dimanche 21 décembre 2014

Quelle maison pour le Seigneur ?

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Lecture biblique : 2 Samuel 7.1-16

David est roi d'Israël. Son autorité est désormais reconnue... mais ça n'a pas été simple pour en arriver là. D'une manière générale, l'établissement de la royauté en Israël a été assez chaotique.

Après la période des juges, où « chacun faisait ce qui lui semblait bon », le peuple a voulu un roi. Le Seigneur, lui, n'était pas très chaud. C'est lui qui devait être leur roi. Mais la théocratie, c'est une utopie ici-bas. Le cœur de l'homme étant ce qu'il est, ça ne peut pas fonctionner. Alors Israël aura un roi... Mais la première expérience n'est pas vraiment concluante : Saül sera finalement destitué par Dieu. David lui succédera, d'abord en secret, puis sa royauté s'affermira. 

Au moment de notre texte, David est à l'apogée de son règne... et il est pris de scrupules ! En effet, il s'est bâti un palais, une belle maison, et Dieu, lui, n'a rien d'autre qu'une tente. 

Il s'en ouvre au prophète Nathan, son conseiller.  « Tu vois, moi, j’habite une maison en bois de cèdre. Mais le coffre sacré a seulement une tente de toile comme maison. ». Le prophète comprend le sous-entendu. Et il estime que les intentions du roi sont louables. Il l'encourage. Dieu ne peut qu'être d'accord : « Tu as sûrement une idée à ce sujet. Fais ce que tu penses, le SEIGNEUR est avec toi. »

Mais le Seigneur ne l'entend pas de cette oreille. Il se révèle alors à Nathan : il ne veut pas que David lui construise une maison. Il faut le lui dire et le stopper dans ses intentions... Mais pourquoi ?


Dieu n'a pas besoin de maison

Dieu n'a jamais demandé à ce qu'on lui construise un temple ! Il se contente bien d'une tente. Ça lui va bien d'être un Dieu nomade, accompagnant son peuple dans son voyage. Comme lors de la sortie d'Egypte, dans la traversée du désert, ou dans la conquête du pays promis. 

D'ailleurs, dans l'épisode du désert, la tente est moins une maison qu'un lieu de rencontre. Dieu guidait son peuple par une nuée le jour et une colonne de feu la nuit. C'est lui qui décidait quand s'arrêter et quand repartir. Et quand le peuple s'arrêtait, on installait la tente en dehors du camp. Il manifestait alors sa présence en mettant la nuée à l'entrée de la tente. C'était le lieu privilégier pour Dieu pour rencontrer Moïse mais aussi pour le peuple d'aller consulter le Seigneur :

« Quand les Israélites installent leur camp, Moïse prend la tente sacrée et il la dresse en dehors du camp, assez loin. On l'appelle « la tente de la rencontre ». Tous ceux qui veulent consulter le SEIGNEUR sortent du camp et ils vont vers cette tente. » (Exode 33.7)

Le Seigneur est plus du genre à planter sa tente où il veut et quand il veut pour rencontrer son peuple qu'à se laisser enfermer entre les quatre murs d'une maison ! Dieu est, fondamentalement, nomade : toujours en mouvement. Il ne se laisse jamais enfermer ou limiter par quoi que ce soit : un temple, une église, un dogme ou une religion... 

Et ce Dieu nomade finira par s'incarner en devenant homme. Toujours en mouvement... D'ailleurs, dans le prologue de son évangile, Jean le dit bien :

« La Parole s'est faite chair, et elle a fait sa demeure (littéralement : elle a planté sa tente) parmi nous » (Jean 1.14)

L'incarnation, le Fils de Dieu devenu homme que nous célébrons à Noël, c'est le Dieu nomade qui a planté sa tente parmi nous, pour venir à notre rencontre. Et parce que Dieu est toujours en mouvement, après sa résurrection, le Fils est remonté auprès du Père. Et le Saint-Esprit a été envoyé, pour planter sa tente chez le croyant, pour faire de notre corps le temple de Dieu. Aujourd'hui, nous sommes les temples du Dieu nomade qui chemine avec nous.


C'est Dieu qui va construire une maison à David

La deuxième raison pour laquelle le Seigneur ne veut pas que David lui construise un temple, c'est que c'est lui, le Seigneur, qui va construire une maison à David. Dieu renverse la perspective : « ce n'est pas toi qui va me construire une maison, c'est moi qui vais t'en construire une ». Évidemment ici, on joue sur les mots. La maison dont parle le Seigneur pour David n'a rien à voir avec le palais qu'il s'est fait bâtir, c'est une dynastie. Et Dieu promet qu'elle sera établie pour toujours. 

On a vu, à juste titre, une dimension messianique à cette promesse. Elle est, certes, encore voilée. Mais elle se précisera petit à petit, notamment dans le discours des prophètes où le titre « fils de David » finira par devenir un titre messianique, appliqué à Jésus dans le Nouveau Testament. Car en effet, cette dynastie établie pour toujours, ce règne sans fin ne peut que pointer vers Celui qui est venu pour établir le Royaume de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus, le Christ.

Il faut tout de même dire qu'un temple sera bien construit finalement pour le Seigneur. Mais selon les conditions fixées par Dieu lui-même : non par David mais par Salomon, son fils, premier représentant de cette dynastie promise. 

Et le jour de l'inauguration du temple, il sera bien dit clairement que cette « maison » de Dieu ne peut en aucun cas le contenir. Salomon lui-même le dira dans sa prière :

« Est-ce que Dieu peut vraiment habiter sur la terre ? Le ciel est immense, mais il ne peut pas te contenir, toi, mon Dieu. Et ce temple que j'ai construit est beaucoup trop petit pour toi. » (1 Rois 8.27)

J'aime cette idée de construire un temple, une maison pour Dieu, tout en sachant qu'il sera beaucoup trop petit. Il faut nous en souvenir ! Tous les temples que nous construisons pour Dieu sont trop petits. Nos églises sont trop petites, nos vies sont trop petites, nos théologies sont trop petites. Penser le contraire, c'est succomber à la dérive sectaire, ou l'orgueil spirituel. 

Quelle conclusion en tirer ? Dieu accueille ce que nous construisons pour lui. Et comme il a rempli le temple de Salomon de sa gloire, il habite les temples que nous lui offrons. Il habite nos églises et nos vies. Mais ce qui compte avant tout, c'est ce qu'il construit pour nous. C'est son projet pour nos vies et nos églises. C'est son Royaume appelé à croître dans notre cœur, dans nos églises, dans le monde. 


Conclusion

Finalement, le projet de David de construire un temple pour le Seigneur a abouti, mais pas comme il le pensait. Les projets de Dieu étaient différents. La construction du temple a juste été différée, et réalisée par Salomon. Mais le grand projet de Dieu a été révélé à David. Celui d'une autre maison, une dynastie, ferment d'un autre royaume, le Royaume de Dieu inauguré par le Messie. 

