Lecture : Colossiens 1.15-20
Ces versets constituent un hymne à la gloire du Christ. Peut-être s'agissait-il d'un texte liturgique existant par ailleurs, que Paul aurait inséré dans sa lettre, à la suite de sa prière d'action de grâce et avant une exhortation. De toute façon, ces versets forment un tout cohérent d'une grande richesse théologique.
En examinant le texte original grec, deux parties semblent apparaître clairement. La première (v.15-18a) centrée sur l'oeuvre de création associée au Christ, la deuxième (v.18b-20) centrée sur son œuvre de réconciliation.
Au cœur de cet hymne, le verset 18 apparaît presque comme un intrus, sans lien évident avec les versets précédents : « C'est lui qui est la tête du corps, c'est-à-dire de l’Église ». Mais c'est une affirmation qui se justifie pleinement, notamment pour le propos de l'apôtre. L’Église, c'est ce qui nous relie au Christ dans cet hymne. L’Église c'est nous, l'ensemble de ceux qui appartiennent au Christ, les croyants de tous les temps et de partout. Et nous sommes le corps dont le Christ est la tête. Ce qui est dit du Christ ici nous concerne en tant que corps du Christ.
Il est l'image du Dieu invisible, c'est en lui et par lui que tout a été créé, ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, le monde matériel, le monde spirituel, l'univers entier... La tête, l'autorité, le chef de l’Église, c'est ce Christ-là ! Ça nous dit bien quelque chose de l’Église...
Et puis le Christ n'est pas seulement à l'origine de tout le monde créé, il est aussi celui par qui le monde est sauvé. Par lui, Dieu est venu parmi nous faire œuvre de réconciliation. Il est venu sauver ce monde qui s'est écarté de son Créateur. Au passage, remarquez comme Paul souligne la dimension cosmique de l'oeuvre de salut de Dieu : elle concerne l'ensemble de la création, « sur la terre et dans le ciel »... L’Église n'est, finalement, qu'une petite parcelle de cette œuvre de réconciliation.
On comprend pourquoi, par cette vision grandiose du Christ, il est essentiel que l’Église soit un corps qui ne perde pas la tête !
1. Une tête universelle
La dimension universelle du Christ et la dimension cosmique de son œuvre nous poussent à une compréhension universelle de l’Église. Dans l'Apocalypse, la vision du « peuple innombrable », sans nul doute symbole de l’Église, nous est décrit comme un peuple issu « de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. » (Ap 7.9). Le projet de Dieu pour son Église est universel.
Cela implique, évidemment, le refus de tout replis sectaire. Comment prétendre croire à une Église universelle si nous pensons être les seuls à détenir la vérité ? Le seul fait de penser « détenir » la vérité est suspect. Du point de vue des évangiles, la vérité, c'est la personne du Christ, pas une confession de foi...
Pour avoir une vision correcte de l’Église, il faut nécessairement élargir notre regard bien au-delà de « son » Église locale ! Et pas seulement en théorie... Mais en profitant des occasions qui se présentent pour rencontrer d'autres Églises, prier avec d'autres chrétiens. C'est incohérent de dire : « Oui, je crois à l’Église universelle... mais je ne m'intéresse qu'à mon Église locale ! » L'oecuménisme, dans le sens de la communion dans la diversité de l’Église universelle n'est pas une option. Ce devrait être une composante essentielle de notre vie de chrétien.
Mais il y a aussi l'accueil de la diversité interne de l’Église, comme une expression locale de l’universalité de l’Église. Rien n'est plus contraire au projet de Dieu pour son Église qu'une communauté complètement uniforme où tout le monde marche droit, au même rythme, dans une discipline de fer. Ça, c'est l'armée. Pas l’Église...
2. La tête, c'est le chef !
La métaphore du Christ comme tête du corps affirme l'autorité suprême du Christ sur son Église. Une autorité ici magnifiée par l'ensemble de l'hymne et son évocation glorieuse de la personne du Christ.
