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Lecture biblique : Jérémie 9.1-8
Tous pourris ! Tous des menteurs ! Voilà un peu le sentiment que nous pouvons avoir en lisant ce texte de Jérémie.
C'est même l'avis du Seigneur lui-même qui semble en avoir marre de son peuple. Il rêve presque de s'en débarrasser (v.1) ! C'est bien-sûr une image qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre... mais qui exprime bien le désarroi de Dieu, sa déception devant son peuple.
Les prophètes qui se sont levés juste avant l'exil ont adressé au nom du Seigneur de nombreux reproches au peuple, et en particulier à ses dirigeants. L'idolâtrie, l'injustice, la corruption, la débauche et bien d'autres maux étaient dénoncés.
Le reproche principal, ici, c'est le mensonge. Et un mensonge généralisé : chez les dirigeants du peuple : « ils sont devenus maîtres du pays non pas grâce à la vérité, mais grâce au mensonge » (v.2) mais aussi dans le quotidien des relations : « Chacun doit se méfier de son ami, personne ne doit faire confiance à son frère. Tout frère est un trompeur. » (v.3)
Et, ironie, c'est l'exemple de Jacob, l'ancêtre du peuple d'Israël, qui est évoqué : « Comme Jacob, il vous trompera sûrement. » (v.3). Une référence à son stratagème pour voler le droit d'aînesse à son frère Esaü.
Du coup, la conclusion est sans appel : « Chacun trompe son prochain, personne ne dit la vérité, tous ont pris l'habitude de mentir. » (v.4) Ou comme le traduit la NBS : « ils exercent leur langue à proférer des mensonges ! » Le mensonge est alors presque un sport national en Juda, tous en sont devenu des experts !
Pourquoi une telle véhémence contre le mensonge ? Où sont, aujourd'hui, les mensonges à dénoncer, dans notre société, mais aussi dans notre vie ?
Avec le mensonge, le ver est dans la pomme !
Dans la Bible, le mensonge est à la racine du péché. Tout a commencé à mal tourner à cause du mensonge du serpent : « Vous ne mourrez pas mais vous deviendrez comme Dieu ! » (Genèse 3.4) En laissant ce mensonge pénétrer son esprit, Eve a laissé le ver entrer dans la pomme. Car c'était un double mensonge. Un mensonge sur Dieu, qui mettait en doute sa parole et le faisait menteur. Mais aussi un mensonge sur nous-mêmes, en faisant croire que nous pouvions devenir comme Dieu.
Dans le discours des prophètes, le mensonge est associé aux faux dieux, aux idoles. Ce sont des dieux de mensonge qui trompent leur adorateur. Ou plutôt ce sont les adorateurs qui se trompent eux-mêmes et qui se trompent sur Dieu.
« Tous les fondeurs ont honte de leurs faux dieux.
Ces statues sont trompeuses :
il n'y a en elles aucun souffle de vie. » (Jérémie 10.14)
Le mensonge éloigne du vrai Dieu. « Il ne me connaissent pas » (v.2). Le Décalogue mettait en garde contre ce danger : « Je suis le Seigneur ton Dieu. Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face ».
Mais le mensonge brise aussi ma relation à mon prochain : la confiance est remplacée par la méfiance. Dans notre texte de Jérémie, ce sont bien les conséquences du mensonge qui sont dénoncées : la violence, les crimes, la trahison... C'est pourquoi, dans le Décalogue, il n'y a pas le commandement « Tu ne mentiras pas », qui serait abstrait et absolu. Mais « Tu ne porteras pas de faux témoignage ». C'est le mensonge pour nuire.
