dimanche 13 mars 2016

Paul : The Revenant

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Philippiens 3.8-14
8-9 Connaître le Christ Jésus mon Seigneur, voilà le plus important. À mon avis, tout ce qu’on gagne, ce n’est rien à côté de cette connaissance. Pour lui, j’ai tout abandonné. Pour gagner le Christ et pour être uni à lui, je considère toutes ces choses-là comme des ordures. Je ne suis pas juste parce que j’obéis à la loi, mais parce que je crois au Christ. C’est Dieu qui rend juste, et il rend juste celui qui croit. 10 La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ, et connaître la puissance qui l’a fait se lever de la mort. Ce que je veux, c’est souffrir avec lui et lui ressembler dans sa mort. 11 Ainsi, j’espère que je pourrai, moi aussi, me lever de la mort.
12 Je ne veux pas dire que j’ai déjà atteint le but, ou que je suis déjà parfait ! Mais je continue à courir pour saisir le prix, parce que le Christ Jésus m’a déjà saisi. 13 Non, frères et sœurs, je ne pense pas que j’ai déjà obtenu le prix. Mais j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : 14 courir vers le but pour gagner le prix. Dieu nous appelle d’en haut à le recevoir par le Christ Jésus.

Avez-vous vu The Revenant ? Inspiré d'un fait réel, le film raconte l'histoire d'un homme, laissé pour mort par ses compagnons suite à une grave blessure dans un combat contre un ours, qui se relève et affronte tous les dangers pour retrouver celui qui l'a trahi. Dans le film, c'est le souvenir de sa femme et son fils décédés, sa soif de vengeance, mais aussi et surtout l'amour pour eux, qui lui permettent de lutter. Il semblerait que dans la réalité, c'était surtout son fusil préféré qu'il voulait reprendre à celui qui le lui avait volé en l'abandonnant...

Dans le traitement cinématographique, l'itinéraire de Hugh Glass / Leonardo DiCaprio est celui d'une résurrection. Laissé pour mort et enterré, trahi par ses frères, il sort vivant de sa tombe !

L'apôtre Paul est un peu comme Hugh Glass. Certes, avec des motivations différentes, sans esprit de vengeance. Il a un seul but : connaître le Christ. Rien ne le détournera de ce but. Un seul mouvement le caractérise : « j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : courir vers le but pour gagner le prix. »

Il n'a pas croisé sur sa route des trappeurs et des indiens mais de nombreux opposants à son ministère. Il est d'ailleurs en prison au moment où il écrit cette épître ! Et s'il compare ici la vie chrétienne à une course, il la comparera ailleurs à un combat.

Paul est un homme déterminé. Il a un objectif clair et précis. Il ne s'en laisse jamais détourner et il est prêt à avancer jusqu'au bout. Sa détermination nous interpelle...


Déterminé pour quoi ? Connaître le Christ !

Son objectif est très clair et le dit explicitement deux fois dans ce texte :
« Connaître le Christ Jésus mon Seigneur, voilà le plus important » (v.8)
« La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ » (v.10).

Connaître le Christ... Ah bon ? Il ne le connaît pas déjà ? On connaît sa conversion sur le chemin de Damas, avec la vision du Christ qu'il a reçue. On connaît son ministère et ses écrits, déjà nombreux avant cette lettre aux Philippiens, et dans lesquelles le Christ a la place centrale, au cœur de sa théologie. Paul connaît le Christ... mais il veut en connaître plus !

Paul veut plus qu'une connaissance théologique, intellectuelle. Il veut une connaissance personnelle, intime : « Le Christ, mon Seigneur ». Il ne dit parle pas de connaître le Christ « le Seigneur », ou « le Fils de Dieu », même si tout cela serait parfaitement exact. Il veut connaître le Christ « son » Seigneur. Et on n'en a jamais fini avec une telle connaissance...

Est-ce qu'on a aussi toujours envie de connaître plus le Christ ? Ou est-ce qu'on se contente de ce qu'on a acquis, par le catéchisme, notre lecture passée de la Bible ou l'écoute des prédications le dimanche ?

Paul va plus loin encore : « La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ, et connaître la puissance qui l’a fait se lever de la mort. » (v.10a)

On comprend qu'on est bien au-delà d'une connaissance dogmatique du Christ. Il veut connaître le Christ dans sa vie, il veut expérimenter sa vie, la puissance de sa résurrection. Il sait bien que cela implique aussi des souffrances et des épreuves. C'est ce qu'il faut comprendre quand il dit : « Ce que je veux, c’est souffrir avec lui et lui ressembler dans sa mort. » (v.10b)

Alors demandons-nous à la suite de l'apôtre : Comment connaissons-nous le Christ ? Comment expérimentons-nous la puissance de sa résurrection ? Sommes-nous déterminés, comme Paul, à progresser sans cesse dans cette connaissance intime et personnelle du Christ ? Sommes-nous déterminés à ne pas nous contenter d'une vie chrétienne médiocre, d'une vie église monotone ?

