dimanche 20 novembre 2022

Qui est Jésus ?

Qui est Jésus ? Cette question, simple en apparence, est en réalité complexe. Il suffit de voir les différentes réponses qui lui ont été données depuis 2000 ans, la variété de ses représentations dans l’histoire et selon les cultures, les façons dont les uns et les autres se sont approprié la figure de Jésus… 

Qui est Jésus ? La question mérite d’être posée, même à des croyants. Jésus a d’ailleurs posé la question à ses disciples. Après leur avoir demandé ce que les gens disaient de lui, il leur a demandé : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matthieu 16.15). Pour le croyant, la réponse à cette question a forcément une dimension personnelle. Elle dira quelque chose de sa foi… 

Qui est Jésus ? Que pensez-vous de lui ? Un sondage TNS Sofres de 2008 était consacré à cette question. Il révèle que 87% des Français ont une image sympathique de Jésus (33% le trouvent très sympathique et 54% sympathique), alors que seulement 6% ne le trouvent pas sympathique. 

Mais en même temps, seulement 65% croient qu’il a vraiment existé et 25% qu’il n’a pas vraiment existé. Les autres, j’imagine, ne se prononcent pas (ce qui veut dire sans doute qu’ils ne croient pas vraiment à son existence !). 

En réalité, aucun historien sérieux aujourd’hui ne mettra en doute l’existence de Jésus… Mais la vraie question est de savoir de quel Jésus on parle. Il ne fait aucun doute qu’un certain Jésus de Nazareth a vécu au premier siècle et qu’il a rassemblé un groupe plus ou moins important de disciples autour de lui. Mais qui est vraiment ce Jésus ? Quand on pose la question aux Français aujourd’hui, on se rend compte que les réponses sont très diverses. Les résultats du même sondage sont éloquents : 

  • 35% : « le fils de Dieu »
  • 21% : « un prophète »
  • 17% : « un homme comme les autres » 
  • 15% : « un mythe »
  • 3% : « un gourou »
  • 2% : « un doux rêveur »
  • 2% : « un héros »

Il faut aussi souligner que ceux qui disent, par exemple, que Jésus est le fils de Dieu ou un prophète, ne l’entendent probablement pas tous de la même manière… 

Lorsqu’on lit les Evangiles, et plus largement le Nouveau Testament, on se rend compte de la personnalité riche et complexe de Jésus. Lorsqu’on considère l’histoire de la christologie (la partie de la théologie qui s’intéresse au Christ), on se rend compte de la profondeur du sujet. Et on se rend même compte, tout au long de sa vie chrétienne, qu’on n’a jamais fini de découvrir de nouvelles facettes de la personne de Jésus-Christ. 

Qui est Jésus est donc bien une question pertinente et, en réalité, assez complexe. En gardant à l’esprit cette question, je vous invite à lire le texte du Nouveau Testament qui nous est proposé pour ce dimanche. Parmi tous les textes du Nouveau Testament parlant de Jésus, c’est peut-être le plus majestueux dans sa description du Christ et qui peut même, d’une certaine façon, être assez vertigineux. Si on considère toutes les implications de ce que dit l’apôtre Paul dans ce texte, on se dit que, quelle que soit notre compréhension et notre vision du Christ, elle est sans doute incomplète et trop petite.  C’est un texte qui nous invite à voir le Christ plus grand… 

Colossiens 1.15-20

15 Le Christ est l'image visible du Dieu invisible. Il est le Fils premier-né, supérieur à tout ce qui a été créé. 16 Car c'est par lui que Dieu a tout créé, dans les cieux et sur la terre : ce qui est visible et ce qui est invisible, les puissances spirituelles, les dominations, les autorités et les pouvoirs. Dieu a tout créé par lui et pour lui ! 17 Il existait avant toutes choses, et c'est par lui qu'elles sont toutes maintenues à leur place. 18 Il est la tête du corps, qui est l'Église ; il est le commencement, le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, afin d'avoir en tout le premier rang. 19 Car Dieu a décidé d'être pleinement présent en son Fils 20 et, par lui, il a voulu réconcilier l'univers entier avec lui. C'est par le Christ, qui a versé son sang sur la croix, qu'il a établi la paix pour tous, sur la terre comme dans les cieux.

Il y a 4 affirmations à propos du Christ que j’aimerais souligner dans ce texte, qui nous aideront sans doute à répondre d’une manière plus juste et plus large à la question « Qui est Jésus ? » :

  • Il est l’image visible du Dieu invisible
  • Dieu a tout créé par lui et pour lui 
  • Il est le premier à avoir été ramené d'entre les morts
  • Par lui, Dieu a voulu réconcilier l'univers entier avec lui


Chacune de ces formules mériterait une prédication ! Je vous propose simplement de les évoquer rapidement, d’en comprendre la signification et quelques implications pour nous. 


Le Christ est l’image visible du Dieu invisible 

Cette belle formule est une autre façon d’évoquer ce qu’on appelle en théologie l’incarnation. En Jésus-Christ, Dieu revêt notre humanité, le Fils de Dieu devient homme tout en demeurant Dieu. C’est bien-sûr un mystère extraordinaire que nous avons bien du mal à pleinement saisir… mais nous allons le rappeler bientôt, à l’occasion de Noël qui approche. 

En tant qu’image visible du Dieu invisible, le Christ est Révélateur, à la fois de Dieu et de notre humanité. 

