dimanche 7 juin 2015

Retroussons-nous les manches !

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1 Corinthiens 3.1-17
1 Pour moi, frères et sœurs chrétiens, je n'ai pas pu vous parler comme à des personnes qui ont l'Esprit Saint. Je vous ai parlé seulement comme à des personnes faibles, à des chrétiens qui sont encore des bébés dans la foi. 2 Je vous ai donné du lait à boire, et non une nourriture solide, parce que vous ne pouviez pas la supporter. Même maintenant, vous ne pouvez toujours pas la supporter, 3 parce que vous êtes encore faibles. En effet, parmi vous, il y a de la jalousie et des disputes. Alors, est-ce que vous n'êtes pas des gens faibles ? Est-ce que votre façon de vivre n'est pas encore bien humaine ? 4 Quand l'un de vous dit : « Moi, j'appartiens à Paul », quand un autre dit : « Moi, j'appartiens à Apollos », est-ce que ces paroles ne sont pas encore bien humaines ?
5 Apollos, qui est-ce ? Et Paul, qui est-ce ? Nous sommes seulement des serviteurs de Dieu. C'est par nous que vous êtes devenus croyants, et chacun de nous a travaillé selon les dons que Dieu lui a faits. 6 Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé, mais c'est Dieu qui a fait pousser. 7 Celui qui plante n'est rien, celui qui arrose n'est rien. Mais celui qui fait pousser est tout, et c'est Dieu. 8 Entre celui qui plante et celui qui arrose, il n'y a pas de différence. Mais Dieu donne à chacun sa récompense, selon son travail. 9 Car nous travaillons ensemble au service de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu. Vous êtes aussi la maison de Dieu.10 Selon le don que Dieu m'a fait, j'ai placé les fondations comme un bon constructeur. Un autre construit dessus. Mais chacun doit faire attention à la façon de construire dessus. 11 Les fondations sont déjà là : c'est Jésus-Christ. Personne ne peut en placer d'autres. 12 On peut construire sur ces fondations avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille. 13 Peu importe ! Le travail de chacun sera visible, et on le connaîtra le jour du jugement. Ce jour-là, il y aura un grand feu, et ce feu montrera la qualité du travail de chacun. 14 Si quelqu'un a construit une maison qui résiste au feu, celui-là recevra une récompense. 15 Au contraire, si son travail est brûlé, il perdra tout. Lui, il sera sauvé, mais comme quelqu'un qui traverse le feu pour s'échapper.
16 Vous êtes le temple de Dieu, et l'Esprit de Dieu habite en vous. Vous ne savez donc pas cela ? 17 Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, celui-là, Dieu le détruira. Oui, le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous. 


Les premières paroles de ce texte sont dures pour les chrétiens de Corinthe, que Paul appelle des chrétiens faibles, des bébés dans la foi, à qui il n'a pas pu parler comme à des chrétiens matures. La preuve de cette immaturité se trouve dans les jalousies et les disputes qui caractérisent leur vie d’Église. J'ai peur qu'aujourd'hui encore, l'apôtre considérerait pas mal d’Églises comme immatures sur ce plan...

Ceci dit, ce qu'il dit ensuite de l’Église, bien que partant de son cas personnel et de la situation propre de l’Église de Corinthe, dit bien quelque chose d'universel à propos de l’Église, et même des Églises en général. Il le développe à partir de deux images qui se télescopent : l’Église est le champ et la maison de Dieu.



C'est Son champ et Sa maison !

L’Église, c'est le champ de Dieu. C'est lui le propriétaire du champ. Personne d'autre ne peut s'en prétendre propriétaire ! C'est Sa maison, celle où il se manifeste mais surtout celle qui lui appartient. On ne parle pas bien-sûr des quatre murs d'une Église mais de la communauté. En allant dans une Église, dans une communauté chrétienne, on vient chez Lui.

L’Église est le champ de Dieu, Sa maison. Et pourtant, si souvent elle est le lieu de jeux de pouvoir. Malheureusement... C'était flagrants à Corinthe mais c'est loin d'être un cas isolé ! Il y a toujours le danger de s'approprier « son » Église, en particulier pour le pasteur, le conseil ou les membres fondateurs... Mais dans une Église, on n'y travaille pas pour nous-mêmes, mais pour Dieu. C'est son Église, pas la nôtre... C'est ce qui fait de cette maison un temple de Dieu (cf. v.16).

Évidemment, dire de l’Église qu'elle est le temple de Dieu ne doit pas nous conduire à idéaliser les Églises. Loin de là. Si l’Église est le projet de Dieu, elle est aussi, par nature, humaine. Elle est donc imparfaite. Mais parce qu'elle est le projet de Dieu, il y a une lourde responsabilité pour celui qui détruit l’Église, qui y est source de division. Paul le rappelle ici : celui qui agit ainsi détruit le temple de Dieu.

Au contraire, les deux images utilisées par Paul permettent de souligner que nous avons une responsabilité dans la construction de l’Église. Car si elle est le champ de Dieu, il n'y poussera rien si on y sème rien. Et si elle est la maison de Dieu, elle en restera à ses fondations, certes solides, mais sans mur si nous n'y construisons rien dessus.


Planter, arroser... et laisser croître. 

De son expérience, Paul tire une leçon générale. Il a planté, Apollos a arrosé, et c'est Dieu qui fait croître. Planter, c'est ensemencer le champ avec l’Évangile. C'était le travail d'apôtre de Paul, fondateur d’Églises dans tout l'empire romain. Arroser, c'était le travail d'enseignant d'Apollos, pour édifier et affermir les chrétiens. Mais dans tous les cas, c'est Dieu qui fait croître. C'est lui qui rend efficace le témoignage de Paul et l'enseignement d'Apollos. C'est son œuvre dans les cœurs qui est décisive.

