dimanche 12 novembre 2023

Nous centrer sur la personne du Christ

 

Il y a quelques années, notre Eglise a défini son projet à partir d’un appel adressé par l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe :

« Nous sommes des ambassadeurs envoyés par le Christ, et c'est comme si Dieu lui-même adressait son appel par nous : nous vous en supplions, au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (2 Corinthiens 5.20)

On parle de « projet d’Eglise » pour désigner la façon dont nous percevons ce que Dieu attend de nous : quelle Eglise veut-il que nous soyons à Bouffémont ? Avec le conseil de l’Eglise, nous avons repris ce projet et, sans le modifier dans le fond, nous avons revu un peu la forme, en reformulant quelques éléments, pour mieux souligner les 4 axes qui s’en dégagent. 

Pendant quatre semaines, nous allons nous centrer sur ce projet. Tous les dimanches, nous nous mettrons à l’écoute de la Parole de Dieu pour discerner comment s’approprier ce projet. 

J’ai intitulé cette série de prédications « Comme des ambassadeurs », pour faire référence au début du verset biblique au cœur de notre vision : « Nous sommes des ambassadeurs envoyés par le Christ… »

Et voici comment le premier axe du projet est formulé : « Nous voulons nous centrer sur la personne du Christ. C’est lui qui définit notre identité de croyant. Comme une ambassade garde le contact et respecte les directives du pays qu’elle représente, nous voulons toujours rester en étroite communion avec Dieu. »

« Nous centrer sur la personne du Christ. » C’est une formule qu’on utilise… mais elle fait un peu partie de ces formules, sans doute vraies, mais dont on ne perçoit pas toujours bien la signification. Au risque même de devenir des formules un peu creuses, qu’on utilise machinalement. 

Que signifie donc avoir une vie centrée sur le Christ ? Pour y répondre, je propose de lire un court passage de l’épître aux Hébreux. 

Hébreux 12.1-2
1En ce qui nous concerne, nous sommes entourés de cette grande foule de témoins. Débarrassons-nous donc de tout ce qui alourdit notre marche, en particulier du péché qui s'accroche si facilement à nous, et courons résolument la course qui nous est proposée. 2Gardons les yeux fixés sur Jésus, celui par qui notre foi a commencé et qui la mène à sa perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a accepté la mort sur la croix, sans tenir compte de la honte attachée à une telle mort ; et maintenant il siège à la droite du trône de Dieu.


La métaphore de la course antique

Pour parler de la foi, dans ce passage, l’auteur de l’épître aux Hébreux développe la métaphore de la course, et en particulier celle de la course dans un stade antique. 

Il y a le public venu assister aux épreuves. C’est la « foule de témoins » dont parle le verset 1, et qui fait référence sans doute aux différents personnages bibliques cités au chapitre précédent, montrés en exemple pour leur foi, d’Abel aux prophètes, en passant par Abraham ou Moïse. Leurs exemples nous encouragent dans notre propre foi, comme les cris de la foule encouragent les athlètes dans leur course. 

Il s’agit ensuite de se débarrasser de ce qui alourdit, ou entrave notre marche. L’épître aux Hébreux parle ici notamment du péché. Ce qui donne d’ailleurs l’occasion d’une définition intéressante du péché : c’est tout ce qui nous empêche d’avancer ou nous ralenti dans notre marche avec Dieu. Or, dans l’Antiquité, les athlètes ne portaient rien qui entravait leur course… puisqu’ils couraient nus ! 

Enfin, il s’agit de courir la course qui nous est proposée, c’est-à-dire, ici, la course de la foi. Avec cette précision de garder les yeux fixés sur Jésus. On peut penser au sprinteur qui, tout au long de sa course, va garder les yeux fixés sur la ligne d’arrivée, le seul objectif qu’il veut atteindre, et si possible en première place. 


Garder les yeux fixés sur Jésus

Cette formule, « garder les yeux fixés sur Jésus », évoque bien pour moi l’idée de nous centrer sur la personne de Jésus. Si on développe un peu la comparaison avec le sprinteur, on peut dire que toute sa course est centrée sur la ligne d’arrivée. Tout ce qu’il regarde, c’est la ligne d’arrivée devant lui. Il n’y a que ça qui compte. S’il regarde ailleurs, s’il détourne la tête, il va perdre sa ligne, se désunir et perdre de la vitesse. C’est encore plus étonnant dans une course de haies. Même en sautant les obstacles, c’est devant lui qu’il regarde. Son visage ne bouge pas. Tout ce qui compte pour lui, c’est le but de sa course, la ligne d’arrivée.

