dimanche 18 juin 2023

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

 

Il y a une phrase qui est associée à l’univers de Spider-Man. Elle est utilisée de différentes façons selon les comics ou les films et c’est une phrase qui sonne presque comme une maxime biblique : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »

Pour Spider-Man, il s’agit d’un impératif moral lié aux super-pouvoirs qu’il a reçu en étant mordu par une araignée radioactive. Il a une responsabilité supplémentaire maintenant qu’il a ces pouvoirs. Comment va-t-il en faire usage ? 

La formule, appliquée à Spider-Man, n’est pourtant pas une invention de Marvel. Elle a déjà été utilisée par le rival DC, à propos de Superman. Plus encore, plusieurs hommes politiques l’ont utilisée, dans des formulations proches, comme Franklin D. Roosevelt ou Winston Churchill, et d’autres avant eux. Mais dans la culture populaire, la formule est aujourd’hui associée à Spider-Man.

Sans être une parole biblique, la formule n’est pas sans rappeler une parole de Jésus qui s’en rapproche pas mal : « À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus. » (Luc 12.48)

C’est la conclusion d’une parabole qui se trouve au milieu d’un chapitre qui rassemble différents enseignements de Jésus. Le dernier, juste avant notre parabole, est une invitation à rester en éveil pour être prêt le jour où le Seigneur viendra, et ne pas se faire surprendre comme par un voleur. 

C’est alors que Pierre demande à Jésus : « Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous seulement ou bien pour tout le monde ? » Et Jésus répond par une autre parabole : 

Luc 12.42-48
42 « Qui est donc le serviteur digne de confiance et intelligent ? C'est celui que son maître chargera de veiller sur la maison et de donner aux autres serviteurs leur part de nourriture au moment voulu. 43 Heureux ce serviteur si le maître, à son retour chez lui, le trouve occupé à ce travail ! 44 Je vous le déclare, c'est la vérité : le maître lui confiera la charge de tous ses biens. 45 Mais si le serviteur se dit : “Mon maître tarde à revenir”, s'il se met à battre les autres serviteurs et les servantes, s'il mange, boit et s'enivre, 46 alors le maître reviendra un jour où le serviteur ne l'attend pas et à une heure qu'il ne connaît pas ; il chassera le serviteur et lui fera partager le sort des gens indignes de confiance. 47 Le serviteur qui sait ce que veut son maître, mais qui n'a rien préparé ou qui n'a pas agi selon la volonté de son maître, recevra de nombreux coups. 48 En revanche, le serviteur qui ne sait pas ce que veut son maître et agit de telle façon qu'il mérite d'être puni, recevra peu de coups. À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus.


Le serviteur digne de confiance

La parabole met en contraste deux serviteurs à qui un maître a confié la gestion de ses biens. L’un reste fidèle à sa tâche jusqu’au retour de son maître. L’autre, voyant le maître tarder, laisse tomber sa tâche, il profite de la situation pour battre les autres serviteurs et faire la fête. Evidemment qu’à son retour, le maître ne va pas traiter de la même manière les deux serviteurs ! 

Mais la conclusion est surprenante parce qu’elle vient ajouter un peu de complexité. Jésus ne se contente pas de dire que le maître récompense le serviteur fidèle et qu’il punit le serviteur infidèle. Il nuance le propos en disant que le châtiment du maître sera proportionné à la connaissance que le serviteur avait de ce que son maître attendait. Celui qui sait très bien ce que son maître attend de lui et ne le fait pas « recevra de nombreux coups ». Celui qui ne sait pas trop ce que son maître attend de lui et qui se rend coupable « recevra peu de coups ». 

On est à une autre époque… Jésus prend exemple sur ce qui se passait en son temps. Aujourd’hui, un patron qui battrait ses ouvriers pour les punir finirait en prison et c’est tant mieux ! 

Mais la question n’est pas là. La conclusion de Jésus est la fameuse formule que nous avons citée : À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus.

En quoi est-ce une réponse à la question de Pierre ? « Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous seulement ou bien pour tout le monde ? » L’enseignement de Jésus est valable pour tout le monde. Mais chacun doit être conscient de ce qu’il a reçu ou qui lui a été confié. C’est de cela qu’il est responsable. 

