Pour la suite de notre série de prédications, nous sommes toujours dans le livre de 1 Samuel mais nous faisons un petit bond dans le temps. Après avoir, à contre-cœur, accepté qu’un roi soit nommé sur Israël, à la demande du peuple, Samuel a oint Saül comme premier roi d’Israël. Mais Saül n’a pas été fidèle et Dieu a décidé de lui retirer la royauté.
Rejeté par Dieu, Saül est pourtant toujours, officiellement, roi d’Israël. Samuel va de nouveau être sollicité par Dieu pour désigner celui qui devra succéder à Saül comme roi d’Israël…
1 Samuel 16.1-131Le Seigneur dit à Samuel : « Seras-tu encore longtemps en deuil au sujet de Saül, alors que moi-même je l'ai rejeté, et qu'il ne sera plus roi d'Israël ? Prends de l'huile et mets-toi en route. Je t'envoie chez Jessé, à Bethléem, car j'ai choisi parmi ses fils le roi qu'il me faut. » – 2« Comment faire ? demanda Samuel. Si j'y vais, Saül l'apprendra et il me tuera. » – « Prends avec toi un veau, dit le Seigneur. Tu diras que tu viens m'offrir un sacrifice, 3et tu inviteras Jessé à la cérémonie. Je t'apprendrai ce que tu auras à faire : tu choisiras avec l'huile d'onction celui que je t'indiquerai comme roi à mon service. »4Samuel obéit et se rendit à Bethléem. Les anciens de la ville, tout tremblants, vinrent au-devant de lui et demandèrent : « Ta venue annonce-t-elle quelque chose d'heureux ? » –5« Oui, répondit-il. Je suis venu offrir un sacrifice au Seigneur. Préparez-vous pour être saints, en vue de la cérémonie, et venez ensuite avec moi. »Samuel invita aussi Jessé et ses fils à se purifier et à participer au sacrifice. 6Lorsque ceux-ci arrivèrent, Samuel aperçut Éliab et se dit : « C'est certainement lui que le Seigneur a choisi. » 7Mais le Seigneur lui dit : « Ne te laisse pas impressionner par sa belle apparence et par sa taille imposante, car je ne l'ai pas choisi. Je ne juge pas de la même manière que les êtres humains ; ceux-ci s'arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu'au fond du cœur. »8Jessé appela ensuite Abinadab et le fit passer devant Samuel, qui déclara : « Le Seigneur n'a pas non plus choisi celui-ci. » 9Jessé fit passer Chamma, mais Samuel répéta : « Le Seigneur n'a pas non plus choisi celui-ci. » 10Jessé fit ainsi passer sept de ses fils devant Samuel, mais Samuel lui dit : « Le Seigneur n'a choisi aucun d'eux. » 11Puis il ajouta : « Sont-ils tous là ? » – « Non, répondit Jessé ; il y a encore le plus jeune, David, qui garde les moutons. » – « Envoie-le chercher, ordonna Samuel. Nous ne commencerons pas le repas sacrificiel avant qu'il soit là. »12Jessé le fit donc venir. Le jeune homme avait le teint clair, un regard franc et une mine agréable. Le Seigneur dit alors à Samuel : « C'est lui, choisis-le comme roi avec l'huile d'onction. » 13Samuel prit l'huile et en versa sur la tête de David, en présence de ses frères. L'Esprit du Seigneur se saisit de David et fut avec lui dès ce jour-là. Ensuite Samuel s'en retourna à Rama.
Samuel est maintenant très expérimenté. Il a été juge en Israël, administrant les affaires du pays avant l’émergence de la royauté, et il est depuis longtemps un prophète reconnu et respecté. On le perçoit bien, dans notre récit, lorsque les gens voient arriver Samuel et qu’ils ont un coup de stress, se demandant s’il vient apporter de bonnes ou de mauvaises nouvelles. Visiblement anxieux, ils lui demandent : « Ta venue annonce-t-elle quelque chose d'heureux ? »
On pourrait donc se dire que pour Samuel, un prophète aussi expérimenté et respecté, l’écoute de Dieu est une évidence, que c’est facile pour lui. Or, ce n’est pas vraiment l’impression que donne notre récit ! Ça peut nous paraître surprenant pour un prophète d’une telle ampleur mais Samuel a bien eu du mal à entendre ce que Dieu attendait de lui. Comme quoi, même avec l’expérience, l’écoute de Dieu demeure toujours un défi !
