Aujourd’hui, le mot Apocalypse est synonyme de catastrophe et de fin du monde. C’est un mot qui fait peur, ou qu’on utilise pour faire peur ! Si vous allez voir au cinéma un film apocalyptique, vous savez que vous allez voir un film catastrophe à l’échelle de la planète. Vous pouvez même aller voir un film post-apocalyptique, dont l’action se déroule après une catastrophe mondiale qui a décimé l’humanité.
L’Apocalypse, dans la Bible, ce n’est pas ça. Certes, on trouve des catastrophes évoquées dans le livre de l’Apocalypse. Il y est bien question, parfois, de la fin du monde… mais aussi du monde nouveau qui est annoncé. Et le message de l’Apocalypse est avant tout un message d’espérance et de consolation pour les croyants qui traversent l’épreuve et rencontrent l’adversité.
Apocalypse 1.4-8
4De la part de Jean, aux sept Églises de la province d'Asie :
Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, 5et de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, et le souverain des rois de la terre.
Le Christ nous aime et il nous a délivrés de nos péchés en donnant sa vie, 6il a fait de nous un royaume de prêtres pour servir Dieu, son Père. À lui soient la gloire et la puissance pour toujours ! Amen.
7Regardez, il vient parmi les nuages ! Tous le verront, même ceux qui l'ont transpercé. Les peuples de la terre entière se lamenteront à son sujet. Oui ! Amen.
8« Je suis l'alpha et l'oméga », déclare le Seigneur, celui qui est, qui était et qui vient, le Dieu souverain.
Ces versets constituent les salutations aux 7 Eglises d’Asie Mineure, auxquelles sont adressées les 7 lettres qui ouvrent le livre de l’Apocalypse. La formule « Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu… » est tout à fait traditionnelle dans les lettres du Nouveau Testament. On la retrouve chez l’apôtre Paul. Mais ici, ces salutations ont une densité particulière, notamment autour de la personne du Christ.
Notons d’abord qu’il s’agit d’une formule trinitaire : de la part de Dieu (le Père), de la part des sept esprits (le Saint-Esprit), de la part de Jésus-Christ (le Fils). Certes ce n’est pas l’ordre habituel, du moins en théologie trinitaire classique, mais c’est une façon ici de mettre l’accent sur le Fils, cité en dernier, et auquel sont associés de nombreux titres. C’est lui qui, par la suite, sera présenté comme celui qui tient son Eglise dans sa main et comme l’auteur des sept lettres aux Eglises, dans les chapitres 2 et 3.
C’est bien sur le Christ que se concentre cette vaste salutation. Prendre le temps de considérer ce qui nous en est dit nous permettra de rappeler ce qu’il représente pour nous, croyants, aujourd’hui.
1. Il est...
J’aimerais d’abord m’arrêter sur une formule qui apparaît deux fois dans notre texte. Au début et à la fin. Appliquée à Dieu au verset 4, et au Seigneur au verset 8 : « Celui qui est, qui était et qui vient ».
La formule fait référence au fameux nom du Seigneur, dérivé du verbe « être » en hébreu, un nom que l’on devait sans doute prononcer Yahvé. Je dis sans doute parce que ce nom de Dieu, considéré comme sacré, n’est pas prononcé par les Juifs qui lui substituent le mot Adonaï, qu’on peut traduire par le Seigneur. C’est ce nom que Louis Segond a traduit par l’Eternel… une traduction aujourd’hui abandonnée parce que trop réductrice.
Ce nom a été révélé à Moïse dans l’Exode, au moment où Dieu l’a appelé, dans le fameux épisode du buisson ardent :
Exode 3.13-14« Bien ! dit Moïse. Je vais donc aller trouver les Israélites et leur dire : “Le Dieu de vos ancêtres m'envoie vers vous”. Mais ils me demanderont ton nom. Que leur répondrai-je ? »Dieu déclara à Moïse : « “Je serai qui je serai.” Voici donc ce que tu diras aux Israélites : “‘Je serai’ m'a envoyé vers vous”. »
Les paroles de Dieu à Moïse sont difficiles à traduire. « Je serai qui je serai » (NFC, NBS, TOB), « Je suis qui je suis » (PdV), « Je suis celui qui suis » (Segond). Mais on peut comprendre qu’il soit difficile d’exprimer avec nos mots humains un nom qui désigne Dieu…
« Il est, il était et il vient » est une sorte de périphrase pour désigner ce « Je suis » de Dieu. Mais prêtons bien attention à la formulation.
Ce n’est pas « qui était, qui est et qui vient » mais « qui est, qui était et qui vient ». La nuance n’est pas sans importance. Fondamentalement, le Seigneur est, il est « Je suis » qui s’est révélé à Moïse. Il a toujours été « Je suis » et il sera toujours « Je suis ». Aussi longtemps qu’on remonte le temps, il est « Je suis », aussi loin qu’on puisse aller dans l’avenir, il est « Je suis ».
