Lecture
biblique : Marc 1.1-8
Marc
commence son évangile avec une phrase qui pourrait passer inaperçue,
une simple formule banale : « La Bonne Nouvelle de
Jésus-Christ, Fils de Dieu, commence ici. »
Mais
y a-t-il vraiment des formules banales dans les évangiles ?
Chaque phrase a son importance. Même celle-ci, qui nous en dit
finalement bien plus qu'on pourrait le croire à la première
lecture.
La
Bonne Nouvelle, c'est Jésus !
Le mot
évangile est entré dans le langage courant. Et pour nous, ça
désigne un livre. Ou plutôt quatre livres du Nouveau Testament. Et
on oublierait presque parfois que ce n'est qu'une transcription d'un
terme grec qui a une signification très simple : évangile
signifie bonne nouvelle.
Or, quel
étrange prophète de bonne nouvelle ce Jean-Baptiste, qui apparaît
dès le début de l'évangile selon Marc ! Derrière son
apparence hirsute d'ermite retiré dans le désert, vêtu d'habits
sommaires, avec un régime alimentaire des plus rudimentaires, il
proclame un message radical et exigeant : « changez votre
vie ! »
Mais en
réalité, la Bonne Nouvelle, ce n'est pas Jean-Baptiste,
ni même son message. La Bonne Nouvelle, c'est un personne. C'est
celui qui vient après lui. Celui dont Jean dit qu'il n'est pas digne
d'ôter ses sandales... Ce n'est pas nous, les chrétiens, ou
l’Église, et encore moins une religion... La Bonne Nouvelle, c'est
Jésus.
Et ce
n'est pas fini ! C'est aussi le fait que cette personne soit le
Christ, le Messie, celui que Dieu a choisi pour accomplir son plan de
salut. Et ce n'est pas fini ! C'est aussi le fait que ce Messie
est le Fils de Dieu, Dieu lui-même. Voilà la Bonne Nouvelle :
Jésus est le Christ, le Fils de Dieu.
Est-ce
que nous vivons l’Évangile comme une bonne nouvelle ? Est-ce
que nous l'annonçons comme une bonne nouvelle ? Est-ce que les
gens voient dans notre vie, dans notre Église, que c'est une bonne
nouvelle ?
La
Bonne Nouvelle commence (presque) ici...
En
réalité, on devrait dire que la Bonne Nouvelle commence presque
ici... Parce que si la Bonne Nouvelle, c'est Jésus-Christ, Marc ne
nous en parle pas tout de suite.
Il y a
d'abord les prophètes, et notamment Esaïe qui annonce l'émergence
d'une voix qui crie dans le désert. Et donc il y a aussi d'abord
Jean-Baptiste, et sa prédication publique invitant les foules à se
préparer à l'accueil du Messie qui doit venir. Il y a d'abord ce
baptême d'eau proposé par Jean qui annonce un autre baptême, celui
de l'Esprit saint, que le Christ apportera.
Bref, la
Bonne Nouvelle ne tombe pas comme ça du ciel, du jour au lendemain.
Son émergence est préparée. Vous connaissez le cantique
traditionnel :
« Depuis
plus de 4000 ans, nous le promettaient les prophètes,
Depuis
plus de 4000 ans, nous attendions cet heureux temps... »
Dans le
calendrier liturgique, le temps de l'Avent, tout un mois durant, nous
rappelle cette attente. Noël, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ
venu sur terre, arrive au terme d'un temps de préparation. Et il y a
là une vérité importante : pour recevoir la Bonne Nouvelle,
il faut y être préparé, comme la bonne terre de la parabole, prête
à accueillir la semence.
Comment
avons-nous été préparés à recevoir la Bonne Nouvelle ? Par
notre éducation ? Par des rencontres ? Par des
circonstances, des événements heureux ou non, qui ont émaillé
notre existence ? Nous avons tous un chemin, propre à chacun,
dans lequel pourtant nous pouvons sans aucun doute discerner des
jalons que Dieu a posé dans notre vie pour nous préparer à
l'accueil de la Bonne Nouvelle.
Et puis
cette Bonne Nouvelle, on ne la reçoit pas une fois dans sa vie et
c'est terminé. L'Evangile nous rencontre et nous interpelle sans
cesse. Nous nous réunissons pour entendre tout à nouveau cette
Bonne Nouvelle... Mais comment nous y préparons-nous ?
La
Bonne Nouvelle commence... mais ne se termine pas
Avec un
tel début pour son ouvrage, on pourrait s'attendre à une fin
similaire. Du style : « La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ,
Fils de Dieu, se termine ici... ». Mais si on va à la fin de
l’Évangile selon Marc, on se rend compte que ce n'est pas le cas.
Pas du tout.
En
réalité, l’Évangile selon Marc a la particularité d'avoir une
fin abrupte, une fin ouverte. Il est communément admis aujourd'hui
que les versets 9-20 sont un ajout postérieur à la rédaction de
l’Évangile. Rien d'hérétique dans ces versets, qui empruntent
leur contenu aux autres évangiles et au livre des Actes des apôtres.
Mais à l'origine, l'évangile selon Marc s'arrêtait au verset 8, de
façon surprenante :
« Les
femmes sortent de la tombe et partent en courant. Elles tremblent,
elles sont bouleversées, et elles ne disent rien à personne, parce
qu'elles ont peur. »
Je ne
sais pas si vous aimez les fins ouvertes dans un roman ou dans un
film. Elles peuvent nous frustrer parce qu'elles ne proposent pas une
fin claire et précise. C'est ce qui explique l'ajout à la fin de
l'évangile selon Marc... Mais elles peuvent aussi nous stimuler
parce qu'elles nous laissent imaginer la suite. Les fins ouvertes
nous interpellent, elles nous invitent à continuer l'histoire.
Dans la
Bible, le livre de Jonas aussi a une fin ouverte. Avec une question
que Dieu pose au prophète sans qu'il y ait de réponse explicite :
« Alors,
est-ce que je ne peux pas, moi, avoir pitié de cette grande ville de
Ninive ? » (Jonas 4.11)
La Bonne
Nouvelle de Jésus-Christ a un commencement... mais pas de fin. Elle
commence avec sa naissance, elle se poursuivra avec sa mort sur la
croix. Mais ce ne sera pas la fin : elle se poursuivra avec sa
résurrection. Voilà pourquoi elle n'a pas de fin, parce que
Jésus-Christ est ressuscité et il est vivant pour toujours !
De plus,
le fait qu'il n'y ait pas de fin à l’Évangile selon Marc nous
invite aussi à continuer l'histoire. L'Evangile ne doit pas rester
un livre, il doit devenir pour nous une Bonne Nouvelle, il veut
poursuivre son histoire dans chacune de nos vies.
Conclusion
Dès
le début de son ouvrage, Marc nous rappelle que l’Évangile est
une Bonne Nouvelle parce qu'il ne s'agit ni d'un simple message ni
d'une religion, mais d'une personne. Jésus-Christ, Fils de Dieu.
Et
cette Bonne Nouvelle est vivante parce que Jésus-Christ est vivant.
Recevoir l’Évangile, c'est laisser le Christ entrer dans notre
vie, et nous tenir prêt à l'accueillir tout à nouveau chaque jour.
Pour
chacun de nous, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu,
peut commencer ici et maintenant.
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