Garder les yeux fixés sur Jésus ne veut pas dire qu’on ne voit plus rien d’autre… mais qu’on a bien identifié quel est le but de la course. Le but de la course de notre foi, c’est de suivre le Christ, de lui ressembler. Il est la ligne d’arrivée, le modèle vers lequel tendre. Et rien ne doit nous détourner de ce but. 

Mais cela va plus loin encore dans la métaphore de l’épître aux Hébreux. Jésus n’est pas seulement la ligne d’arrivée de la course, le modèle vers lequel tendre. II est aussi « celui par qui notre foi a commencé et qui la mène à sa perfection. » Jésus n’est pas seulement la ligne d’arrivée, il est aussi l’énergie qui nous anime, qui met en mouvement nos jambes et nos bras, qui stimule nos muscles et nous donne le souffle pour mener la course, depuis les starting-blocks jusqu’à la ligne d’arrivée. 

Centrer notre vie sur Jésus, c’est donc à la fois suivre le Christ comme modèle et se laisser animer par son Esprit qui est en nous. 


Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ? 

Se centrer sur la personne du Christ, c’est toujours avoir Jésus comme modèle. Apprendre à le connaître. Approfondir notre foi. Et là, franchement, je ne sais pas comment c’est possible sans ouvrir la Bible ! 

Se centrer sur la personne du Christ, c’est aussi se laisser remplir, animer par lui, par son Esprit qui est en nous. Certes, avoir une juste doctrine du Christ est important, pour bien comprendre ce que la Bible nous dit de lui. Connaître les enseignements de Jésus aussi… et surtout les mettre en pratique. Mais ce qui compte avant tout, c’est vivre une relation vivante avec lui, par la foi. Et là, franchement, je ne sais pas comment c’est possible sans prier ! Quelle que soit la forme de la prière… 

Et ce double impératif, il est valable pour chacun de nous, personnellement, et il est valable pour la communauté que nous formons, ensemble. 

On peut être animé de plein d’enthousiasme et d’énergie, et oublier de garder les yeux fixés vers le but. Alors on court, on s’agite, on fait plein de choses, mais on se disperse et on oublie le but de notre foi, ou de notre vie d’Eglise. 

Notre motivation première, en tant que croyant, c’est de suivre le Christ et de lui ressembler. Pas d’être comblé de signes extérieurs de bénédictions, pas de vivre des expériences spirituelles fortes, pas de confondre la sanctification avec le développement personnel ou la recherche de bien-être… 

Notre motivation première, en tant qu’Eglise, c’est de manifester et de refléter la personne du Christ, seule tête du corps, seul chef de l’Eglise. Pas de fournir des services pour répondre à la demande de « consommateurs », pas d’avoir le meilleur groupe de louange ou le prédicateur le plus éloquent… 

On peut aussi être focalisé sur le but, avoir une connaissance parfaite de la Bible, une doctrine tout à fait orthodoxe… et rester sur place, tétanisé. Parce qu’on ne se laisse pas animer par le Christ qui vit en nous. 

Dans notre vie personnelle de croyant, nous devons trouver du temps et des moyens pour vivre et approfondir notre relation avec le Christ. Se réserver des moments privilégiés où notre foi se nourrit de la présence du Christ. Et avoir une vie d’Eglise fait partie de ces moments privilégiés ! 

Dans notre vie communautaire, nous devons nous souvenir que l’Eglise n’est pas là seulement pour transmettre un message, donner un enseignement, encore moins pour fixer un cadre moral et dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire si on est chrétien. Elle doit être le lieu où se vit l’amour du Christ, dans la relation fraternelle les uns avec les autres, dans l’amour et le service du prochain. C’est comme cela que le Christ se manifeste. 


Conclusion

Avoir une vie centrée sur la personne de Jésus, c’est avoir le regard fixé sur lui et le cœur rempli de sa présence. 

  • Garder le regard fixé sur lui signifie qu’il est notre maître, notre modèle vers lequel tendre : le but ultime de notre existence, c’est de lui ressembler. 
  • Avoir le cœur rempli de sa présence implique qu’on cultive une relation personnelle, intime, avec lui, par son Esprit. 

Se centrer sur le Christ ne veut pas dire qu’on oublie tout le reste, et qu’on oublie les autres. Au contraire, c’est en étant centré ainsi sur le Christ, que je pourrai vraiment me décentrer de moi-même et m’ouvrir pleinement aux autres. A l’instar du modèle parfait, le Christ lui-même… 

C’est l’appel que chacun reçoit du Christ… et c’est aussi la vocation de l’Eglise de favoriser l’accomplissement de cet appel, car on apprend mieux ensemble à lui ressembler, et on approfondit mieux ensemble notre communion avec lui. 


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