dimanche 7 mai 2023

Voir Jésus aujourd’hui




Ecouter la prédication

Nos yeux, et notre cerveau, peuvent nous jouer des tours. Ce qu’on croit voir n’est pas forcément conforme à la réalité… 

Je trouve particulièrement intéressante cette illusion d’optique. On y voit, littéralement, un triangle qui pourtant n’est pas dessiné. D’une certaine façon, on voit quelque chose qui n’est pas visible…

Et ça, ça me fait penser à la foi. Dans la Bible, on trouve une définition de la foi :

Hébreux 11.1
Mettre sa foi en Dieu, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas.

On entend dire parfois : « Moi, je ne crois que ce que je vois ! » On trouve même, dans la Bible, un des disciples de Jésus qui dit ça ! Il s’appelle Thomas. Dans l’Evangile de Jean, on nous raconte que Jésus, après sa résurrection, est apparu à ses disciples mais que Thomas n’était pas là… Et quand ses amis lui racontent ce qui s’est passé, il ne les croit pas. Il veut voir Jésus et même le toucher, sinon il ne croira pas. 

Plus tard, Jésus lui apparaîtra et il se rendra à l’évidence… mais cet épisode montre que même pour les amis les plus proches de Jésus, croire n’était pas forcément une évidence. La foi, c’est toujours un défi. Et c’est normal que ça le soit aujourd’hui encore, 2000 ans après la mort et la résurrection de Jésus. 

Mais ce n’est pas en faisant comme Thomas qu’on arrivera à relever ce défi. Dire « je ne crois que ce que je vois » n’a pas de sens. Si on voit, on n’a plus besoin de croire ! On voit, et c’est tout. Mais Dieu, par définition, on ne peut pas le voir. Jésus, on pouvait le voir quand il était sur terre mais ça fait 2000 ans qu’il a quitté notre terre pour retourner auprès de Dieu, son Père. Aujourd’hui, on ne peut pas le voir… 

Et si, au lieu de voir pour croire, il fallait plutôt croire pour voir ? 


Deux disciples qui ont du mal à voir… et à croire

Croire et voir, ce n’est pas la même chose. Mais si la foi est bien ce qui nous permet de voir l’invisible, alors il y a un lien entre ce qu’on croit et ce qu’on voit. Mais ce lien n’est pas évident… 

C’est un peu comme dans un récit qu’on trouve dans l’Evangile de Luc, l’histoire de deux disciples qui ont du mal à voir… et à croire. Nous allons lire quelques extraits de ce récit, particulièrement lorsqu’il est question de voir ou de ne pas voir ! 

Commençons par le début :

Luc 24.13-16
13 Deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs, qui se trouvait à environ deux heures de marche de Jérusalem. 14 Ils parlaient de tout ce qui s'était passé. 15 Pendant qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha et fit route avec eux. 16 Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître.

Nous sommes le jour même de la résurrection de Jésus mais la nouvelle ne s’est pas encore répandue largement. Ces deux disciples faisaient partie du cercle de proches de Jésus qui l’ont suivi pendant son ministère. Ils étaient encore sous le choc de la mort de leur maître et, en chemin, ils étaient justement en train d’en parler. 

C’est alors qu’un homme s’approche d’eux et les accompagne. Cet homme, c’est Jésus… mais ils sont incapables de le reconnaître. Ils le voient sans le voir. Pourquoi ? Jésus a-t-il changé d’apparence ? Peut-être un peu, on n’en sait rien… Mais surtout, je pense que c’est parce que jamais ils ne se seraient imaginé que Jésus puisse ressusciter. 

La leçon à tirer ici, c’est qu’on peut voir Jésus sans savoir que c’est Jésus ! 

Pour les deux disciples, Jésus était mort. Donc il ne peut pas être en train de marcher sur le chemin avec eux. Ils le voient mais ils sont incapables de le voir vraiment. 


Pendant qu’ils marchent avec Jésus, toujours sans l’avoir reconnu, une discussion s’engage. Et de quoi parlent-ils ? De Jésus ! Ils parlent à Jésus de sa propre mort et du désespoir qu’elle a créé chez ceux qui l’aimaient et qui avaient placé tant d’espoir en lui. Il y a ici une étonnante ironie. Mais il y a bien des rumeurs qui circulent : 

Luc 24.22-24
22 Quelques femmes de notre groupe nous ont frappés de stupeur, il est vrai : elles se sont rendues tôt ce matin au tombeau 23 mais n'ont pas trouvé son corps. Elles sont revenues nous raconter qu'elles avaient eu une vision : des anges qui leur ont déclaré qu'il est vivant. 24 Quelques-uns d'entre nous sont allés au tombeau et ils ont trouvé tout comme les femmes l'avaient dit, mais lui, ils ne l'ont pas vu.

