dimanche 26 mars 2023

Jésus pleura

 
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Quel est le point commun entre ces photos ? 

Ce sont toutes des représentations de Jésus au cinéma.  

Quand on veut représenter Jésus au cinéma, au-delà du choix de l’acteur et de son look, il y a la façon de le mettre en scène et de l’interpréter à l’écran qui est un défi… que sans doute aucun film n’a vraiment réussi à relever. 

Il faut dire que la tâche est compliquée… Les évangiles se centrent sur les enseignements et les actes de Jésus, notamment ses miracles, mais aussi et surtout sa mort et sa résurrection. S’ils ne nous disent rien sur l’apparence de Jésus, ils évoquent quand même quelques aspects de son attitude envers les autres. Parfois de manière discrète… mais ces allusions peuvent en dire long. C’est le cas d’une phrase très courte, qui constitue même le verset le plus court de la Bible, en Jean 11.35 : « Jésus pleura. »

Qu’est-ce que cette toute petite phrase peut nous dire de Jésus ? Pour le comprendre, il faut bien-sûr la replacer dans son contexte. Ce chapitre de l’évangile de Jean évoque l’un des miracles les plus impressionnants de Jésus puisqu’il s’agit d’une résurrection. 

Un jour, on vient trouver Jésus pour lui dire qu’un de ses amis, Lazare, est malade et qu’il risque de mourir. Mais Jésus ne se presse pas de se rendre à son chevet et il tient des propos que ses disciples ne comprennent pas vraiment… jusqu’à ce qu’il finisse par leur dire clairement : « Lazare est mort. »

Ils se rendent alors à Béthanie, là où habitait Lazare. A proximité de la ville, Marthe, l’une des sœurs de Lazare, vient à sa rencontre et lui reproche à demi-mot de ne pas être venu plus tôt. Mais Jésus lui dit que son frère va ressusciter. Ce que Marthe a du mal à comprendre… elle pense que Jésus parle de la résurrection des morts à venir, à la fin des temps. 

Marthe va alors avertir Marie, sa sœur, que Jésus est arrivé. Nous lisons le récit à partir d’ici :

Jean 11.31-44
31 Quand les Juifs qui étaient dans la maison avec Marie pour la consoler la virent se lever en hâte et sortir, ils la suivirent. Ils pensaient qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. 32 Marie arriva là où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » 33 Quand Jésus la vit pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, il ressentit une forte colère et se troubla. 34 Il leur demanda : « Où l'avez-vous mis ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens et tu verras. » 35 Jésus pleura. 36 Les Juifs dirent alors : « Voyez comme il l'aimait ! » 37 Mais quelques-uns d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas aussi empêcher Lazare de mourir ? »
38 Alors Jésus, ressentant de nouveau une forte colère, se rend au tombeau. C'était une grotte, dont l'entrée était fermée par une grosse pierre. 39 « Enlevez la pierre », dit Jésus. Marthe, la sœur du mort, répliqua : « Seigneur, il doit sentir mauvais, car il y a déjà quatre jours qu'il est ici. » 40 Jésus lui répondit : « Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » 41 On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux vers le ciel et dit : « Père, je te remercie de m'avoir écouté. 42 Moi je sais que tu m'écoutes toujours, mais je parle pour cette foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » 43 Après ces mots, il cria d'une voix très forte : « Lazare, sors de là ! » 44 Le mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes et le visage enveloppé d'un linge. Jésus dit : « Déliez-le et laissez-le aller. »

Jésus pleura… mais il n’est pas le seul à pleurer dans ce récit ! Et c’est bien normal. Un homme vient de mourir, tous les proches sont dans le deuil et pleurent. Jésus aussi pleure. Et ce n’est pas une précision anodine. Elle est, au contraire, riche de sens à propos de Jésus. 


Les pleurs de Jésus, notre frère

Les pleurs de Jésus sont sincères et authentiques. Ce tout petit verset est un des plus beaux et des plus forts pour décrire la pleine humanité de Jésus. Quand on lit les évangiles, on y découvre Jésus comme notre frère, partageant pleinement notre humanité. Il parle, il mange, il boit, il dort, il marche, il se réjouit, il souffre, il prie, il pleure…  

Voir Jésus pleurer, c’est mesurer son empathie et sa proximité avec nous. Jésus n’est ni froid ni distant. Par lui, Dieu s’est même approché au plus près de nous, partageant notre humanité. Cette toute petite phrase, « Jésus pleura », est un signe de la pleine incarnation du Fils de Dieu, jusque dans notre condition humaine marquée par la souffrance. 


Jésus pleure avec ceux qui pleurent

Les gens sont étonnés de voir Jésus pleurer, et ils s’exclament : « Voyez comme il l’aimait ! ». Ils pensent que Jésus pleure Lazare et qu’il est triste de sa mort. Ça peut paraître logique au premier abord mais ont-ils raison ? Evidemment, c’est délicat de se mettre à la place de Jésus et de décrypter ses émotions. Mais ne peut-on pas trouver des indices dans le texte qui nous aident à comprendre pourquoi Jésus pleure ? 

