dimanche 30 novembre 2025

Jésus en chansons (1) Jésus reviens, Jésus reviens !

 

En ce premier dimanche de l’Avent, nous allons commencer une mini-série originale, pour nous préparer à Noël, et nous centrer sur la personne de Jésus… à partir de chansons. Non pas des cantiques ou des « chants chrétiens » mais des chansons françaises. Je me suis mis comme contrainte de retenir quatre chansons, en français, qui ne se contentent pas de mentionner Jésus en passant mais dont Jésus est le sujet principal. Par ailleurs, ces quatre chansons pourront, d’une manière ou d’une autre, entrer en écho avec le texte de l’évangile du dimanche proposé dans la liste de lecture. Rassurez-vous donc, nous lirons aussi la Bible ! 

Les chansons seront plus ou moins récentes, et plus ou moins connues… Evidemment, on sera assez loin des cantiques de louange… Ce sont des chansons qui proposent un regard personnel, décalé voire provocateur sur Jésus. Mais derrière la relecture et l’ironie parfois, elles peuvent poser de bonnes questions. 

Traditionnellement, le premier dimanche de l’Avent propose un texte de l’évangile qui évoque le retour de Jésus. En effet, l’Avent, c’est l’attente de Noël, qui célèbre la venue de Jésus sur cette, mais c’est aussi l’attente de la venue de Jésus encore à venir, de son retour. 

Et lorsqu’on pense au retour de Jésus en chanson, il y en a une qui s’impose naturellement. Elle est tirée d’une comédie culte du cinéma français, pleine d’ironie grinçante… Dans La vie est un long fleuve tranquille d’Etienne Chatiliez, au cours d’une fête paroissiale, le père Aubergé se met à la guitare et chante : « Jésus reviens, Jésus reviens ! » 


Jésus reviens, Jésus reviens ! (Paroles : Patrick Bouchitey)
 
Quand il reviendra, il fera grand jour
Pour fêter celui qui inventa l'amour 
Au fond d'une étable, il naquit de Marie
Personne n'avait voulu de lui
Jésus reviens, Jé-ésus reviens
Jésus reviens parmi les tiens
Du haut de la croix indique-nous le chemin
Toi qui le connais si bien
  
Toute sa vie, il prêchait le bonheur, la paix 
La bonté et la justice étaient sa loi
Quand il reviendra, il nous pardonnera
Comme il l'avait fait pour Judas
Jésus reviens, Jé-ésus reviens
Jésus reviens parmi les tiens
Du haut de la croix indique-nous le chemin
Toi qui le connais si bien
 
Et quand il reviendra sur notre terre
Il donnera à manger à tous nos frères
Car comme à Cana, il multipliera
Le pain et le vin sur la terre
Jésus reviens, Jé-ésus reviens
Jésus reviens parmi les tiens
Du haut de la croix indique-nous le chemin
Toi qui le connais si bien 
 
Dans une grande clarté il apparaîtra
Comme il le fit pour Marie de Magdala 
Le monde entier laissera éclater sa joie
En chantant : Jésus est là !
Jésus reviens, Jé-ésus reviens
Jésus reviens parmi les tiens
du haut de la croix nous suivrons le chemin
pour à jamais faire le bien. 

Quand on lit simplement les paroles du chant, sans la musique un peu ridicule et sans les images du film, le texte n’est pas si mal ! C’est un peu naïf et parfois approximatif… mais ce n’est pas forcément pire que certains cantiques qui sont dans nos recueils ! 

C’est une prière qui s’adresse à Jésus pour exprimer l’attente de son retour : « Jésus, reviens ! » Un retour marqué par la fête, la joie, le pardon, l’amour. Une vision idyllique un peu caricaturale où tout est merveilleux… puisque même Judas est pardonné. 

La question qu’on peut alors poser en écoutant cette chanson pourrait être la suivante : est-il ridicule de croire dans le retour de Jésus ? 

Croire au retour de Jésus, qu’est-ce que ça veut dire ? 

Ça veut dire que nous croyons que Jésus est vivant aujourd’hui, qu’il n’est pas un personnage du passé. Nous nous attendons à lui aujourd’hui et pour demain. Il vient, aujourd’hui, à notre rencontre. Il reviendra demain pour établir son Royaume éternel. 

Il faut qu’il revienne, d’ailleurs il l’a promis, parce que l’œuvre de salut de Dieu n’est pas terminée. L’issue en est certaine depuis la mort et la résurrection de Jésus, mais nous en attendons encore le parachèvement. 

La résurrection de Jésus est une victoire éclatante, une source d’espérance immense, la plus grande nouvelle de toute l’histoire de l’humanité. Mais l’ascension de Jésus, quelques jours plus tard, crée une frustration, une attente. Il est parti, on attend qu’il revienne !

Oui, « Jésus reviens » est bien la prière des croyants aujourd’hui. C’est d’ailleurs ainsi que se termine la Bible. Voici les deux derniers versets de l’Apocalypse, dernier livre de la Bible : 

Apocalypse 20.20-21
20Celui qui garantit la vérité de tout cela déclare : « Oui, je viens bientôt ! »
Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
21Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous.

