Le thème du dernier Synode de l’UEEL était : « L’Eglise dans le projet de Dieu pour le monde ». A cette occasion, un petit livret a été confectionné autour de ce thème, décliné en 4 parties.
- Unis en Christ
- Singuliers
- En comme(une)union
- En mouvement
Nous allons commencer ce matin une mini-série de 4 prédications reprenant chacune de ces parties.
Dans le livret, une citation est mise en exergue pour chaque partie, issue de différentes rencontres préparatoires au Synode. Elles donnent une orientation à chaque chapitre. Pour la première partie, « Unis en Christ », la citation est issue d’une rencontre transversale entre différentes commissions de l’UEEL : « Notre foi est définie par un cœur et non des frontières. »
Par ailleurs, pour cette première thématique, un texte biblique est également proposé, tiré de l’épître aux Ephésiens, au chapitre 4. Je vous propose de le lire à partir du verset 3.
Ephésiens 4.3-63Efforcez-vous de maintenir l'unité que donne l'Esprit saint par la paix qui vous lie les uns aux autres. 4Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même qu'il y a une seule espérance à laquelle Dieu vous a appelés. 5Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; 6il y a un seul Dieu, le Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous et demeure en tous.
Précisons d’abord quelques éléments de compréhension de ce texte dense.
En premier lieu, dans l’épître aux Ephésiens, quand il est question de l’Eglise, il s’agit en général de ce qu’on appelle l’Eglise universelle, le corps de Christ, l’ensemble des croyants. Mais ce qui est dit de l’Eglise universelle concerne aussi, par ricochet, toute Eglise locale. C’est le cas dans la mesure où une Eglise locale a pour vocation d’être une expression locale et visible de l’Eglise universelle, invisible.
Notons ensuite que le texte s’articule en deux temps, avec d’abord une exhortation (v.3) et ensuite une affirmation massive (v.4-6).
L’exhortation du verset 3 nous invite à nous efforcer de maintenir, ou garder l’unité. Deux choses sont à noter dans ce verset :
- 1° Il y a un effort à faire de notre part. Nous avons une responsabilité dans l’unité de l’Eglise : nous sommes appelés à travailler, à fournir des efforts pour elle. Et l’apôtre ne s’adresse pas à quelques-uns seulement, qui seraient des spécialistes de l’unité de l’Eglise. Ça devrait être l’affaire de tous !
- 2° La responsabilité qui est la nôtre, ce n’est pas d’établir l’unité mais de la maintenir. Nous n’avons pas à construire l’unité mais la garder. En effet, cette unité, elle nous est donnée par Dieu, grâce à Jésus-Christ, elle est l’œuvre de l’Esprit saint, qui nous lie les uns aux autres par la paix.
Cette unité que nous sommes appelés à garder, à vivre, elle est ensuite massivement proclamée dans les versets 4-6. Il y a tous ces « un seul » qui se répètent, et qui se terminent avec les quatre « tous » du verset 6. L’affirmation est massive. Indubitable. Centrale.
A noter que cette affirmation de l’unité de l’Eglise est discrètement, mais clairement, trinitaire. Il y a en effet 1° l’Esprit (v.4), 2° le Seigneur qui est Jésus-Christ, le Fils (v.5), et 3° le Père (v.6). L’unité de l’Eglise est un impératif du Dieu trinitaire. A cause de l’unique Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, l’Eglise est appelée à être une dans sa diversité. On pourrait dire que l’Eglise est un mystère de l’unité dans la diversité, comme l’est l’unique Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.
Venons-en maintenant à quelques leçons que nous pouvons tirer de ce texte… Je vous en propose trois, évidemment il pourrait y en avoir beaucoup plus !
1. L’unité de l’Eglise va de pair avec son universalité
C’est, dans notre texte, les « un seul » qui conduisent aux « tous ». L’unité de l’Eglise ne peut pas être une unité frileuse et craintive, une unité de repli ou de retranchement... qui, en réalité, aurait tout d’un réflexe sectaire. L’Eglise n’est pas un camp retranché ou une résidence privée sécurisée ! Elle ne peut pas être unie en se retirant du monde, parce qu’elle oublierait alors sa vocation à l’universalité.
L’unité de l’Eglise ne peut être qu’une unité d’ouverture. L’Eglise doit ressembler à un abri ouvert et accessible, un gîte accueillant. Elle est faite pour tous… ou elle n’est pas vraiment l’Eglise. C’est ici que je reprendrai la citation en exergue du livret. « Notre foi est définie par un cœur et non des frontières. » L’unité de l’Eglise ne se nourrit pas des barrières qu’elle érigerait pour se protéger mais du cœur qui l’anime.
