dimanche 31 juillet 2022

Ruth - épisode 2 : Glaner n'est pas voler

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Résumé de l’épisode précédent :

Après le décès d'Elimelek, son mari, et celui de ses deux fils, Noémi se retrouve seule avec ses belles-filles, Orpa et Ruth. Elle avait quitté Israël qui traversait un temps de famine et s'était réfugiée en Moab où ses fils avaient trouvé des filles du pays pour se marier.

Veuve, sans descendance, en terre étrangère, Noémi se retrouve en situation de grande précarité. Quand elle entend que les récoltes ont repris en Israël, elle décide d'y retourner, proposant à ses belles-filles de la quitter et de refaire leur vie. Qu’avait-elle encore à leur proposer ? Mais Ruth s'y refuse et choisit de rester loyale et fidèle à sa belle-mère : « Là où tu iras, j'irai. »

Noémi retourne donc dans son pays, avec Ruth, mais le cœur n'y est pas : elle ne comprend pas pourquoi Dieu l'a ainsi frappé par cette épreuve. Ruth, quant à elle, va découvrir un pays qu’elle ne connaît pas, dans un contexte bien compliqué. 

Elles arrivent en Israël au moment de la récolte de l'orge...

Ruth 2

1 Noémi avait un parent du côté d'Élimélek, son mari. C'était un homme riche et considéré, appelé Booz. 2 Ruth la Moabite dit à Noémi : « Permets-moi d'aller dans un champ ramasser les épis que les moissonneurs laissent derrière eux. J'irai derrière celui aux yeux duquel je trouverai grâce. » – « Vas-y, ma fille », répondit Noémi. 3 Ruth partit et alla glaner dans un champ, derrière les moissonneurs. Or il se trouva, vraiment par hasard, que ce champ appartenait à Booz, de la famille d'Élimélek.

4 Et voici que Booz arriva de Bethléem. Il salua les moissonneurs en disant : « Que le Seigneur soit avec vous ! » – « Que le Seigneur te bénisse ! » répondirent-ils. 5 Booz demanda au jeune homme responsable des moissonneurs : « À qui est cette jeune femme ? » 6 Celui-ci répondit : « C'est la jeune Moabite, celle qui est revenue avec Noémi de Moab. 7 Elle a dit : “Permettez-moi de glaner et de récolter entre les gerbes derrière les moissonneurs.” Elle est venue ce matin et jusqu'à maintenant c'est à peine si elle s'est reposée. » 8 Alors Booz dit à Ruth : « Écoute bien, ma fille. Ne va pas glaner dans un autre champ ; le mieux est de rester ici et de travailler avec mes servantes. 9 Observe bien à quel endroit le champ est moissonné et suis-les pour glaner. J'ai ordonné à mes serviteurs de te laisser tranquille. Si tu as soif, va boire de l'eau dans les jarres qu'ils ont remplies. » 10 Ruth se jeta face contre terre, se prosterna et dit à Booz : « Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, et t'intéresses-tu à moi qui suis une étrangère ? » 11 Booz répondit : « On m'a raconté plusieurs fois comment tu as agi à l'égard de ta belle-mère après la mort de ton mari. Tu as quitté ton père, ta mère et le pays où tu es née pour aller vers un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. 12 Que le Seigneur te récompense pour ton action ! Oui, que le Seigneur, le Dieu d'Israël, te récompense abondamment, puisque c'est sous ses ailes que tu es venue chercher refuge. » 13 Ruth répondit : « Je trouverai grâce à tes yeux, maître ! Car tu m'as consolée, oui tu as parlé au cœur de ta servante et je ne serai pas comme l'une de tes servantes. »

14 À l'heure du repas, Booz dit à Ruth : « Approche-toi d'ici, mange du pain, prends un morceau et trempe-le dans la vinaigrette. » Ruth s'assit à côté des moissonneurs et Booz lui offrit des grains grillés. Elle en mangea autant qu'elle voulut et il lui en resta. 15 Puis elle se leva pour glaner. Booz donna cet ordre à ses serviteurs : « Laissez-la glaner également entre les gerbes sans lui adresser de remarques. 16 Retirez même quelques épis des gerbes et abandonnez-les par terre pour qu'elle les ramasse, sans lui faire de reproches. » 17 Ruth glana dans le champ jusqu'au soir, puis elle battit les épis qu'elle avait ramassés et elle remplit un grand sac de grains d'orge.