Nous pouvons faire des projets, mais c'est le projet de Dieu qui s'accomplit. Un projet qui n'est pas toujours conforme à ce que nous imaginons. Mais un projet dont la portée dépasse ce que nous pouvons penser. Il ne peut en être autrement de notre Dieu nomade, toujours en mouvement et toujours prêt à planter sa tente pour que nous puissions le rencontrer. 

dimanche 7 décembre 2014

La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, commence ici


Lecture biblique : Marc 1.1-8

Marc commence son évangile avec une phrase qui pourrait passer inaperçue, une simple formule banale : « La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, commence ici. »

Mais y a-t-il vraiment des formules banales dans les évangiles ? Chaque phrase a son importance. Même celle-ci, qui nous en dit finalement bien plus qu'on pourrait le croire à la première lecture.


La Bonne Nouvelle, c'est Jésus !

Le mot évangile est entré dans le langage courant. Et pour nous, ça désigne un livre. Ou plutôt quatre livres du Nouveau Testament. Et on oublierait presque parfois que ce n'est qu'une transcription d'un terme grec qui a une signification très simple : évangile signifie bonne nouvelle.

Or, quel étrange prophète de bonne nouvelle ce Jean-Baptiste, qui apparaît dès le début de l'évangile selon Marc ! Derrière son apparence hirsute d'ermite retiré dans le désert, vêtu d'habits sommaires, avec un régime alimentaire des plus rudimentaires, il proclame un message radical et exigeant : « changez votre vie ! »

Mais en réalité, la Bonne Nouvelle, ce n'est pas Jean-Baptiste, ni même son message. La Bonne Nouvelle, c'est un personne. C'est celui qui vient après lui. Celui dont Jean dit qu'il n'est pas digne d'ôter ses sandales... Ce n'est pas nous, les chrétiens, ou l’Église, et encore moins une religion... La Bonne Nouvelle, c'est Jésus.

Et ce n'est pas fini ! C'est aussi le fait que cette personne soit le Christ, le Messie, celui que Dieu a choisi pour accomplir son plan de salut. Et ce n'est pas fini ! C'est aussi le fait que ce Messie est le Fils de Dieu, Dieu lui-même. Voilà la Bonne Nouvelle : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu.

Est-ce que nous vivons l’Évangile comme une bonne nouvelle ? Est-ce que nous l'annonçons comme une bonne nouvelle ? Est-ce que les gens voient dans notre vie, dans notre Église, que c'est une bonne nouvelle ?


La Bonne Nouvelle commence (presque) ici...

En réalité, on devrait dire que la Bonne Nouvelle commence presque ici... Parce que si la Bonne Nouvelle, c'est Jésus-Christ, Marc ne nous en parle pas tout de suite.

Il y a d'abord les prophètes, et notamment Esaïe qui annonce l'émergence d'une voix qui crie dans le désert. Et donc il y a aussi d'abord Jean-Baptiste, et sa prédication publique invitant les foules à se préparer à l'accueil du Messie qui doit venir. Il y a d'abord ce baptême d'eau proposé par Jean qui annonce un autre baptême, celui de l'Esprit saint, que le Christ apportera.

Bref, la Bonne Nouvelle ne tombe pas comme ça du ciel, du jour au lendemain. Son émergence est préparée. Vous connaissez le cantique traditionnel :

« Depuis plus de 4000 ans, nous le promettaient les prophètes,
Depuis plus de 4000 ans, nous attendions cet heureux temps... »

Dans le calendrier liturgique, le temps de l'Avent, tout un mois durant, nous rappelle cette attente. Noël, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ venu sur terre, arrive au terme d'un temps de préparation. Et il y a là une vérité importante : pour recevoir la Bonne Nouvelle, il faut y être préparé, comme la bonne terre de la parabole, prête à accueillir la semence.

Comment avons-nous été préparés à recevoir la Bonne Nouvelle ? Par notre éducation ? Par des rencontres ? Par des circonstances, des événements heureux ou non, qui ont émaillé notre existence ? Nous avons tous un chemin, propre à chacun, dans lequel pourtant nous pouvons sans aucun doute discerner des jalons que Dieu a posé dans notre vie pour nous préparer à l'accueil de la Bonne Nouvelle.

Et puis cette Bonne Nouvelle, on ne la reçoit pas une fois dans sa vie et c'est terminé. L'Evangile nous rencontre et nous interpelle sans cesse. Nous nous réunissons pour entendre tout à nouveau cette Bonne Nouvelle... Mais comment nous y préparons-nous ?


La Bonne Nouvelle commence... mais ne se termine pas

Avec un tel début pour son ouvrage, on pourrait s'attendre à une fin similaire. Du style : « La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, se termine ici... ». Mais si on va à la fin de l’Évangile selon Marc, on se rend compte que ce n'est pas le cas. Pas du tout.

En réalité, l’Évangile selon Marc a la particularité d'avoir une fin abrupte, une fin ouverte. Il est communément admis aujourd'hui que les versets 9-20 sont un ajout postérieur à la rédaction de l’Évangile. Rien d'hérétique dans ces versets, qui empruntent leur contenu aux autres évangiles et au livre des Actes des apôtres. Mais à l'origine, l'évangile selon Marc s'arrêtait au verset 8, de façon surprenante :

« Les femmes sortent de la tombe et partent en courant. Elles tremblent, elles sont bouleversées, et elles ne disent rien à personne, parce qu'elles ont peur. »

Je ne sais pas si vous aimez les fins ouvertes dans un roman ou dans un film. Elles peuvent nous frustrer parce qu'elles ne proposent pas une fin claire et précise. C'est ce qui explique l'ajout à la fin de l'évangile selon Marc... Mais elles peuvent aussi nous stimuler parce qu'elles nous laissent imaginer la suite. Les fins ouvertes nous interpellent, elles nous invitent à continuer l'histoire.

Dans la Bible, le livre de Jonas aussi a une fin ouverte. Avec une question que Dieu pose au prophète sans qu'il y ait de réponse explicite :

« Alors, est-ce que je ne peux pas, moi, avoir pitié de cette grande ville de Ninive ? » (Jonas 4.11)

La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ a un commencement... mais pas de fin. Elle commence avec sa naissance, elle se poursuivra avec sa mort sur la croix. Mais ce ne sera pas la fin : elle se poursuivra avec sa résurrection. Voilà pourquoi elle n'a pas de fin, parce que Jésus-Christ est ressuscité et il est vivant pour toujours !

De plus, le fait qu'il n'y ait pas de fin à l’Évangile selon Marc nous invite aussi à continuer l'histoire. L'Evangile ne doit pas rester un livre, il doit devenir pour nous une Bonne Nouvelle, il veut poursuivre son histoire dans chacune de nos vies.


Conclusion

Dès le début de son ouvrage, Marc nous rappelle que l’Évangile est une Bonne Nouvelle parce qu'il ne s'agit ni d'un simple message ni d'une religion, mais d'une personne. Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Et cette Bonne Nouvelle est vivante parce que Jésus-Christ est vivant. Recevoir l’Évangile, c'est laisser le Christ entrer dans notre vie, et nous tenir prêt à l'accueillir tout à nouveau chaque jour.

