dimanche 10 novembre 2024

Le bonheur du croyant

On lit souvent des psaumes pendant un culte. Parfois on les chante. Mais ils font assez rarement l’objet d’une prédication… 

Pourtant, les psaumes étant essentiellement des prières, ils entrent facilement en échos avec notre foi, notre vie de croyant. Certains psaumes sont caractérisés par la louange ou la confiance, d’autres par l’inquiétude ou la souffrance. Certains sont des chants de reconnaissance, d’autres des appels au secours. Certains sont marqués par la joie ou la paix, d’autres par la tristesse, l’angoisse ou même la colère. Autant d’émotions par lesquelles tout croyant passe un jour ou l’autre. Le livre des psaumes est bien le reflet des hauts et des bas de notre vie de foi ! 

Les psaumes sont souvent associés à David, ou à d’autres personnages bibliques, et parfois liés à certaines circonstances précises. Ils s’inscrivent dans un contexte particulier, celui de la foi des croyants du Premier Testament. Les prières des psaumes ont pourtant continué à être utilisées dans toute l’histoire du christianisme. Jusqu’à aujourd’hui. Ces prières gardent toute leur actualité, et elles s’éclairent pour nous d’un jour nouveau à la lumière de la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. 

Je vous propose pour la prédication de ce matin de nous arrêter sur le psaume du jour dans la liste de lecture de la « Bible en 6 ans ». Il s’agit du Psaume 16. J’ai choisi de lire la version de la TOB, notamment pour la façon dont elle traduit le verset 3. 

Psaume 16
1Miktâm de David.
Dieu, garde-moi, car j'ai fait de toi mon refuge.
2Je dis au SEIGNEUR : « C'est toi le Seigneur !
Je n'ai pas de plus grand bonheur que toi ! »
3Les divinités de cette terre,
ces puissances qui me plaisaient tant,
4augmentent leurs ravages ; on se rue à leur suite.
Mais je ne leur offrirai plus de libations de sang,
et mes lèvres ne prononceront plus leurs noms.
5SEIGNEUR, mon héritage et ma part à la coupe,
tu tiens mon destin.
6Le sort qui m'échoit est délicieux,
la part que j'ai reçue est la plus belle.
7Je bénis le SEIGNEUR qui me conseille,
même la nuit, ma conscience m'avertit.
8Je garde sans cesse le SEIGNEUR devant moi,
comme il est à ma droite, je suis inébranlable.
9Aussi mon cœur se réjouit, mon âme exulte
et ma chair demeure en sûreté,
10car tu ne m'abandonnes pas aux enfers,
tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse.
11Tu me fais connaître la route de la vie ;
la joie abonde près de ta face,
à ta droite, les délices éternelles. 

L’indication miktâm qu’on trouve en en-tête du psaume, est la transcription d’un terme hébraïque dont on ne connaît pas vraiment le sens. Il s’agit sans doute d’une indication sur la façon de chanter le psaume. 

La prière elle-même commence avec la phrase qui suit : « Dieu, garde-moi, car j'ai fait de toi mon refuge. » qui donne le ton de ce qui suit. C’est à la fois une demande (« garde-moi ») et une confession de foi (« j’ai fait de toi mon refuge »). 

Ne s’agit-il pas de deux dimensions indissociables de la foi ? La foi est l’élan qui nous tourne vers Dieu, qui nous pousse à faire appel à lui, à chercher son aide, son secours : « Garde-moi ». Mais la foi est aussi l’expression d’un choix, d’une décision de confiance placée en Dieu, une affirmation : « j’ai fait de toi mon refuge ».

Ce psaume est donc une prière du croyant qui exprime devant Dieu comment il vit sa foi et, surtout, le bonheur que cela lui procure, malgré les tensions du quotidien. Ce psaume pourrait s’intituler « Le bonheur du croyant ». 

Si on regarde comment s’organise ce psaume, on se rend compte qu’il y a deux grandes parties, séparées par une formule de bénédiction au verset 7. 

Les v.2-6 expriment le choix conscient de la foi, sans cesse à renouveler. Quelle que soit l’option de traduction pour le verset 3, qui n’est pas facile à traduire, l’idée centrale reste la même. Il s’agit de choisir le Seigneur et de rejeter les idoles et faux dieux. C’est la clé du bonheur du croyant : « C'est toi le Seigneur ! Je n'ai pas de plus grand bonheur que toi ! »

Les versets 8-11 évoquent les bienfaits procurés par la proximité du Seigneur, toujours à nos côtés. Ce que le psalmiste exprime de plusieurs façons : « Il est à ma droite », « tu ne m’abandonnes pas aux enfers », « tu me fais connaître la route de la vie »... Et il évoque aussi ce que cette proximité généreuse de Dieu produit en lui, dans toute sa plénitude : « je suis inébranlable », « mon coeur se réjouit, mon âme exulte », « la joie abonde », etc. 

Ce que ce psaume nous dit du bonheur du croyant, c’est qu’il dépend à la fois de nos choix et de la proximité généreuse de Dieu. Si Dieu n’est pas généreux envers nous, notre foi sera vaine et inutile. Si nous ne faisons pas le choix du Seigneur, alors sa générosité restera inactive dans notre vie. Notre salut dépend entièrement de la générosité et la grâce de Dieu. Mais c’est par la foi qu’il se reçoit. 