18 Elle porta le sac jusqu'à la ville et sa belle-mère vit tout ce qu'elle avait récolté. Elle ramena également ce qui était resté de son repas et le lui donna. 19 Sa belle-mère lui demanda : « Où as-tu glané aujourd'hui ? Dans quel champ as-tu travaillé ? Que Dieu bénisse celui qui s'est intéressé à toi ! »

Ruth raconta à sa belle-mère qu'elle avait travaillé dans le champ d'un homme appelé Booz. 20 Noémi déclara : « Qu'il soit béni par le Seigneur qui garde sa bonté pour nous les vivants, comme pour ceux qui sont morts ! » Elle ajouta : « Cet homme, Booz, est notre proche parent, un de ceux qui peuvent exercer le droit de rachat envers nous. » 21 Ruth la Moabite reprit : « Il m'a même dit : “Travaille avec mes serviteurs jusqu'à la fin de la récolte de tous mes champs”. » 22 Noémi dit à Ruth, sa belle-fille : « Très bien, ma fille, continue de travailler avec les servantes de Booz. Si tu allais dans le champ de quelqu'un d'autre, tu risquerais d'être maltraitée. »

23 Ruth resta ainsi avec les servantes de Booz jusqu'à ce que toute l'orge et tout le blé aient été récoltés. Elle continua à habiter avec sa belle-mère.


Sans ressource, Noémi et Ruth doivent trouver un moyen de se nourrir. Heureusement, en Israël, certaines lois de solidarité avec les plus démunis existaient. Ainsi, il était permis d’aller glaner dans les champs les épis que les moissonneurs laissaient ou de récolter les grappes de raisins laissées dans la vigne :

Lévitique 19.9-10

9 Quand tu moissonnes, ne coupe pas les épis qui ont poussé en bordure de tes champs, et ne retourne pas ramasser les épis oubliés ; 10 ne repasse pas non plus dans tes vignes pour ramasser les grappes oubliées ou les grains tombés à terre. Laisse-les pour les pauvres et pour les immigrés. Je suis le Seigneur votre Dieu.

C’est ce que fait Ruth. Elle choisit un champ, au hasard, et va glaner les épis laissés par les moissonneurs. Or, il se trouve que ce champ est la propriété de Booz, un homme qui est apparenté à Noémi. Mais personne ne le sait à ce moment de l’histoire. A part le lecteur, puisque c’est précisé au début du chapitre. 

Lorsque Booz entre en scène, on découvre un personnage généreux et bon. Riche propriétaire, il se montre proche de ses moissonneurs et il remarque la jeune femme qui glane dans son champ. Il se renseigne à son sujet et visiblement il a entendu parler d’elle. Les nouvelles vont vite... Les gens parlaient de Noémi revenu de Moab avec sa belle-fille qui avait choisi de rester avec elle. Ce que Booz avait retenu de cette histoire, c’est la générosité de Ruth. C’est pourquoi il va se montrer généreux avec elle, allant au-delà de ce que la loi prescrivait et veillant à ce qu’elle reparte le soir avec bien assez de nourriture pour elle et sa belle-mère, lui proposant même de revenir dans son champ jusqu’à la fin de la récolte. 

Au retour de Ruth, Noémi est d’ailleurs étonnée. Elle ne s’attendait pas à ce que ça fonctionne aussi bien. Je ne suis pas sûr que tous les propriétaires respectaient scrupuleusement la loi du Lévitique... J’imagine que souvent ils faisaient le strict minimum et ce qu’ils laissaient dans les champs était plus symbolique qu’autre chose. En ce temps-là comme aujourd’hui, il y a la loi et il y a la façon de l’appliquer… voire de la contourner ! 

En tout cas, l’étonnement de Noémi va grandir encore quand elle apprend que le propriétaire généreux du champ est en fait Booz, un de ses parents. Elle dit alors à sa belle-fille de continuer d’aller dans le champ de Booz pendant tout le temps de la récolte et de ne pas aller ailleurs. Non seulement parce que Booz l’a proposé à Ruth mais parce qu’elle a sans doute une idée derrière la tête… Un plan a commencé à s’ébaucher dans son esprit. Mais ça, on le découvrira dans le prochain épisode. N’allons pas trop vite ! 


Et Dieu dans tout ça ?

Il est intéressant de noter que Dieu n’est jamais un acteur direct dans le livre de Ruth. Il n’est jamais écrit : « Dieu dit… » ou « Dieu fit ceci ou cela… ». A une exception près, au chapitre 4, et encore c’est pour dire que le Seigneur donna à un personnage de concevoir et de donner naissance à un fils (4.13). 

Si Dieu est d’une certaine façon presque invisible du récit de Ruth, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas présent. Il est là, il agit dans les coulisses, en secret. Et on trouve tout au long du texte, des indices de sa présence et de son action. C’est le cas, par exemple, de la première phrase de notre chapitre : « Noémi avait un parent du côté d'Élimélek, son mari. C'était un homme riche et considéré, appelé Booz. » (2.1) Pourquoi le préciser à ce moment-là ? Sinon pour laisser entendre que ce qui va se passer avec lui n’est pas une coïncidence mais bel et bien l’effet de la providence divine. 