Pour chacun de nous, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, peut commencer ici et maintenant. 

dimanche 23 novembre 2014

« C'est à moi que vous l'avez fait ! »

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Lecture biblique : Matthieu 25.31-46

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je lis ce texte, je suis mal à l'aise... J'ai l'impression qu'il me dit que je n'en fait pas assez pour aider, accueillir, visiter ceux qui ont besoin de moi ! Le malaise est légitime : on ne peut jamais avoir la conscience tranquille face à la misère qui nous entoure, au près comme au loin.

De plus, il y a un autre malaise, dans l'histoire elle-même. Tout le monde est étonné par ce que dit Jésus. Autant ceux qui reçoivent des éloges que ceux qui reçoivent des reproches. Tous disent : « Ah bon ? Mais on ne t'a pas vu ! » Si les premiers s'en réjouissent, les seconds s'en mordent les doigts... 

Souvent, les paroles de Jésus nous dérangent, nous interpellent ou nous bousculent. Mais ce n'est jamais juste pour nous mettre mal à l'aise. Il y a toujours une intention positive, pour nous faire progresser, nous faire avancer avec le Seigneur. Alors, comment faire, ici, pour aller au-delà du malaise ?


Discerner Jésus dans notre quotidien

Jésus parle de son retour et du grand jugement qui lui est associé. Bien-sûr qu'il s'agit d'un événement futur, décrit de façon imagée avec un roi qui siège sur son trône et qui fait le tri entre des brebis et des boucs. Mais la façon dont Jésus en parle, et en particulier la chute de l'histoire, nous invite moins à porter notre regard sur l'avenir qu'à changer notre regard sur le présent. 

Dans ce sens, Jésus et bien dans le prolongement des prophètes qui l'ont précédé. Avant de nous révéler l'avenir, les prophéties bibliques nous interpellent sur notre comportement présent. 

Or, la grande surprise, pour tous les protagonistes de cette histoire, c'est la révélation que Jésus était là où ils ne l'avaient pas vu... et peut-être là où ils ne l'attendaient pas ! Car si Jésus, au jour du Jugement, apparaît glorieux tel un roi sur son trône, aujourd'hui il est avec les plus petits, ceux qu'on remarque à peine ou qu'on préfère ignorer. Il les appelle même ses frères !

Aujourd'hui, Jésus est frère de ceux qui souffrent, de ceux qui ont faim et soif, des étrangers, des démunis, des malades et des prisonniers. Il est frère des réfugiés qui fuient la guerre ou la persécution dans leur pays. Il est frère des immigrés qui se retrouvent en centres de rétention. Il est frère des SDF qui dorment dans nos rues. Il est frère des personnes âgées dans les maisons de retraite qui ne reçoivent jamais de visite. 

Lui-même est né dans une étable parce qu'il n'y avait pas de place pour l'accueillir, il a été ignoré, rejeté par les siens. Il a été prisonnier, nu et abandonné. Il est mort, crucifié, condamné alors qu'il était innocent. Aujourd'hui, il est frère des petits, ceux qu'on remarque à peine ou qu'on préfère ignorer. 

Voilà où nous devons chercher Jésus-Christ aujourd'hui... Dans ces « petits » qui nous entourent et ont besoin de nous. 

On est loin d'un discours triomphaliste pour rencontrer Jésus dans l'effervescence d'une louange dynamique, dans la ferveur d'une prédication éloquente ou dans le zèle d'une évangélisation passionnée.

Je ne dis pas, évidemment, que la louange, la prédication et l'évangélisation n'ont pas d'importance, ni même que ce ne soit pas des lieux où trouver le Christ aujourd'hui. Je dis simplement, à la suite de notre texte, que Jésus nous attend aussi ailleurs. Dans des lieux et des postures bien plus modestes.


Valoriser nos actes de générosité

Une autre façon de voir dans ce texte une interpellation de notre présent, c'est de souligner que les paroles de Jésus révèlent la véritable nature, et les motivations, des actes des uns et des autres. Et du coup, ces paroles n'ont pas la même saveur pour les uns ou pour les autres. 

Une saveur insoupçonnée

Elles ont une saveur insoupçonnée pour les premiers. Une sorte d'effet rétroactif. Ce qu'ils ont fait gratuitement, simplement, sans arrière pensée et avec pour seule motivation la bonté, la solidarité, la fraternité, avait en réalité une portée bien plus grande, qu'ils ne soupçonnaient pas. Ce qu'ils ont fait à ces « petits », c'est à Jésus qu'ils l'ont fait !

C'est finalement une façon de valoriser les simples actes de générosité et de partage du quotidien. Ils ont de la valeur. Nos actes les plus modestes peuvent avoir une valeur bien supérieure à ce que nous imaginons. 

On est bien dans l'esprit de l’Évangile : le Royaume de Dieu se manifeste souvent dans de petites choses, dans la simplicité et l'humilité. 

Un goût amer

Mais les paroles de Jésus ont un goût amer pour les seconds. Ils sont surpris, eux aussi, mais négativement. Dans ses reproches, Jésus ne vise pas seulement les insensibles égocentriques qui ne pensent qu'à leur pomme. Ceux-là, évidemment, sont concernés au premier chef. 

On peut considérer que les seconds ont pu visiter des malades et aider des nécessiteux. Mais peut-être en faisant le tri, en choisissant ceux qui méritaient leur compassion... Un détail du texte me paraît significatif. Il y a une petite différence entre le verset 40 et le verset 45. Au verset, 40, Jésus parle de « l'un de mes frères, l'un de ces petits ». Au verset 45, Jésus dit seulement « l'un de ces petits », il ne les nomme plus « ses frères ». Pourtant, ce sont bien les mêmes personnes qui sont désignées. Il y a peut-être là un indice que la générosité des seconds était sélective. Ils ont bien aidé, mais seulement ceux qu'ils considéraient comme les frères de Jésus. Des nécessiteux qui méritaient leur aide, ou des aides dont ils pourraient finalement retirer quelque chose, ne serait-ce qu'une bonne conscience... 

En un mot, les paroles de Jésus ici doivent interpeller nos motivations à faire le bien. Une générosité intéressée finira toujours par laisser un goût amer. Une générosité simple et naturelle, sans arrière-pensée, finira toujours par nous réserver de bonnes surprises. 


Conclusion

Le malaise a-t-il été dissipé ? En partie seulement, peut-être... Et c'est bien qu'il en soit ainsi ! Car ce texte doit garder sa force d'interpellation. Il n'est pas là pour nous caresser dans le sens du poil et nous donner bonne conscience. Mais il n'est pas là non plus simplement pour nous faire peur et nous mettre la pression. 

Il nous invite, aujourd'hui, à discerner le Christ là où on l'attendrait pas forcément. Auprès des humbles, des petits, des nécessiteux. 

Il y a bien un mise en garde contre une charité intéressée, une bonté qui cache des motifs bien égoïstes. Dans ce cas, les paroles de Jésus doivent garder leur saveur amère... 

Mais il y a aussi une promesse pour les actes de bonté du quotidien, simples et naturels. Sans arrière-pensée. C'est dans ces petites choses que le Christ nous donne rendez-vous. C'est là que nous pouvons le rencontrer.

dimanche 26 octobre 2014

Un modèle pour notre foi


Lecture biblique : 1 Thessaloniciens 1.1-10

Au-delà des formules de politesse et de la volonté de l'apôtre Paul d'encourager ses lecteurs, ces salutations qui ouvrent la 1re lettre aux Thessaloniciens nous donnent à entendre quelque chose de chrétiens exemplaires. Le verset 7 ne peut pas être qu'une simple formule : « Vous êtes devenus un modèle pour tous ceux qui croient. »

Alors qu'est-ce qui fait des croyants de Thessalonique des modèles ?