Les deux disciples reconnaissent qu’il y a bien eu quelques témoignages troublants, à commencer par ceux de quelques femmes du groupe qui ont constaté que le tombeau de Jésus était vide. Quelques-uns sont allé voir, peut-être les deux disciples de notre histoire en faisaient partie, et ils ont vu le tombeau vide mais Jésus, lui, ils ne l’ont pas vu. 

Et c’est ce qu’ils retiennent : ils n’ont pas vu Jésus… Pourtant ils ont bien vu quelque chose : le tombeau vide. Ce n’est pas rien. C’est un indice important. Un indice indirect de la résurrection, et de la possibilité de sa présence. 

C’est la deuxième leçon à retenir : on peut passer à côté d’indices indirects de la présence de Jésus.


Jésus va alors expliquer à ces deux disciples ce que la Bible annonçait concernant le Messie, Celui que Dieu choisira pour accomplir son projet, qu’il allait souffrir, qu’il mourrait et ressusciterait. Quand ils arrivent au village d’Emmaüs, ils demandent à Jésus de rester avec eux. Mais ils ne l’ont toujours pas reconnu... Voici la fin du récit : 

Luc 24.30-31
30 Il se mit à table avec eux, prit le pain et dit une prière de bénédiction ; puis il partagea le pain et le leur donna. 31 Alors, leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux. 

Quand ils reconnaissent enfin Jésus, alors qu’il partage du pain, aussitôt il disparaît ! 

Et le plus étonnant, c’est qu’ils ne semblent pas tellement surpris, même pas déçus qu’il ne soit plus là… 

C’est la troisième leçon de ce récit : une fois qu’ils ont reconnu Jésus, ils n’ont plus besoin de le voir pour savoir qu’il est vivant !

D’ailleurs on les voit, dans la suite du récit, retourner sans attendre à Jérusalem, plein de joie, pour raconter aux autres ce qu’ils ont vu ! Ils savent maintenant qu’il est ressuscité, ils savent qu’il est là même s’ils ne le voient pas.  


Application

Récapitulons :

  • On peut voir Jésus sans savoir que c’est Jésus.
  • On peut passer à côté d’indices de la présence de Jésus.
  • Une fois qu’on a reconnu Jésus, on n’a plus besoin de le voir pour savoir qu’il est là.

Voilà tout le défi que représente la foi, une foi qui permet de voir ce qu’on ne peut pas voir sans elle. D’où l’importance de croire pour voir ! La foi est ce qui nous permet de voir Jésus, de discerner les indices de sa présence dans notre vie et d’être assurés qu’il est là, en toutes circonstances. 

Je suis persuadé que, comme les deux disciples sur la route d’Emmaüs, il nous arrive d’être accompagné par Jésus sur notre chemin et d’être incapable de le voir. Peut-être parce que nous sommes absorbés par nos préoccupations et nos soucis, ou parce que nous pensons qu’il ne peut pas se soucier de nous, ou que nous n’avons pas besoin de lui… 

En tant que quinquagénaire, je porte depuis quelques années des lunettes avec des verres progressifs. Ça me permet de voir clair de près comme de loin… mais il faut un peu de temps pour s’y habituer. Une fois que c’est fait, on n’y pense plus, c’est naturel de regarder de près avec le bas des lunettes et de loin avec le haut des lunettes. 

Pour la foi, c’est un peu pareil… On peut comparer la foi à une paire de lunette avec des verres progressifs. Mais l’adaptation est plus longue que pour les lunettes de vue : notre vision spirituelle est quand même franchement mauvaise. Mais avec le temps, on progresse et ça devient naturel. On apprend à utiliser correctement les lunettes de la foi et on voit de mieux en mieux ce qui n’est que très flou sinon. 

On apprend à voir dans tel petit détail, telle rencontre, telle parole lue ou entendue, tel événement ou circonstance, des indices de la présence de Dieu sur notre chemin. Parce que nos yeux s’habituent à voir la présence de Dieu dans notre vie et dans notre monde. 

Ce qui est idiot, c’est que parfois, on oublie de mettre nos lunettes. Et on s’étonne de voir flou… Sans compter qu’il faut aussi régulièrement ajuster les verres de nos lunettes à notre vue qui évolue. Notre foi aussi évolue et s’ajuste, nourrie par la Bible, dans la prière, mais aussi nourrie de nos expériences et de notre relation avec Dieu. La foi, c’est vivant !

En conclusion, et pour résumer les leçons que je vous propose à partir du récit des deux disciples sur le chemin d’Emmaüs, enfiler les lunettes de la foi, c’est reconnaître qu’il faut croire pour voir vraiment, voir l’invisible : Dieu fait route avec nous et il nous laisse des indices de sa présence. Savoir qu’il est là, voilà notre joie ! 



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