dimanche 8 septembre 2013

L'Evangile, c'est le changement !

Lecture biblique : Philémon 1.8-21

La lettre à Philémon est un petit livre biblique passionnant. Une lettre envoyée par l'apôtre Paul à son ami Philémon, sans doute un homme assez riche, chez qui se réunissait une Église. Il devait avoir des esclaves, comme toutes les personnes aisées en ce temps-là. Et Paul écrit justement à propos d'un de ses esclaves, qui s'est enfui. Un esclave qui s'appelait Onésime, nom qui signifie « utile »... un nom d'esclave !

Toute l'économie romaine reposait sur l'esclavage : on estime que la moitié de la population était esclave ! Rien d'étonnant à ce que des chrétiens aussi aient des esclaves, et que des esclaves aient été chrétiens. On trouve d'ailleurs plusieurs enseignements dans les épîtres de Paul adressés à la fois aux esclaves et aux maîtres.

Notre texte de ce matin constitue le coeur de la lettre de Paul, le moment où il demande à Philémon d'accueillir Onésime malgré ce qu'il lui a fait, notamment parce qu'une donnée essentielle a changé : il s'est converti auprès de Paul. Il faut bien savoir que la sanction pour un esclave qui s'enfuyait était très sévère, souvent la mort. C'est pourquoi Paul met les formes dans sa façon de le demander...

Un détail, avant notre texte, a son importance... Les premiers versets de l'épître soulignent que même s'il s'agit bien d'une lettre personnelle, elle est aussi adressée à toute l’Église qui se réunissait dans la maison de Philémon. Au-delà du cas particulier d'Onésime, ce que Paul écrit ici a donc quelque chose à dire à tous.

Le cas d'Onésime illustre la réalité du changement profond provoqué par l’Évangile. Un changement radical qui doit nécessairement avoir des implications concrètes, dans notre vie, dans nos relations. Et quand on réalise que parmi les chrétiens qui se réunissaient dans la maison de Philémon, il devait y avoir des esclaves, on peut imaginer l'impact de la lettre de Paul.

Pas de doute, avec l’Évangile, le changement, c'est maintenant !


Plus rien n'est comme avant

D'une certaine façon, plus rien n'est comme avant ! Les termes que Paul utilise pour décrire Onésime sont parlants :
Il est devenu le « fils » de Paul. Une façon très forte de parler de sa conversion mais visiblement aussi, du lien fort qui l'unissait désormais à Paul
Jouant sur le sens de son nom, Paul souligne qu'Onésime (« utile ») l'est vraiment maintenant, utile...
Il est devenu plus qu'un esclave pour Philémon : il est désormais un frère !

Tout cela traduit de manière très forte le changement radical intervenu chez Onésime. Le changement radical qu'apporte l’Évangile... On pourrait même dire qu'il illustre de façon assez parlante ce qu'est le salut en Jésus-Christ :
Le commencement d'une vie nouvelle.
La découverte de sa véritable identité. Comme Onésime est devenu vraiment « utile », nous découvrons qui nous sommes vraiment en Jésus-Christ.
L'entrée dans une « famille » spirituelle, la découverte de frères et de soeurs dans la foi.

C'est l'exemple d'Onésime : le salut en Jésus-Christ offre la chance de recommencer une vie nouvelle, c'est l'occasion d'un nouveau commencement. Qui que nous soyons. Quoi que nous ayons fait... Onésime lui-même avait des choses à se reprocher. Il avait fuit, sans doute avec de l'argent volé à son maître (on le déduit de ce que Paul dit au verset 18...). C'est au nom de l'amour, au nom de l’Évangile, que Paul demande à Philémon de lui accorder une nouvelle chance.

C'est au nom du Christ, de ce qu'il a accompli pour nous, que nous pouvons espérer un nouveau commencement, une vie nouvelle. Qui que nous soyons. Quoi que nous ayons fait !