Une foi vivante

Il y a d'abord ce que Paul dit d'eux au verset 3, évoquant une foi vivante : « Oui, votre foi est active, votre amour vous fait agir, et votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ est solide. » Les trois vertus théologales (la foi, l'espérance et l'amour) ne sont pas seulement mentionnées, pour chacune un qualificatif leur est ajouté, pour en montrer le caractère concret chez les chrétiens de Thessalonique.

Tout d'abord, leur foi est active. Littéralement, il est question de « l’œuvre de la foi ». Il s'agit de l'action qui est inspirée par la foi, portée par elle. Chez les Thessaloniciens, la foi n'est pas qu'une simple croyance professée, elle se concrétise dans des actions, des façons d'être, une vie gouvernée par la foi. La foi n'est pas théorique mais pratique. Ce ne sont pas que des paroles mais des paroles et des actes qui leur correspondent.

Ensuite, leur amour les fait agir. Littéralement, c'est le « travail de l'amour » mais avec la connotation d'un travail qui coûte et produit parfois de la souffrance. On pourrait traduire par le « labeur de l'amour ». La TOB traduit : « votre amour qui se met en peine ». Là encore, l'amour n'est pas que de belles paroles d'accueil, de tolérance, dites avec le sourire. L'amour engage envers l'autre, il se met en peine du prochain.

Enfin, leur espérance est solide. Littéralement, le texte parle de la « persévérance de l'espérance ». Il y a donc une dimension de durée, de constance, d'endurance dans la foi, particulièrement nécessaire dans les épreuves et les difficultés. Concrètement, c'est une espérance qui se manifeste en toutes circonstances, même les plus difficiles.

Bref, ce qui est remarquable chez les chrétiens de Thessalonique, c'est que les vertus théologales, qu'ils partagent avec tous les croyants, trouvent des manifestations concrètes et visibles. La foi, l'espérance et l'amour, c'est le patrimoine commun de tous les chrétiens. Mais ce patrimoine s'exprime-t-il toujours de façon aussi concrète et claire que chez les chrétiens de Thessalonique ?

Quelles actions, dans notre vie quotidienne, sont inspirés par notre foi ? Que nous coûte, au quotidien, notre amour pour notre prochain ? Comment notre espérance exprime-t-elle constance et endurance ? On est bien au-delà de notre profession de foi. On parle ici de notre vie de tous les jours, de la façon dont notre foi s'incarne dans notre quotidien.


Une foi partagée

Un autre aspect que l'apôtre Paul souligne, c'est la façon dont les chrétiens de Thessalonique ont accueilli l’Évangile. Il se souvient que cet Évangile leur a été annoncé « pas seulement en paroles mais aussi avec la puissance et l'aide de l'Esprit Saint » (v.5). Sans doute une façon de dire que l'apôtre a vu particulièrement l'Esprit de Dieu à l’œuvre quand il leur a annoncé l’Évangile. Ils ont d'ailleurs accueilli cette Bonne Nouvelle dans un contexte difficile, au prix de réelles souffrances liées sans doute à l'opposition rencontrée, mais « avec la joie donnée par l'Esprit Saint » (v.6).

Et d'ailleurs l'apôtre enchaîne : « c'est ainsi que vous êtes devenu un modèle pour tous ceux qui croient, en Macédoine et en Akaïe  » (v.7). Pourquoi la mention de la Macédoine et l'Achaïe ? Probablement parce que, non content d'avoir reçu l’Évangile, les Thessaloniciens l'ont transmis plus loin et il est parvenu jusqu'en Macédoine.

La transmission de l’Évangile fait partie intégrante de l'accueil de l’Évangile. On n'a pas vraiment accueilli l’Évangile tant qu'on ne l'a pas transmis plus loin.

Ça n'implique pas forcément de descendre dans la rue et de haranguer les foules. Mais le souci de transmettre l’Évangile, de le rendre accessible à tous, et en particulier à ceux que nous côtoyons, doit être au cœur de nos préoccupations. Ça commence bien-sûr par une incarnation de l’Évangile au quotidien, manifester cette foi vivante dont faisait preuve les chrétiens de Thessalonique. Mais ça implique aussi de saisir les occasions pour parler de l’Évangile et dire la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. Une foi vivante est forcément une foi partagée.

C'est vrai pour chaque croyant, c'est vrai aussi pour une Église. Une Église vivante cherche forcément à faire partager la Bonne Nouvelle sur laquelle elle est fondée. Le souci des non-croyants, la volonté de les rejoindre et de partager avec eux l’Évangile doit être au cœur de notre préoccupation d’Église.


Une foi sans compromis

Dernier trait de la foi des Thessaloniciens que notre texte souligne, c'est leur conversion claire et radicale. C'est ainsi que les gens connaissaient leur foi : « Les gens racontent en parlant de nous comment vous nous avez reçus chez vous et comment vous vous êtes tournés vers Dieu. Vous avez laissé les faux dieux, pour servir le Dieu vivant et vrai. » (v.9).

La question ici n'est pas tant de savoir si le moment de la conversion est radical et spectaculaire. Ça peut l'être pour certains, mais c'est parfois difficile à situer dans le temps pour d'autres. L'important est de savoir si la conversion aujourd'hui est radicale. Pour reprendre la terminologie de notre texte, est-ce que nous nous sommes vraiment détournés des faux dieux, des idoles, pour nous tourner vers le Dieu vivant et vrai ? En d'autres termes, notre foi est-elle sans compromis ?

Les idoles, les faux dieux, ce ne sont pas seulement des statues de bois, de pierre ou de métal. Les faux dieux, ce sont ceux que nous nous fabriquons, ceux qui dirigent notre vie. Ainsi Jésus met-il en garde contre Mamon, une personnification de l'argent et des biens matériels. Un faux dieu encore bien actif et attirant aujourd'hui, en particulier dans notre société occidentale matérialiste, où il peut prendre l'apparence de notre compte épargne ou simplement de notre confort matériel. Ça peut être aussi l'idole de la réussite sociale, ou du pouvoir, ou de la célébrité... Et ils peuvent même avoir parfois des aspects très spirituels : la religiosité, le légalisme, peuvent être de faux dieux qui nous détournent du Dieu vivant et vrai.

Une foi sans compromis, c'est une foi qui est attachée à la personne seule de Dieu. Pas à une religion. Pas à d'illusoires sécurités. Pas à telle ou telle ambition personnelle.


Conclusion

Même s'il ne faut pas idéaliser la foi des chrétiens de Thessalonique, elle est tout de même présentée par l'apôtre Paul comme un modèle pour tous les croyants. Ce n'est pas rien... C'est en tout cas l'occasion pour lui de développer pour nous un modèle de foi, en soulignant trois aspects :
  • Une foi vivante : elle ne se contente pas de paroles mais se manifeste concrètement
  • Une foi partagée : avec un souci pour le témoignage de l’Évangile, en parole et en actes
  • Une foi sans compromis : qui cherche toujours à être attaché au Dieu vivant et vrai, et à lui seul.


