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Le message de Pâques annonce un monde nouveau. Radicalement nouveau. La résurrection du Christ est l'événement fondateur de ce monde nouveau. Avec lui, il y a l'émergence d'un nouveau peuple de Dieu, un peuple issu de tous les peuples et uni par la foi au Christ ressuscité.
Sauf que, dans la pratique, ça n'est pas aussi simple que ça...
Au début de l'histoire de l’Église, tous les chrétiens étaient Juifs ou prosélytes (des non-Juifs convertis au Judaïsme). Et beaucoup pensaient que c'était très bien comme ça. Et que ceux qui voulaient devenir chrétiens devaient aussi se faire circoncire (la marque de l'appartenance à la religion juive). C'était la première grande dispute théologique dans l'histoire de l’Église.
Mais le livre des Actes des apôtres relate un événement qui a tout changé : la conversion d'un païen, un officier romain du nom de Corneille. Ce n'était pas un prosélyte, même s'il était un sympathisant du judaïsme. Oh, ça n'a pas été facile ! Dieu a dû utiliser les grands moyens pour convaincre l'apôtre Pierre d'aller le visiter :
Il envoie un ange à Corneille pour lui dire de faire venir Pierre
Il envoie à Pierre une vision spectaculaire et l'avertit de la visite d'hommes qui le cherchent
Et en discutant avec Corneille, Pierre se rend compte que tout était préparé par Dieu et qu'il devait élargir sa vision de l'oeuvre de Dieu.
C'est ce qu'il dit dans le texte biblique que nous allons lire :
Actes 10.34-43
34Alors Pierre prend la parole et dit : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. 35Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays. 36Dieu a envoyé sa parole au peuple d’Israël : il lui a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. 37Tout a commencé après que Jean a lancé cet appel : “Faites-vous baptiser !” Vous savez ce qui est arrivé, d’abord en Galilée, puis dans toute la Judée. 38Vous savez comment Dieu a répandu la puissance de l’Esprit Saint sur Jésus de Nazareth. Jésus est passé partout en faisant le bien. Il guérissait tous ceux qui étaient prisonniers de l’esprit du mal, parce que Dieu était avec lui. 39Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l’a supprimé en le clouant sur une croix. 40Mais, le troisième jour, Dieu l’a réveillé de la mort et il lui a donné de se montrer 41non pas à tout le peuple, mais à nous. En effet, Dieu nous a choisis d’avance comme témoins. Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui. 42Il nous a commandé d’annoncer la Bonne Nouvelle au peuple et de rendre ce témoignage : Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. 43Tous les prophètes ont parlé de lui en disant : “Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés.” »
Dieu accueille tout le monde !
« Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. » On pourrait traduire « Je comprends que Dieu n'est pas partial, qu'il ne fait pas de favoritisme ». Etymologiquement, le terme grec évoque le fait de recevoir quelqu'un en fonction du visage, des apparences.
Alors, évidemment, Dieu n'est pas comme ça ! On se demande presque comment Pierre ne l'avait pas compris avant !!! Comment un Dieu juste et bon pourrait-il être partial ? Dieu accueille tout le monde. Il n'est pas le videur qui se tient à l'entrée de la boîte de nuit de son Royaume et qui décide de laisser entrer ou pas, en fonction de leur apparence, ceux qui se présentent à la porte !
Dieu accueille tout le monde... Et pourtant, ce n'était pas évident pour Pierre d'aller chez Corneille. Il y avait des règles très strictes qui interdisaient aux Juifs d'entrer chez des païens et de sympathiser avec eux. Alors dire cela dans ces circonstances était vraiment porteur de sens...
Dieu accueille tout le monde. Il ne nous accueille pas en fonction de notre façon de nous habiller ou de notre photo de profil sur Facebook ! Il ne nous accueille même pas en fonction de notre appartenance religieuse, de notre façon de prier ou de lire la Bible.
Sur quelle base, alors ? Pierre le dit : « Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. » Deux conditions : craindre Dieu et pratiquer la justice. En d'autres termes, avoir une vraie démarche de foi et une volonté de conformer sa vie en conséquence. C'est suffisamment large pour ne pas tomber dans le légalisme et le discours de morale. C'est suffisamment précis pour inviter à une démarche sincère et sérieuse. Et c'est vrai partout et tout le temps.
Il ne s'agit donc pas de dire que Dieu accueille n'importe qui et qu'il est toujours content, quoi qu'on fasse... Dieu accueille tout ceux qui vont à lui dans cet état d'esprit, dans cette démarche de foi. Qui que ce soit, quel qu'ait été son chemin de vie, quelle que soit sa situation personnelle. Voilà l'accueil que Dieu réserve à tous.
