dimanche 26 novembre 2023

Accueillir celles et ceux que le Christ appelle

 

Nous poursuivons notre mini-série de prédications sur notre projet d’Eglise, avec cette semaine le troisième axe, formulé ainsi :

« Nous voulons accueillir celles et ceux que le Christ appelle. Comme une ambassade est un lieu d’accueil et de refuge pour ceux qui en ont besoin, nous voulons être ouvert et accueillant envers toutes celles et tous ceux qui veulent répondre à l’appel du Christ. »

C’est évidemment le défi de l’accueil que pose cet axe. Et en réfléchissant à ma prédication de ce matin, un verset biblique m’est venu à l’esprit, comme une évidence : 

Romains 15.7
En résumé, accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu.

Le verset commence par « en résumé », qu’on pourrait aussi traduire par « c’est pourquoi », « donc », etc… L’exhortation arrive comme une conclusion ou une conséquence de ce qui précède. Or, qu’est-ce qui précède ? 

Il faut remonter jusqu’au chapitre précédent, qui s’ouvre d’ailleurs sur une invitation à l’accueil : 

Romains 14.1
Accueillez la personne qui est faible dans la foi, sans critiquer ses opinions.

Cette question des « forts » et des « faibles », dans le contexte de la lettre aux Romains, était liée à certaines pratiques culturelles ou religieuses, comme la consommation ou non de tel ou tel aliment, ou l’observation ou non de certaines fêtes ou de certains jours particuliers. Certains, les « forts », se sentaient libres par rapport à cela, d’autres, les « faibles » se sentaient liés.  

Plutôt que d’argumenter et de débattre, voire de se battre, pour savoir qui a raison, l’apôtre Paul appelle à mettre le souci de l’autre comme la priorité absolue. Il nous invite à être prêt à restreindre notre liberté, ou au moins ne pas la revendiquer, pour ne pas être une occasion de chute pour les autres. 

Romains 14.13
Cessons donc de nous juger les uns les autres. Jugez plutôt préférable de ne rien faire qui amène quelqu'un d'autre à se détourner de Dieu ou de la foi.

On n’est pas ici, évidemment, sur des questions fondamentales de la foi, comme par exemple la divinité de Jésus-Christ ou sa résurrection. Il s’agit de distinguer ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas, et ne pas utiliser les questions non essentielles, et il y en a beaucoup, pour se diviser ou polémiquer.

Romains 14.17
17 En effet, le règne de Dieu n'est pas une affaire de nourriture et de boisson ; il consiste en la justice, la paix et la joie que donne l'Esprit saint.

Encore un fois, il ne s’agit pas se demander qui a raison ou qui a tort, mais de chercher à préserver l’unité, en prenant en compte autre, avec ses convictions, y compris ce qui, à nos yeux, peut être perçu comme un signe de faiblesse… 

Romains 15.1-2
1 Nous qui sommes forts, nous avons une obligation : prendre à cœur les scrupules des personnes faibles et ne pas chercher ce qui nous plaît. 2 Que chacun de nous cherche à plaire à son prochain pour son bien, de manière constructive.

C’est donc en conséquence de tout ce développement que nous trouvons notre verset : « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. »

Et on comprend aisément ici qu’il est question de bien plus que de se tenir à la porte de l’église et dire bonjour, même avec un large sourire, aux personnes qui arrivent pour le culte. L’accueil auquel nous sommes appelés passe aussi par cela, bien-sûr, mais il va beaucoup plus loin, et nous concerne tous. 

Chaque partie de l’exhortation de l’apôtre Paul prend toute sa dimension. 


Accueillez-vous les uns les autres

Remarquerez d’abord la réciprocité. C’est important parce que, en réalité, il n’y a pas vraiment dans l’Eglise d’un côté les forts et de l’autres les faibles. Nous avons tous nos faiblesses, nos limites et nos failles. Dans tel ou tel domaine, nous sommes tous les faibles de quelqu’un ou les forts de quelqu’un d’autre. Et nous avons donc tous un effort à faire pour accueillir l’autre, quel qu’il soit. 

L’accueil, dans l’Eglise, est la responsabilité de tous. Accueillir, c’est prendre conscience de la communauté que nous formons. C’est reconnaître à l’autre sa légitimité d’être là, de faire partie de la communauté, même s’il n’est que de passage. 

