Voici la suite de notre mini-série de l’été, la deuxième prédication autour d’une trilogie culte du cinéma : Star Wars !
Résumé de l’épisode précédent
L’action de la saga Star Wars se déroule « il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine. » Dans un empire galactique totalitaire, l’empereur domine sans partage et impose l’ordre par la brutalité et la peur, notamment par la main de son disciple, le redoutable Dark Vador. Mais la résistance s’organise et l’Alliance rebelle remporte une victoire éclatante en détruisant l’Etoile de la mort, l’arme ultime de l’Empire, capable de détruire toute une planète. C’est Luke Skywalker, un jeune fermier qui a rejoint la résistance, et initié à la Force, qui parvient à réaliser cet exploit.
Le premier film a été l’occasion pour nous de parler d’espoir et d’espérance, en discernant dans le Royaume de Dieu le nouvel espoir dont nous avons besoin, et dans la communion avec Jésus-Christ la Force qui nous anime. Nous avons proposé de voir les Béatitudes comme un code de conduite qui peut faire de nous des sortes de « chevaliers Jedi » du Royaume de Dieu.
L’Empire contre-attaque
Le deuxième film de la trilogie s’intitule L’Empire contre-attaque et se déroule trois ans plus tard. L’Alliance rebelle est en danger, traquée par l’Empire qui finit par découvrir sa base secrète. Luke et ses compagnons Leïa, Han Solo et Chewbacca doivent fuir et se retrouvent dispersés.
Ce deuxième film voit l’apparition d’un personnage emblématique de la saga : Yoda, auprès duquel Luke va poursuivre son initiation pour qu’il puisse devenir, un jour, un chevalier Jedi. Il lui apprend à maîtriser la Force, tout en le mettant en garde contre son côté obscure.
Le film est aussi l’occasion de LA révélation choc de la saga, à la fin du film, au cours d’un duel entre Luke et Dark Vador où ce dernier cherche à attirer Luke du côté obscur de la Force et où surtout il lui révèle… qu’il est son père !
Luke parvient miraculeusement à s’enfuir mais il est en mauvais état. Pour les compagnons de Luke, ce n’est guère mieux : Han Solo est prisonnier et congelé dans une substance appelée carbonite, Leïa et Chewbacca sont en fuite.
L’Empire contre-attaque est l’épisode le plus sombre de la trilogie… C’est bien parce qu’au cœur du récit, il y est question de la tentation du côté obscure de la Force.
Le côté obscur de la Force, c’est celui du pouvoir, de la domination. Dark Vador le dit à Luke pendant leur fameux duel : « Tu commences juste à découvrir ton pouvoir, sois mon allié et je terminerai ta formation, si nous associons nos forces, nous mettrons fin à ce conflit destructeur et ramènerons l'ordre dans la Galaxie. »
Il y a dans ce dialogue comme un écho au récit de la tentation de Jésus dans le désert, où le diable cherche à convaincre Jésus de quitter la posture du serviteur pour prendre celle du dominateur… en cédant en quelque sorte à la tentation du côté obscure :
Matthieu 4.8-9
Le diable l'emmène encore sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde et leur splendeur, et lui dit : « Je te donnerai tout cela, si tu te prosternes devant moi pour m'adorer. »
Et si Star Wars nous aidait à envisager la tentation et le péché différemment ? Pour sortir d’une vision moralisatrice du péché et de la tentation… Il y a un texte biblique important pour cela, dans l’épître de Jacques. Je vais le lire dans la version de la TOB parce qu’elle choisit une option de traduction qui me semble meilleure. Il y a en effet un terme grec qui apparaît dans ce texte et qu’on peut traduire en français par tentation ou épreuve. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose en français… Je préfère le choix de la TOB qui traduit ici par tentation.
Jacques 1.13-18 (TOB)13Que nul, quand il est tenté, ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Car Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. 14Chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l'entraîne et le séduit. 15Une fois fécondée, la convoitise enfante le péché, et le péché, arrivé à la maturité, engendre la mort. 16Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés. 17Tout don de valeur et tout cadeau parfait descendent d'en haut, du Père des lumières chez lequel il n'y a ni balancement ni ombre due au mouvement. 18De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons pour ainsi dire les prémices de ses créatures.
Il me semble qu’il est vraiment question ici de tentation plus que d’épreuve, surtout à cause de l’affirmation absolue du verset 13 : « Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. » Littéralement : Dieu est « intentable » par le mal. Le grec utilise un adjectif qui qualifie Dieu. Il est intentable dans le sens où, par nature, il ne peut pas être tenté par le mal, le mal n’a aucune emprise sur lui. Parce qu’il est Dieu. Parce qu’il est absolument bon. Si Dieu est, par nature, intentable, alors il ne peut pas lui-même nous tenter.
Une tentation qui vient de nous-mêmes
Qu’est-ce que Jacques nous dit donc de la tentation ? Que le lot de tous les humains est d’être tentés par le mal. Mais cette tentation ne vient pas de Dieu, elle vient de nous-mêmes. Si Dieu est « intentable », ce n’est pas le cas des pécheurs que nous sommes. La tentation est au contraire une expérience humaine universelle à laquelle nul n’échappe.
La tentation, chez Jacques, elle nous est avant tout intérieure. Elle naît de notre convoitise. La convoitise c’est ce qui nous pousse à posséder ce que nous n’avons pas, voire à dominer ou à contraindre l’autre pour l’obtenir. C’est la tentation du pouvoir et de l’emprise. C’est le début d’un processus qui conduit à la mort, à la destruction.