Retenons de cette double responsabilité de planter et arroser, la nécessité d'une complémentarité. Une Église n'est jamais l'oeuvre d'un seul homme, elle est le projet de Dieu vécu communautairement, dans la complémentarité des dons et des ministères. Retenons aussi que pour le développement d'une Église, il y a une question de timing, d'action adaptée au besoin du moment. Il ne sert à rien d'arroser si on n'a pas planté avant !

Il s'agit donc pour nous de planter, d'arroser... et de laisser croître. Laisser Dieu agir. Le problème arrive quand les chrétiens débordent leur responsabilité, en cherchant à faire croître eux-même l’Église ! En appliquant simplement des méthodes ou en utilisant des techniques. L’Église devient alors une entreprise à faire prospérer... mais elle n'est plus le champ de Dieu.

Laisser croître n'est pas si facile que ça. Parce que le champ de Dieu ne pousse pas toujours comme on s'y attend ! Laisser croître, c'est se laisser surprendre par Dieu et accueillir le fruit qu'il fait pousser, pas forcément celui qu'on voudrait voir apparaître. Parfois dans le champ de l’Église on peut couper ce qu'on pense être de mauvaises herbes et on se prive alors de fruits surprenants ! Ces « mauvaises herbes » sont peut-être des projets inattendus ou des personnalités atypiques, et on leur coupe l'herbe sous les pieds, parce qu'on n'a jamais fait ça !

Il y a des sécateurs très efficaces dans le champ de l’Église, qui coupent très facilement des projets ou des personnes qui auraient pourtant pu donner de bons fruits. Ces sécateurs qu'on appelle « traditions », « structures », « culture » ou même parfois avec des noms plus longs du genre « on-ne-peut-pas-faire-ça-dans-une-église » ou « un-bon-chrétien-ne peut-pas », voire même « Dieu-m'a-dit-que » ou « la-Bible-dit-que » !

Pour qu'une Église se développe, on a sans doute plus besoin d'arrosoirs que de sécateurs. Des arrosoirs qui édifient, qui encouragent, qui prient, qui soutiennent, qui font confiance. Et moins de sécateurs qui découragent, qui refusent, qui interdisent, qui se méfient...


Construire sur les fondations avec ses propres matériaux

L’Église, c'est aussi la maison de Dieu. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte que dans la métaphore développée par Paul, il s'agit plus d'une maison en construction que d'un édifice déjà bâti. Dieu est le propriétaire du chantier. Les fondations ont déjà été posées, il s'agit maintenant de construire sur elles.

Les fondations, c'est Jésus-Christ. Et Paul précise bien qu'on ne doit pas en chercher d'autre. Jésus-Christ est le seul fondement de l’Église. On pense ici bien-sûr en premier lieu à son œuvre accomplie pour nous. L’Église se fonde sur la mort et la résurrection de Jésus-Christ, sans lesquelles il n'y aurait pas d’Église.

Mais il faut aller plus loin. Avoir Jésus-Christ comme fondations sur lesquelles construire, c'est affirmer le lien vital et indispensable avec le Christ vivant, aujourd'hui. Une Église, pour se construire, doit entretenir le lien d'intimité avec le Christ. Et le faire de façon communautaire : vivre ensemble la relation avec le Christ vivant.

L’Église, toute Église, est donc en chantier. Elle se construit. On ne touche pas aux fondations ! Mais on peut ajouter de nouveaux étages, on peut aussi abattre des cloisons, on peut percer des portes et des fenêtres, on peut aménager l'intérieur... C'est cela une Église vivante. Une Église qui ne se fige pas dans un projet mais qui évolue, qui retravaille ses plans.

Et l’Église se construit. Chacun y participe, avec ses propres matériaux : « On peut construire sur ces fondations avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille » (v.12) Il y a bien ici le reflet de la diversité qui fait la particularité de l’Église : chacun peut apporter sa pierre à l'édifice. Certes, les matériaux évoqués par Paul sont plus ou moins nobles, et plus ou moins résistants au feu, solides ou fragiles. L’Église, toute Église, est faite aussi de ces failles, de ces fragilités. L'important, c'est de construire ensemble !

D'autant que l'épreuve du feu dont parle Paul, au moment du bilan, ne détruira pas forcément les œuvres qu'on imagine. La vraie valeur de l'apport des uns et des autres ne se mesure pas toujours tout de suite, il faut se méfier des apparences !


Conclusion

L’Église, c'est le projet de Dieu qu'il réalise avec les hommes et les femmes qui lui appartiennent. C'est Son champ et Sa maison. Il est à l'initiative du projet, il en est l'artisan incontournable, le fondement unique. Mais il ne mènera pas ce projet sans nous. C'est Lui qui fait croître... mais pas sans que nous semions et que nous arrosions. C'est Lui, en Jésus-Christ, qui en est les fondations, mais c'est nous qui sommes les matériaux de construction pour édifier le temple de Dieu.

En tant que champ, nous sommes appelés à être les témoins de l'oeuvre de Dieu en nous, qui nous fait croître par sa grâce. En tant que maison, nous sommes appelés à nous édifier à la gloire de Celui qui, en Jésus-Christ, est mort et ressuscité pour nous. Quelle belle vocation ! Quel privilège ! Quelle formidable invitation à laquelle nous sommes tous appelés à répondre !

Alors retroussons-nous les manches ! Il y a du travail dans le champ et sur le chantier de l’Église !

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