Les blocages de Samuel
On peut relever, dans ce récit, au moins trois blocages dans l’écoute de Samuel.
Il est enfermé dans des sentiments négatifs
Le récit commence par une interpellation de Dieu à Samuel, teintée quand même de reproche : « Seras-tu encore longtemps en deuil au sujet de Saül, alors que moi-même je l’ai rejeté, et qu’il ne sera plus roi d’Israël ? »
Au chapitre précédent, on relate comment Dieu a envoyé Samuel auprès de Saül pour lui signifier que la royauté lui est retirée, parce qu’il a désobéi à Dieu. Le texte biblique précise aussi que Samuel a été très affecté par cela.
Au début de notre récit, sa tristesse est nourrie sans doute de sentiments contrastés. Quelques années auparavant, il avait tenté de résister au peuple qui demandaient un roi, pour être comme les autres peuples. Et Dieu lui avait dit de céder. C’était donc sans doute un peu à contre-cœur qu’il avait oint Saül, que Dieu avait choisi comme premier roi sur Israël.
Samuel est-il triste de la désobéissance de Saül ? Est-il triste du fait que Dieu ait retiré la royauté à Saül ? Est-il désabusé de la situation ? Après tout, il avait averti le peuple que ça risquait de mal se passer… et ça s’est mal passé ! Il y a peut-être un mélange de tout cela. En tout cas, Samuel est enfermé dans des sentiments négatifs, qui l’empêchent de passer à autre chose. Car Dieu avait pourtant bien dit qu’il allait choisir un autre roi.
Alors le Seigneur doit un peu secouer le prophète : Allez, Samuel, réveille-toi, sors de tes sentiments négatifs, tourne la page, un nouveau roi doit être choisi. Et il l’envoie chez Jessé, à Bethléem. C’est parmi ses fils que Dieu a choisi celui qui devait devenir le nouveau roi.
Il est paralysé par la peur
Samuel a compris le message. Il doit abandonner ses sentiments négatifs pour aller de l’avant. Il a bien entendu l’ordre de mission du Seigneur… mais un autre blocage va faire surface : la peur. « Comment faire ? demanda Samuel. Si j'y vais, Saül l'apprendra et il me tuera. »
On ne va pas jeter la pierre à Samuel. Saül a démontré qu’il était impulsif et qu’il pouvait être violent. Et la suite de l’histoire le montrera à nouveau. David, promis à être roi, l’apprendra à ses dépens. Pourtant, Samuel n’avait pas hésité, au chapitre précédent, à faire face à Saül, à annoncer le jugement de Dieu à son égard et à lui résister, et même lui dire non en face !
Mais là, il semble paralysé. Pourquoi, maintenant, a-t-il peur ? Difficile à dire… La peur nous enserre parfois de manière mystérieuse. Mais elle constitue de manière évidente un blocage pour Samuel, qui est dans le désarroi, incapable de savoir comment faire.
Remarquez que cette fois le Seigneur ne fait pas de reproche à Samuel : « arrête d’avoir peur ! » Non, il se met à sa hauteur, il l’accompagne et l’aide pour qu’il puisse surmonter sa peur, quelle qu’en soit la cause. Il lui donne la solution pour contourner l’obstacle de Saül : il lui faudra ruser. Ne pas aller chez Jessé avec tambour et trompette pour choisir un nouveau roi mais de se rendre à Bethléem avec un veau, et de prétendre y aller pour offrir un sacrifice. Rappelons que le temple de Jérusalem n’était pas encore construit, le culte n’était pas encore centralisé.
Le Seigneur accompagne Samuel dans ses craintes, il l’aide pour qu’il puisse surmonter sa peur, quelle qu’en soit la cause.
Il se laisse emballer dans son élan
Samuel, visiblement, est requinqué. Il est comme libéré d’un poids… au point de s’emballer un peu. Lorsqu’il arrive chez Jessé, il voit parmi ses fils Eliab, un jeune homme beau et fort, qui fait bonne impression. Il se dit, naturellement que c’est certainement lui que Dieu a choisi… Mais il en oublie d’écouter Dieu, tellement ça lui semble évident.
