dimanche 9 octobre 2022

Métamorphosés !

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Dans le cadre de notre campagne de rentrée, c’est le texte biblique de ce matin qui est à l’origine de l’illustration de couverture du livret. L’image évoque une des merveilles de la nature : la métamorphose de la chenille qui devient papillon. 

Un des aspects de l’espérance chrétienne, c’est la transformation, ou la métamorphose, que Dieu opère en nous par son Esprit, en attendant la métamorphose ultime, celle de notre résurrection au dernier jour. 

Romains 12.1-3

1 Frères et sœurs, puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous, je vous invite à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, qui appartient à Dieu et qui lui est agréable. C'est là le véritable culte conforme à la parole de Dieu. 2 Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer et vous donner une intelligence nouvelle. Vous discernerez alors ce que Dieu veut : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait.

3 À cause du don que Dieu m'a accordé dans sa bonté, je le dis à chacun de vous : ne vous prenez pas pour plus que vous n'êtes, mais ayez une idée juste de vous-même, chacun selon la part de foi que Dieu lui a donnée.

Le début de notre passage fait référence à ce qui a précédé dans l’épître aux Romains : « puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous » (v.1) Cette bonté de Dieu, c’est celle qu’il a manifesté dans son projet de salut, accompli en Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nous. Les 11 premiers chapitres de l’épître y étaient consacrés. Désormais, l’apôtre Paul va évoquer les conséquences plus pratiques de son enseignement. 

C’est pourquoi il invite ses lecteurs à répondre à l’amour de Dieu en se donnant eux-mêmes entièrement à Dieu. C’est là le culte que Dieu attend de nous, le culte logique (c’est le terme grec logikos qui est utilisé ici). La formule souligne que le culte chrétien n’est pas sensé être limité au dimanche matin, quand l’Eglise est rassemblée dans la prière et l’écoute de la Bible. Le culte rendu à Dieu, c’est tous les jours, dans notre façon d’être et de vivre à la suite du Christ, dans notre amour pour Dieu et pour notre prochain… C’est 24h sur 24, 7 jours sur 7 ! 

Et ceci implique que, si nous voulons rendre le culte qui convient à Dieu tous les jours de notre vie, il faut comprendre ce que Dieu attend de nous, quelle est sa volonté. Nous trouvons alors sous la plume de Paul cette formule très riche du verset 2, sur laquelle nous allons nous arrêter ce matin (je vous propose une traduction légèrement différente) : « Ne soyez pas modelés par ce monde-ci mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, afin de discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait. »

C’est une seule phrase en grec, en trois parties. Les deux premières parties sont en opposition : ne soyez pas modelés ceci mais soyez transformés. La troisième partie souligne le but, l’objectif de l’opération : afin de discerner sa volonté. 

Dans les deux premières parties de la phrase, on trouve en grec des formes verbales passives, utilisées quand on subit une action : c’est soit le monde qui nous modèle, soit Dieu qui nous transforme. Dans la troisième partie de la phrase, c’est une forme verbale active, utilisée lors qu’on fait soi-même l’action concernée. C’est nous qui devons discerner la volonté de Dieu. 


Ne pas être modelés par notre monde

Si on n’y prend pas garde, on est modelé par le monde dans lequel on vit, pour le meilleur parfois et pour le pire souvent. On se laisse entraîner par la vague, les habitudes, les modes, les valeurs dominantes… 

Le « monde » ici, c’est la société dans laquelle on vit. C’est le monde d’aujourd’hui en opposition au « monde » qui vient, celui de Royaume de Dieu. Parfois ils se recoupent d’ailleurs. Il ne s’agit pas de vivre en ermite et de rejeter systématiquement, sans discernement, tout ce qui est « du monde ». Mais parfois ils sont en opposition. 

Les chrétiens font facilement de la résistance sur certains sujets, en général des questions liées à la famille et à la sexualité, leurs chevaux de bataille traditionnels. Mais on oublie d’exercer son discernement dans d’autres domaines qui nous impactent pourtant. Je pense par exemple au rapport à l’argent et au confort, si présents dans notre société occidentale, et qui sont des questions que Jésus, dans les évangiles, aborde, et avec de sévères mises en garde, bien plus souvent que les questions sexuelles ou familiales… Je pense aussi à la pensée de plus en plus binaire qui marque notre société, induite par les réseaux sociaux. On réduit les débats à l’affrontement de deux camps. Il y a les anti- et les pro-, quelle que soit la question ! Et tout discours nuancé est suspect. 

A l’opposé, l’autre risque est de faire un peu la sourde oreille à certaines évolutions positives de la société. Par exemple, la place des femmes, le respect des minorités, la prise de conscience des violences domestiques, la conscience écologique… Parfois, les chrétiens sont un peu à la traîne sur ces sujets ! 

En réalité, la mise en garde de l’apôtre Paul n’est pas un appel à fuir le monde, à se retirer dans l’Eglise ou à rejeter tout ce qui vient de notre société. C’est un appel à la vigilance et à l’exercice du discernement. Jésus disait déjà, en priant pour ses disciples : « Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais. » (Jean 17.15) L’apôtre ne dit pas autre chose en appelant à ne pas être modelé par ce monde-ci. 


