dimanche 5 mai 2019

Aimer, se mettre en marche et recommencer

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Voici deux de mes posts récents sur Facebook... Quel est le point commun entre les deux ? Les risques de spoiler !

Pour les fans d'Avengers et ceux de Game of Thrones, c'était la semaine de tous les dangers ! Il fallait à tout prix éviter les spoilers, pour profiter pleinement de la découverte et des surprises. Il n'y a rien de pire que d'apprendre, avant de voir un film ou une série, quel en sera le dénouement. En l'occurrence, qui meurt dans l'affrontement avec Thanos ou à la bataille de Winterfell !

D'ailleurs, pour éviter les fuites, les acteurs du dernier film Avengers ont tourné plusieurs fins différentes sans savoir laquelle était la bonne !

Mais parfois, on connaît la fin de l'histoire et le film reste passionnant. Par exemple, dans un épisode de Colombo, on sait presque toujours dès le début qui est le coupable mais tout l'intérêt réside dans la façon dont l'inspecteur va réussir à le coincer. Ou alors dans l'adaptation au cinéma d'un événement historique, on apprend des choses qu'on ne savait pas en pénétrant dans les coulisses de l'Histoire. Ou alors on se focalise sur un personnage, dont on ne connaît pas le destin personnel au cœur de cette grande Histoire.

Pourquoi je vous parle de tout cela ? Parce qu'on pourrait avoir l'impression que la Bible nous spoile la fin de l'histoire ! On sait déjà qui va gagner ! Jésus revient, Satan est vaincu, la mort elle-même est vaincue et tous ressuscitent pour être jugés, la création entière est renouvelée.

Mais même si on connaît les grandes lignes du dénouement, beaucoup de choses nous restent encore inconnues. Et puis on ne connaît pas le timing... et surtout on ne sait pas à l'avance quel rôle, même petit, nous sommes appelés à jouer personnellement. Nous ne savons pas comment notre histoire s'insérera dans l'Histoire.

L'espérance chrétienne n'est pas un spoiler qui gâche notre histoire. Mais notre histoire avec le Christ, aujourd'hui, est appelée à s'insérer dans la grande histoire du salut de Dieu. Et ça, c'est passionnant !

Dans les évangiles, nous trouvons quelques récits d'apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. L'un d'eux nous est proposé pour ce matin. Et vous verrez que Jésus va spoiler la fin de l'histoire personnelle de l'apôtre Pierre... Mais c'est pour qu'il se concentre sur ce qu'il aura désormais à faire.

Jean 21.15-19
15 Après le repas, Jésus demande à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu as plus d'amour pour moi que ceux-ci ? » Pierre lui répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. » Jésus lui dit : « Prends soin de mes agneaux. » 16 Une deuxième fois, Jésus lui demande : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre lui répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes moutons. » 17 Une troisième fois, Jésus lui demande : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre est triste parce que Jésus lui demande une troisième fois : « Est-ce que tu m'aimes ? » Et il dit à Jésus : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « Prends soin de mes moutons. 18 Oui, je te le dis, c'est la vérité : quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu seras vieux, tu étendras les mains. Un autre te mettra ta ceinture et il te conduira là où tu ne veux pas. » 19 Par ces paroles, Jésus annonce de quelle façon Pierre va mourir et donner de la gloire à Dieu. Ensuite Jésus dit à Pierre : « Suis-moi ! »

Je vous avais averti : Jésus spoile la fin de son histoire à Pierre ! Et il ne lui annonce pas un happy end.... puisqu'il va mourir en martyr.

Pourquoi Jésus agit-il ainsi ? Et que signifie ce dialogue singulier entre Jésus et Pierre ?

D'abord, on remarque que par trois fois, Jésus pose la même question à Pierre, et ce dernier finit par s'en attrister... Avec quelques variantes, Jésus lui demande : « Pierre, m'aimes-tu ? »  En fait, ces trois questions, et ce que Jésus dit à Pierre ensuite, font écho à l'expérience de Pierre en tant que disciple.

Si Jésus demande à Pierre, trois fois, s'il l'aime, c'est probablement en référence aux trois fois où, pendant la Passion de Jésus, Pierre l'a renié. Il lui donne ici l'occasion d'effacer ces trois blessures profondes... L'annonce que Jésus fait ensuite de sa mort en martyr répond à ses paroles, avant que Jésus lui annonce son triple reniement : « Même si je dois mourir avec toi, je ne dirai jamais que je ne te connais pas ! » (Marc 14.31). « Même si je dois mourir avec toi... » C'est bien, finalement, ce qui va lui arriver ! Quant à la dernière parole de Jésus : « Suis-moi », elle fait écho au premier appel qu'il lui avait adressé, au début de son ministère, alors que Pierre était encore un simple pêcheur en Galilée.

Avec ce dialogue, c'est comme si Jésus lui disait : « Allez, on efface tout et on recommence ! »

D'ailleurs, Jésus en profite pour lui confier une mission : prendre soin de son troupeau. Jésus rétablit pleinement Pierre et lui renouvelle sa confiance. Quand le Seigneur pardonne, ce n'est pas sous condition. Il ne dit jamais, contrairement à nous parfois : « je te pardonne mais... »

Alors, certes, Jésus révèle à Pierre la façon dont il va mourir... Mais ça correspond à ce qu'il était prêt à vivre. Il l'avait dit à Jésus. En effaçant son ardoise, et en lui révélant la fin de son histoire, Jésus lui permet de se concentrer sur l'essentiel pour lui désormais : accomplir la mission qui lui est confiée.