Il faut se méfier des apparences, et des évidences… Une fois encore, le Seigneur doit intervenir auprès de Samuel. Non pas cette fois pour le faire sortir de sa torpeur mais pour le freiner dans son enthousiasme. « Ne te laisse pas impressionner par sa belle apparence et par sa taille imposante, car je ne l'ai pas choisi. Je ne juge pas de la même manière que les êtres humains ; ceux-ci s'arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu'au fond du cœur. »
Cette dernière précision rappelle à Samuel qu’il doit ici encore faire confiance au Seigneur et se mettre à son écoute. Tout prophète qu’il est, il peut être piégé par les apparences, et il ne voit pas le cœur comme Dieu le voit.
Samuel a compris. Il semble sûr de lui pour dire aux différents frères qui se succèdent que ce ne sont pas eux que Dieu a choisi, et aussi pour envoyer chercher le petit dernier qui garde le troupeau, le jeune David. Lorsque ce dernier arrive, il faut juste un petit coup de pouce du Seigneur pour convaincre Samuel : « C'est lui, choisis-le comme roi avec l'huile d'onction. »
Notez que David est certes le petit dernier, sans doute moins impressionnant que son grand frère Eliab mais pas pour autant un petit rikiki au physique ingrat. Il est, certes, jeune, mais on nous dit qu’il a le teint clair (certaines versions traduisent qu’il était roux), et aussi « un regard franc et une mine agréable ». Il ne faut, certes, pas se fier aux apparences, mais il ne faut pas non plus forcément chercher à aller à l’opposé des apparences…
Quand Dieu nous « déplace »…
Le Seigneur doit constamment corriger la trajectoire de son prophète, pour qu’il finisse par l’écouter et accomplir sa mission. Il doit soit le stimuler, soit le freiner. C’est peut-être bien cela, être déplacé par son écoute de Dieu…
Parfois, quand Dieu nous déplace, c’est pour nous sortir d’une torpeur. Les causes de cette torpeur peuvent être multiples. Pour Samuel, il s’agissait de sentiments négatifs, de la tristesse ou du désarroi. Il était devenu incapable de voir au-delà de cela… Ça peut être notre cas, à la suite d’une forte déception, d’un échec, d’une épreuve douloureuse.
Mais la torpeur peut être due à d’autres causes, comme les habitudes, la routine voire la paresse, ou alors des croyances voire des certitudes inamovibles. C’est quand on n’avance plus, ou qu’on tourne en rond, et qu’on s’en contente, parce que c’est plus facile, plus confortable.
Parfois, quand Dieu nous déplace, c’est pour nous faire surmonter nos blocages ou nos peurs. Samuel avait peur de Saül… alors que ce n’était visiblement pas le cas auparavant.
On peut aussi avoir peur de personnes qui nous veulent du mal… Mais on peut également avoir peur de se tromper, de ne pas être à la hauteur ou d’échouer, on peut avoir peur du regard des autres, de leur jugement, de leur désapprobation ou de leurs moqueries…
Il est probable que dans de telles circonstances, Dieu nous déplacera de manière plus douce et paisible, en nous rassurant face à nos peurs, en nous donnant sa paix.
Parfois, quand Dieu nous déplace, ça peut aussi être pour nous freiner, ou du moins corriger nos erreurs ou nos excès. Et cela qu’il s’agisse d’enthousiasme incontrôlé, de manque de maturité, d’actions irréfléchies ou de zèle mal placé. Parfois, c’est en nous stoppant net que Dieu nous déplace !
Conclusion
Je ne sais pas si vous vous retrouvez dans l’une ou l’autre de ces situations. Je ne sais pas si vous vous sentez déplacés par Dieu… ou si vous vous dites que vous en auriez besoin !
Quoi qu’il en soit, si Dieu nous « déplace » parfois, ce n’est pas juste pour nous déranger, c’est pour nous faire sortir de nos torpeurs, nous faire surmonter nos peurs ou nous remettre sur le bon chemin.
En réalité, c’est le signe qu’il se soucie de nous et qu’il a des projets pour nous, pour nous associer à son œuvre, comme il l’a fait pour Samuel. Alors ça vaut la peine d’écouter, même au risque d’être « déplacé » !
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