Pour les personnages du livre de Ruth, c’est bien le Seigneur qui est derrières les événements de leur histoire. Pour Noémi, par exemple, c’est très clair. Quand elle entend dire qu’il y a de bonnes récoltes en Israël, c’est le Seigneur qui est intervenu (1.6), et quand le malheur s’abat sur elle, c’est le Seigneur qui s’est tourné contre elle et a causé son malheur (1.21). Tout au long du livre, Dieu est pris à témoin pour les engagements pris par les uns ou les autres. Par exemple lorsque Ruth s’engage à rester avec Noémi : « Je le jure par le nom du Seigneur, seule la mort me séparera de toi ! » (1.17) On trouvera une formule du même type dans la bouche de Booz plus tard. Les personnages se saluent au nom de Dieu : « Que le Seigneur te bénisse » et expriment leur reconnaissance en souhaitant la bénédiction du Seigneur sur ceux qui ont agi avec bonté. 

En fait, dans le récit lui-même, Dieu est presque absent mais dans les paroles des différents personnages, il est omniprésent. 

C’est finalement une belle façon d’évoquer la providence de Dieu. La providence, c’est la main invisible de Dieu qu’on ne peut voir que par la foi. La réalité de la providence, de l’action de Dieu dans notre vie et dans l’histoire, ne peut jamais être prouvée. C’est toujours une affirmation de foi. 

On pourra toujours tout expliquer par des coïncidences, des concours de circonstance, liés au hasard ou à la nécessité. On pourrait très bien faire cette lecture du livre de Ruth et se dire que Noémi et Ruth ont un sacré coup de bol, que Ruth a su créer sa chance par son initiative et que Noémi a su forcer le destin. Mais on peut aussi, comme les personnages du récit de Ruth, voir dans les différents évènements, les rencontres, même les attitudes et les initiatives des uns et des autres, les fruits de l’action discrète, invisible, indirecte, de Dieu. L’œuvre de sa providence. 

C’est pareil dans notre vie. Jamais on ne pourra prouver par A + B que tel événement, telle circonstance, telle rencontre, est le fruit de la providence divine. C’est toujours une affirmation de foi. Mais pourquoi serait-ce plus absurde que de tout expliquer par le hasard et les coïncidences ?

Oui, la foi change notre regard sur la réalité, sur le monde, sur la vie. Et elle nous permet de voir l’invisible : la présence et l’action de Dieu. Comme l’affirme avec force l’épître aux Hébreux : « Mettre sa foi en Dieu, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas. » (Hébreux 11.1)


Généreux comme Booz

Quelques mots encore sur le nouveau personnage du récit, qui fait une entrée remarquée dans ce deuxième épisode, je veux parler de Booz. Il est un exemple d’accueil et de générosité. Booz, non seulement respecte les lois du Lévitique sur le glanage mais il va bien plus loin, par pure générosité. 

D’ailleurs Ruth s’étonne de la bonté de Booz à son égard, surtout, dit-elle, étant une étrangère. Dans sa réponse, Booz ne fait nullement mention du fait qu’elle est étrangère. Il ne voit que la loyauté dont elle a fait preuve envers sa belle-mère. Il discerne en elle une jeune femme fidèle et généreuse. Peu importe qu’elle soit Moabite ou de n’importe quelle origine. Pas de préférence nationale pour Booz ! 

Booz c’est l’exemple même de l’homme généreux. Son personnage est une invitation à ne pas limiter notre générosité, à ne pas nous retenir dans le bien que nous pouvons faire. 

Croire en la providence ne signifie pas que nous soyons de simples pantins dans les mains de Dieu. Dans sa mystérieuse souveraineté, Dieu intègre notre liberté, nos décisions et nos initiatives dans le déploiement de son œuvre. Si bien qu’on peut affirmer à la fois que toutes choses sont dans ses mains et que ce que nous disons ou faisons compte vraiment. 

Loin de nous rendre inactif, la providence de Dieu doit au contraire nous pousser à l’action. Parce que nous avons la certitude que Dieu saura rattraper nos erreurs, il pourra au besoin rectifier le tir voire changer le mal en bien, et il saura aussi utiliser et valoriser nos actions belles et bonnes. 


Conclusion

A la fin du deuxième épisode de notre mini-série, l’horizon est déjà bien moins sombre qu’à la fin du premier épisode. L’arrivée d’un nouveau personnage apporte un espoir nouveau et on sent bien que Noémi prépare quelque chose. 

Ce dont on se rend compte surtout, c’est que le Seigneur avait tout prévu. Qu’il est l’acteur principal bien qu’invisible de l’histoire. Comme il est l’acteur principal de notre vie. Par la foi nous pouvons le reconnaître, et apprendre à voir sa main invisible agir dans notre quotidien. 

C’est ce que vont continuer d’expérimenter Ruth, Noémi et Booz… Nous verrons dans la suite, au prochain épisode ! 


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