dimanche 22 janvier 2023

Répondre à l’appel

 

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Matthieu 4.18-23
18 Jésus marchait le long du lac de Galilée, lorsqu'il vit Simon, surnommé Pierre, et son frère André ; ils étaient en train de jeter un filet dans le lac car c'étaient des pêcheurs. 19 Jésus leur dit : « Venez à ma suite et ce sont des êtres humains que vous pêcherez. » 20 Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent. 21 Il alla plus loin et vit deux autres frères, Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Ils étaient dans leur barque avec Zébédée, leur père, et ils réparaient leurs filets. Jésus les appela ; 22 aussitôt, ils laissèrent la barque et leur père et ils le suivirent.
23 Jésus allait dans toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la bonne nouvelle du royaume et guérissait les gens de toutes leurs maladies et de toutes leurs infirmités.

Pourquoi s’intéresser à l’appel des premiers disciples de Jésus, un récit vieux de 2000 ans et qui concerne quelques pêcheurs sur le lac de Galilée ? En quoi ça nous concerne ? Nous ne sommes ni Simon ni André, ni un des deux fils de Zébédée. 

Certes, tous les quatre seront parmi les 12 apôtres choisis par Jésus pour poursuivre son œuvre et fonder son Eglise. Mais ça, ce sera plus tard… On voit, dans les évangiles, que le groupe des disciples qui suivaient Jésus était bien plus nombreux que les 12. Sans qu’on nous relate forcément le récit de leur appel, ils ont tous choisi, un jour, de suivre Jésus. Ils ont répondu à son appel. 

En fait, la nature même du message proclamé par Jésus est un appel qui attend une réponse. Dans le verset qui précède immédiatement notre texte, il est dit : 

Matthieu 4.17
Dès ce moment, Jésus se mit à proclamer : « Changez de vie, car le royaume des cieux est tout proche ! »

Si ce n’est pas un appel, qu’est-ce que c’est ? Et cet appel de Jésus va être relayé, de génération en génération, jusqu’à nous aujourd’hui. Jésus l’a demandé à ses disciples : 

Matthieu 28.19-20a
Allez donc auprès des gens de tous les peuples et faites d'eux mes disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé.

Voilà pourquoi les récits d’appel dans les évangiles revêtent aussi une dimension universelle. Fondamentalement, l’appel ne change pas : il s’agit, pour nous aussi, de suivre Jésus. Et que cet appel retentisse par la lecture de la Bible ou par la bouche d’un prédicateur, ça ne change rien fondamentalement. C’est Jésus lui-même qui nous appelle, car le Christ ressuscité est vivant aujourd’hui ! 

Devenir chrétien, c’est devenir disciple du Christ. C’est répondre à son appel. 


Un appel… à suivre

Au début de notre récit, Jésus marche le long du lac de Galilée. Et à la fin de notre récit, il marche encore, allant dans toute la Galilée… En fait, on a l’impression que Jésus ne s’arrête jamais !

Il marche le long du lac, il voit Simon et André, il les invite à le suivre et il continue sa route. Pas le temps de discuter ou de tergiverser, si Simon et André veulent répondre à l’appel, c’est maintenant. Alors aussitôt ils laissent leur filet et se mettent à suivre Jésus. 

Et c’est pareil un peu plus tard. Jésus va un peu plus loin, il voit deux frères, les fils de Zébédée, il les appelle… et il continue sa route. Alors eux aussi, aussitôt ils laissent leur barque et leur père, et ils suivent Jésus. 

Et une fois ses premiers disciples embarqués avec lui, il poursuit sa route. « Jésus allait dans toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la bonne nouvelle du royaume et guérissait les gens de toutes leurs maladies et de toutes leurs infirmités. » Il ne s’arrête pas ! Jésus, il faut le suivre… 

Alors bien-sûr, le texte ne nous dit pas tout. On ne sait pas si Simon et Pierre avaient déjà entendu Jésus parler : il avait déjà commencé à annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. On ne sait pas s’ils ont eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui avant de se mettre à le suivre. Mais la façon dont le récit nous est raconté souligne un Jésus qui marche, toujours en mouvement… d’où l’appel à le suivre !

Ne peut-on pas y voir comme une parabole de la vie chrétienne ? Un jour, Jésus nous appelle et nous commençons à le suivre, nous nous mettons en marche avec lui. Devenir chrétien, ce n’est pas s’enfermer dans une religion, c’est s’engager sur un chemin de vie. 

C’est nous qui pouvons, par la suite, nous endormir dans une vie chrétienne morne, faite d’habitudes et de routine. C’est nous qui, parfois, nous enfermons dans des contraintes et des rites sans vie, réduisant notre identité chrétienne à une simple pratique religieuse. 