Voilà un beau programme, un modèle auquel nous pouvons essayer de conformer notre foi !

dimanche 12 octobre 2014

Un festin pour tous


Lecture biblique : Esaïe 25.6-8

Le ton de ce texte magnifique tranche avec ceux qui l'entourent. La tonalité générale de la première partie du livre d'Esaïe (chapitres 1-39) est assez sombre. Le prophète dénonce l'infidélité du peuple d'Israël, l'idolâtrie tolérée en son sein, les injustices sociales criantes, la corruption des puissants, etc... Du coup est annoncé le jugement de Dieu, à travers l'exil. Et les peuples environnants ne sont pas en reste. Tyr, Moab, Babylone en prennent aussi pour leur grade et la destruction leur est promise.

Et puis, au milieu de ces textes de jugement fleurissent quelques textes d'espérance, non seulement pour le peuple d'Israël mais pour tous les peuples. Notre texte en est un des plus beaux exemples.

Il contient deux promesses : l'invitation à un festin géant et la fin du deuil. Les deux promesses sont pour tous les peuples, et les deux sont situées « sur la montagne de Sion ».

Mais je crois sincèrement qu'on se trompe lourdement si on comprend une telle prophétie de façon littérale. Comme si la promesse allait s'accomplir par un pique-nique géant sur l'esplanade du temple à Jérusalem ! Ou par un défilé de tous les peuples avant de passer à table, pour une cérémonie où tout le monde enlèverait joyeusement ses habits de deuil pour revêtir des habits de fête !


Sur la montagne de Sion

L'indication n'est donc pas géographique ! Mais que signifie alors l'expression « sur la montagne de Sion » ?

La montagne de Sion, c'est bien la montagne où était construit le temple, lieu central du culte, symbole de la présence de Dieu. Ça n'échappait pas aux contemporains d'Esaïe. Plus tard, pour les Israélites en exil, une telle promesse ne pouvait qu'évoquer la perspective d'un retour dans le pays et la reconstruction du temple. Mais la promesse ne s'est pas accomplie littéralement... Certes, le peuple est retourné dans son pays, le temple a été reconstruit. Mais rien qui ressemble au grand festin, et encore moins l'accomplissement de la promesse de la fin de tout deuil !

Faut-il encore l'attendre ? Faut-il espérer, aujourd'hui que le temple est à nouveau détruit, une nouvelle reconstruction du temple et un festin géant à Jérusalem ? Je ne le pense pas...

Souvenons-nous des paroles de Jésus à propos de la destruction et la reconstruction du temple (Jean 2.19-21) :
19Jésus leur répond : « Détruisez ce temple, et en trois jours, je le remettrai debout. »
20(les chefs religieux) lui disent : « On a mis 46 ans pour construire ce temple, et toi, en trois jours, tu vas le remettre debout ! »
21Mais quand Jésus parlait du temple, il parlait de son corps. 22C'est pourquoi, quand Jésus se réveillera du milieu des morts, ses disciples se souviendront qu'il a dit cela. Alors ils croiront à ce que disent les Livres Saints et aux paroles de Jésus.

Ou ses paroles à la femme Samaritaine invitant désormais à un nouveau culte (Jean 4.21-24) :
21Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. 22Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23Mais l'heure vient — c'est maintenant — où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car tels sont les adorateurs que le Père cherche. 24Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité. 

A la lumière du Nouveau Testament, l'expression « sur la montagne de Sion » doit être comprise non comme une indication géographique mais comme une indication spirituelle. La perspective est celle du jour où le temple de Dieu, au sens spirituel, sera à nouveau parmi nous, le jour où Dieu se rendra pleinement présent, c'est-à-dire, à la lumière du NT, le jour du retour du Christ... alors il offrira un festin à tous les peuples et il leur ôtera leurs vêtements de deuil.


Un festin et des vêtements de fête

L'image du festin évoque la joie, la fête, le partage, l'abondance. C'est une image courante, reprise aussi dans le Nouveau Testament, pour parler du Royaume de Dieu. Jésus l'utilise dans son enseignement, notamment avec des paraboles, l'Apocalypse aussi pour évoquer le festin des Noces de l'Agneau, fêtant la victoire ultime de Dieu.

On ne sait pas grand chose de ce qui nous attend dans l'éternité. Mais l'image du festin, moi, me donne envie ! Même si Woody Allen disait que l'éternité c'est long, surtout vers la fin, je me dis qu'avec de telles images de fête, il n'y a pas de risque que l'on s'ennuie !

Et puis l'idée de fête est accentuée encore par l'autre promesse : le voile de deuil enlevé. Il s'agit du voile dont on se couvrait pour signifier le deuil. On parlerait aujourd'hui d'habits de deuil. Quand au « drap des morts », il pourrait s'agir du linceul dont on recouvrait les corps.

En tout cas, la promesse est claire : il n'y aura plus de deuil, parce que la mort ne sera plus. C'est la raison principale du festin : la mort sera définitivement vaincue. Evidemment que cette promesse a pris plus d'envergure encore depuis la résurrection de Jésus-Christ. Nous savons que la promesse est vraie, parce que Jésus-Christ est ressuscité ! C'est le cœur de notre espérance.

Nous le croyons aujourd'hui déjà. Mais quand nous le vivrons vraiment, au jour de notre résurrection, alors la fête sera grande. Les habits de deuil seront définitivement rangés et nous revêtiront les habits de fête. Pour l'éternité.


Pour tous les peuples

Soulignons-le encore une fois, ces promesses sont pour tous les peuples. D'une certaine façon, cette dimension universelle du projet de Dieu contraste avec les textes qui entourent ce chapitre. Des textes où les peuples s'affrontent, où les nations environnantes sont des ennemis.

On réalise peut-être mal ce que ça pouvait représenter pour un Israélite menacé ou même en guerre avec ses voisins que d'imaginer un festin pour tous les peuples. Une perspective où il peut se retrouver à la même table que ses ennemis, parce que Dieu aura établi la paix. On peut le percevoir peut-être à travers l'histoire de Jonas, pas du tout prêt à partager la part du gâteau de la grâce de Dieu avec l'ennemi Ninive !

Mais cette perspective de festin universel contraste aussi avec notre actualité où nous peinons à voir la fraternité entre tous les peuples ! Non seulement par les guerres et les violences terribles dont les hommes sont toujours capables. Mais aussi pour l'écho favorable que reçoivent aujourd'hui chez nous les discours haineux, racistes, xénophobes, par les stigmatisations de l'étranger, de l'immigré, qui sont monnaie courante.

Notre espérance universelle, celle d'un Dieu qui convie tous les peuples à sa table, celle d'une Église que Dieu rassemble, issue de tous les peuples, cette espérance doit nous pousser à résister à ces discours et prôner l'accueil, la fraternité, la grâce.


Conclusion

Voilà un texte qui met l'eau à la bouche ! C'est peut-être d'ailleurs cela, vive l'espérance. Avoir l'eau à la bouche dans l'attente du Royaume de Dieu.