  • Il est Révélateur de Dieu. Dieu qui, par nature, est invisible devient visible en Christ. On peut le voir au-travers de l’homme Jésus. Comme le dit le prologue de l’Evangile de Jean : « Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit dans l'intimité du Père, lui seul l'a fait connaître. » (Jean 1.18) Rendre Dieu visible : c’est fou !
  • Mais il est aussi Révélateur de notre humanité. Qui est « image de Dieu » dans la Bible ? Les êtres humains ! La Genèse dit que Dieu a créé les êtres humains à son image (Genèse 1.27). Mais cette image, aujourd’hui, est largement abimée, déformée, défigurée. Le Christ vient révéler, et rétablir, notre humanité. 

En d’autres termes, dans la personne de Jésus, nous voyons Dieu et nous nous voyons nous-mêmes, être humain créé à l’image de Dieu. Le connaître, c’est connaître Dieu, et c’est mieux se connaître soi-même. 


Dieu a tout créé par lui et pour lui

Ici, on est au-delà de l’incarnation, qui est un fait historique ayant eu lieu il y a quelque 2000 ans. Avec cette formule, on remonte en effet jusqu’à la Création du monde, et même avant ! Le Fils de Dieu n’est pas né avec Jésus... Il a toujours existé (ce qui est le propre de Dieu). Non seulement il est supérieur à tout ce qui a été créé mais c’est par lui et pour lui que tout a été créé. C’est même par lui que toutes choses sont maintenues à leur place. 

Le Christ, ici, a une dimension cosmique, à l’échelle de l’univers, qui déborde l’homme Jésus. C’est probablement une dimension du Christ que nous avons tendance à oublier. Si le Christ est pleinement un homme, semblable à vous et moi, il est aussi bien plus que cela. Jamais nous ne pourrons pleinement le comprendre, jamais nous ne pourrons parfaitement le saisir. C’est pourquoi nous n’aurons jamais fini de le découvrir… 

Mais ne mesure-t-on pas mieux l’amour du Christ quand on le considère ainsi ? Celui par qui et pour qui tout a été créé a accepté d’être jugé et condamné à mort. Celui qui tient l’univers entre ses mains a accepté que ses mains soient clouées sur une croix !


Le Christ est le premier à avoir été ramené d'entre les morts

Plus précisément, le texte affirme que le Christ est « le commencement, le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, afin d'avoir en tout le premier rang. » Ici bien-sûr, on parle de l’événement de la résurrection de Jésus-Christ. Mais le texte le fait en des termes qui en soulignent toute la dimension. 

La résurrection du Christ n’est pas un aboutissement, ce n’est pas le « happy end » de la vie de Jésus, c’est un nouveau commencement ! La résurrection du Christ n’est pas qu’une simple réanimation de son corps. Aujourd’hui le Christ est ressuscité, il est vivant en son corps et il le sera pour l’éternité. Sa résurrection annonce notre propre résurrection à venir. 

En réalité, avec la résurrection de Jésus, on assiste à la naissance du premier représentant d’une humanité nouvelle, appelée à vivre pour toujours ! Et c’est à ce titre que le Christ est le chef de l’Eglise, la tête du corps. Il l’est en tant que premier représentant d’une humanité nouvelle. Cette humanité nouvelle, au bénéfice de la vie de Dieu, renouvelée par l’Esprit saint, c’est cela l’Eglise ! En tout cas c’est cela qu’elle est appelée à être, réellement même si c’est encore imparfaitement, dans l’attente du jour de la Résurrection. 


Par lui, Dieu a voulu réconcilier l'univers entier avec lui

Notre texte se termine avec une nouvelle évocation de la dimension cosmique du Christ. C’est l’univers entier que Dieu a voulu réconcilier avec lui par le Christ, pas seulement l’humanité ! 

En tant que protestants évangéliques, on insiste souvent sur l’importance d’accueillir Jésus comme notre Sauveur personnel. Et c’est bien de le faire car c’est en effet ce que Jésus veut être pour chacun et chacune de nous. Mais le risque est de réduire alors le Christ à cette seule dimension personnelle et intime, importante mais bien trop étroite et limitée. 

Dans notre texte, c’est l’univers entier que Dieu a voulu réconcilier avec lui par le Christ ! Voilà qui doit faire éclater tous nos cadres et les limites que nous voulons mettre à l’œuvre du Christ, consciemment ou non… 

Je ne sais pas mesurer toute l’ampleur de l’œuvre de réconciliation du Christ mais je me réjouis d’être à son bénéfice, et je me réjouis que tant d’autres le soient aussi, au-delà peut-être de ce que je peux imaginer… ça m’encourage aussi à vraiment voir en Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection, une bonne nouvelle à partager le plus largement possible, parce qu’elle concerne tout le monde. La recevoir nous met au bénéfice d’une œuvre universelle… et même cosmique ! 


Conclusion

Le puzzle est bien plus grand que ces quatre pièces qui s’imbriquent les unes dans les autres. Mais ces quatre pièces, déjà, nous interrogent sur notre vision du Christ, quant à notre réponse à la question « qui est Jésus ? »

C’est finalement une question pertinente à se poser régulièrement. Et il nous faut aller au-delà des réponses un peu scolaires, qu’il est le Fils de Dieu ou qu’il est notre sauveur. Même si c’est vrai, il serait dommage d’en rester là et de ne pas chercher à en connaître plus et mieux… 

Alors je vous laisse avec quelques questions : 

  • Qu’est-ce qui a évolué dernièrement dans ma vision du Christ ?
  • Qu’est-ce qui n’est pas assez personnel dans ma vision du Christ ? Qu’est-ce qui est trop abstrait, général, théorique ? 
  • Qu’est-ce qui est trop petit dans ma vision du Christ ? Quelles sont les limites, pour moi ou pour les autres, que je lui impose ? 



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