dimanche 4 décembre 2022

L’urgence d’aimer, l’importance d’agir dans la lumière


Romains 13.8-14

8 N'ayez de dette envers personne, si ce n'est de vous aimer les uns aux autres. Celui qui aime les autres a obéi complètement à la Loi. 9 En effet, les commandements « Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas », ainsi que tous les autres, se résument dans cette seule parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 10 Celui qui aime ne fait aucun mal à son prochain. En aimant, on obéit donc complètement à la Loi.

11 Prenez cela d'autant plus au sérieux que vous savez en quel temps nous sommes : le moment est venu de vous réveiller de votre sommeil ! En effet, le salut est plus près de nous maintenant qu'au moment où nous avons mis notre foi en Christ. 12 La nuit est avancée, le jour approche. Rejetons donc les actions qui se font dans l'obscurité et prenons sur nous les armes qu'on utilise en pleine lumière. 13 Conduisons-nous honnêtement, comme il convient à la lumière du jour. Gardons-nous des orgies et des beuveries, des coucheries et des débauches, des querelles et de la jalousie. 14 Revêtez la façon d'être du Seigneur Jésus Christ. Sortez d'une logique humaine qui a pour moteur les mauvais penchants.

A la fin de sa lettre aux chrétiens de Rome, l’apôtre Paul leur adresse un certain nombre de considérations pratiques, des conseils et des instructions pour le quotidien de la vie des croyants, entre eux dans l’Eglise et dans la société.  

Dans notre passage, il rappelle d’abord le commandement fondamental concernant la vie du croyant, le corollaire indispensable au commandement premier d’aimer Dieu, celui d’aimer son prochain comme soi-même. C’est Jésus lui-même qui le dit, dans les évangiles. Le plus grand commandement est double : aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même. 

Et à partir du verset 11, Paul souligne l’importance de ce commandement de l’amour du prochain dans le contexte particulier où ils se trouvaient : « Prenez cela d'autant plus au sérieux que vous savez en quel temps nous sommes ». 

On perçoit un sentiment d’urgence dans les paroles de l’apôtre. Au moment où il rédige cette lettre, on est sans doute entre 56 et 58 après Jésus-Christ. Moins de trente ans après la mort et la résurrection de Jésus. Et les choses commencent à se compliquer sérieusement pour les chrétiens dans l’empire romain. L’opposition qui ne se manifestait au début que de la part des chefs religieux juifs commence à se manifester aussi chez le pouvoir romain. Et de manière de plus en plus violente. La persécution va ensuite s’intensifier… Ça explique la tonalité assez alarmiste de l’apôtre Paul : « La nuit est avancée, le jour approche. »

Face à cette menace qui se profile, en plus de rappeler l’importance centrale de l’amour du prochain, l’apôtre Paul exhorte ses lecteurs (en s’incluant lui-même dans l’interpellation) : « Rejetons donc les actions qui se font dans l'obscurité et prenons sur nous les armes qu'on utilise en pleine lumière. » C’est un appel à l’intégrité et l’honnêteté, à vivre dans la lumière.  

Je retiens deux points quant à notre attitude en situation de crise : aimer notre prochain et vivre dans la lumière. Et ce sont deux points étonnants… parce que ce ne sont pas forcément nos premiers réflexes dans un tel contexte !

Comment réagissons-nous dans les crises, face à l’incertitudes et aux craintes qu’elles suscitent ? 

Depuis quelque temps, nous vivons dans des temps d’incertitudes, c’est une évidence, avec des événements inquiétants qui ont un impact mondial. La crise du Covid, la guerre en Ukraine, le dérèglement climatique… et toutes leurs conséquences économiques, sociales, psychologiques… Il y a de quoi être inquiet ! 

Je n’ai pas l’impression que l’amour du prochain et l’intégrité soient les premiers réflexes qu’on rencontre aujourd’hui… 

Ce qu’on constate plutôt aujourd’hui c’est le repli sur soi. Un repli qui peut prendre plusieurs formes : identitaire, communautariste, sectaire, fanatique… On s’enferme, et on enferme les autres, dans des catégories radicales : les pro-ceci et les anti-cela, on se fige dans des aprioris et des caricatures. On se confine dans son cocon, avec le confort, la sécrité et le bien-être personnel comme valeurs suprêmes. On se replie chez soi, on stigmatise l’autre, on ferme les frontières, on refuse l’accueil et l’hospitalité… 

Et ne pensons pas que les Eglises et les croyants échappent à ce genre de repli ! Il nous faut sans doute entendre les exhortations de l’apôtre Paul pour nous, aujourd’hui… même (surtout !) si elles nous prennent un peu à rebrousse-poil. 


L’urgence d’aimer

L’apôtre Paul évoque donc en premier lieu l’amour du prochain. Non pas comme un conseil facultatif mais comme une urgence ! En particulier dans un monde en crise, s’il y a une urgence, c’est celle de l’amour. 

Contre le repli dans l’urgence, l’apôtre appelle à l’urgence d’aimer. 

En réalité, il est toujours urgent d’aimer. L’amour ne supporte pas la procrastination. La force de l’amour c’est de s’adapter à toute forme de relation et à toutes circonstances. Mais dans tous les cas, l’amour est l’ingrédient indispensable à toute relation qui veut le bien de l’autre. Selon les cas, l’amour se traduira par l’affection, l’amitié, la fidélité, le respect, l’accueil, l’écoute, la bienveillance, mais parfois aussi la franchise ou le courage... 

