dimanche 19 novembre 2023

Accomplir la mission que le Christ nous confie

 

Le deuxième axe de notre projet d’Eglise est formulé ainsi : « Nous voulons accomplir la mission que le Christ nous confie. Comme une ambassade doit refléter les valeurs du pays qu’elle représente, nous voulons manifester la grâce et l’amour de Dieu pour le monde, et susciter l’envie de connaître la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. »

Le défi de ce deuxième axe est celui du témoignage, avec une Bonne Nouvelle à vivre et partager, une volonté de manifester la grâce et l’amour de Dieu pour le monde. En fait, c’est toute la question de notre présence dans le monde, en tant que croyant et en tant qu’Eglise. 


L’Eglise rassemblée et l’Eglise dispersée

Pour comprendre les enjeux de la question, je trouve éclairant de parler, comme on le fait souvent aujourd’hui, d’Eglise rassemblée et d’Eglise dispersée. L’Eglise, c’est la somme des deux ! 

L’Eglise rassemblée, c’est, comme son nom l’indique, lorsque nous nous rassemblons dans le cadre de la vie d’Eglise. Pour le culte le dimanche, évidemment, mais aussi pour les différentes réunions (études bibliques, prière, etc…) ou pour toutes les occasions où nous nous rassemblons, y compris pour proposer une conférence, un concert, un atelier bricolage ou une activité tournée vers l’extérieur… 

L’Eglise dispersée, c’est tout le reste du temps, lorsque nous sommes dispersés sur nos lieux de vie et d’engagement. 

Ce qui représente quand même la plus grande partie de notre temps. Et de loin ! Faisons un petit calcul… Il y a 168 heures dans une semaine… Admettons que vous passiez 5 heures par semaine dans une réunion de l’Eglise (ce qui est déjà beaucoup), ça ne représente qu’une infime partie. Même si on enlève les heures de sommeil, le temps réservé à l’Eglise rassemblée représente moins de 5% de notre temps… 

Parler d’Eglise rassemblée et d’Eglise dispersée permet de souligner que nous continuons de former une Eglise lorsque nous sommes dispersés sur nos lieux de vie. Nous continuons d’être liés les uns aux autres, même si on n’est pas ensemble. Et nous continuons à participer, chacun pour notre part, à la mission que le Christ nous confie. 

Quand l’apôtre Paul parle du culte que Dieu attend de nous, il ne parle pas du dimanche matin ou des réunions d’Eglises seulement :

Romains 12.1
Frères et sœurs, puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous, je vous invite à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, qui appartient à Dieu et qui lui est agréable. C'est là le véritable culte conforme à la parole de Dieu.

L’apôtre Paul a une compréhension globale du culte, et donc de l’Eglise. S’il s’agit de s’offrir soi-même en sacrifice vivant, c’est dire que toute notre vie, dans tous ses aspects, participe au culte rendu à Dieu. Une conception que prolonge tout à fait le concept de l’Eglise rassemblée et dispersée. 

En bref, si on espère pouvoir rendre à Dieu le culte qu’il mérite, et si on espère accomplir la mission que le Christ nous confie seulement lorsqu’on est en Eglise rassemblée, on n’y arrivera jamais ! 

Alors, justement, quelle est, exactement, la mission que le Christ nous confie ? 


Notre mission c’est d’aimer

Je rappelle comment cette mission est exprimée dans notre projet d’Eglise : « manifester la grâce et l’amour de Dieu pour le monde, et susciter l’envie de connaître la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. » Ce qui me plaît dans cette formule, c’est qu’elle met l’accent d’abord sur la grâce et l’amour de Dieu, avant de parler d’un message à proclamer. Je ne veux évidemment pas dire que nous n’avons pas une Bonne Nouvelle à partager, je dis simplement que la mission que le Christ nous confie est moins de communiquer un message que d’aimer. 

Car finalement, qu’est venu faire le Christ en venant sur terre ? Aimer. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que toute personne qui croit en lui ne périsse pas mais qu'elle ait la vie éternelle. » (Jean 3.16) Dieu a aimé le monde, alors il a envoyé son Fils dans le monde… pour l’aimer. Et le Christ a aimé le monde, jusqu’à donner sa vie pour lui.

Qu’est-ce que Jésus a dit à la fin de sa vie, dans sa grande prière pour ses disciples ? « Comme toi tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. » (Jean 17.18) Jésus a aimé le monde, alors il a envoyé ses disciples dans le monde. 