Comme on l’a dit, Jésus savait déjà que Lazare était mort. Il l’a dit à plusieurs reprises plus tôt dans le récit, même si ses disciples ne comprennent pas ce qu’il dit alors. Jésus n’apprend pas la mort de son ami à ce moment-là. Il sait même déjà qu’il va le ressusciter. Ça aussi, il l’a déjà dit à ses disciples et à Marthe, la sœur de Lazare. Il suffit d’ailleurs de voir la prière de Jésus, à partir du verset 41, pour en avoir encore la confirmation : « Père, je te remercie de m'avoir écouté. Moi je sais que tu m'écoutes toujours, mais je parle pour cette foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Il n’y a pas le moindre doute dans la prière de Jésus : il sait que Lazare va revenir à la vie, il sait qu’il va retrouver son ami. 

C’est donc peu probable que Jésus pleure la mort de Lazare. Pour lui, c’est comme s’il n’était pas mort ! 

En réalité, on a plutôt l’impression que c’est en voyant les proches de Lazare pleurer que Jésus se met à pleurer. Regardez le verset 33 : « Quand Jésus la vit pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, il ressentit une forte colère et se troubla. »  Et c’est bien ce trouble qui finit par le faire pleurer au verset 35. 

Jésus pleure avec ceux qui pleurent, il partage, sincèrement, leur tristesse. Il fait tout simplement preuve d’empathie. Il ne peut pas rester insensible au chagrin des autres. 

Nous qui croyons que Jésus est ressuscité, qu’il est vivant aujourd’hui, nous pouvons dire la même chose de lui aujourd’hui. Il n’est pas insensible à notre peine et à notre chagrin. Par son Esprit qui vit en nous, il partage nos émotions. Il se réjouit avec ceux qui se réjouissent. Il pleure avec ceux qui pleurent. Nous pouvons compter sur sa compassion et sa compréhension. 


Des pleurs et de la colère

Vous avez peut-être remarqué que les pleurs de Jésus sont aussi mêlés de colère. Par deux fois, le récit parle de la colère de Jésus. Au verset 33 : « Quand Jésus la vit pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, il ressentit une forte colère et se troubla. »  et à nouveau au verset 38 : « Alors Jésus, ressentant de nouveau une forte colère, se rend au tombeau. »

Qu’est-ce qui le met donc en colère ? Ce ne sont pas les pleurs des gens, de toute évidence… puisqu’il pleure lui-même avec eux. 

Et si Jésus était tout simplement en colère devant la mort et ses conséquences ? Il est en colère en voyant les proches dévastés par la mort de Lazare. Il est en colère devant le tombeau qui renferme son corps. Jésus ne se résout pas à accepter la mort et la douleur profonde qu’elle inflige. Il n’oublie pas qu’elle est l’ennemie à vaincre. C’est pour cela qu’il est venu sur terre. Pour vaincre la mort. Et là, devant lui, il voit la mort qui semble triompher, il voit la profonde douleur qu’elle inflige à ses frères et ses sœurs. Et il ne le supporte pas. Ça le met en colère. 

Dans la colère et les larmes, il inflige alors une défaite à la mort. Il prie, avec une parfaite assurance, et il appelle Lazare pour qu’il sorte du tombeau. Lazare est revenu à la vie !

La résurrection de Lazare est un avant-goût de la victoire ultime de Jésus sur la mort, le jour de sa propre résurrection. Non pas, comme pour Lazare, une simple réanimation pour un temps seulement mais une résurrection définitive. Une victoire totale sur la mort. 


Les pleurs de Jésus : une bonne nouvelle !

Jésus pleura. Cette simple affirmation, replacée dans le contexte de l’évangile de Jean, est une bonne nouvelle pour nous. Elle nous dit que Jésus est devenu notre frère, pour partager nos pleurs et vaincre la mort : il nous offre une consolation en partageant nos souffrances, il nous donne une espérance en triomphant de la mort. 

Consolation et espérance, voilà deux des biens les plus précieux que nous apporte la foi en Jésus-Christ. 

Dieu ne nous promet pas d’échapper à la souffrance et à la tristesse. Il nous promet la consolation par sa présence à nos côtés : il pleure aujourd’hui avec ceux qui pleurent. Il nous promet aussi qu’un jour, la victoire sera totale, la tristesse et le deuil auront disparus. C’est la vie qui vaincra, par la victoire du Christ, mort et ressuscité ! 

Nous pouvons à notre tour puiser dans cette consolation et cette espérance, une force non seulement pour affronter nos épreuves mais pour nous tenir aux côtés de notre prochain qui souffre. 

C’est le rôle du Saint-Esprit, que l’évangile de Jean appelle le Consolateur, et dont une des fonctions est aussi de nous rappeler les paroles de Jésus et les appliquer à notre vie. Ainsi, par le Saint-Esprit, nous pouvons, comme Jésus, pleurer avec ceux qui pleurent, et ensemble nous mettre au bénéfice de sa consolation. Nous pouvons, grâce au Saint-Esprit qui atteste à notre cœur les paroles du Christ, témoigner d’une espérance qui ne dépend pas des circonstances de notre vie mais des promesses de Dieu. 

Oui, les pleurs de Jésus sont une bonne nouvelle. Jésus est devenu notre frère, pour partager nos pleurs et vaincre la mort : il nous offre une consolation en partageant nos souffrances, il nous donne une espérance en triomphant de la mort ! 


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