Bien sûr, prendre soin du troupeau du Seigneur, c'est l'appel de Pierre. Mourir en martyr, c'est son destin. On ne peut pas sans autre se l'appliquer à soi-même : nous n'avons ni le ministère ni le destin de Pierre...

Mais ne pouvons-nous pas entendre derrière ces paroles de Jésus des principes qui nous concernent tous ? Il me semble qu'il y a bien trois éléments qui concernaient Pierre et qui nous concernent tout autant. Trois éléments clés pour nous aussi, disciples du Christ aujourd'hui, dans l'attente de l'accomplissement de notre espérance, quel que soit notre appel et quel que soit notre destin.


D'abord, aimer le Seigneur 

C'est la clé fondamentale de toute vie de disciple de Jésus-Christ. Si je ne l'aime pas, je serai peut-être un adepte de la religion chrétienne, un sympathisant de la cause chrétienne, un partisan des valeurs chrétiennes... mais pas un disciple de Jésus-Christ.

Quel que soit notre cheminement, quoi que nous ayons fait, Jésus nous le demande sans cesse : « m'aimes-tu ? »

Et le véritable disciple du Christ répondra comme Pierre : « Tu sais que je t'aime ». Sans doute pas d'un amour parfait... comme Pierre, nous avons forcément des choses à nous reprocher. « Même si mon amour n'est pas parfait, même si ma vie de disciple n'est pas toujours exemplaire, même si j'ai fait des erreurs et que je ne me suis pas toujours montré fidèle... oui, tu sais que je t'aime. »

Si on se demande à quoi nous sommes appelés, quelle est notre tâche, notre responsabilité, rappelons-nous que tout commence et tout se termine pour nous dans l'amour pour le Seigneur.


Ensuite, se mettre en marche

Il est remarquable de noter que la dernière parole que Jésus adresse personnellement à Pierre est aussi celle qu'il lui a adressé en premier : « Suis-moi ».

Cet appel résume à lui seul le statut du disciple : le disciples de Jésus-Christ est celui qui avance à la suite de son maître. En réalité, c'est une concrétisation de l'amour qu'on lui porte !

Il s'agit donc de se mettre en marche. Si l'amour est le moteur et la repentance ou la conversion le volant qui permet de changer de direction, il faut la foi de lâcher le frein à main pour se mettre à avancer !

Parfois, c'est facile de suivre le Christ. Un peu comme si nous étions sur une pente descendante : il suffit de desserrer le frein et ça avance tout seul. Mais parfois, c'est plus difficile et ça s'apparente plutôt à un démarrage en côte... et ça nous arrive de caler !

Dans notre marche avec le Christ aussi, quand on fait une erreur, on recommence. C'est comme ça qu'on apprend !


Enfin, être prêt à recommencer

La voilà la dernière clé : être prêt à recommencer. On l'a dit, un des buts principaux des paroles de Jésus à Pierre est d'effacer son ardoise, de lui permettre de repartir à zéro.

C'est la démarche de la repentance ou de la conversion. On utilise parfois de façon réductrice ces deux termes. On a tendance à limiter la conversion à l'expérience initiale du chrétien, au moment où consciemment on choisit de devenir croyant. Et on a aussi tendance à comprendre la repentance seulement comme une démarche de contrition et de demande de pardon à Dieu pour tel ou tel péché commis.

En réalité, toute la vie chrétienne est repentance et conversion, du premier au dernier jour. Non pas pour vivre dans une contrition morbide mais pour vivre entièrement de la grâce de Dieu. Nous savons que nous avons toujours à nous laisser transformer par Dieu, que nous avons toujours des ajustements, petits ou grands, à faire dans notre vie pour nous conformer à ce que Dieu attend de nous.

Mais il n'y a rien de morbide là dedans. Bien au contraire. C'est la vie de Dieu qui inonde notre vie, sa grâce qui nous change en profondeur, son projet qui prend forme petit à petit en nous.

Être prêt à recommencer quand il le faut, quitte à repartir à zéro, à laisser notre ardoise être effacée, à corriger la trajectoire de notre vie, voilà une autre clé essentielle de la vie du disciple de Jésus-Christ !


Conclusion

Aimer, se mettre en marche et recommencer. Voilà la vie de disciple de Jésus-Christ. Voilà à quoi nous sommes appelés, quelle que soit notre vocation particulière ou le destin qui nous est promis.


  • D'abord, aimer le Seigneur. Tout commence et tout se termine pour nous dans l'amour pour le Seigneur. 
  • Ensuite, se mettre en marche. Faire le pari de la foi, de la confiance, prendre le risque de l'espérance. 
  • Enfin, être prêt à recommencer. Sans cesse, vivre de la grâce de Dieu et être prêt à changer de direction s'il le faut.


Comme Pierre avant nous, comme tous les croyants qui nous ont précédé, voilà ce que nous sommes appelés à faire, dans l'attente de l'accomplissement de notre espérance.

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