dimanche 29 juin 2025

Si l’Eglise était un film…

 

Si notre Eglise était un film, de quel genre cinématographique serait-il ? J’espère que ça ne serait pas un film d’horreur ou un film catastrophe ! S’agirait-il d’une comédie, d’un drame, d’un thriller, d’un film d’aventure ? Ce serait sans doute un mélange de plusieurs genres… 

Jésus enseignait beaucoup en paraboles. Pourrions-nous nous en inspirer pour proposer une parabole moderne de l’Eglise, une métaphore cinématographique ? On pourrait la résumer ainsi : Si l’Eglise est un film, alors nous sommes tous des acteurs et des actrices, au service du divin metteur en scène… 

Certains ont les rôles principaux, d’autres des plus petits rôles, certains pourraient même penser qu’ils ne sont que des figurants… Mais chaque rôle compte et a pleinement place dans le « film » que nous sommes en train de tourner. 

Comme dans le cinéma, il y a des gros films, avec un budget colossal, des décors et des costumes grandioses, des effets spéciaux spectaculaires... Et puis il y a des petits films, avec un budget limité, quelques acteurs seulement et une mise en scène sobre. Mais ce n’est pas le budget du film qui garantit sa qualité. Il y a des films très chers qui n’ont aucun intérêt et qui sont très vite oubliés. Et puis il y a des petits films qui ont une grande valeur et un impact immense sur les spectateurs. 

Le plus important, ce n’est pas le budget et les moyens, c’est de faire, avec les moyens qui sont à disposition, le meilleur film possible, qui va pouvoir toucher ceux qui en feront l’expérience. Il en va de même pour l’Eglise. La question à se poser est la suivante : Comment, avec les moyens forcément limités qui sont les nôtres, faire la meilleure Eglise possible ?

Si on prolonge la métaphore, on peut dire que pour qu’un film soit réussi, il faut que chaque acteur (et chaque actrice) soit pleinement investi dans son rôle. Toutefois, le résultat final n’est pas entre les mains des acteurs mais du réalisateur. 

Dans ces conditions, une clé pour la réussite d’un tournage de film, c’est la confiance. Pour s’investir pleinement, il y a besoin d’être en confiance…


Avoir confiance dans le réalisateur

Un acteur ou une actrice doit avoir une pleine confiance dans le réalisateur pour pouvoir totalement s’investir dans son rôle. Il doit avoir confiance dans ses indications de mise en scène, dans sa vision film, dans la façon dont il va faire usage des images tournées. Quelles prises va-t-il garder ? Quelles scènes va-t-il couper au montage ? Quel film va-t-il fabriquer avec les images qui seront tournées ?

Un bon réalisateur saura donner des indications suffisamment précises aux acteurs tout en laissant leur personnalité et leur sensibilité s’exprimer. Il saura s’adapter à ses acteurs tout en gardant sa vision d’ensemble, son projet pour le film. C’est la condition pour qu’un climat de confiance se développe avec ses acteurs. 

Par ailleurs, si les acteurs n’en font qu’à leur tête, il sera impossible d’avoir un film cohérent et bien peu de chance qu’il soit réussi. 

De même, dans l’Eglise, il est essentiel que chacun joue pleinement son rôle, petit ou grand, tout en faisant confiance à Celui qui, de manière souveraine, poursuit la réalisation de son projet. 

Avoir confiance entre acteurs

Si un climat de confiance doit régner entre les acteurs et le réalisateur, la confiance doit aussi régner entre les acteurs. Sur les plateaux de tournage, parfois il y a des conflits et des rivalités entre acteurs… Il y a ceux qui veulent avoir toute lumière sur eux, ceux qui se plaignent que leur rôle ne les met pas assez en valeur, etc. Evidemment, toute ressemblance avec ce qui peut se passer parfois dans Eglises est purement fortuite… 

En réalité, sur un tournage, les acteurs sont appelés à être des partenaires, cherchant à se mettre en valeur les uns les autres. C’est aussi une question de confiance, où les acteurs confirmés ont une responsabilité particulière à l’égard des novices. 

Dans l’Eglise aussi, il est vital de développer une confiance mutuelle, des relations saines et paisibles, qui cherchent à valoriser l’autre et non tirer la couverture à soi. De cette façon l’Eglise ne sera pas une somme d’individualités mais une équipe soudée, une communauté unie dans un projet partagé, un peu comme une troupe de comédiens au service du même film.

Comme sur un plateau de tournage, les « anciens » ont une responsabilité particulière à l’égard des nouveaux, des jeunes et des novices dans Eglise… pour leur laisser une place, les mettre en valeur.

A la confiance, sur un tournage, entre les acteurs et le metteur en scène, et aussi entre les acteurs eux-mêmes correspond le même double impératif de confiance dans l’Eglise. Il s’agit de développer et de vivre la confiance les uns envers les autres, et de garder en toutes circonstances confiance en Dieu, le divin réalisateur, être toujours à l’écoute de ses indications pour agir selon sa Parole.