C'est, du coup, une mise en garde contre toute autorité humaine qui voudrait un tant soit peu prendre la place de la tête... Dans l’Église, l'autorité n'appartient pas au pasteur, ou au conseil, ou aux membres les plus anciens, ou à celui qui parle le plus fort ou prie le plus longtemps. L'autorité, c'est le Christ et sa Parole. Toute autre autorité dans l’Église est relative et subordonnée au Christ. Comme il est triste que si souvent, dans les Églises, il y ait tant de jeux de pouvoirs... A force de jeux de pouvoirs, il y a des Églises qui finissent pas se couper la tête... en se coupant de l'autorité du Christ.
C'est lui, le Christ, qui est le chef ! Et ça doit se voir. Le Christ doit être omniprésent, au cœur de la vie de l’Église. Sans cette centralité du Christ, nous ne sommes plus une Église... tout au plus une association cultuelle, une amicale de chrétiens.
Comment se manifeste, concrètement, la centralité du Christ dans l’Église ? Peut-être d'abord à la place qu'il occupe dans nos motivations et nos objectifs.
- Pourquoi venir au culte ou assister aux différentes réunions ? Pour rencontrer des amis ou même recharger ses batteries spirituelles ? Non.. d'abord pour rencontrer le Christ !
- Pourquoi louer Dieu, chanter et prier ? Pour passer un bon moment, se faire du bien, vivre une expérience intense ? Non... pour glorifier le Christ !
- Pourquoi annoncer l’Évangile ? Pour faire grandir l’Église, remplir les chaises vides, pouvoir se mesurer aux autres Églises ? Non... Pour glorifier le Christ, seul Sauveur du monde !
3. Une seule idée en tête : la réconciliation
L'accent porté, dans la deuxième moitié de notre texte, sur l'oeuvre de réconciliation du Christ a forcément une incidence sur notre compréhension de l’Église. Affirmer que le Christ est la tête de l’Église, c'est affirmer qu'il est à l'oeuvre dans son Église. Et que son objectif, la seule idée que Dieu a en tête, c'est la réconciliation. La réconciliation avec Dieu, bien-sûr, mais sans doute aussi la réconciliation les uns avec les autres.
L’Église est une communauté de rachetés, des hommes et des femmes pardonnés et déclarés justes par la mort du Christ, réconciliés avec Dieu. Une communauté d'hommes et de femmes « saints, purs et sans faute. » (v.22). Du moins aux yeux de Dieu ! Parce qu'on est assez loin de ça dans la réalité. Mais même avec nos faiblesses, nos sales caractères, nos cœurs pas toujours purs, nos motivations pas toujours saintes, nous nous présentons devant un Dieu qui nous accueille comme si nous étions saints, purs et sans faute.
Dieu ne nous voit pas tels que nous sommes vraiment mais tel que nous sommes en Christ. On pourrait dire, tel que nous serons lorsque l'oeuvre du Christ en nous sera pleinement accomplie. Il ne voit pas d'abord nos failles, nos limites et nos erreurs. Il voit notre potentiel pleinement révélé par l'oeuvre du Christ.
Du coup, je me demande : et nous ? Quel regard portons-nous les uns sur les autres ? Est-ce que nous voyons notre frères, notre sœur, tels qu'ils sont aujourd'hui ou tels qu'ils peuvent devenir en Christ ? Est-ce que nous leur donnons la chance de changer, ou plutôt d'être changés par le Christ, ou les enfermons-nous dans des cases, des chaînes, par un regard de jugement ?
Et si nous sommes une communauté de réconciliés avec Dieu, vivons-nous la réconciliation entre nous ? Ou nous accommodons-nous de vivre avec des rancœurs, des conflits, des ressentiments envers notre frère ou notre sœur ?
Conclusion
L'Église est un corps qui ne doit pas perdre la tête. Le Christ est son chef, et ça doit se voir. En ce qui concerne l’Église universelle, pas de risque : le Seigneur lui-même s'en occupe. Mais pour les Églises locales, l'exhortation doit être prise au sérieux.
D'autant que, malheureusement, l'histoire de l’Église est pleine d'exemples où les Églises ont perdu la tête, devenant un corps sans tête, ou un monstre à plusieurs têtes.