Est-ce ridicule ? Certainement pas… 

On a besoin d’attendre le retour de Jésus parce qu’on a besoin que l’œuvre de Dieu soit parachevée. Parce qu’on souffre de nos limites, nos blessures, nos épreuves, nos errances… Parce qu’on souffre de vivre dans un monde où triomphe encore trop souvent la haine, la violence, l’injustice… 

Là où c’est ridicule, c’est dans les scénarios échafaudés par certains, au nom d’une interprétation douteuse du texte biblique et d’une lecture contestable de l’histoire, qui prétendent décrire avec force détails ce qui se passera, comment ça se passera, où ça se passera et quand ça se passera… 

Mais ce n’est pas ridicule d’espérer, humblement, simplement ! Nous attendons que Dieu mette un point final à son œuvre de salut. Et ce point final coïncidera avec le retour de Jésus. 

Le texte de l’évangile dans la liste de lecture de ce dimanche, qui évoque le retour de Jésus, se trouve dans l’évangile de Matthieu :

Matthieu 24.37-44
37Ce qui s'est passé du temps de Noé se passera de la même façon quand viendra le Fils de l'homme. 38En effet, à cette époque, avant le déluge, les gens mangeaient et buvaient, se mariaient ou donnaient leurs filles en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; 39ils ne se rendirent compte de rien jusqu'au moment où le déluge vint et les emporta tous. Ainsi en sera-t-il quand viendra le Fils de l'homme. 40Alors, deux hommes seront aux champs : l'un sera emmené et l'autre laissé. 41Deux femmes écraseront du grain au moulin : l'une sera emmenée et l'autre laissée. 42Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra. 43Comprenez bien ceci : si le maître de la maison savait à quel moment de la nuit le voleur doit venir, il resterait éveillé et ne le laisserait pas pénétrer dans sa maison. 44C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas.

On peut dire que le ton est assez différent de la chanson « Jésus reviens ! » Précisons toutefois que d’autres textes du Nouveau Testament sont plus joyeux et positifs. Notamment lorsque l’apôtre Paul évoque l’espérance de la résurrection qui est liée au retour de Jésus ou lorsque l’Apocalypse évoque le grand festin des noces de l’Agneau. La joie, la fête sont bien sûr aussi liées au retour de Jésus dans la Bible. 

Mais ici, le ton est différent. Il s’agit plutôt d’un avertissement, d’une mise en garde. Jésus compare le moment de son retour à celui du déluge, au temps de Noé. Un temps de jugement : l’un est emmené, l’autre laissé. Sans que le texte précise vraiment ce que signifie être emmené ou laissé… 

C’est un texte qui a nourri l’imaginaire d’une certaine vision de la fin des temps, dans un schéma eschatologique, à mon avis contestable. Où on envisage un enlèvement soudain des élus, entraînant des catastrophes en chaîne : imaginez si c’est le pilote d’un avion ou le conducteur d’un bus qui disparaît soudain !

Retenons simplement la double leçon de cet enseignement de Jésus, derrières les différentes métaphores qui s’entremêlent, dans l’attente de la venue de Jésus-Christ. Une mise en garde contre l’insouciance : « ils ne se rendirent compte de rien jusqu'au moment où le déluge vint et les emporta tous. », et un appel à la vigilance : « tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas. »

Il faut avouer que le contexte global actuel (géopolitique, environnemental…) invite peu à l’insouciance… Les gens sont plutôt inquiets voire angoissés. Mais sont-ils pour autant vigilants ? 

Jésus nous invite à rester en alerte. Nous pas en panique mais en alerte, vigilants quant à ce que nous attendons et espérons. 

Il ne s’agit pas d’être paniqué par les soubresauts du monde, angoissé par les menaces qui pèsent sur notre planète… mais de demeurer à l’écoute, vigilants quant à ce que nous attendons et espérons. Vigilants quant à Celui que nous attendons.

Comme la Bible nous y invite par ailleurs, nous prions pour notre monde, nous intercédons en faveur des artisans de paix. Nous voulons aussi faire notre part et agir en faveur de la justice et de la réconciliation à notre niveau. Mais c’est du Seigneur que nous attendons le salut, pour nous et pour notre monde. C’est pour cela que nous attendons la venue de Jésus-Christ. 


Conclusion

Une des vertus du chant ironique de La vie est un long fleuve tranquille, c’est de faire de l’affirmation « Jésus revient » une prière : « Jésus, reviens ! » Et en réalité, ça, c’est très biblique. 

Pour le croyant, l’attente du retour de Jésus ne doit pas être une simple affirmation, objet d’investigation et de conjectures. Il doit s’agir d’une prière qui invite à l’écoute et la rencontre du Christ vivant qui vient, aujourd’hui et demain. 

Jésus, reviens ! Oui, Jésus, reviens, c’est notre prière ! Et c’est très sérieux. Nous en avons besoin. Notre monde en a besoin.