Il est toujours urgent d’aimer. Aimer Dieu et aimer notre prochain. D’autant plus quand l’inquiétude et l’incertitude gagnent notre monde, quand la haine, la soif de pouvoir et la violence gagnent du terrain. Notre monde n’a pas besoin de plus de murs, de barrières et de portes fermées. Il a besoin de plus de solidarité, d’accueil et de bienveillance. 

C’est bien le chemin que le Christ a démontré. Nous le rappellerons dans ce temps de l’Avent qui conduit à Noël : le Fils de Dieu est devenu homme pour manifester l’amour de Dieu, sa solidarité avec l’humanité… 

Ce n’était pas le chemin de la facilité mais c’est celui qu’il était urgent d’emprunter. Il est venu pour aimer mais il a été rejeté. Il est venu pour apporter le pardon et la réconciliation avec Dieu mais il a été condamné. Il est venu pour guérir et pour libérer, et il a été crucifié. 

Et malgré tout cela, il nous a aimé jusqu’au bout. Il a été solidaire avec nous, jusque dans la mort. Sa réponse au rejet et à la haine des humains, c’était l’amour. En accueillant tous ceux qui venaient à lui, en proclamant la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, en consolant, libérant, guérissant, avec patience et bienveillance. 

Il nous a aimé. Et l’amour a finalement triomphé de la mort puisqu’il est ressuscité. 

N’est-il pas urgent de l’aimer, lui aussi ?


L’importance d’agir dans la lumière

L’urgence d’aimer ne nous pousse pas pour autant dans un élan spontané et incontrôlé, tête baissée, sans recul. L’exhortation de l’apôtre Paul nous invite à prendre du recul, interroger notre conduite : « Rejetons donc les actions qui se font dans l'obscurité et prenons sur nous les armes qu'on utilise en pleine lumière. »

Nous devons prendre conscience de l’importance d’agir dans la lumière. 

Les exemples qu’il mentionne sont liés à la culture romaine de l’époque : orgie et débauche. Les querelles et la jalousie, c’est plus universel ! On donnerait peut-être d’autres exemples aujourd’hui, quoi que… Mais peu importe. Ce qu’on peut retenir, c’est le contraste entre la nuit et le jour, entre ce qu’on fait caché et ce qu’on fait dans la lumière. 

Je n’ai pas de doute que nous avons tous dans notre vie des zones d’ombre voire d’obscurité, dans lesquelles nous faisons, nous disons ou nous pensons des choses que nous ne voudrions surtout pas voir être mises en pleine lumière ! Je me trompe ? 

Jouons carte sur table ! Il ne s’agit pas d’exposer sa vie privée et de ne garder aucun jardin secret. Tout en reconnaissant nos faiblesses, il s’agit surtout de se conduire dans la vie de tous les jours d’une façon honnête et intègre, cohérente avec notre foi. 

Le pire pour témoignage, ce ne sont pas nos faiblesses, nos limites ou même nos erreurs, c’est notre incohérence. il n’y a rien de pire pour le témoignage que l’incohérence entre nos belles paroles et nos actes, entre l’attitude du dimanche à l’église et celle du lundi au boulot ou en famille. 

Car nous sommes observés… Bien-sûr, nous pouvons cacher le fait que nous sommes chrétiens et nous débrouiller pour que ça ne transparaisse jamais dans notre vie quotidienne. Mais comment prétendre alors vivre dans la lumière ? 

La réalité est que, lorsque les gens qui nous entourent savent que nous sommes chrétiens, ils nous observent. Ils regardent notre façon d’être, notre conduite, comment nous nous comportons avec les autres, ce que nous faisons ou ne faisons pas…

S’il y a une contradiction évidente entre ce que nous croyons et ce que nous vivons, entre ce nos paroles et nos actes, alors nous ne vivons pas dans la lumière. 

Mais vivre dans la lumière, ce n’est pas pour autant essayer de faire croire que, puisque nous avons la foi, notre vie est parfaite, notre comportement est sans faille, nos intentions toujours pures et notre joie complète. L’illusion peut fonctionner un temps… mais ça ne durera pas. 

Vivre dans la lumière, c’est aussi être soi-même, avec ses qualités et ses défauts, avec ses limites et ses faiblesses, en assumant qui on est, ce qu’on aime, ce qu’on espère… et en démontrant comment notre foi nous impacte et nous transforme, comment notre relation avec le Christ nous rejoint dans tous les aspects de notre vie. 


Conclusion

Voilà le défi que nous partageons : comprendre, et vivre, l’urgence d’aimer et l’importance d’agir dans la lumière !

J’ai eu l’occasion dernièrement de vivre un temps de retraite où nous avons longuement lu et médité la prière de Jésus pour ses disciples en Jean 17. Et il y a un détail de cette prière qui m’a frappé jamais et qui peut entrer en écho à ce défi. C’est le verset 23 : « Je vis en eux, tu vis en moi ; c'est ainsi qu'ils deviendront parfaitement un, afin que le monde reconnaisse que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. »

Jésus ne prie pas pour que le monde voie combien ses disciples aiment Dieu mais combien ses disciples sont aimés par Dieu. Ce n’est pas en cherchant à être des disciples parfaits que nous vivrons dans la lumière mais en se laissant être aimé par Dieu, et ne pas avoir honte que ça se voie. 

Je peux alors vraiment aimer mon prochain parce que Dieu m’a aimé le premier. Je peux sans crainte vivre dans la lumière, parce que je sais que Dieu m’aime. 




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