Accueillir, c’est recevoir l’autre tel qu’il est, sans a priori et sans jugement. Et c’est bien là toute la difficulté parce que, qu’on le veuille ou non, nous avons tous des a priori, et nous sommes facilement enclins à juger, ou du moins comparer… et avoir du mal à accepter la différence. 

Et redisons-le, accueillir c’est bien plus que dire bonjour ! Accueillir quelqu’un dans l’Eglise, c’est lui laisser de l’espace, c’est l’aider à trouver sa place, lui permettre d’apporter sa pierre à l’édifice. 


Comme le Christ vous a accueillis

La référence au Christ, ici, le désigne comme un modèle d’accueil. Et c’est bien ce qui ressort des Evangiles. On voit la façon dont il a accueilli les gens de mauvaise réputation lors de son ministère terrestre. Et pas seulement les gens de mauvaise réputation, d’ailleurs, mais ceux qu’on considérait comme impurs et impies. Et ça lui a suffisamment été reproché, notamment par les chefs religieux de son temps ! 

Mais notez que l’apôtre Paul ne dit pas qu’il s’agit d’accueillir comme le Christ accueille, ou comme le Christ a accueilli les pécheurs au cours de son ministère terrestre. Il nous dit d’accueillir comme le Christ nous a accueilli. 

Car nous avons tous été accueillis par le Christ… Et nous savons bien, au fond de nous-mêmes, que nous ne méritions pas vraiment qu’il nous accueille sans nous faire de reproche, nous savons bien que son accueil bienveillant et inconditionnel est une expression de sa grâce. 

C’est donc d’abord parce que nous avons nous-mêmes été accueilli inconditionnellement par le Christ que nous sommes appelés à nous accueillir les uns les autres de la même façon. Avec grâce. Sans jugement. 


Pour la gloire de Dieu

On peut ici penser à la formule que Paul a utilisé dans sa première lettre aux Corinthiens : « Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10.31). L’apôtre évoquait alors la question de la consommation de viandes sacrifiées aux idoles, une question qui était source de divisions dans l’Eglise. Mais il élargissait le propos avec cette formule englobante : « quoi que vous fassiez… »

La formule parle de nos intentions derrière nos actes. Quoi que vous fassiez, faites-le pour la gloire de Dieu. Elle dit aussi que notre vie, nos actes, ont du poids, de la valeur devant Dieu. Par ce que nous faisons, nous pouvons glorifier Dieu.

Accueillir est une manière particulière de glorifier Dieu. Parce que l’accueil est une valeur fondamentale du Royaume de Dieu. C’est une expression de la grâce. Et de l’amour. Accueillir vraiment, c’est aimer. 

Il y a quelque temps, j’avais prêché sur le commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », en rattachant « comme toi-même » à « ton prochain » et non à « tu aimeras ». Il ne s’agit pas d’aimer comme on s’aime soi-même, comme si l’étalon de notre amour était celui que nous nous portons à nous-mêmes ! Il s’agit plutôt d’aimer celui ou celle qui, fondamentalement, est comme nous-mêmes, fait de la même pâte que nous. 

Accueille ton prochain qui est comme toi-même, même s’il t’est étranger, différent… Surtout s’il t’est étranger, différent. Quel mérite aurais-tu d’accueillir celui qui te ressemble en tout point ? 

Notre véritable capacité à accueillir se mesure à la façon dont nous savons accueillir non pas ceux qui nous ressemblent mais ceux qui sont différents de nous. Que ce soit par leur culture, leur apparence, leur piété, leur façon de vivre et d’être… 


Conclusion

« Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. »

Cette exhortation de l’apôtre Paul résume parfaitement le troisième axe de notre projet d’Eglise : accueillir celles et ceux que le Christ appelle. 

Parce qu’il est réciproque, l’appel nous concerne tous. Parce que l’accueil du Christ est notre modèle, l’appel est exigeant. Parce que la gloire de Dieu est en jeu, l’appel est incontournable. 

Alors je vous propose un petit exercice, qui vous demandera un petit peu d’effort. A la fin du culte, tout à l’heure, je vous invite à ne pas aller tout de suite discuter avec ceux que vous connaissez et dont vous vous sentez proches. Faites l’effort d’aller voir d’abord quelqu’un que vous ne connaissez pas ou avec lequel vous n’avez jamais, ou presque jamais, parlé. Ce sera une façon de vous accueillir mutuellement… 

« Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. »


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