Mais ce menu qui nous est proposé change notre comportement aujourd'hui. L'espérance de la victoire sur la mort, grâce à la résurrection de Jésus-Christ, est source de consolation dès aujourd'hui. La perspective d'un festin pour tous les peuples doit nous pousser dès aujourd'hui au partage, à l'accueil et à la grâce, pour embrasser le projet universel de Dieu, par Jésus-Christ, comme le dit l'apôtre Paul aux Colossiens (chapitre 1) :
18lui, il est la tête du corps — qui est l'Eglise.
Il est le commencement,
le premier-né d'entre les morts,
afin d'être en tout le premier.
19Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude
20et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même,
aussi bien ce qui est sur la terre que
ce qui est dans les cieux,
en faisant la paix par lui,
par le sang de sa croix.


C'est un message que nous devons proclamer, et vivre, aujourd'hui !

dimanche 21 septembre 2014

Dieu se laisse trouver

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Lecture biblique : Esaïe 55.6-9

Dans ce texte, on a un peu l'impression que Dieu joue à cache-cache avec nous. Il s'agit de le chercher, mais il est lointain tout en étant proche... Où est-il ? Comment le trouver ?

C'est surtout l'expression du verset 6 qui a attiré mon attention : le Seigneur « se laisse trouver ». Un peu comme quand un adulte joue à cache-cache avec un enfant : il se cache, mais pas trop. Il s'arrange pour que l'enfant arrive à le trouver.

C'est un peu comme ça que Dieu agit envers nous. Il se laisse trouver...


Un Dieu qui se laisse trouver 

« Cherchez le SEIGNEUR pendant qu’il se laisse trouver. » Est-ce à dire qu'il ne se laisse pas toujours trouver ? En réalité, on pourrait traduire différemment cette phrase. Il n'y a pas vraiment de préfixe temporel en hébreu, qui laisserait entendre que Dieu se laisserait trouver mais pour un temps seulement. Et après ce serait fini... 

D'ailleurs la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) propose : « Recherchez le SEIGNEUR puisqu'il se laisse trouver, appelez-le, puisqu'il est proche. »

L'idée n'est pas de dire qu'il faut le chercher maintenant parce qu'après il sera trop tard. L'affirmation est bien plus profonde. Elle touche à l'être-même de Dieu. Le fait de se laisser trouver, ou de se rendre proche, est dans la nature-même de Dieu. Le Seigneur est un Dieu qui se laisse trouver. Alors, cherchons-le !

Et il faut qu'il en soit ainsi. Parce qu'on ne peut pas trouver Dieu sans son aide. Il nous est inaccessible si nous ne comptons que sur nos propres forces, notre intelligence, notre sagesse ou notre connaissance. On ne le trouve pas par nous-mêmes, on le trouve parce qu'il se laisse trouver. 

C'est pourquoi dans les versets 8-9, Esaïe souligne la distance infinie qui nous sépare de Dieu. 

Le SEIGNEUR déclare :
« Vos pensées ne sont pas mes pensées,
mes façons de faire ne sont pas les vôtres.
Il y a une grande distance
entre mes façons de faire et les vôtres,
entre mes pensées et vos pensées.
Elle est aussi grande
que la distance entre le ciel et la terre. »

Si on n'avait que ces versets, on dirait « laisse tomber... ». Comment connaître un Dieu si différent, si éloigné de nous ? La réponse est au verset 6 : parce qu'il se laisse trouver ! 

Voilà ce qui est extraordinaire dans la révélation biblique. Ce Dieu infini, tout-puissant, créateur de l'univers entier, ce Dieu plus grand que tout ce qu'on peut imaginer, ce Dieu qui, par nature, nous est si éloigné, nous petites poussières dans l'univers, créatures limitées et souvent pitoyables, ce Dieu-là se laisse trouver par nous, il se rend proche de nous. 

Toute l'histoire de la révélation, c'est l'histoire d'un Dieu infini et inaccessible qui se rend proche de nous, accessible. Il laisse des traces de sa présence dans la Création, au plus profond de notre conscience. Il se révèle à travers les prophètes qu'il a choisi. Et, comme couronnement de cette révélation, il y a l'incarnation, la venue du Fils de Dieu devenu homme. Il ne peut pas se faire plus proche de nous... 

La formule d'Esaïe est belle : Dieu se laisser trouver. Dieu se révèle mais sans s'imposer. Il s'approche de nous mais sans nous contraindre. Il appelle mais il ne nous force pas la main. Il se laisse trouver...


Trouver Dieu pour se retrouver soi-même

Chercher Dieu, comme nous y invite le prophète, implique bien plus qu'une quête religieuse ou philosophique. Il y a un autre appel qui lui est lié, au verset 7. Un appel à la repentance :

Les gens mauvais
doivent abandonner leur conduite.
Celui qui fait le mal
doit abandonner ses pensées méchantes.
Tous doivent revenir vers le SEIGNEUR,
car il aura pitié d'eux.
Tous doivent revenir vers notre Dieu,
car il pardonne généreusement.

La repentance, c'est un changement radical, qui trouve sa source dans le retour à Dieu. Cet appel au retour à Dieu intervient au cœur de la promesse d'un autre retour, celui du peuple dans son pays, après l'Exil. C'est ici utile de rappeler que les prophéties bibliques ne sont pas de simples prédictions d'un avenir déjà écrit. Elles sont l'occasion de rappeler le projet de Dieu mais aussi d'inviter les lecteurs à y entrer avec foi. Les promesses, ou les avertissements, s'accompagnent toujours d'un appel. 

Dans le message des prophètes, le plus important des retours n'est pas le retour de l'Exil à Babylone, c'est le retour à Dieu. Tout comme le départ en exil du peuple était présenté par les prophètes comme une conséquence de l'infidélité à Dieu, la promesse du retour en Canaan implique un appel à un retour à Dieu. Et c'est là que les écrits prophétiques revêtent un caractère universel.

Nous ne sommes pas dans la situation des Juifs en exil à Babylone mais à travers les siècles, l'appel du prophète parvient jusqu'à nous. N'avons pas aussi besoin de revenir à Dieu ? Si Dieu nous paraît silencieux et lointain, n'est-ce pas souvent parce que nous nous sommes nous-mêmes éloignés de lui ? 

Du coup, la thématique du retour à Dieu éclaire d'un jour nouveau le verset 6. Le Dieu qui se laisse trouver est aussi le Dieu qui accueille toujours celui qui revient à lui. Le pardon qu'il offre permet d'envisager tous les recommencements. Le Dieu qui aura pitié est celui qui se laisse toujours trouver... et retrouver. Le Dieu qui pardonne généreusement est celui qui est tout proche, prêt à nous accueillir. 

Alors, il faut bien le souligner, le vrai retour à Dieu implique des changements. Il s'agit d'abandonner certaines conduites et certaines pensées. Cela ne peut être sans une remise en question. C'est la nature même de la repentance biblique qui n'est pas simplement un regret ou un remord mais une décision ferme de changer, de se laisser changer par Dieu. 

