Dimanche dernier, nous avons commencé une mini-série de pré-rentrée, qui comptera trois prédications autour d’un des grands fondamentaux de la vie chrétienne : la lecture de la Bible.
A la question « comment entendre Dieu me parler grâce à la Bible ? » nous avons répondu que la lecture de la Bible nous permet d’acquérir une « sagesse biblique », qui aiguise notre ouïe spirituelle. Elle nous offre une grille de lecture du monde et de la vie qui nous permet de mieux entendre Dieu nous parler. Par ailleurs, la meilleure façon d’entendre Dieu nous parler lorsque nous lisons la Bible est d’adopter une lecture priante de la Bible, c’est-à-dire en considérant notre lecture et notre méditation elles-mêmes comme une forme de prière.
Pour la deuxième prédication de notre mini-série, je vais partir d’un constat sans doute partagé. Il nous arrive à tous, dans notre lecture de la Bible, d’être confronté à un texte difficile, qui nous résiste voire que nous n’arrivons pas du tout à comprendre. Comment faire alors ? Parce que lire la Bible, c’est bien. La comprendre c’est mieux… Et ce n’est pas toujours si évident que cela.
D’ailleurs, il ne faut pas s’étonner que la compréhension de la Bible ne soit pas toujours facile. Il y a un texte intéressant à ce sujet, dans la deuxième épître de Pierre :
2 Pierre 3.15-1615 Considérez que la patience de notre Seigneur vous offre l'occasion d'être sauvés, ainsi que Paul, notre très cher frère, vous l'a écrit avec la sagesse que Dieu lui a donnée. 16 C'est ce qu'il a écrit dans toutes les lettres où il parle de ce sujet. Il s'y trouve des passages difficiles à comprendre ; des gens ignorants et instables en tordent le sens, comme ils le font d'ailleurs avec d'autres parties des Écritures. Ils vont ainsi à leur propre perte.
La Bible n’est pas toujours facile à comprendre. C’est même écrit dans la Bible ! On pourrait aussi mentionner, dans les évangiles, les paraboles que Jésus racontait… et que la plupart des gens ne comprenaient pas. Ses disciples eux-mêmes demandaient à Jésus de les leur expliquer.
Dans le texte de 2 Pierre, le propos porte sur certains passages dans les lettres de l’apôtre Paul, des « passages difficiles à comprendre ». Avec le risque d’en tordre le sens, un risque qui, d’ailleurs, s’étend à « d’autres parties des Ecritures ». Ne soyez donc pas étonnés si, parfois, vous trouvez un texte biblique difficile à comprendre !
Le « coup de sang » de Vincent
C’est ici que va intervenir ma petite rubrique liée à cette mini-série de pré-rentrée, un moment où je fais part de mon énervement pour certaines expressions ou formules toutes faites qu’on utilise souvent à propos de la Bible... C’est le « coup de sang » de Vincent !
Et l’expression de ce matin est la suivante : « La Bible est claire !… » En général, cette formule est dite sur le ton de l’évidence, laissant clairement entendre que si on n’est pas d’accord avec ce qu’on dit à la suite de la formule, on est forcément de mauvaise foi, on s’oppose intentionnellement à la Bible.
On utilise la formule pour clore un débat sur des sujets qui font polémique. Au besoin on cite un verset biblique et l’affaire est réglée. La Bible est claire… pourquoi discuter ? « La Bible est claire : un chrétien ne peut pas se faire de tatouage », « La Bible est claire et elle s’oppose à la théorie de l’évolution », « La Bible est claire : une femme ne peut pas prêcher dans l’Eglise. » Et je pourrais multiplier les exemples, surtout dans le domaine de la vie chrétienne et de l'éthique...
L’usage abusif de la formule « La Bible est claire » a malheureusement tendance à simplifier les choses à l’excès et refuse l’étape pourtant nécessaire de l’interprétation. Et puis elle rend difficile le dialogue…
Attention : je ne suis pas en train de dire que rien n’est clair dans la Bible ! La Bible n’est pas obscure et sa compréhension n’est pas réservée à quelques initiés. Le message central de la Bible, l’amour de Dieu et son projet de salut, son accomplissement dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, tout cela est clairement accessible à tous dans la Bible. Le message biblique dans sa globalité est clair…
C’est l’usage, un peu à toutes les sauces, de la formule « La Bible est claire » qui m’énerve et me semble problématique.
La Bible est claire ?... Pas toujours, en fait. Elle est parfois complexe voire compliquée. Et il faut se méfier des évidences simplistes et des affirmations à l’emporte-pièce que favorise cette fameuse formule.
Comprendre la Bible
Revenons à notre constat de départ. Lire la Bible, c’est bien. La comprendre c’est mieux… Et ce n’est pas toujours si évident que cela. Alors comment faire ?
Elargissons un peu la lecture du texte de 2 Pierre :
2 Pierre 3.15-1815 Considérez que la patience de notre Seigneur vous offre l'occasion d'être sauvés, ainsi que Paul, notre très cher frère, vous l'a écrit avec la sagesse que Dieu lui a donnée. 16 C'est ce qu'il a écrit dans toutes les lettres où il parle de ce sujet. Il s'y trouve des passages difficiles à comprendre ; des gens ignorants et instables en tordent le sens, comme ils le font d'ailleurs avec d'autres parties des Écritures. Ils vont ainsi à leur propre perte. 17 Eh bien, mes très chers amis, vous êtes maintenant avertis. Prenez donc garde, ne vous laissez pas égarer par les erreurs de gens sans repères, et n'allez pas tomber de la position stable qui est la vôtre. 18 Mais continuez à progresser dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et sauveur Jésus Christ. À lui soit la gloire, maintenant et pour toujours ! Amen.
