ses disciples de retour de leur mission alors qu’ils avaient été envoyés, deux par deux : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d'avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites. Oui, Père, dans ta bienveillance, tu as voulu qu'il en soit ainsi. » (Lc 10.21)
  • La plus longue, et de loin, est la prière pour ses disciples en Jn 17. Une prière particulière, très solennelle, qui est autant un enseignement et une exhortation adressée aux disciples qu’une prière adressée au Père.  
  • La douloureuse prière dans le jardin de Gethsémané : « Mon Père, si c'est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux. » (Mt 26.39)
  • Les dernières prières de Jésus, sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. » (Lc 23.34) « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27.46, Mc 15.34) et « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Lc 23.46)


Que peut-on retirer de ces quelques prières de Jésus ? 

Remarquons d’abord que la plupart de ces prières sont concentrées à la fin du ministère de Jésus, dans des temps particuliers de crise pour lui : dans le jardin de Gethsémané alors qu’il sait que son arrestation approche, et sur la croix alors qu’il vit ses derniers instants. Dans les temps de crise, la prière est un réflexe plus naturel… Mais c’est quand même embêtant si nous devons être accablé de malheurs et d’épreuves pour nous mettre à prier… D’autant que ça peut finir par avoir un effet inverse et nous décourager à prier, si nous sommes trop au fond du trou. Il arrive parfois qu’on n’a même plus la force de prier… 

Mais il y a aussi cette prière joyeuse et spontanée, qui jaillit d’un moment particulier. Elle n’est pas longue : une seule phrase. Mais elle est visiblement intense. Jésus cette fois ne s’est pas retiré pour prier, ce sont les circonstances qui l’ont poussé à la prière. C’est sorti du cœur. C’était l’occasion, ici, d’enseigner quelque chose à ses disciples mais de telles prières spontanées peuvent aussi naître des circonstances de notre vie, être simplement un élan du cœur qui se tourne vers Dieu, parfois même en silence, pour exprimer notre reconnaissance ou notre appel au secours. Cette prière n’est pas moins importante que celle qui sont plus formelles.  

Il y a enfin cette longue prière, très élaborée, réfléchie, préparée, de Jean 17. Une telle prière nous rappelle que s’il y a de la place pour la spontanéité dans la prière, il y en a aussi pour la réflexion, la préparation minutieuse et élaborée. La prière dite sacerdotale de Jésus n’est pas une prière spontanée, improvisée. Elle est mûrement réfléchie. C’est une prière-testament, qui exprime les dernières paroles de Jésus adressées à ses disciples. 


Quelques pistes pour être (un peu plus) satisfait de notre vie de prière

Pour terminer cette prédication, et cette mini-série sur la prière, j’aimerais prendre quelques instants pour reprendre certains éléments relevés auparavant et les reformuler sous forme de conseils ou de pistes de réflexion à s’approprier. 

Ne pas se mettre trop la pression

Il faut assumer le fait qu’il est légitime d’être frustré dans notre vie de prière, de traverser des périodes de creux, de lassitude. Et abandonner l’idée que le chrétien doit cheminer vers une vie de prière parfaite et toujours épanouie. 

Abaissons la barre, et réfléchissons à de petites améliorations possibles. Décloisonnons notre prière, ne nous focalisons pas que sur le temps de prière personnel à vivre absolument le matin ou le soir. Elargissons nos horizons, profitons des occasions qui se présentent… La prière, ce n’est pas seulement lorsqu’on se met à genou et qu’on ferme les yeux. C’est aussi ces élans spontanés, parfois silencieux, qui nous rappellent notre connexion à Dieu, sa présence à chaque instant de notre vie, dans la joie comme dans l’épreuve. Penser à Dieu, c’est déjà prier ! 

Trouver son lieu secret (et éventuellement en changer)

Ici, c’est pour progresser un peu dans sa vie de prière plus formelle. Je fais référence aux paroles de Jésus invitant à aller prier Dieu dans le secret. On l’a dit, il s’agit plus d’une attitude de cœur qu’un emplacement physique, même si certains cadres peuvent être plus propices à notre attitude de cœur ! Et il ne faut pas le négliger. 

Si ce n’est pas encore fait, trouvons notre lieu secret. Trouvons le cadre, le moment, le lieu, qui est le plus propice à nous mettre en condition pour la prière. Et là, il n’y a pas de règle, ce sera différent pour chacun. Et peut-être que pour renouveler notre vie de prière, parfois, il est utile de changer ce « lieu secret », d’en trouver un nouveau. 

Ne pas compter que sur la spontanéité

On associe souvent la prière authentique à la spontanéité, surtout pour un protestant évangélique. Mais c’est réducteur. Renouveler sa vie de prière, c’est peut-être aussi la nourrir de prières préparées et réfléchies, et pas seulement spontanées. Pourquoi ne pas rédiger votre prière, y compris celle que vous voulez dire lors d’un temps de prière libre au culte ? Y compris celle que vous pouvez présenter à Dieu dans votre vie de prière personnelle. L’avantage alors c’est que vous pouvez les garder dans un cahier et sur un fichier numérique… 

Dire une prière préparée, c’est aussi lire et s’approprier une prière déjà écrite. On pense aux Psaumes de la Bible, bien-sûr, mais à d’autres prières aussi, dans la Bible ou pas. Il y a bien-sûr aussi le Notre Père, modèle de prière laissé par Jésus que nous pouvons sans cesse nous réapproprier. 

Prier avec d’autres

Si la vie de prière est bien du domaine de l’intime, ça ne veut pas dire que ce ne soit qu’une affaire individuelle et personnelle. C’est aussi une intimité qu’on partage avec d’autres. Et si on ne prie jamais avec d’autres croyants, comment nous pourrions nous laisser inspirer par leur prière ?

Vous avez peut-être un proche ou un ami avec qui vous pouvez prier régulièrement. Et puis il y a les occasions de prier que l’Eglise propose ! Pourquoi ne pas les envisager comme des occasions de renouveler aussi votre vie de prière personnelle ?


Conclusion

Je vous laisse avec ces quatre pistes d’amélioration possible... A vous de voir si elles sont pertinentes ou non pour vous. 

Un des défis de la vie chrétienne est d’arriver à gérer nos frustrations… et la prière est un domaine où elles ne manquent pas. Mais l’insatisfaction n’est pas une fatalité. Il est possible de renouveler notre vie de prière et d’en être (un peu plus) satisfait. 

Car Dieu est là, dans cet endroit secret de la prière. Il nous y attend. Et la récompense de sa présence aussi, celle de tisser des liens d’intimité avec Dieu. 


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