Jésus, lui, veut nous emmener à sa suite, sur un chemin de vie, sans cesse renouvelé. Un chemin sur lequel retentit la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, pour nous et pour tous ceux qui croisent notre chemin. 

C’est pour cela qu’il nous faut sans doute régulièrement réentendre l’appel de Jésus, pour reconsidérer notre marche à sa suite. Est-ce que je suis encore en mouvement ? Est-ce que je vis ma vie chrétienne comme quelque chose de dynamique, qui me mets en mouvement ? Ou est-ce devenu quelque chose de statiques, des habitudes immuables et des pratiques qui ont perdu leur âme ? 

Qu’est-ce que je me demande le matin ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse aujourd’hui ? Ou plutôt : où est-ce que Jésus veut m’emmener aujourd’hui ? Sur quel chemin m’appelle-t-il ? A la rencontre de qui ? 


Continuité et rupture 

Un autre élément étonnant dans ce récit d’appel des premiers disciples, c’est ce que Jésus dit à Simon et Pierre : « Venez à ma suite et ce sont des êtres humains que vous pêcherez. »

Derrière cette formule choc, cette punchline, il y a dans l’appel que Jésus adresse à ses futurs disciples, des éléments de continuité et des éléments de rupture. Vous êtes des pêcheurs, vous le resterez… toutefois ce ne sont plus des poissons que pêcherez mais des êtres humains. C’est évidemment une façon imagée de parler de tous ceux qui, par leur témoignage, découvriront la bonne nouvelle du Christ. Mais pour cela, il faut qu’ils suivent Jésus, qu’ils laissent leurs filets, leur barque, et leur père, et qu’ils suivent Jésus. Il y a là des éléments de rupture. 

Il y a toujours, dans l’appel que Jésus nous adresse, des éléments de continuité et de rupture.

Il se trouve que Jésus a appelé, comme premiers disciples, des pêcheurs. Il les a vu jeter leurs filets alors il en a profité pour utiliser sa formule. Mais il aurait pu appeler des agriculteurs par exemple et il aurait pu, en les voyant, leur dire : « venez à ma suite et ce sont des êtres humains que vous récolterez » 

Evidemment, ça ne fonctionne pas avec tous les métiers… Mais j’aime voir dans cette formule un indice de continuité. Le Dieu qui nous sauve est aussi celui qui nous a créé. Il ne s’agit pas de nier notre histoire, de faire table rase du passé, ou de le noircir à l’excès. Dieu agissait dans notre vie avant même que nous décidions de le suivre. 

Il ne s’agit pas non plus de renier nos expériences, ce que nous avons appris, nos talents et nos compétences, notre personnalité… mais au contraire de les emmener avec nous, à la suite du Christ. Voyons comment on peut les mettre au service de Dieu et de notre prochain !

Ces éléments de continuité dans l’appel que le Seigneur nous adresse est une façon de reconnaître sa providence, la façon dont il a agi dans notre vie, dès le commencement. Mais parler de continuité ne veut pas dire qu’il n’y doit pas y avoir d’évolution ou de changement. Dieu nous transforme ! Et il y a aussi toujours une dimension de rupture dans l’appel que Jésus nous adresse. 

C’est la rupture de la conversion, du changement radical auquel nous sommes appelés. Un changement radical que nous devons parfois opérer encore au cours de notre vie chrétienne, lorsque pour une raison ou une autre, nous nous écartons du chemin. 

Quels sont, pour faire écho à notre récit, les filets que nous devons laisser ou les barques que nous devons quitter ? Qu’est-ce qui nous retient, aujourd’hui, ou nous ralentit dans notre marche à la suite du Christ ? A quoi devrions-nous renoncer ? 


Conclusion

Lire le récit d’appel des premiers disciples de Jésus nous conduit à nous interroger sur notre propre appel. Car Jésus nous appelle encore aujourd’hui ! Il nous appelle, sans cesse, à le suivre… 

C’est peut-être la première fois que vous entendez clairement son appel… ou peut-être l’avez-vous déjà entendu mais que vous n’y avez pas répondu… alors n’hésitez plus. Laissez vos filets, quittez votre barque et engagez-vous avec lui sur son chemin. Le voyage en vaut la peine !

Beaucoup ici ont déjà répondu à cet appel. Et pourtant, n’a-t-on pas encore besoin de l’entendre aujourd’hui ? Pour nous souvenir du moment où nous y avons répondu et renouveler notre engagement de foi. Ou alors pour nous demander si nous ne nous sommes pas un peu écartés du chemin, ou ralentis voire arrêtés sur le chemin… 

Ce matin, Jésus nous dit encore : « Viens, suis-moi ! » Allons-nous répondre à l’appel ? 


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