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1 Corinthiens 5.6-8
6 Vous avez bien tort d'être pleins d'orgueil ! Un peu de levain fait lever toute la pâte, vous ne savez donc pas cela ? 7 Enlevez le vieux levain du péché pour devenir purs. Alors, vous serez comme une pâte nouvelle et sans levain, ce que vous êtes déjà. En effet, le Christ a été offert en sacrifice, comme notre agneau de Pâque. 8 Fêtons donc la Pâque avec du pain sans levain, avec un cœur pur et sincère. Ne mangeons pas le pain fait avec du vieux levain, le levain des mauvaises actions et du mal.
Quelques mots d'abord sur le contexte de ce passage, essentiel pour bien le comprendre. Ces versets arrivent après des remontrances sévères de l'apôtre Paul à l'encontre des chrétiens de Corinthe. Il leur reproche de tolérer en leur sein des comportements inacceptables pour des chrétiens : « On entend dire partout que, chez vous, certains ont une vie immorale. Et leur façon de vivre est si mauvaise qu'on ne la trouve même pas chez ceux qui ne connaissent pas Dieu ! » (v.1). En l'occurrence, les reproches de Paul concernent surtout des questions de mœurs. Et le pire, c'est que non seulement ils s'en accommodent mais ils en viennent presque à en être fiers ! Ils ne sont sans doute pas fiers des comportements eux-mêmes mais de leur soi-disant liberté, de leur grande « spiritualité » qui les placent bien au-dessus de tout cela... Du coup, j'aime bien la façon dont la NBS traduit le verset 6 : « Il n'y a pas de quoi être fiers ! »
Dans la suite du chapitre, Paul précise une recommandation qu'il avait déjà faite dans une lettre précédente et qui, visiblement, avait été mal comprise. Il ne s'attend pas bien-sûr à ce que l’Église de Corinthe, comme n'importe quelle Église d'ailleurs, deviennent une communauté de purs, coupés du monde. Paul ne veut surtout pas que l’Église sorte du monde, sinon comment les croyants pourront-ils être témoins du Christ ? Il veut simplement qu'il y ait une cohérence entre leur foi et leur vie. On ne peut pas justifier ou tolérer n'importe quoi dans l’Église : « N'ayez pas de contact avec celui qui porte le nom de chrétien et qui a une vie immorale. » (v.11)
Venons-en maintenant à notre texte. En arrière-plan de l'argumentation de Paul, il y a des références à l'Ancien Testament qu'il faut bien comprendre. Il évoque la fête juive de la Pâque, qui commémorait la sortie d'Egypte pour le peuple d'Israël, suite à la 10e plaie (la mort des premiers-nés). Au cours de cette fête, et pendant sept jours ensuite, on mange du pain sans levain, en souvenir du départ précipité des Hébreux. On consomme également de l'agneau qui rappelle celui que les Hébreux ont dû sacrifier pour se protéger du jugement de Dieu qui tombait sur l'Egypte, tuant tous les premiers-nés dans les maisons où le sang n'avait pas été répandu sur les portes.
Paul réinterprète ces éléments pour ses lecteurs chrétiens et leur donne un sens symbolique nouveau. Les pains sans levain deviennent l'image d'une vie débarrassée du péché. L'agneau pascal, c'est Jésus-Christ offert en sacrifice. La Pâque que Paul veut que nous fêtions, c'est celle du Christ, celle que célébrons aujourd'hui : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. En gardant en vue les conséquences pour notre vie de disciples du Christ.
Dans le prolongement des exhortations de l'apôtre Paul, nous pourrions dire alors que notre vocation de chrétien, c'est d'être une bonne pâte !
Un produit non-fini
D'une certaine façon, l'apôtre Paul nous compare à de la pâte. Et je trouve cette comparaison intéressante ! Une pâte, c'est un matériau à préparer, à malaxer, à travailler... et c'est un produit non-fini. Elle doit être encore cuite pour devenir du pain. Or nous sommes, en tant que croyants, des « produits non-finis », qui devons encore être travaillés par le Seigneur.
La conversion à Jésus-Christ n'agit pas comme un coup de baguette magique qui règle tous nos problèmes, change notre nature profonde et fait apparaître une auréole de sainteté au-dessus de notre tête. Être chrétien, ce n'est pas du tout cuit ! Nous restons une pâte à travailler... et à purifier. Et si nous l'oublions, nous allons être dans le pétrin !