En réalité, c'est une autre façon de parler de la grâce de Dieu ! Dieu accueille favorablement tous ceux qui viennent à lui. Il ne met pas d'autre préalable à son accueil que la foi. Pas de rite ni de mérite.
Si Dieu accueille tout le monde, ce n'est pas parce que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Il accueille tout le monde parce qu'il a fait le nécessaire pour permettre cet accueil sans condition. C'est l'oeuvre accomplie par Jésus-Christ. Lorsque Pierre évoque les grandes étapes de la vie de Jésus, jusqu'à sa mort et sa résurrection, il conclut en affirmant que « Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. ». Et là, ça fait peur ! Sauf qu'immédiatement après il dit : « Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. »
Voilà de quel genre de jugement il s'agit ! Un jugement selon la grâce, pour le pardon des péchés. Ca veut dire que qui que nous soyons et quoi que nous ayons fait, Dieu nous accueille gratuitement, il nous donne la possibilité d'un nouveau départ, parce que Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous.
Et nous ?
Dieu accueille tout le monde. Et nous ? Qu'en est-il de son Église ? Accueille-t-elle vraiment tout le monde ? Et quand je dis accueillir, ce n'est pas seulement dire bonjour poliment, c'est chercher à connaître, aimer, aider. C'est vouloir intégrer dans la communauté.
Est-ce que nous accueillons tout le monde ? En théorie, oui, sans doute. Mais en pratique ? J'ai l'impression que ça n'est pas si évident que cela...
Ne se laisse-t-on pas parfois abuser par les apparences ? La première impression... La façon de s'habiller, de parler, de se comporter. On voit arriver un matin au culte quelqu'un qu'on n'a jamais vu et on se fait tout de suite une idée sur lui, sur une première impression. On lui met virtuellement une étiquette sur le front qu'il est ensuite très difficile d'enlever.
Et, au-delà du premier accueil, quand il s'agit d'approfondir la relation, d'envisager l'intégration dans la communauté, n'est-on pas parfois piégé par le modèle, plus ou moins conscient, de ce que devrait être le « bon chrétien » ou le bon « futur chrétien » ?
Dans nos Églises, on a beaucoup de mal à intégrer les profils atypiques, les cheminements qui sortent des sentiers battus. Et pourtant, il me semble qu'il y en a de plus en plus... On aimerait quand même toujours un peu qu'ils entrent dans le moule confortable du bon chrétien évangélique de base.
Vous savez – je caricature un peu – ce bon chrétien qui va au culte (presque) tous les dimanches, qui cite l'apôtre Paul dans ses prières, qui écoute de la louange dans sa voiture, sur laquelle il a collé un poisson autocollant, pour qui le film Jésus est le sommet du 7e art, qui aime le pécheur mais qui déteste le péché (enfin, des fois il mélange un peu les deux...).
Dieu accueille tout le monde... Et nous ?
De quel Dieu somme-nous les enfants ? Le Dieu de grâce révélé en Jésus-Christ ? Ou d'un autre Dieu, un Dieu sévère, exigeant, qui juge avant d'accueillir ?
Car l'enjeu pourrait bien être là. Le jugement. Car il me semble que le contraire de l'accueil, en particulier dans une Église, c'est le jugement. Comment accueillir vraiment celui qu'on juge ?
On a tous des problèmes à régler dans notre vie ! Les plus anciens membres de cette Église comme les nouveaux arrivés, les pasteurs autant que les autres. Alors on est tous mal placés pour juger les autres !!!
Nous sommes tous au bénéfice de la grâce de Dieu, de ce Dieu qui accueille tout le monde.
Conclusion
Si Dieu est parfait, les Églises ne le sont pas. C'est logique, elles sont humaines. Mais nous ne pouvons pas nous en satisfaire. L'apôtre Pierre a accepté de se faire bousculer dans le confort de ses certitudes par sa rencontre avec Corneille. Sa vision de Dieu et de son Royaume en a été bouleversée.
Si nous restons dans le confort de nos certitudes et de nos schémas préconçus, notre vision de Dieu et de son Royaume restera étriquée. Et l'explosion de vie de la résurrection de Jésus-Christ restera pour nous un pétard mouillé. Quel dommage !
Jésus-Christ est ressuscité ! Et par lui, le Dieu de grâce accueille tout le monde. La promesse est pour tous : « Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés »
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