Jésus-Christ est l'unique chef de l’Église. Comment pourrait-il en être autrement :
« Il est le commencement,
celui qui, le premier, s'est levé de la mort,
pour être le premier de tous, toujours et partout. »
Ces versets constituent un hymne à la gloire du Christ. Peut-être s'agissait-il d'un texte liturgique existant par ailleurs, que Paul aurait inséré dans sa lettre, à la suite de sa prière d'action de grâce et avant une exhortation. De toute façon, ces versets forment un tout cohérent d'une grande richesse théologique.
En examinant le texte original grec, deux parties semblent apparaître clairement. La première (v.15-18a) centrée sur l'oeuvre de création associée au Christ, la deuxième (v.18b-20) centrée sur son œuvre de réconciliation.
Au cœur de cet hymne, le verset 18 apparaît presque comme un intrus, sans lien évident avec les versets précédents : « C'est lui qui est la tête du corps, c'est-à-dire de l’Église ». Mais c'est une affirmation qui se justifie pleinement, notamment pour le propos de l'apôtre. L’Église, c'est ce qui nous relie au Christ dans cet hymne. L’Église c'est nous, l'ensemble de ceux qui appartiennent au Christ, les croyants de tous les temps et de partout. Et nous sommes le corps dont le Christ est la tête. Ce qui est dit du Christ ici nous concerne en tant que corps du Christ.
Il est l'image du Dieu invisible, c'est en lui et par lui que tout a été créé, ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, le monde matériel, le monde spirituel, l'univers entier... La tête, l'autorité, le chef de l’Église, c'est ce Christ-là ! Ça nous dit bien quelque chose de l’Église...
Et puis le Christ n'est pas seulement à l'origine de tout le monde créé, il est aussi celui par qui le monde est sauvé. Par lui, Dieu est venu parmi nous faire œuvre de réconciliation. Il est venu sauver ce monde qui s'est écarté de son Créateur. Au passage, remarquez comme Paul souligne la dimension cosmique de l'oeuvre de salut de Dieu : elle concerne l'ensemble de la création, « sur la terre et dans le ciel »... L’Église n'est, finalement, qu'une petite parcelle de cette œuvre de réconciliation.
On comprend pourquoi, par cette vision grandiose du Christ, il est essentiel que l’Église soit un corps qui ne perde pas la tête !
1. Une tête universelle
La dimension universelle du Christ et la dimension cosmique de son œuvre nous poussent à une compréhension universelle de l’Église. Dans l'Apocalypse, la vision du « peuple innombrable », sans nul doute symbole de l’Église, nous est décrit comme un peuple issu « de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. » (Ap 7.9). Le projet de Dieu pour son Église est universel.
Cela implique, évidemment, le refus de tout replis sectaire. Comment prétendre croire à une Église universelle si nous pensons être les seuls à détenir la vérité ? Le seul fait de penser « détenir » la vérité est suspect. Du point de vue des évangiles, la vérité, c'est la personne du Christ, pas une confession de foi...
Pour avoir une vision correcte de l’Église, il faut nécessairement élargir notre regard bien au-delà de « son » Église locale ! Et pas seulement en théorie... Mais en profitant des occasions qui se présentent pour rencontrer d'autres Églises, prier avec d'autres chrétiens. C'est incohérent de dire : « Oui, je crois à l’Église universelle... mais je ne m'intéresse qu'à mon Église locale ! » L'oecuménisme, dans le sens de la communion dans la diversité de l’Église universelle n'est pas une option. Ce devrait être une composante essentielle de notre vie de chrétien.
Mais il y a aussi l'accueil de la diversité interne de l’Église, comme une expression locale de l’universalité de l’Église. Rien n'est plus contraire au projet de Dieu pour son Église qu'une communauté complètement uniforme où tout le monde marche droit, au même rythme, dans une discipline de fer. Ça, c'est l'armée. Pas l’Église...
2. La tête, c'est le chef !
La métaphore du Christ comme tête du corps affirme l'autorité suprême du Christ sur son Église. Une autorité ici magnifiée par l'ensemble de l'hymne et son évocation glorieuse de la personne du Christ.