Être transformés dans notre intelligence

On comprend donc pourquoi la deuxième partie de la phrase appelle à une transformation de l’intelligence. C’est justement pour pouvoir exercer ce discernement. 

Le terme grec traduit ici par « intelligence » est le terme qui désigne l’intellect, la raison. Et le verbe traduit par transformer a donné en français « métamorphoser ». L’exhortation de Paul à se laisser transformer dans notre intelligence ne concerne donc pas seulement quelques petits ajustements dans notre façon de penser mais une véritable métamorphose de notre intelligence, un changement radical de regard sur la vie, soi-même, le monde. C’est le bouleversement que provoque la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ !

Non, la foi ne nous rend pas irrationnel ou naïf. Croire, ce n’est pas mettre son intelligence en sourdine. Au contraire, le Saint-Esprit qui habite le croyant renouvelle notre intelligence, il la métamorphose. Et nous devons l’utiliser !

En tout cas, ça devrait être comme ça… Parce qu’on a quand même l’impression que les croyants perdent parfois leur bon sens, qu’ils sont plus crédules que croyants, accueillant sans esprit critique tout ce qu’on peut trouver sur YouTube ou Instagram, ou en laissant tomber tout raisonnement quand il s’agit de faire des choix ou de connaître la volonté de Dieu, ne s’en remettant qu’à des signes ou des illuminations hypothétiques ! 


Discerner la volonté de Dieu

Le but de la métamorphose de notre intelligence, c’est bien le discernement de la volonté de Dieu. Car lorsqu’il s’agit de comprendre ce que Dieu veut pour nous, Paul ne fait pas appel à une révélation surnaturelle ou une illumination personnelle, il fait appel à notre intelligence renouvelée. Il s’agit de discerner, avec notre intelligence, ce que Dieu veut. Je ne dis pas que nous n’avons pas à prier pour discerner la volonté de Dieu mais sans doute convient-il de demander d’abord à Dieu la sagesse pour faire un bon usage de notre discernement plutôt que de nous donner une révélation ou un signe. 

Pour nous aider à nous poser les bonnes questions pour notre discernement, l’apôtre associe à la volonté de Dieu trois qualificatifs : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait. 

Qu’est-ce ce qui est bien ? C’est Dieu qui détermine ce qui est bien ou mal. Le péché, dès les premières pages de la Bible, c’est de vouloir se passer de Dieu pour déterminer sans lui ce qui est bon ou mauvais. Notre unique ressource, ici, c’est la volonté révélée de Dieu, celle que nous trouvons dans la Bible. Et pas dans tel ou tel verset sorti de son contexte mais dans l’ensemble du message biblique. Approfondir notre connaissance de la Bible, c’est approfondir notre connaissance de la volonté de Dieu… et nous en avons besoin pour faire les bons choix et prendre les bonnes décisions dans notre vie. 

Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? C’est ce qu’il approuve, ce qui lui procure de la joie, du plaisir. On est là, évidemment, dans le prolongement du qualificatif précédent. Dieu se réjouit lorsqu’il voit ses créatures agir conformément à sa volonté révélée dans sa Parole. Mais il s’agit, ici de se poser la question un peu différemment : est-ce que ce que je dis, ce que je fais et même ce que je pense, fait plaisir à Dieu ? 

Qu’est-ce qui est parfait ? Là, ça peut nous faire un peu peur. La perfection, c’est quand même difficile à atteindre... Mais la perfection, dans la Bible, est une notion dynamique plutôt que statique. La perfection, pour nous, est moins une ligne d’arrivée qu’un horizon. On pourrait dire que ce qui est parfait, c’est ce qui nous fait progresser, ce qui nous fait avancer avec Dieu, ce qui nous fait grandir, spirituellement et en maturité. 

Quand il est question pour nous de discerner la volonté de Dieu, face à un choix ou une décision importante, ou lorsqu’on prend un peu de recul sur sa vie, on peut se poser ces trois questions : 

  • Est-ce bien ? Est-ce conforme à la volonté révélée de Dieu dans sa Parole ? 
  • Est-ce agréable à Dieu ? Est-ce que ce que je fais ou ce que je projette de faire fait plaisir à Dieu ? 
  • Est-ce parfait ? Est-ce que ça me fait avancer, progresser avec Dieu ? Ou est-ce que ça fait progresser mon prochain vers Dieu ? 

Si on peut répondre oui à ces trois questions, il y a toutes les chances que ce soit bien la volonté de Dieu ! Alors n’attendons pas forcément je ne sais quelle révélation ou quelle confirmation pour le faire ou continuer à le faire… 


Conclusion

Où est l’espérance dans ce texte de l’épître aux Romains ? Dans la promesse d’une métamorphose, celle de notre intelligence. L’irruption de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans notre vie nous ouvre des perspectives radicalement différentes. Nous voyons le monde, les autres, nous-mêmes, la vie, de façon tout à fait nouvelle. Et ce n’est que le début. 

Tout au long de notre vie chrétienne, Dieu poursuit cette œuvre de transformation, pour nous rendre capable de mieux discerner sa volonté, et pour avoir une vie qui soit belle et bonne, qui lui soit agréable et qui nous fait avancer vers l’horizon de notre espérance. Et cela jusqu’au jour où notre métamorphose sera complète, au jour de la résurrection finale et de l’établissement d’une Création totalement renouvelée. 


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