dimanche 24 décembre 2023

L'adoration des bergers

L’adoration des bergers (1644) de Georges de la Tour

Est-ce que vous reconnaissez les personnages de ce tableau ? 

Ce que j’aime dans cette représentation de l’adoration des bergers, c’est sa grande sobriété. C’est presque une scène banale, dont on pourrait même ne pas percevoir le caractère religieux. Un nourrisson emmailloté, quelques personnages d’humble condition. Bref, une simple scène champêtre. 

Je suis profondément touché par ce tableau qui exprime si bien l’humilité et l’abaissement du Fils de Dieu. Son arrivée, presque incognito, dans l’histoire des humains. Une naissance dans une étable, entouré d’humbles bergers… Mais ce nourrisson, dans cette scène champêtre, c’est le Fils de Dieu !

A l’époque du peintre, en général, on intégrait d’autres éléments, parfois spectaculaires, dans les représentations de la Nativité. Il y a tout un décorum, des anges et souvent une lumière presque surnaturelle qui émane de l’enfant Jésus. Ici, rien de tout cela. Il n’y a pas d’ange et Jésus est, certes, dans la lumière mais cette lumière n’émane pas de lui de façon surnaturelle. 

Dans le tableau, c’est Joseph qui éclaire le petit enfant de la bougie qu’il tient dans sa main. C’est bien lui, cet enfant, que nous devons voir en premier lieu. C’est lui qui est l’objet de toutes les attentions : tous les regards sont portés sur lui. 

Mais la lumière de la bougie est cachée par la main de Joseph. La lumière n’est pas éclatante mais discrète. C’est la lumière discrète de Noël, celle du Fils de Dieu qui vient sur terre sous la forme d’un petit enfant. Dieu est là, dans ce petit enfant, mais c’est une lumière cachée. 

Alors bien-sûr, dans le récit de l’évangile de Luc, il y a l’apparition glorieuse des anges aux bergers, et là alors il y a une lumière éclatante. Parce que la nouvelle est éclatante et elle mérite d’être proclamée bien fort : « je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple : cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un sauveur ; c'est le Christ, le Seigneur ! » Mais le signe que l’ange annonce contraste par sa sobriété : « vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. » Et là, on retrouve le tableau de Georges de la Tour… 

La vraie lumière de Noël est discrète. Bien plus discrète que celle des illuminations sur les places et dans les rues de nos villes. En réalité, si on n’y prêt pas attention, on pourrait même totalement l’ignorer. On peut même dire que tout au long de l’année, on peut passer à côté de cette lumière discrète du Christ dans notre vie. 

Dans le tableau de Georges de la Tour, un des personnages a une attitude légèrement différente de celle des autres. C’est Marie. Ses mains disent qu’elle est en prière. Peut-être en écho à ces paroles de l’évangile de Luc, lues tout à l’heure : « Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et elle y réfléchissait profondément. » 

La prière, voilà la clé pour discerner la lumière discrète du Christ dans notre vie. Une prière qui se remémore les promesses du Christ. « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde… » Mais parce que la présence du Christ est réelle mais discrète, cela demande en général de l’attention, de la concentration, du discernement. 

Prier, c’est chercher Dieu dans notre quotidien. Pour ne pas passer à côté de sa lumière discrète. Si nous attendons l’éclat du chœur des anges pour voir la présence de Dieu dans notre vie, nous ne la verrons sans doute pas souvent. Si nous attendons seulement de voir des miracles et de vivre des expériences intenses, alors nous passerons à côté de la lumière douce et discrète de la présence du Christ dans notre quotidien. Cette lumière-là, c’est dans la prière qu’elle se discerne. 

Elle transparaîtra dans les petites choses du quotidien, dans une parole reçue, une circonstance vécue, une rencontre inattendue… Elle procure le réconfort et la paix. 

Cette paix, l’apôtre Paul la souhaite pour ses lecteurs, dans l’épître aux Philippiens :

Philippiens 4.6-9
6 Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7 Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.
8 Enfin, frères et sœurs, portez votre attention sur tout ce qui est honorable et digne de louange : sur tout ce qui est vrai et mérite d'être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu'on peut apprécier et estimer. 9 Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m'avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

La paix de Dieu, pour Paul, découle bien de la prière. Et elle est la conséquence de notre recherche de Dieu, de tout ce qui provient de lui et ce qui est bon pour nous. En portant notre attention sur ce qui est honorable et digne de louange, nous recevons la paix de Dieu.

Que chantait le chœur des anges dans le récit de la nativité ?  « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu'il aime ! » Pour nous qui sommes sur la terre, c’est cette paix qui nous est promise. Et elle nous sera donnée, si nous prenons le temps de chercher la lumière discrète et bienfaisante du Christ dans notre vie. Si nous prions, pour chercher Dieu dans notre quotidien. 

Alors oui, aujourd’hui encore : « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu'il aime ! »


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