De la confiance… et de l’amour

Cette double dimension de la confiance est bien dans l’esprit de l’Evangile ! Elle peut faire référence aux deux commandements inséparables de l’amour pour Dieu et de l’amour pour le prochain. La confiance n’est-elle pas une expression de l’amour ? Peut-il seulement y avoir de l’amour sans confiance ? 

On peut penser ici à la fameuse exhortation de Jésus à ses disciples, parmi ses dernières recommandations, alors que son temps est compté et qu’il sera bientôt arrêté et condamné à mort :

Jean 13.34-35
34 Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Il faut que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. 35 Si vous avez de l'amour les uns pour les autres, alors tous sauront que vous êtes mes disciples.

Jésus dit à disciples qu’il leur donne un commandement nouveau… mais qu’est-ce qui est nouveau ? « Aimez-vous les uns les autres » c’est la base ! Jésus n’invente rien. C’est aussi vieux que la Bible !

Ce qui est nouveau, ce n’est pas « aimez-vous les uns les autres », c’est le « comme je vous ai aimés » de Jésus. Ce qui est nouveau, c’est le modèle d’amour que nous trouvons dans le Christ. Un modèle de service et de don soi. 

Par son incarnation, le Fils de Dieu est devenu homme. Il s’est fait serviteur et s’est donné totalement. C’est l’hymne christologique Philippiens 2… 

Oserais-je le transcrire dans ma métaphore cinématographique ? Ne peut-on pas dire que le Christ a quitté sa position de réalisateur pour devenir acteur. Acteur parmi les acteurs, totalement investi au service film de l’histoire humaine. Et pour quel genre de rôle est-il venu ? Non pas un super-héros… mais un serviteur !

Le type de serviteur valorisé par Jésus-Christ c’est le serviteur digne de confiance, sur qui on peut compter, en toutes circonstances. 

Si dans l’Eglise on arrive à vivre cet idéal du service, alors la confiance mutuelle s’affermira. Si on joue sa carte personnelle, dans des jeux de pouvoir et d’influence, alors la confiance va s’effriter. Et ça se verra… parce que c’est dans la confiance que l’amour peut pleinement s’exprimer. 

L’enjeu est de taille, c’est celui du témoignage. « Si vous avez de l'amour les uns pour les autres, alors tous sauront que vous êtes mes disciples. »  Notez que cela sous-entend que si ce n’est pas le cas, s’il n’y a pas d’amour les uns pour autres, comment les gens pourront-ils savoir que nous sommes disciples Christ ? Nos belles paroles, nos prédications et nos chants ne suffiront pas… ils seront contredits par ce que les gens verront. 

C’est un peu comme un film très mal doublé où ce qu’on entend ne correspond pas du tout à ce qu’on voit !

Il faut que notre amour se voie, qu’il se manifeste concrètement, dans la confiance mutuelle, mais aussi dans l’écoute, le respect, l’encouragement, l’accueil, la solidarité, la prière uns pour les autres, etc. Voilà ce qui pourra donner du poids à nos paroles, à notre témoignage. 

Bref, le message Jésus à ses disciples est clair : si vous avez de l’amour les uns pour autres, ça se verra… Et le contraire se verra aussi !


Conclusion

Avant de conclure, je reviens à ma métaphore. Si l’Eglise est un film, alors nous sommes tous des acteurs et des actrices, au service du divin metteur en scène… Pour que le film soit réussi, il faut que chaque acteur soit pleinement investi dans son rôle. Toutefois, le résultat final n’est pas entre les mains des acteurs mais du réalisateur. 

Derrière cette métaphore, il y a la tension féconde de la foi. La confiance, c’est la foi. Dans le Nouveau Testament, le même mot grec peut être traduit par l’un ou par l’autre. Or l’apôtre Paul associe la foi/confiance à l’espérance et à l’amour, dans un triptyque indissociable : « Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour ; mais la plus grande des trois est l'amour. » (1 Co 13.13)

On pourrait faire de ce triptyque une trilogie pour l’Eglise… La confiance aujourd’hui. L’espérance pour demain. L’amour toujours. Voilà le cœur du scénario que toute Eglise est appelée à incarner, pour accomplir sa mission. 

Le plein investissement de chacun est important, tout en plaçant notre confiance en Dieu. Pour accomplir notre mission en tant qu’Eglise :

  • Développons notre foi, notre confiance en Dieu, et entretenons la confiance les uns envers les autres. 
  • Soyons toujours animés d’espérance, car c’est aussi une forme de confiance placée en Dieu, qui va accomplir son projet.
  • Enfin, par-dessus tout, aimons-nous les uns les autres, en puisant notre amour dans l’amour parfait de Dieu manifesté en Jésus-Christ. 

Quel que soit le « genre cinématographique » de notre Eglise, la clé pour un film réussi, impactant et pertinent est dans cette trilogie : confiance, espérance et amour. Car c’est le Seigneur qui, finalement, réalisera son projet selon sa volonté. 




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