Quel est le problème soulevé dans ce texte ? C’est qu’il y a des gens qui tordent le sens des Ecritures. Et par la même occasion, d’autres se laissent entraîner par cet enseignement problématique.
L’enjeu est important. Plus important pour ceux qui tordent le sens que pour ceux qui se laissent égarer. Les premiers « vont à leur perte » (ce qui implique un jugement de la part de Dieu), les seconds peuvent « tomber de leur position stable », c’est-à-dire être déstabilisés, perturbés dans leur foi.
Ceux qui tordent le sens des Ecritures sont qualifiés d’ignorants et instables. Pour ce dernier terme, la NBS traduit par « gens mal informés » et la TOB par « gens sans formation ». Ce ne sont donc pas forcément des gens mal intentionnés mais juste des croyants qui se trompent… Avec plus de connaissance et une meilleure formation, ils ne diraient pas la même chose !
Je propose de tirer deux leçons de ce texte, pour bien comprendre la Bible.
Une posture d’humilité
Autant dans la lecture et l’interprétation de la Bible que dans la façon de transmettre, de partager cette interprétation, il est essentiel d’adopter une posture d’humilité.
Il s’agit d’être conscient que nous avons tous une connaissance partielle des Ecritures, quelle que soit le nombre de fois où nous avons lu toute la Bible ou le nombre d’années d’études de théologie que nous avons faites. Il ne fait aucun doute que nous avons tous des lacunes et même sans aucun doute des compréhensions erronées de la Bible.
De même, personne n’a d’autorité absolue dans l’interprétation de la Bible. Tous les enseignants et les prédicateurs doivent absolument s’en souvenir… et rester humbles. Il s’agit d’accepter la critique, la contradiction et le débat. Vous pouvez tout à fait contester ce que je dis dans une prédication… et on pourra en discuter paisiblement !
Cette posture d’humilité nous rappelle aussi que nous avons besoin des autres pour bien comprendre la Bible. Il y a un certain danger dans la lecture solitaire, celui de s’enfermer dans sa propre compréhension, parfois contestable. La lecture personnelle est importante, la lecture solitaire est risquée. S’enrichir de la lecture des autres est précieux.
Du sérieux dans l’interprétation
Il y a un mythe qui circule parfois chez les chrétiens évangéliques. Si la Bible est la Parole de Dieu, alors on ne doit pas l’interpréter. C’est un mythe, parce qu’il est impossible de ne pas interpréter un texte !
« Mais moi je n’interprète pas la Bible, je la cite ! » Ah bon ? Mais pourquoi tu cites ce verset plutôt qu’un autre dans cette situation précise ? C’est une option d’interprétation… Et puis quel est le contexte de ce verset ? Comment se situe-t-il dans le livre biblique auquel il appartient ? Et par rapport à l’ensemble de l’enseignement biblique ? Est-ce que la traduction est correcte ? Quelle est la signification des mots utilisés ?
On ne peut pas comprendre un texte, quel qu’il soit, sans l’interpréter. Comprendre un texte biblique de façon littérale est une option d’interprétation. Elle peut se justifier mais pas toujours… Avoir toujours une lecture littéraliste de la Bible, c’est en tordre le sens !
Et quand je ne comprends toujours pas ?
Il demeure que parfois, malgré tous nos efforts, un texte nous reste hermétique. Que faire quand on ne comprend toujours pas ?
Ce que je ne comprends pas aujourd’hui, je le comprendrai peut-être demain
La découverte de la Bible est un long voyage passionnant, une aventure de toute une vie chrétienne. Jamais on n’en fait le tour. Les trésors insoupçonnés qu’on y découvre parfois peuvent enrichir voire bouleverser la compréhension que nous en avions jusque-là.
Si on persévère dans la lecture de la Bible, certains passages restés obscures finissent par s’éclaircir. La vision d’ensemble permet de comprendre certains textes particuliers. Et puis avec notre foi qui s’affermit, notre expérience chrétienne qui augmente, notre connaissance biblique qui s’accroît, notre capacité à comprendre progresse également.
Je n’ai pas besoin de tout comprendre
Le but de la vie chrétienne, ce n’est pas de tout comprendre, pas même de comprendre toute la Bible.
Le but de la vie chrétienne, c’est de connaître Dieu, son amour et sa grâce, et honorer Dieu par notre vie. Ou, comme le dit le texte de 2 Pierre, de « continuer à progresser dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et sauveur Jésus Christ. »
La Bible nous y aide, évidemment. Sa lecture, sa méditation, et sa compréhension sont des facteurs de croissance spirituelle.
Mais pour connaître Dieu, l’aimer et le servir, je n’ai pas besoin de tout comprendre… La foi parfaite n’est pas celle qui a tout compris. C’est celle qui sait faire confiance à Dieu en toutes circonstances, y compris quand il y a des doutes et des incompréhensions.
Conclusion
Pour conclure, je vous propose de retenir trois mots clés, qui peuvent caractériser notre rapport à la Bible et sa lecture, y compris quand nous avons du mal à comprendre :
Humilité. A la fois parce que c’est la juste attitude de cœur pour aborder la Bible… et aussi parce que ne pas comprendre, parfois, c’est bon pour notre humilité !
Sérieux. Parce qu’il s’agit d’aborder le texte biblique avec sérieux et intelligence. C’est aussi une question de respect pour le Seigneur qui a veillé à ce que les Ecritures nous parviennent dans toute leur richesse et leur complexité.
Confiance. Parce que l’essentiel est dans ma relation avec Dieu, dans la foi que je place en lui, une confiance qui est plus grande que toute connaissance… et qui nous permettra de recevoir simplement ce que Dieu veut nous donner.
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