En effet, Paul le souligne, pour être une bonne pâte, il faut d'abord nous débarrasser d'un corps étranger qui pollue toute la pâte : « Enlevez le vieux levain du péché pour devenir purs. Alors, vous serez comme une pâte nouvelle et sans levain, ce que vous êtes déjà. » (v.7)
On comprend bien ce que l'apôtre Paul veut dire en parlant d'enlever le vieux levain. Il parle du chemin vers la sainteté, par lequel nous nous débarrassons petit à petit de tout ce qui nous éloigne de Dieu. C'est ce qu'on appelle parfois la sanctification. Car le « vieux levain » est toujours là. Nos pensées, nos tentations, nos habitudes qui nous éloignent de Dieu, elles sont encore là... Ce n'est pas parce qu'on devient croyant qu'instantanément le péché disparaît en nous !
Il est essentiel que nous soyons conscients d'être des « produits non finis »... Et nous ne pouvons pas nous satisfaire ou nous accommoder de la présence du « vieux levain » en nous. C'est pour cela que Paul fait ses remontrances aux Corinthiens.
Il y a pour nous une exigence de cohérence. Comme le dit Paul au verset 8, on ne peut pas fêter la Pâque avec du pain au vieux levain ! Il ne s'agit pas bien-sûr d'être parfaits et purs, ce serait illusoire... mais d'être engagés sur un chemin de sainteté. D'être en marche à la suite du Christ, et conscient du chemin qui nous reste à parcourir. C'est comme cela que, petit à petit, avec l'aide du Seigneur, nous deviendrons une bonne pâte...
Une nouvelle recette
Il faut donc changer les ingrédients pour devenir une pâte nouvelle, sans levain. C'est une nouvelle recette ! Mais comment faire pour se débarrasser de ce « vieux levain » ? Vous avez déjà essayé de séparer la levure ou le levain de la farine dans une pâte ? C'est impossible ! Aussi impossible que de naître de nouveau... et pourtant c'est bien ce à quoi Jésus appelle Nicodème. C'est impossible pour nous... mais rien n'est impossible à Dieu !
La solution n'est donc pas de nous concentrer sur le « vieux levain » pour essayer de nous en débarrasser. C'est impossible... Il s'agit plutôt de nous tourner vers celui qui nous en délivre. « Alors, vous serez comme une pâte nouvelle et sans levain, ce que vous êtes déjà. En effet, le Christ a été offert en sacrifice, comme notre agneau de Pâque. » (v.7).
Le Christ est celui qui nous transforme et nous façonne selon une nouvelle recette. Il est en train de le faire. Car voici ce que Paul dit, en substance : Devenez ce que vous êtes déjà ! Et ce que vous êtes déjà, c'est ce que vous êtes grâce à l'oeuvre accomplie par le Christ pour vous. Se débarrasser du « vieux levain » du péché, c'est devenir de plus en plus ce que nous sommes déjà en Christ. C'est vivre la puissance de la résurrection aujourd'hui.
Ainsi, pour nous débarrasser du péché, il ne faut pas nous centrer sur nous-mêmes, sur nos péchés, nos défauts, nos tentations ou nos habitudes. Même si c'est pour les combattre... Il faut nous centrer sur le Christ. Essayer d'extraire par nous-mêmes le levain de la pâte, lutter par nos propres forces contre le mal qui est en nous, c'est se soumettre à des efforts illusoires. Et ça peut même entretenir une fascination morbide et alimenter un sentiment de culpabilité.
Il faut, certes, être conscient de notre péché et de notre besoin de la grâce de Dieu, mais il ne faut pas en être obsédé. Jésus-Christ n'est pas resté sur la croix ou dans le tombeau ! Il est ressuscité. Il a remporté la victoire sur la mort et nous offre une vie nouvelle, faite de grâce et d'espérance.
Devenons donc ce que nous sommes déjà en Christ ! Centrons-sous sur le Christ, sa mort et sa résurrection, son œuvre en nous, sa grâce. Et c'est lui qui ôtera le vieux levain de la pâte, c'est lui qui nous purifiera de tout mal, c'est lui qui travaillera la pâte que nous sommes et nous façonnera à son image.
Le Christ est comme un aimant particulier qui extrait le « vieux levain » de notre pâte. Plus nous nous approcherons de lui, plus nous cultiverons notre intimité avec lui, plus il extraira le levain de notre pâte, le péché de notre vie.
Conclusion
Pour nous aujourd'hui, célébrer la Pâque, c'est célébrer le Christ. La Pâque juive, c'est la célébration d'une libération. La fête chrétienne de Pâques, c'est aussi la célébration d'une libération, celle du péché et de la mort, par la résurrection de Jésus-Christ.
Notre responsabilité de disciples du Christ, au quotidien, c'est de le laisser inscrire toujours plus profondément cette libération dans notre vie. C'est le laisser faire de nous de bonnes pâtes, débarrassées du « vieux levain » du péché. Une pâte qu'il pourra travailler et façonner selon son projet, selon la nouvelle recette du Royaume de Dieu.
« Fêtons donc la Pâque avec du pain sans levain, avec un cœur pur et sincère. »
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