Le Genèse ne dit pas autre chose, dans son récit du jardin d’Eden. Certes, il y a les paroles du Serpent qui viennent semer le doute dans l’esprit de la femme. Et cela crée les conditions de la tentation, qui se manifeste par le regard qu’elle porte sur le fruit défendu. Le fruit n’a pas changé, le jardin est toujours le même… c’est le regard qui a a changé : « La femme vit que les fruits de l'arbre étaient agréables à regarder, qu'ils devaient être bons et qu'ils donnaient envie d'en manger pour devenir plus intelligent. Elle en prit un et en mangea. Puis elle en donna à son mari, qui était avec elle, et il en mangea, lui aussi. » (Genèse 3.6).
Ce nouveau regard, c’est celui de la convoitise, l’envie d’en manger. Et cela ouvre d’ailleurs sur un processus, un engrenage : elle mange du fruit, elle en donne à son mari, qui en mange à son tour…
La première façon de lutter contre la tentation, c’est d’avoir conscience de ce processus, et de ne pas attendre le passage à l’acte (le péché), ou pire les conséquences de l’acte (la mort), pour agir. Lutter contre nos convoitises, c’est avoir le courage de faire face à soi-même, de regarder notre cœur, affronter nos failles, nos peurs, nos frustrations…
Dans son initiation auprès de Yoda, au-delà des techniques de maîtrise de la Force, Luke doit surtout apprendre à faire face à lui-même, et en particulier ses peurs. La tentation vient de nous-mêmes…
Une solution qui vient d’en-haut
Si la tentation ne vient pas de Dieu, qu’est-ce qui vient de lui ? C’est ce que Jacques écrit au verset 17 : « Tout don de valeur et tout cadeau parfait descendent d'en haut, du Père des lumières chez lequel il n'y a ni balancement ni ombre due au mouvement. » (Jacques 1.17)
Ce qui vient d’en-haut, de la part de Dieu, est de l’ordre du don, du cadeau. Cela relève de la grâce. Et tout cela provient du « Père des lumières ». Nous sommes bien ici du côté lumineux…
Et Jacques poursuit en décrivant l’œuvre de salut de Dieu en ces termes : « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons pour ainsi dire les prémices de ses créatures. » (Jacques 1.18)
Autrement dit, ce que Dieu a voulu, c’est nous faire naître à une vie nouvelle, nous destiner à être libérés de la tentation et du péché. Alors il nous fait naître à cette vie nouvelle par la parole de vérité. Quelle est cette parole de vérité ? Celle qu’il nous révèle dans la personne de Jésus-Christ.
Dieu n’envoie pas la tentation. Jamais. Il envoie sa lumière, sa grâce, sa vérité. Voilà les forces sur lesquelles nous appuyer pour lutter contre les tentations. Sa lumière pour éclairer notre vie et notre cœur. Sa grâce pour nous relever quand il le faut, nous restaurer. Sa vérité pour nous montrer le chemin à suivre pour accomplir sa volonté.
Face à la tentation qui naît de notre convoitise, il s’agit donc de choisir la lumière, la grâce et la vérité qui viennent de Dieu. Il ne s’agit donc pas seulement de combattre le côté obscur, il faut accueillir aussi le côté lumineux.
Choisir la lumière
Fondamentalement, tout est une question de choix. Il s’agit de ne pas céder au côté obscur mais de choisir de suivre la lumière.
Céder au côté obscur, c’est se laisser tenter par notre convoitise. C’est céder à la facilité, emprunter le chemin qui demande le moins d’effort. Choisir la lumière, c’est plus difficile. Parce que cela demande non seulement de ne pas céder à ses propres convoitises mais aussi à s’ouvrir à la lumière qui vient d’en-haut.
On peut penser à la métaphore utilisée par Jésus, invitant à choisir la porte étroite et le chemin étroit, qui mènent à la vie, plutôt que la porte et le chemin large, qui mènent à la perdition.
Pour résister à la tentation, il s’agit donc d’être au clair sur son cœur et choisir la voie de la lumière plutôt que de l’obscurité, le chemin étroit de l’humilité, l’altruisme ou le respect… plutôt que le chemin large de l’orgueil, l’égoïsme ou le jugement.
Attention toutefois à ne pas tomber dans un discours moralisateur. Le péché, dans la Bible, n’est pas d’abord une question morale mais une question spirituelle. Le péché c’est ce qui nous éloigne de Dieu et ce qui nous éloigne de notre vocation de créatures faites à l’image de Dieu.
On tombe facilement dans un discours simpliste en établissant des listes de ce qui seraient des péchés. Et la grande question qu’on entend toujours est : est-ce que c’est un péché ou pas ? Est-ce que c’est un péché de faire ceci, est-ce que c’est un péché de faire cela ? Arrêtez de vous poser cette question ! Elle est mal posée.
Lutter contre le péché n’est une affaire de liste, c’est une affaire de conviction et de consécration. Les questions à se poser sont plutôt : Est-ce que ça m’éloigne de Dieu ou pas ? Est-ce que ça m’éloigne de mon prochain que je suis appelé à aimer comme moi-même ou pas ?
Conclusion
L’Empire contre-attaque se termine par une fin ouverte. On attend la suite. La lutte ne fait que commencer et le chemin de Luke pour devenir un vrai chevalier Jedi, au service du côté lumineux de la Force, n’en est qu’à son commencement.
Notre lutte intime et personnelle, qui est le lot de tout croyant, pour ne pas céder à nos convoitises et nous laisser guider par la lumière de Dieu, est toujours un défi, jamais terminé. C’est un combat à mener jusqu’au dernier souffle.
Mais la victoire est possible parce que Dieu est fidèle, parce qu’il ne change pas et ne varie pas dans ses promesses, parce que « tout don de valeur et tout cadeau parfait descendent d'en haut, du Père des lumières chez lequel il n'y a ni balancement ni ombre due au mouvement. »
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