La formule n’est pas non plus « qui est, qui était et qui sera », mais « qui est, qui était et qui vient ». Il y a quelque chose de plus dynamique dans le choix de ce verbe, « il vient » :
- « Il est, il était, et il sera. » Ça ne bouge pas. Il n’y a pas de surprise. Il est l’Eternel, immuable, un peu lointain…
- « Il est, il était, et il vient. » C’est beaucoup plus dynamique, ça éveille la curiosité, invite à se laisser surprendre. Dieu sera là demain, il sera toujours « je suis » mais comment le sera-t-il pour nous ? Surprise !
Voilà la bonne nouvelle ici. Quelles que soient les circonstances, quels que soient les événements, aussi troublants et chaotiques qu’ils puissent paraître, le Seigneur est « Je suis ». Un peu comme Jésus qui, dans ses dernières paroles à ses disciples, dans l’évangile de Matthieu, a dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce n’est pas je serai avec vous mais je suis avec vous…
Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez aujourd’hui, le Christ vous dit : « Je suis avec toi ! »
2. Il a accompli le salut
Trois titres spécifiques sont attribués directement à Jésus-Christ au verset 5 : le témoin fidèle, le Fils premier-né, le souverain des rois de la terre.
Le témoin fidèle. Ici on peut penser au prologue de l’évangile de Jean, où le Christ est désigné comme le logos, la Parole, le Verbe. Il est celui qui révèle Dieu, celui par lequel Dieu s’est fait connaître. La référence est à l’incarnation, le Fils de Dieu qui se fait homme pour révéler le Père. « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14.9)
Le Fils premier-né. On peut entendre ce titre de manière trinitaire. Comme la théologie chrétienne l’a défini, le Fils est « éternellement engendré par le Père ». Mais ici, il y a une précision : « Le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts. » Il s’agit ici de la résurrection : il est le premier être humain" à avoir vaincu la mort. On peut même dire qu’il y a derrière ce double titre quelque chose de la double nature du Christ, pleinement Dieu et pleinement homme. Il est le Fils éternellement engendré du Père, et il est le Fils premier-né d’une humanité nouvelle, par sa résurrection. C’est assez vertigineux !
Le souverain des rois de la terre. Ici, c’est plus à l’événement de l’Ascension que ce titre fait référence, alors que le Fils, retournant auprès du Père, va s’asseoir sur le trône, entrant déjà dans son règne. Même si son règne attend encore d’être pleinement révélé, le jour de son retour, il est déjà, aujourd’hui, Celui qui règne.
C’est donc l’ensemble de son œuvre qui est évoquée dans ces trois titres, de son incarnation à son ascension. Son retour sera annoncé un peu plus loin, au verset 7. Pour nous, le Christ est celui qui a accompli le projet de salut de Dieu. Il est celui par qui nous pouvons avoir une espérance éternelle. Il est celui qui a tout accompli. Pour nous. Comment ne pas éclater en louange ?
3. Il nous aime
Vient ensuite une doxologie, c’est-à-dire une formule liturgique qui rend gloire à Dieu. Elle met ici en valeur l’amour du Christ, dans une formule toute simple est pourtant si lourde de sens : « il nous aime ». Le verbe est au présent. Et ça change tout.
Les deux verbes suivants sont au passé : « il nous a délivrés de nos péchés en donnant sa vie, il a fait de nous un royaume de prêtres pour servir Dieu, son Père. » Ces deux formules désignent l’œuvre de salut accomplie par Jésus-Christ. Sa mort à la croix nous a délivré de nos péchés, c’est le salut qu’il nous a acquis, au prix de sa vie. Et cette œuvre de salut fait de nous, nous toutes et tous, un « royaume de prêtres » pour servir Dieu. Nous avons, toutes et tous, un libre accès à Dieu, grâce à Jésus-Christ. Cette proximité n’est pas réservée à quelques-uns, une élite, elle est offerte à toutes et tous, par la foi.
En cela, le Christ nous a aimé, jusqu’à donner sa vie pour nous. Mais son amour ne s’est pas arrêté à la croix. Il nous aime. Aujourd’hui.
Aujourd’hui le Christ nous dit : « Je t’aime ! »
Parce qu’il nous aime, il est présent à nos côtés. Parce qu’il nous aime, il se soucie de nous. Parce qu’il nous aime, il nous connaît parfaitement. Parce qu’il nous aime, il nous comprend.
Cet amour du Christ, nous pouvons l’expérimenter, le ressentir, par son Esprit qui vit en nous. Si nous développons une intimité avec lui, par la foi, dans la prière, la méditation de Sa Parole…
Conclusion
Quelles que soient les circonstances, quels que soient les événements, aussi troublants et chaotiques qu’ils puissent paraître, le Seigneur est « Je suis ».
Le Christ est celui qui a accompli le projet de salut de Dieu. Il est celui qui a tout accompli. Pour nous.
L’amour du Christ ne s’est pas arrêté à la croix. Il nous aime. Aujourd’hui.
Si on rappelle en conclusion ces leçons tirées de notre texte, n’y trouve-t-on pas une source d’espérance, de paix, de confiance ? Avons-nous même, finalement, besoin de savoir autre chose que cela ?
Quelles que soient les circonstances de notre vie, le Christ est là, il a tout accompli pour nous et il nous aime !
« À lui soient la gloire et la puissance pour toujours ! Amen. »
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