dimanche 21 juillet 2024

L’esprit olympique (3) L’important, c’est de participer

 

C’est aujourd’hui la suite de notre mini-série de l’été autour de l’esprit olympique. Après un premier épisode autour de la métaphore sportive développée par l’apôtre Paul pour évoquer la vie chrétienne, après un deuxième épisode qui proposait un parallèle entre la vie chrétienne et la devise olympique « plus vite, plus haut, plus fort – ensemble », voici le troisième épisode autour de la célèbre formule qu’on associe à Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes : « L’important, c’est de participer ». 

Aujourd’hui, on utilise en général cette formule pour consoler ceux qui ont perdu. « Tu as raté ta course ou ta compétition ? Ce n’est pas grave, l’important c’est de participer ! » Franchement, je ne sais pas si vous êtes sportif ou compétiteur dans l’âme, mais c’est le genre de phrase qui ne va certainement pas vous consoler d’un échec ! Ça risque même plutôt de vous énerver encore plus… 

Si la formule est un peu galvaudée aujourd’hui, elle avait une signification différente à l’origine. Comme la devise olympique a été empruntée à un prêtre dominicain, la formule, certes utilisée par Pierre de Coubertin, a été empruntée à un autre religieux, l’évêque de Pennsylvanie, Ethelbert Talbot, qui a dit, dans un sermon prononcé au cours des Jeux Olympiques de Londres en 1908 : « l’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part ». Quelques jours après, Pierre de Coubertin a fait référence à cette formule et il l’a précisée ainsi : « L'important dans la vie, ce n'est point le triomphe mais le combat ; l'essentiel, ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu. » 

L’idée centrale, ce n’est pas simplement de participer mais de participer en faisant son maximum. On pourrait même dire qu’on n’a vraiment participé que si on s’est donné à fond, que si on a donné le meilleur de soi-même. Si ça conduit à la victoire, c’est encore mieux. Mais l’essentiel est dans l’attitude combative. 

Normalement, pour s’aligner aux Jeux Olympiques, il faut avoir réalisé ce qu’on appelle des minimas, c’est-à-dire une performance minimum. Mais le comité olympique accorde des dérogations pour permettre à des athlètes qui viennent de pays qui ne bénéficient pas d’infrastructure permettant de correctement s’entraîner de participer à certaines compétitions. 

Par exemple, à Sydney en 2000, pour le 100 mètres nage libre, la dernière série de qualifications alignaient trois nageurs venus du Tadjikistan, du Niger et de Guinée Equatoriale. Après un faux départ qui voit deux de ces athlètes disqualifiés, Eric Moussambani, de Guinée Equatoriale, va être seul à s’élancer. 

Ce qu’il faut savoir sur Eric Moussambani, c’est que, quelques mois avant les JO, il ne savait pas du tout nager. Au moment de s’élancer dans l’eau à Sydney, il n’avait jamais parcouru 100 mètres d’affilée à la nage et n’avait même jamais vu de sa vie un bassin olympique de 50 mètres. Il s’était entraîné dans une piscine de 20 mètres seulement, dans un hôtel. Son maillot et ses lunettes lui avaient été prêtés une heure avant l’épreuve par deux athlètes. Il a terminé évidemment dernier des qualifications, très loin de tous les autres concurrents, avec 50 secondes de retard sur l’avant-dernier. Mais il a donné tout ce qu’il avait : on le voit, il est au bout du rouleau à la fin de sa course qu’il termine péniblement. Et il a reçu une ovation extraordinaire du public. 

Cet épisode est l’illustration même de la formule « L’important, c’est de participer ». Non pas comme une formule de consolation à l’emporte-pièce mais comme l’expression d’un engagement total, quel que soit le résultat à la fin. Eric Moussambani a participé aux Jeux Olympiques. Il n’a pas gagné… mais il s’est bien battu, il a fait le maximum. 

C’est sous cet angle que la formule « l’important, c’est de participer » peut aussi être appliquée à la vie chrétienne… Un texte du Nouveau Testament me semble l’illustrer fort bien. On le trouve dans la deuxième lettre de Paul à Timothée, qui se présente un peu comme le testament de l’apôtre, alors qu’il est en prison à Rome. 

2 Timothée 4.6-8
6En ce qui me concerne, je suis déjà sur le point d'être offert en sacrifice ; le moment de dire adieu à ce monde est arrivé. 7J'ai combattu le beau combat, je suis allé jusqu'au bout de la course, j'ai gardé la foi ! 8Et maintenant, la couronne du salut m'attend, que le Seigneur, le juste juge, me donnera au jour du jugement. Et il ne la donnera pas seulement à moi, mais à toutes les personnes qui attendent avec amour le moment où il se manifestera.

Pour l’apôtre, la course est pratiquement terminée. Il sait la ligne d’arrivée, c’est-à-dire sa mort, imminente. Ses paroles sont comme une sorte de bilan., et celui-ci est positif. Il a combattu le beau combat et il est allé jusqu’au bout. Il est resté fidèle à sa foi. 