Et dans quel but les a-t-il envoyés dans le monde ? « Je t'ai fait connaître à eux et je te ferai encore connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que je sois moi-même en eux. » (Jean 17.26)

Notre mission, c’est d’aimer. Aimer parce que nous avons été aimés. Aimer parce que le Christ nous a aimé en donnant sa vie pour nous. Aimer parce que Dieu nous a aimé en envoyant son Fils dans le monde. 


Être une bonne nouvelle

Vous allez peut-être me dire : « OK, tu es bien gentil avec ta mission d’aimer tout le monde mais le Christ a quand même aussi donné à ses disciples la mission de proclamer une Bonne Nouvelle ! » Et je vous répondrai que vous avez raison !

Dans Matthieu 28, il s’agit d’aller par tout le monde pour faire des disciples de Jésus : « Allez donc auprès des gens de tous les peuples et faites d'eux mes disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Et sachez-le : je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. » (Matthieu 28.19)

Dans Actes 1, la force du Saint-Esprit fait de nous des témoins du Christ : « Vous recevrez une force quand l'Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde. » (Actes 1.8)

L’apôtre Paul, qui avait reçu un appel particulier, exprime l’impératif vital, pour lui, d’annoncer l’Evangile : « Je n'ai pas à me vanter d'annoncer la bonne nouvelle. C'est en effet une obligation qui m'est imposée, et quel malheur pour moi si je n'annonce pas la bonne nouvelle. » (1 Corinthiens 9.16)

Et Pierre, s’adressant cette fois à tous les croyants, les encourage à être toujours prêts à répondre de leur foi : « Tenez-vous toujours prêts à vous défendre face à tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous. » (1 Pierre 3.15). 

Impossible, donc, de nier que nous avons, chacun en tant que disciple du Christ, et ensemble en tant qu’Eglise, la mission d’être témoin de l’Evangile. Mais nous devons considérer cet appel au témoignage comme faisant partie de l’appel premier à aimer. Vivre et proclamer l’Evangile, c’est une façon d’aimer notre prochain. Ou en tout cas, ça devrait l’être… parce que, avouons que ce n’est pas toujours si évident que cela. 

Ici, il ne faut pas oublier que le mot Evangile signifie simplement Bonne Nouvelle. Et pour nous aider à y voir clair, il me semble que nous pouvons nous poser deux questions : 

  • Quand je témoigne du Christ, est-ce que ce que je dis est une bonne nouvelle ? 
  • Est-ce que par mon attitude et mon comportement, je suis une bonne nouvelle pour les autres ? 

La question n’est pas d’édulcorer le message évidemment. Mais quand on évangélise en maniant la peur, la culpabilité, le jugement voire la manipulation, je ne sais pas où est la bonne nouvelle… Une Bonne Nouvelle qui serait annoncée mais contredite par un comportement qui la trahit est-elle encore une bonne nouvelle ? Elle ressemble plus à une fake-news…

C’est là où notre comportement et nos actes font partie intégrante du témoignage. Il ne suffit pas de se demander si j’annonce correctement l’Evangile mais est-ce que je suis une bonne nouvelle pour les autres ? C’est important pour ne pas considérer celles et ceux que nous côtoyons comme de simples cibles à atteindre par notre témoignage mais comme des prochains à aimer. 

Les deux questions sont aussi pertinentes pour le témoignage de notre Eglise. Est-ce que le message que nous transmettons, par nos paroles premièrement mais aussi par nos actes, est une Bonne Nouvelle ? Est-ce que notre Eglise est une bonne nouvelle pour celles et ceux qui en font partie ou qui la rencontrent ?

On affirme que Dieu nous aime, qu’il nous cherche, qu’il vient à notre rencontre, qu’il nous accorde sa grâce et son pardon ? C’est très bien. Mais est-ce que nous le vivons ? Est-ce que je sais le manifester dans mon quotidien ? Et comment notre Eglise aide-t-elle chacun d’entre nous à le faire toujours mieux ? 


Conclusion

Le défi est de taille… et il est important de le poser dans les bons termes. Chacun y est confronté dans son quotidien, mais nous ne le relèverons pas en étant chacun de notre côté. Nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin de la communauté que nous formons, pour répondre à l’appel du Christ et accomplir la mission qu’il nous confie. Pour vivre et proclamer l’Evangile. Pour dire à notre prochain et être pour notre prochain, une Bonne Nouvelle. 


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