Ajoutons que la relecture du Psaume à la lumière du Christ lui donne une ampleur nouvelle en particulier dans sa deuxième grande partie. Dans le contexte du psalmiste, on sent que la mort demeure une menace opaque, au-delà de laquelle on n’ose pas s’aventurer. Les enfers (c’est-à-dire le « séjour des morts »), la fosse, s’opposent à la vie. Mais à la lumière de la résurrection du Christ, une perspective nouvelle s’ouvre à nous. Le bonheur du croyant dont parle ce psaume est sans doute plus grand encore aujourd’hui, grâce à la résurrection du Christ. C’est un bonheur que même la mort ne peut interrompre.

Arrêtons-nous un peu plus sur ce que le psaume présente comme les deux « clés » du bonheur du croyant : l’une est liée à nos choix et l’autre à la générosité de Dieu. 


Choisir le Seigneur plutôt que les idoles

Une première clé du bonheur est de choisir le Seigneur plutôt que les idoles. 

Dans l’évocation du culte des idoles, dont le psalmiste choisit de se séparer, ce qui les caractérise c’est le toujours plus. Elles en demandent toujours plus, elles sont toujours plus nombreuses… et nous entraînent dans une fuite en avant. 

Les idoles d’aujourd’hui, dans notre société occidentale, ne sont plus des statues de bois ou de pierre. Ce ne sont plus des images taillées mais des images numériques et virtuelles. Ce sont les images de la publicité, celles des réseaux sociaux. Des images bien souvent trompeuses, particulièrement aujourd’hui, à l’heure de l’intelligence artificielle. 

Les idoles d’aujourd’hui ne sont plus dans des temples ou des lieux sacrés, elles sont sur nos écrans ! Et comme au temps du psalmiste, elles nous en demandent toujours plus, elles créent en nous une dépendance et nous emmènent dans une fuite en avant, elles finissent par nous envoyer dans le mur. Elles nous promettent le bonheur, l’épanouissement, le bien-être, la réussite, l’accomplissement de soi… et nous nous laissons tromper. 

Dans quelle mesure ces idoles impactent-elles notre façon de vivre la foi et l’Eglise ? N’y a-t-il pas, parfois, des indices qui devraient résonner comme des signaux d’alarme ? Quand on finit par confondre annoncer la Bonne Nouvelle du Christ et faire le buzz ou rechercher des likes. 

Quand la foi n’est plus qu’un chemin d’épanouissement individuel, quand on confond sanctification et développement personnel, quand on recherche moins des prédicateurs que des influenceurs… 

Comme les algorithmes sur les réseaux sociaux ont tendance à nous enfermer dans une bulle où tout le monde pense comme nous, on se laisse enfermer dans des communautés où tout le monde nous ressemble et on se coupe de ceux qui pensent et vivent la foi différemment de nous. 


Où sont nos idoles aujourd’hui ? Celles face auxquelles nous devons dire : « Non ! J’arrête ! »

 

Vivre dans la proximité généreuse de Dieu

L’autre clé du bonheur dans ce psaume se trouve dans la générosité de Dieu, celle qu’on expérimente dans la proximité avec lui. 

« Je garde sans cesse le SEIGNEUR devant moi… » Ou, comme le traduit la Nouvelle Français Courant : « Je ne perds pas de vue le Seigneur » Le bonheur du croyant prend racines dans une vision du monde et de la vie qui ne perd jamais de vue le Seigneur. Une existence dans laquelle Dieu est omniprésent, et dont la présence offre réconfort et espérance. 

Voilà qui procure une force insoupçonnée : « comme il est à ma droite, je suis inébranlable. » (v.8) et un sentiment de plénitude : « la joie abonde près de ta face » (v.11)

Le bonheur du croyant n’est pas dans la réussite personnelle ou dans l’accomplissement de soi. Il est dans la proximité avec le Seigneur, dans l’assurance de sa présence à nos côtés en toutes occasions, et dans l’espérance d’un chemin qu’il ouvre devant nous. 

Et il faut dire que la perception de ce bonheur est plus grande encore depuis la venue du Christ. Le Fils de Dieu devenu homme a rendu Dieu plus proche de nous que jamais. Il a promis d’être avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Par l’envoi en nous de son Esprit, Dieu nous devient intime. Il fait sa demeure en nous. Le chemin qu’il trace devant nous est plus clair que jamais, parce que Jésus l’a emprunté pour nous, dans sa mort et sa résurrection. La route de la vie qu’il nous propose traverse la mort pour nous ouvrir sur l’éternité. Jésus-Christ est lui-même le chemin, la vérité et la vie. 

Il y a dans toutes ces promesses une vraie source de bonheur pour le croyant. Un bonheur qui s’épanouira dans l’intimité avec Dieu. 


Conclusion

C’est en se détournant des idoles que lui offre le monde, ou qu’il se fabrique lui-même, que le croyant trouve le chemin du bonheur en Dieu. En se décentrant de lui-même et en se tournant vers Dieu. C’est dans la rencontre avec son Créateur que la créature peut trouver la paix et l’harmonie. 

Les deux « clés du bonheur » que nous donnent ce psaume se résument donc ainsi :

  • Choisir le Seigneur plutôt que les idoles
  • Vivre dans la proximité généreuse de Dieu

C’est un double mouvement qui constitue la mécanique du bonheur. Une mécanique à mettre sans cesse en action. Chaque jour, en toutes circonstances, choisir le Seigneur et décider de vivre proche de lui. 

Avec le psalmiste, choisissons de dire à Dieu : « C'est toi le Seigneur ! Je n'ai pas de plus grand bonheur que toi ! »


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