C'est, du coup, une mise en garde contre toute autorité humaine qui voudrait un tant soit peu prendre la place de la tête... Dans l’Église, l'autorité n'appartient pas au pasteur, ou au conseil, ou aux membres les plus anciens, ou à celui qui parle le plus fort ou prie le plus longtemps. L'autorité, c'est le Christ et sa Parole. Toute autre autorité dans l’Église est relative et subordonnée au Christ. Comme il est triste que si souvent, dans les Églises, il y ait tant de jeux de pouvoirs... A force de jeux de pouvoirs, il y a des Églises qui finissent pas se couper la tête... en se coupant de l'autorité du Christ.
C'est lui, le Christ, qui est le chef ! Et ça doit se voir. Le Christ doit être omniprésent, au cœur de la vie de l’Église. Sans cette centralité du Christ, nous ne sommes plus une Église... tout au plus une association cultuelle, une amicale de chrétiens.
Comment se manifeste, concrètement, la centralité du Christ dans l’Église ? Peut-être d'abord à la place qu'il occupe dans nos motivations et nos objectifs.
- Pourquoi venir au culte ou assister aux différentes réunions ? Pour rencontrer des amis ou même recharger ses batteries spirituelles ? Non.. d'abord pour rencontrer le Christ !
- Pourquoi louer Dieu, chanter et prier ? Pour passer un bon moment, se faire du bien, vivre une expérience intense ? Non... pour glorifier le Christ !
- Pourquoi annoncer l’Évangile ? Pour faire grandir l’Église, remplir les chaises vides, pouvoir se mesurer aux autres Églises ? Non... Pour glorifier le Christ, seul Sauveur du monde !
3. Une seule idée en tête : la réconciliation
L'accent porté, dans la deuxième moitié de notre texte, sur l'oeuvre de réconciliation du Christ a forcément une incidence sur notre compréhension de l’Église. Affirmer que le Christ est la tête de l’Église, c'est affirmer qu'il est à l'oeuvre dans son Église. Et que son objectif, la seule idée que Dieu a en tête, c'est la réconciliation. La réconciliation avec Dieu, bien-sûr, mais sans doute aussi la réconciliation les uns avec les autres.
L’Église est une communauté de rachetés, des hommes et des femmes pardonnés et déclarés justes par la mort du Christ, réconciliés avec Dieu. Une communauté d'hommes et de femmes « saints, purs et sans faute. » (v.22). Du moins aux yeux de Dieu ! Parce qu'on est assez loin de ça dans la réalité. Mais même avec nos faiblesses, nos sales caractères, nos cœurs pas toujours purs, nos motivations pas toujours saintes, nous nous présentons devant un Dieu qui nous accueille comme si nous étions saints, purs et sans faute.
Dieu ne nous voit pas tels que nous sommes vraiment mais tel que nous sommes en Christ. On pourrait dire, tel que nous serons lorsque l'oeuvre du Christ en nous sera pleinement accomplie. Il ne voit pas d'abord nos failles, nos limites et nos erreurs. Il voit notre potentiel pleinement révélé par l'oeuvre du Christ.
Du coup, je me demande : et nous ? Quel regard portons-nous les uns sur les autres ? Est-ce que nous voyons notre frères, notre sœur, tels qu'ils sont aujourd'hui ou tels qu'ils peuvent devenir en Christ ? Est-ce que nous leur donnons la chance de changer, ou plutôt d'être changés par le Christ, ou les enfermons-nous dans des cases, des chaînes, par un regard de jugement ?
Et si nous sommes une communauté de réconciliés avec Dieu, vivons-nous la réconciliation entre nous ? Ou nous accommodons-nous de vivre avec des rancœurs, des conflits, des ressentiments envers notre frère ou notre sœur ?
Conclusion
L'Église est un corps qui ne doit pas perdre la tête. Le Christ est son chef, et ça doit se voir. En ce qui concerne l’Église universelle, pas de risque : le Seigneur lui-même s'en occupe. Mais pour les Églises locales, l'exhortation doit être prise au sérieux.
D'autant que, malheureusement, l'histoire de l’Église est pleine d'exemples où les Églises ont perdu la tête, devenant un corps sans tête, ou un monstre à plusieurs têtes.
Jésus-Christ est l'unique chef de l’Église. Comment pourrait-il en être autrement :
« Il est le commencement,
celui qui, le premier, s'est levé de la mort,
pour être le premier de tous, toujours et partout. »
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