Où sont les mensonges aujourd'hui, dans notre société ? Il y a bien-sûr les magouilles des puissants, les petits (ou gros) arrangements dans le monde des affaires, la fraude ou l'évasion fiscale. Mais on peut penser aussi aux mensonges de promesses électorales oubliées aussitôt après avoir été élu, ou de certains discours politiques qui érigent les uns ou les autres en boucs émissaires, responsables de tous les maux. Sans oublier les mensonges des publicités vantant les mérites de telle lessives ou tel produit cosmétique miracle, les mensonges « photoshopés » des canons de beauté qui ornent les couvertures des magazines.
Veillons à ne pas tomber dans les pièges de ces mensonges... Soutenons les organismes qui militent pour plus de transparence et d'intégrité, comme le Défi Michée et son plaidoyer contre la corruption. Recherchons une vie simple, authentique, intègre.
Car la mise en garde est vraie aussi pour notre pomme ! Nous avons tous des zones d'ombres dans notre vie, des chose que nous préférons cacher, y compris à nos proches. Où sont les mensonges dans notre vie ? Comment affectent-ils notre relation avec Dieu, comment altèrent-ils nos relations avec nos proches ?
La vérité pour vaincre le mensonge
Dénoncer le mensonge, c'est aussi promouvoir la vérité. Non pas au sens d'une vérité absolue qu'il conviendrait de connaître, voire de posséder. C'est une illusion, donc un mensonge, de prétendre détenir la vérité !
Il n'y a pas de vérité à détenir, il n'y a qu'une vérité à vivre. Jésus ne l'a-t-il pas dit lorsqu'il se définit lui-même comme « le chemin, la vérité et la vie » ? La vérité ici, ce n'est pas le dernier mot sur tout, ce n'est pas un discours, un dogme ou une connaissance. La vérité, c'est la personne de Jésus. Le Fils de Dieu fait homme pour nous ouvrir le chemin de la vie.
Le mensonge n'est vaincu que lorsqu'il est remplacé par la vérité. Lorsque la tromperie a laissé place à l'intégrité, lorsque la manipulation est devenue service, lorsque l'hypocrisie a disparu au profit de l'authenticité, lorsque la méfiance est remplacée par la confiance...
C'est cette vérité-là que nous devons rechercher. C'est pourquoi l'apôtre Jean, dans sa première épître, trace un lien étroit entre la vérité et l'amour. « Si quelqu'un dit 'je connais Dieu', mais s'il n'obéit pas à ses commandements, c'est un menteur, la vérité n'est pas en lui. Mais celui qui obéit à la parole de Dieu, son amour pour Dieu est vraiment parfait. » (1 Jn 2.4-5) Et plus loin : « Si quelqu'un dit 'je suis dans la lumière', mais s'il déteste son frère ou sa sœur, celui-là est encore dans la nuit. » (1 Jn 2.9)
Pour Jean comme pour Jérémie, la vérité et le mensonge se mesurent dans notre façon de vivre. Devant Dieu, le mensonge conduit à l'hypocrisie ou l'idolâtrie. Alors que la vérité produit une foi vivante, authentique, qui grandit et s'épanouit. Dans nos relations à notre prochain, le mensonge conduit à la tromperie, la manipulation, la méfiance. Alors que la vérité produit la fidélité, l'humilité, la confiance.
Rejetons donc le mensonge et ses conséquences néfastes et choisissons la vérité, fidèle compagnon de l'amour.
Conclusion
Tous pourris ! Tous des menteurs ! Certes... mais sommes-nous meilleurs ? Prenons garde en tout cas, car nous aussi nous pouvons nous laisser entraîner dans le mensonge. La séduction du serpent change de forme mais elle garde tout son attrait.
Alors, certes, soyons les promoteurs de la vérité. Quand nous le pouvons, dénonçons les mensonges si facilement véhiculés par les médias traditionnels ou modernes. Mais pourquoi ne pas prier aussi pour les hommes et les femmes qui veulent vivre dans la vérité ? Et surtout, soyons chacun à notre niveau, de vrais disciples de Jésus-Christ, témoins en paroles et en actes de son amour et de sa grâce, dans la vérité.
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