La repentance, le retour à Dieu, est le moyen d'être libéré de ce qui est mauvais en nous. C'est le chemin qui nous conduit à nos racines oubliées, celles de l'image de Dieu en nous. Une image brouillée, déformée, par le péché.  

Le retour à Dieu est la source d'un retour à soi-même. Trouver, ou retrouver Dieu, c'est se retrouver soi-même : homme, femme, créé à l'image de Dieu.


Conclusion

« Cherchez le Seigneur puisqu'il se laisse trouver,
Faites appel à lui, puisqu'il est proche. »

Il y a dans cette phrase un appel et une promesse. L'appel, c'est de sans cesse chercher le Seigneur. Nous en avons tous besoin, parce que loin de lui, nous dépérissons, nous perdons notre humanité-à-l'image-de-Dieu. Nous devons le trouver pour nous retrouver nous-mêmes !

La promesse, c'est que Dieu se laisse trouver, qu'il se rend accessible. Nous sommes pourtant infiniment loin de lui mais toute la révélation biblique nous parle de ce Dieu qui se rend proche et accessible, jusqu'à devenir l'un des nôtres, en Jésus-Christ. 

Ces paroles du prophètes étaient précieuses pour les Juifs exilés à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Elles peuvent l'être aussi pour nous aujourd'hui, qui avons tout autant besoin d'entendre cet appel et cette promesse.

Cherchez le Seigneur : il se laisse trouver !

dimanche 7 septembre 2014

Les vertus théologales (3) L'amour

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Après la foi et l'espérance, voici, l'amour ! Enfin ! 

Un mot souvent galvaudé, enrobé de mièvrerie ou souillé par de sombres histoires. D'ailleurs dans certaines versions de la Bible, on a préféré traduire par « charité ». Un mot qui a, lui aussi, ses connotations pas forcément positives... 

Mais la perspective biblique sur l'amour est bien plus large que le sentiment amoureux. L'amour, dans la Bible, concerne toutes nos relations. Et cela est bien exprimé par les deux commandements que Jésus cite comme étant les plus importants, et indissociables l'un de l'autre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Pour percevoir cette large perspective, le mieux est encore de lire ce qui est sans doute un des plus beaux textes bibliques sur l'amour, et qui se termine par le verset qui est à l'origine de notre mini-série sur les trois vertus théologales : 1 Corinthiens 13. Un texte qu'on aurait bien tort de limiter aux seules cérémonies de mariage ! Un texte qu'on ferait bien aussi de ne pas réduire aux seuls versets 4-7, certes magnifiques. Il vaut même la peine de commencer la lecture avec le dernier verset du chapitre précédent.

Lecture biblique : 1 Corinthiens 12.31-13.13

Nous avons commencé la lecture avec le dernier verset du chapitre précédent parce qu'il donne le ton de la suite : « Mais maintenant, je vais vous montrer un chemin meilleur que les autres. ». La conclusion du chapitre répond à cette introduction : « Maintenant, trois choses sont toujours là : la foi, l'espérance et l'amour. Mais la plus grande des trois, c'est l'amour. » (v.13)

En quoi le chemin de l'amour est-il le meilleur ? En quoi l'amour est-il plus grand que la foi et l'espérance ? 


Sans l'amour, la foi n'est que du blabla

Aux versets 1-3, Paul commence pas évoquer les pratiques spirituelles dont il a parlé au chapitre précédent. Et les exemples évoqués sont quand même impressionnants : parler la langue des hommes et la langue des anges ; parler au nom de Dieu, comprendre tous les mystères et posséder toute la connaissance ; avoir une foi assez grande pour déplacer les montagnes. Et il ajoute même des exemples de consécration étonnants : distribuer toutes ses richesses à ceux qui ont faim, livrer son corps au feu. Ce n'est quand même pas rien...

Mais toutes les manifestations de foi, même les plus spectaculaires, toutes les preuves de générosité et de consécration, ne valent rien s'il n'y a pas l'amour. Sans l'amour, la foi n'est rien de plus que du blabla, toute piété est sans valeur. 

En réalité, l'amour est le sceau qui authentifie la foi et l'espérance. Une foi confessée sans amour est une contrefaçon. Si on prétend être animé d'une espérance sans être animé d'amour, on se trompe soi-même et on trompe les autres. 
Le chemin de l'amour est non seulement le meilleur mais il est le seul valable, le seul que nous devions emprunter en tant que croyant. Les autres sont des impasses ou des chemins qui se perdent. 


Un chemin difficile vers l'amour parfait

Nous en arrivons aux fameux versets 4-7 où Paul associe à l'amour différents qualificatifs. Il parle ici plus spécifiquement de l'amour envers le prochain. Quelle est la différence entre cette liste de qualificatifs et la liste d'exemples des premiers versets ? Ici, rien de spectaculaire : la patience, l'esprit de service, l'humilité, le pardon... Pourtant, que c'est difficile ! Surtout lorsque les qualificatifs ne sont pas pris séparément mais ensemble, comme un tout. 

Qui oserait dire, en lisant ces verset : « C'est tout moi ! Voilà mon portrait craché ! » ?

On l'a dit, ces versets sont souvent lus lors des cérémonies de mariage. Et c'est évident qu'ils peuvent s'appliquer à la vie de couple. Mais pourquoi les y limiter ? Le commandement de Dieu concerne toutes nos relations : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Est-ce que ces versets qualifient vraiment la façon dont nous sommes en relation avec notre prochain ? 

Est-ce que j'ai de telles relations avec mes frères et sœurs dans l’Église ? L'amour rend service... l'amour ne cherche pas son propre intérêt... l'amour ne se souvient pas du mal... l'amour supporte tout... 

Est-ce que j'ai de telles relations avec ceux que je côtoie dans ma vie de tous les jours ? 
L'amour est patient... l'amour n'est pas jaloux... l'amour ne se met pas en colère... l'amour espère tout...

Et n'oublions pas que Jésus a dit qu'il nous fallait aller jusqu'à aimer... nos ennemis ! Comme lui-même en a donné l'exemple. Jésus nous précède sur ce chemin de l'amour, il est notre modèle, notre guide vers l'amour parfait. Meilleur chemin, l'amour est sans doute aussi le plus difficile, le plus exigeant. Celui sur lequel on ne peut pas avancer sans l'aide de Dieu, sans la force de son Esprit.


L'amour est éternel

Enfin, l'amour est le plus grand parce que l'amour est éternel. Et ce n'est pas là une affirmation romantique à l'eau-de-rose... Comme le dit le verset 8, « l'amour ne disparaît jamais. » Alors que la foi et l'espérance, oui. La foi, l'espérance et l'amour nous relient à Dieu aujourd'hui. Mais la foi et l'espérance passeront. Pas l'amour. C'est ce qui, pour l'éternité, nous relie à Dieu. 

Paul le souligne, notre vie de foi est partielle, incomplète, notre connaissance est limitée. Aujourd'hui, nous voyons avec les yeux de l'espérance, de façon imparfaite, comme dans un miroir. Dans l'Antiquité, les miroirs étaient faits de métal poli et n'offraient qu'un reflet flou et déformé. Lorsque notre espérance sera accomplie, dans la présence même de Dieu, nous n'auront plus besoin de croire ni d'espérer ce que nous verrons ! Mais l'amour demeurera. Il sera même plus fort que jamais. 