On n'est pas unis quand on est bien entre nous, on est unis quand on accomplit ensemble notre vocation commune, universelle.
Les barrières sont tout ce que nous construisons, consciemment ou non, pour nous protéger de ce qui est perçu comme un danger. Tout ce qui nous coupe ou nous met à distance de nos contemporains. Elles sont motivées par la peur…
Le cœur qui nous anime, c’est la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Une bonne nouvelle proclamée et vécue. La Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, de sa grâce, de l’espérance que nous trouvons dans ses promesses. Elle procure la joie et la paix.
2. L’unité de l’Eglise est l’œuvre de l’Esprit saint
Le garant de l’unité de l’Eglise, c’est le Saint-Esprit. Il y a un seul corps et un seul Esprit. Les deux sont indissociables. Le corps, ici, c’est l’Eglise. Sans le Saint-Esprit, il n’y a pas d’unité de l’Eglise… il n’y a même pas d’Eglise !
L’Eglise est un corps vivant, animé par l’Esprit saint. Elle n’est pas simplement une organisation humaine, une institution, même ordonnée par Dieu. L’Eglise est le corps de Christ.
Dans le jardin d’Eden, la Genèse raconte la création de l’humanité ainsi :
Genèse 2.7Le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet être humain devint vivant.
Dieu a façonné l’homme à partir de la poussière du sol mais il a fallu qu’il insuffle dans ses narines le souffle de vie pour qu’il devienne un être vivant. J’ai l’impression qu’il peut y avoir comme un écho à ce récit dans la façon d’évoquer l’Eglise comme un corps, et d’y associer aussitôt l’Esprit. L’Eglise est un corps, mais elle n’est un corps vivant que par l’Esprit saint qui lui insuffle la vie. L’Eglise est un corps spirituel, c’est-à-dire un corps animé par l’Esprit saint.
On peut envisager tous les projets possibles, mettre en œuvre toutes les stratégies de communication imaginables, structurer et organiser l’Eglise de la manière la plus efficace… si on ne vit pas l’Eglise dans la dépendance du Seigneur, animé par son Esprit, tout cela est vain. Les « succès » ne seraient qu’illusoires et trompeurs.
Si nous ne mettons pas la prière, l’écoute de Dieu, au cœur de notre vie d’Eglise, nous prenons le risque d’oublier l’essentiel : l’Esprit de Dieu qui doit nous animer.
3. L’unité de l’Eglise est une espérance en marche
Une autre terme clé associé à l’Eglise dans notre texte, c’est l’espérance. « Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même qu'il y a une seule espérance à laquelle Dieu vous a appelés. »
Je rappelle que l’espérance chrétienne n’est pas un vague espoir d’un avenir meilleur, elle est l’assurance que le projet de Dieu est en marche et qu’il s’accomplira pleinement au jour décidé par le Seigneur. L’unité de l’Eglise fait partie de ce projet.
L’Eglise est appelée à être une communauté d’espérance. Une communauté en espérance. C’est-à-dire toujours en mouvement, en évolution, jamais figée. Comme le dit notre texte, il s’agit de maintenir l’unité que donne l’Esprit saint… Mais maintenir l’unité, ce n’est pas l’enfermer sous clé, c’est la faire vivre. L’unité de l’Eglise ne peut être qu’une espérance, une dynamique en marche. Elle nous est donnée… mais n’est jamais définitivement acquise.
Concrètement, comment pourrons-nous être demain plus unis qu’aujourd’hui ? Entre nous. Avec les autres communautés. Comment pouvons-nous progresser dans notre perception de l’Eglise universelle, corps de Christ ?
On ne maintient l’unité qu’en la faisant vivre, en la vivant comme une espérance.
Conclusion
Il n’y a rien de plus excitant et porteur de promesse que de travailler à l’unité de l’Eglise. C’est un des aspects de l’espérance chrétienne, un signe du Royaume de Dieu qui vient.
Travailler à l’unité de l’Eglise, ce n’est pas vivre dans l’entre-soi, car l’unité va de pair avec l’universalité. Ce n’est pas faire de l’Eglise un projet personnel et humain, car elle est l’œuvre de Dieu par son Esprit. Ce n’est pas se figer ou s’arcbouter sur ses acquis, car c’est s’ouvrir à une espérance en marche, celle du Royaume de Dieu.
Alors efforçons-nous de maintenir l’unité que donne l’Esprit saint par la paix qui nous lie les uns aux autres !
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