Sommes-nous déterminés à voir la puissance de résurrection du Christ agir dans nos vies et celles de ceux qui nous entourent ? Une puissance qui libère, qui transforme, qui restaure ?

Le Christ est vivant ou il ne l'est pas. Et s'il est vivant, alors comment cela se manifeste dans votre vie ?


Déterminé comment ? En allant toujours de l'avant !

L'apôtre Paul évoque sa détermination en des termes très forts : « Pour lui, j’ai tout abandonné. Pour gagner le Christ et pour être uni à lui, je considère toutes ces choses-là comme des ordures. » (v.9)

Le langage, imagé, est dur, radical. Et encore, nos traductions arrondissent un peu les angles. Le terme grec traduit par ordures n'apparaît qu'ici dans le Nouveau Testament. Mais on le trouve dans d'autres textes de l'Antiquité pour désigner les excréments, avec souvent une connotation de révulsion. L'affirmation de Paul a un caractère choquant, il veut secouer ses lecteurs. Et il serait presque légitime de le traduire ainsi : « je considère toutes ces choses-là comme de la merde ! »

Les choses dont il parle ici, ce sont sans doute d'abord les connaissances qu'il a acquise avant de connaître le Christ, en tant que enseignant de la Loi, disciple du célèbre Gamaliel. Bien-sûr, toute cette connaissance acquise ne lui a pas été inutile. Il s'en est même servi dans son argumentation théologique. Mais pour Paul, sans la connaissance du Christ, toutes ces connaissances ne servent à rien.

Ici se manifeste sa détermination. Une seule chose compte : connaître le Christ. Tout le reste, tout ce qui pourrait le détourner de cet unique objectif, tout ce qui pourrait l'égarer, le distraire, il le rejette. Il en a presque du dégoût. Bien-sûr, il force le trait. Il provoque. Et nous interpelle... Quelle place la recherche du Christ, sa connaissance personnelle et intime, occupe-t-elle dans notre vie, nos préoccupations, nos projets ?

Du coup, on pourrait dire à Paul : « OK, tu as tout compris ! » Et penser qu'il est limite suffisant, voire orgueilleux et qu'il nous nargue un peu.

En fait, pas du tout. Et il rectifie lui-même cette impression possible : « Je ne veux pas dire que j’ai déjà atteint le but, ou que je suis déjà parfait ! Mais je continue à courir pour saisir le prix, parce que le Christ Jésus m’a déjà saisi. » (v.12)

Et là, on a deux éléments intéressant dans cette phrase. On pourrait les reformuler ainsi :

1° Je sais très bien que j'ai encore du chemin à faire... et c'est pour ça d'ailleurs que je continue !
2° Je sais très bien que ma détermination seule ne suffit pas. En fait, ce qui me fait avancer, c'est le Christ qui m'a déjà saisi. C'est lui qui me fait avancer. Je n'ai aucun mérite.

Paul ne se fait aucune illusion sur lui-même, il reste humble. Sa force, son moteur, c'est la grâce du Christ. C'est lui qui l'a saisi ! Et la profonde compréhension de cela ne fait que renforcer sa détermination.

« Mais j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : courir vers le but pour gagner le prix. »

Je trouve qu'il y a dans cette phrase un optimisme extraordinaire. C'est comme si Paul nous disait que ce qui est devant nous est plus important que ce qui est derrière nous. Parce que devant nous, il y a le Christ vivant qui nous appelle.

Et c'est tellement important dans notre vie chrétienne. Notre espérance nous pousse en avant. Nous n'avons pas à être prisonniers de notre passé, de nos erreurs, de nos blessures. C'est aussi tellement important en Église. Nous pouvons laisser nos différends, nos désaccords, pour avancer ensemble vers le but. Pour saisir le prix. « Dieu nous appelle d’en haut à le recevoir par le Christ Jésus. »


Conclusion

Paul : The Revenant ! Un homme qui avait mille raisons de tout laisser tomber et de se décourager mais qui est toujours debout, animé d'une détermination sans faille. Son moteur à lui, ce n'est pas la vengeance (alors même qu'il ne manquait pas d'ennemis...). Son moteur, c'est l'amour du Christ. Parce que finalement, c'est bien cela qu'il faut comprendre quand Paul parle de connaître le Christ. C'est l'aimer. Mieux le connaître pour mieux l'aimer et le servir. Si sa détermination est sans faille, c'est parce qu'il a été saisi par l'amour du Christ. Et qu'il vit, au quotidien de cet amour.

Qu'en est-il pour nous ? Qu'en est-il de notre détermination à connaître le Christ et à l'aimer ? Qu'en est-il de la puissance de sa résurrection dans notre vie ?

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