Voilà pourquoi l'amour est le plus grand. Aimer, c'est déjà goûter un peu du fruit de notre espérance. C'est permettre à Dieu de corriger les imperfections de notre foi. 


Conclusion

La foi, l'espérance et l'amour sont les vertus qui qualifient notre relation à Dieu aujourd'hui. Mais il n'en sera pas toujours ainsi. La foi et l'espérance disparaîtront lorsque nous verrons Dieu face-à-face. L'amour par contre demeurera toujours. Voilà pourquoi l'amour est le plus grand.

En attendant, les trois sont aujourd'hui indissociables. L'amour est le sceau qui authentifie la foi et l'espérance. Il ne peut y avoir de véritable foi et de vraie espérance sans l'amour. L'amour pour Dieu et l'amour pour le prochain. Voilà pourquoi l'amour est le chemin le meilleur. 

dimanche 31 août 2014

Les vertus théologales (2) L'espérance


Accroche :

Parmi ces images, laquelle exprime le mieux pour vous la notion d'espérance ? Pourquoi ?
Après avoir choisi l'image, parlez-en un peu avec votre voisin...




Lecture biblique : 1 Pierre 1.3-9

Deuxième vertu théologale, après la foi et avant l'amour, l'espérance est au cœur de la vie du chrétien, une composante essentielle de sa relation à Dieu. C'est en Lui qu'est notre espérance. Selon notre vécu, nos joies ou nos épreuves, la perception de cette espérance peut varier. Mais elle est, fondamentalement, l'attente de ce qu'on n'a pas, mais qui nous est promis.

Je vous propose, à partir du texte de la première épître de Pierre, de souligner trois aspect de l'espérance chrétienne : son fondement, son objet et son horizon.


Un fondement : la résurrection du Christ

« Dans sa grande bonté, il nous a fait naître une deuxième fois en relevant Jésus-Christ de la mort. » (v.3a)

C'est le jour de la résurrection du Christ que notre espérance est née. C'est là, dans l'événement de la résurrection de Jésus que se trouve le fondement de notre espérance.

C'est un fondement solide car il s'inscrit dans la trame de l'histoire de l'humanité. L'historicité de la résurrection de Jésus doit être maintenue absolument. Sinon, comme le dit l'apôtre Paul :

16Si les morts ne se réveillent pas, le Christ non plus ne s'est pas réveillé de la mort. 17Et si le Christ ne s'est pas réveillé de la mort, votre foi est vide, et vous êtes encore dans vos péchés. 18Alors, ceux qui sont morts en croyant au Christ sont perdus.19Si nous avons mis notre espérance dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus malheureux de tous ! (1 Corinthiens 15.16-19)

L'enjeu de la résurrection de Jésus-Christ, c'est l'espérance pour demain et pour aujourd'hui ! Pour demain parce qu'elle est la promesse d'une victoire sur la mort, d'une vie possible, au-delà de la mort. Pour aujourd'hui, parce que cette victoire sur la mort est aussi une victoire sur le mal, le péché. La mort est le stigmate du péché, en tout être humain. En vainquant la mort, Jésus-Christ s'est aussi rendu vainqueur du mal. Nous pouvons être délivré de notre péché.


Un objet : la vie éternelle

« Nous avons ainsi une espérance qui fait vivre, et nous pouvons attendre avec joie les biens que Dieu garde pour nous. » (v.3b-4)

Pierre parle ici d'une espérance vivante. Elle l'est parce qu'elle n'est pas théorique mais concrète, parce qu'elle s'incarne dans notre vie et, par-dessus tout, parce qu'elle est l'espérance de la vie éternelle. Voilà pourquoi la version Parole de Vie traduit « une espérance qui fait vivre ».

L'objet de l'espérance, c'est la vie éternelle. Et on ne parle pas ici seulement de vie après la mort. La vie éternelle, ce n'est pas l'immortalité ! C'est la vie avec Dieu, pour toujours. C'est une vie qui commence maintenant, dans la nouvelle naissance ! Ce qui compte dans la vie éternelle, c'est moins sa durée que son lien à la source, à Dieu lui-même. Et une vie qui provient de Dieu ne peut qu'être, par nature, sans fin.

Concrètement, l'espérance de la vie éternelle, c'est bien-sûr une consolation face à la mort. Contrairement aux apparences, la mort n'est pas la fin de tout.

13Frères et sœurs, nous voulons vous faire connaître la vérité au sujet des morts. Ainsi vous ne serez pas tristes comme les autres qui n'ont aucune espérance. 14Nous croyons que Jésus est mort et qu'il s'est relevé de la mort. Donc, de la même façon, ceux qui sont morts avec Jésus en croyant en lui, Dieu les réunira à Jésus. (1 Thessaloniciens 4.13-14)

Mais l'espérance de la vie éternelle, c'est aussi l'attente d'une vie nouvelle dès aujourd'hui. Une vie qui n'atteindra jamais sa pleine maturité ici-bas mais qui nous offre déjà une réelle communion avec Dieu par la foi, et un vrai chemin de croissance spirituelle par l'oeuvre du Saint-Esprit en nous.


Un horizon : l'accomplissement du salut

« Et vous-mêmes, si vous croyez, le Dieu puissant vous garde pour vous sauver. Ce salut, on le connaîtra à la fin des temps. » (v.5)

L'espérance nous ouvre sur un horizon nouveau, celui de l'accomplissement à venir de notre salut, celui de l'aboutissement du projet de Dieu à la fin des temps.

C'est un horizon parce que la perspective est large et indécise à nos yeux. Nul ne peut connaître le jour et l'heure, disait Jésus. Mais c'est bien plus qu'un simple espoir. L'espoir est hypothétique. Au contraire, l'espérance chrétienne rime avec assurance. Le projet de Dieu aboutira. L'issue en est certaine depuis l'événement décisif de la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

L'espérance nous donne donc un horizon. Et ça change tout d'avoir un horizon ! Essayez de marcher la tête en bas, en regardant vos pieds...

Grâce à notre espérance, nous pouvons avancer, la tête haute, avec confiance. L'assurance que Dieu aura le dernier mot, que le mal sous toutes ses formes sera vaincu, que toutes nos épreuves trouveront un jour leur consolation, tout cela nous permet de regarder avec confiance vers un avenir lumineux, malgré toutes les ténèbres d'aujourd'hui et d'hier.

Voilà notre espérance. Un trésor inestimable dans un monde désenchanté, incertain et rempli de peurs tel que le nôtre !


Conclusion

L'espérance découle de la foi. Elle est, d'une certaine manière, la foi en mouvement. Car l'espérance nous met en marche, elle nous met debout à la suite du Christ ressuscité, elle nous fait croître dans la vie éternelle donnée par Dieu et elle nous permet d'avancer avec patience vers l'horizon de l'accomplissement de notre salut.

La foi nous relie à Dieu dans la confiance, l'espérance nous fait avancer avec lui avec persévérance. Nous sommes alors prêts à aimer vraiment, aimer Dieu et notre prochain... Mais ce sera l'objet de la prédication de dimanche prochain !