Mais tout est comme avant

Ceci dit, on pourrait dire aussi que d'une certaine manière, tout est encore comme avant...

Onésime est toujours esclave. En tout cas tant que Philémon ne l'a pas affranchi, ce que Paul suggère à demi-mot dans sa lettre... Mais Paul ne le garde pas auprès de lui, il le renvoie à son maître. Philémon reste le maître d'Onésime. C'est à lui de décider de son sort. Rien n'a vraiment changé.

Chrétien ou pas chrétien, Onésime est l'esclave de Philémon. Ce sont là les réalités sociales, humaines. Et ce n'est pas parce qu'on devient chrétien qu'on y est soustrait...

J'y vois aussi le signe que le changement apporté par l'Evangile prend du temps pour se mettre à l'oeuvre, tout n'est pas immédiat. Et nous l'expérimentons tous ! Il ne suffit pas de se convertir pour que tout soit réglé dans notre vie.

Et puis on n'est pas transporté instantanément dans le Paradis ! On continue à vivre ici-bas, avec les réalités, les pesanteurs, les épreuves de la vie quotidienne. Ca peut du reste être une difficulté majeure pour le chrétien, d'avoir l'impression que rien ne change dans sa vie, ou autour de lui.

Lorsque Paul affirme haut et fort, dans son épître aux Galates, qu'« Il n'y a plus ni Juifs ni non-Juifs, ni esclaves ni personnes libres, ni hommes ni femmes. » (Galates 3.28), il affirme la radicalité de la libération apportée par l’Évangile. On ne peut pas dire qu'elle se soit si facilement que cela imposée dans la société, ni même dans l’Église !


Le changement maintenant, dans nos relations

Pour autant, l'apôtre Paul laisse entendre qu'il y a un domaine où le changement doit se manifester dès maintenant. Et c'est au niveau des relations. Il invite Philémon, non seulement à accepter qu'Onésime revienne auprès de lui mais qu'il l'accueille comme si c'était Paul lui-même. Il ne s'agit pas seulement de l'accepter mais de l'aimer !

Ce changement-là ne doit pas attendre... Nos relations doivent changer dès aujourd'hui, si nous appartenons au Christ. Nous sommes invités à accueillir l'autre de façon nouvelle, à lui donner une nouvelle chance, à vivre dans la grâce. C'est sans doute ici la leçon valable pour tous, au-delà de l'exemple d'Onésime et Philémon.

En tant que chrétien, on ne peut pas s'interroger seulement sur l'état de notre relation à Dieu. Qu'en est-il de nos relations avec nos frères et soeurs, avec notre prochain ? Nos relations sont-elles marquées par la grâce, le don gratuit, le pardon ? Sommes-nous prêts à donner à notre frère, notre soeur, une seconde chance ou les enfermons-nous dans leurs actes passés ?

Est-ce que nous cherchons vraiment à nous aimer les uns les autres ? Il ne s'agit pas tellement d'avoir de l'affection ou de la sympathie. Aimer est un commandement dans la Bible. C'est dire qu'il s'agit d'abord d'une question de choix, de volonté. Un regard porté sur l'autre, un accueil bienveillant, une décision de s'intéresser à l'autre, de se rendre disponible.

Voilà où le changement doit avoir lieu, et dès maintenant !


Conclusion

De cette lettre au ton assez intime, on retire une grande leçon de vie pour tout chrétien. L’Évangile, c'est le vrai changement. Un changement radical et immédiat aux yeux de Dieu. Un changement progressif, et souvent long, dans notre vie. Mais un changement qui doit déjà se voir sans attendre, notamment dans nos relations.

La procrastination n'est pas dans l'esprit de l’Évangile. Mais l'impatience non plus ! Demandons au Seigneur de nous donner non seulement la volonté de nous laisser transformer par lui, mais aussi la patience d'accepter que le changement prenne du temps. Chez nous comme chez les autres...

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