Remarquez qu’ici il n’est pas question de victoire mais simplement d’aller jusqu’au bout de la course. Il y a bien une couronne promise mais elle n’est pas promise au seul vainqueur. Elle est pour toutes les personnes qui ont placé leur espérance dans le Seigneur. 

Autrement dit, l’important, c’est de participer ! Et ne pas ménager ses efforts, persévérer jusqu’à l’arrivée. Pour ne pas avoir de regret à la fin… 

Je tire de tout cela trois leçons pour notre vie chrétienne. 


Être participant et non pas spectateur

L’apôtre a été acteur de sa propre vie chrétienne. Il peut en parler à la première personne du singulier : « J'ai combattu le beau combat, je suis allé jusqu'au bout de la course, j'ai gardé la foi ! » 

Il a reçu une révélation du Christ ressuscité sur le chemin de Damas, il a reçu un appel à être apôtre et il a répondu à cet appel. Il a été conduit par le Seigneur qui l’a accompagné dans son ministère. Bref, il a vécu dans la dépendance du Seigneur mais il n’a pas pour autant subi sa vie chrétienne, emporté au gré des circonstances. Il a été acteur de sa propre vie et de son ministère. 

L’important, c’est de participer. Alors participez vraiment ! Soyez acteurs de votre vie chrétienne ! Ne vous contentez pas de suivre le mouvement. Soyez des participants et pas des spectateurs, soyez acteurs plutôt que consommateurs. Veillez à rester dans la dépendance du Seigneur, bien-sûr… Mais prenez des initiatives, engagez-vous, osez prendre des risques ! 


Se donner à fond pour ne pas avoir de regret

Quand on considère la façon dont l’apôtre parle de sa vie de chrétien, on perçoit une certaine fierté, au moins une satisfaction ou un soulagement. « Je suis allé jusqu'au bout de la course, j'ai gardé la foi ! »  Tout n’a certainement pas été parfait, il a comme tout le monde commis des erreurs, y compris au cours de son ministère d’apôtre… mais il n’y a pas de regret à avoir parce qu’il a fait de son mieux.  

L’important, c’est de participer. Mais participe-t-on vraiment à une course si on ne se donne pas à fond ? Participer, ce n’est pas forcément gagner, mais c’est faire de son mieux, donner le meilleur de soi. Et si ça ne suffit pas pour gagner, au moins on aura fait le maximum. Il n’y aura pas de regret à avoir.  

Le Seigneur n’attend pas de nous une vie parfaite, sans jamais commettre d’erreur. Il ne nous met pas la pression pour cela. C’est nous qui pouvons parfois nous mettre la pression, ou pire, la mettre sur les autres. Il s’agit toutefois de tout donner, de faire le maximum. Ou comme l’apôtre Paul le dit ailleurs, dans sa lettre aux Romains : « vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel.» (Romains 12.1 - TOB)


Les efforts consentis en valent la peine

Au terme de sa vie, à cause de ce qu’il a vécu et grâce à ce qui l’attend désormais, l’apôtre peut se dire que ça en valait la peine. Malgré les épreuves, l’adversité et les souffrances, ça valait le coup. « J'ai combattu le beau combat… Et maintenant, la couronne du salut m'attend… » C’est un beau combat, qui nous réserve une couronne de gloire auprès de Dieu.

Certaines versions traduisent plutôt « bon combat » comme si l’apôtre ici disait ne pas s’être trompé de combat. Mais littéralement, il parle de « beau combat ». C’est certes un combat, une lutte, ce qui implique des difficultés et des souffrances… Mais c’est un beau combat, un combat qui en vaut vraiment la peine. 

Et puis le combat et la course en valent la peine parce qu’ils ouvrent sur la perspective d’une couronne, donnée par le Seigneur lui-même. La couronne de son salut. C’est l’honneur suprême de l’éternité dans la présence même de Dieu. Ça en vaut vraiment la peine !


Conclusion

L’important, c’est de participer ! Mais alors il s’agit de participer vraiment… comme un athlète et pas comme un touriste. C’est le cas pour les Jeux Olympiques, c’est le cas aussi pour la vie chrétienne. 

On peut subir sa vie chrétienne, en être spectateur plus qu’acteur. Ou alors en être pleinement participant… A nous de choisir !

La subir, c’est se laisser porter par les autres, par son éducation, par des traditions et des habitudes suivies sans ferveur. Et ce n’est guère passionnant… 

L’important, c’est de participer. Être acteur de sa propre vie chrétienne. C’est évidemment plus exigeant, ça demande des efforts, de la persévérance, des prises de risque même… mais ça change tout ! La vie chrétienne vécue de cette façon peut devenir aussi grisante qu’une compétition olympique. Par la foi, Dieu nous fait participants de son Royaume. Quel honneur et quel privilège ! C’est par grâce qu’il nous promet la couronne de son salut, la vie éternelle dans la présence même de Dieu. 

Ca vaut vraiment la peine de participer ! 


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