Or, Pierre et les autres disciples ont reçu une mission essentielle, celle de transmettre l’enseignement du Christ et de poursuivre son œuvre. Ils font partie de ceux à qui on a beaucoup donné et à qui on a confié beaucoup. Il leur sera donc aussi demandé beaucoup. 

La formule de Jésus ne s’arrête pas sur le pouvoir que les uns ou les autres auraient mais ce qui a été donné ou ce qui a été confié à chacun. Les modèles qu’il prend dans sa parabole ne sont pas des super-héros ou des hommes puissants, ce sont des serviteurs à qui leur maître a confié une mission.

C’est une idée développée ailleurs dans les Evangiles, comme dans la parabole des talents par exemple. Mais la leçon, ici, est assez singulière. Sa formulation laisse entendre qu’il n’y a pas simplement les bons et les méchants, les serviteurs fidèles et les serviteurs infidèles, mais que les choses sont plus nuancées. 

Ce qui entre en ligne de compte, c’est ce que chacun a reçu. Et tout le monde n’a pas reçu la même chose. 

C’est toujours vrai aujourd’hui, pour nous. On le voit dans la diversité de nos personnalités, de nos caractères et de nos dons. On le voit dans la diversité des ministères confiés, dans la diversité de nos lieux d’engagement et de service, que ce soit dans l’Eglise ou hors de l’Eglise. 

Mais dans sa formule de conclusion, Jésus semble faire une différence entre ce qui est donné et ce qui est confié. À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus.

Ce qui est donné, c’est peut-être ce que nous sommes, avec nos dons, nos capacités, nos talents. Ce qui est confié, c’est peut-être l’appel que nous avons reçu, la mission ou le ministère qui nous est confié. Celles et ceux qui ont reçu un ministère spécifique de la part du Seigneur ont une responsabilité plus grande devant lui : on leur demandera davantage ! Et c’est justement le cas de Pierre, qui avait posé la question à Jésus juste avant cette parabole. 

Quoi qu’il en soit, il y a une question que nous pouvons tous nous poser. Qu’est-ce que j’ai reçu ? Et qu’est-ce que je fais de ce que j’ai reçu ?


Qu’est-ce que j’ai reçu ?

Il y en a peut-être qui diront qu’ils n’ont rien reçu, qu’ils n’ont pas de don particulier et qu’ils ne voient pas comment ils pourraient servir le Seigneur. Si c’est ce que vous pensez, permettez-moi de vous dire que vous vous trompez ! 

Peut-être est-ce parce que vous pensez que la seule façon de servir le Seigneur, c’est dans l’Eglise. Et comme vous ne savez pas prêcher, que vous avez peur de parler devant tout le monde et qu’il est difficile pour vous, même de prier à haute voix, vous ne pouvez pas servir le Seigneur… C’est faux !

Et nous devons veiller à ne pas laisser croire que la seule façon valable de servir le Seigneur serait dans l’Eglise, en particulier dans des ministères de la parole (prédication, présidence, louange…)

Je suis sûr que vous avez tous des dons, des capacités, évidentes ou cachées, que vous pouvez mettre au service du Seigneur. Et pas forcément dans l’Eglise. Servir son prochain, c’est aussi servir le Seigneur ! 

Alors qu’est-ce que j’ai reçu ? Et qu’est-ce que je fais de ce que j’ai reçu ? 

Il y en a peut-être d’autres qui diront qu’ils sont conscients de ce qu’ils ont reçu mais qu’ils ne savent pas comment le mettre au service du Seigneur. Ou qu’ils voudraient bien le faire mais qu’on ne leur laisse par exprimer leur don. 

Ça peut être compliqué. Certains pensent avoir une voix extraordinaire et ils postent des vidéos sur Instagram ou TikTok… et ce n’est pas vraiment ça ! Mais c’est vrai aussi qu’il y a des dons qui restent cachés et qu’on ne sait pas toujours les discerner ou les valoriser. 

Que faisons-nous, en tant qu’Eglise, pour reconnaître et valoriser ces dons ? Et n’oublions pas que l’Eglise, c’est nous tous. Pas seulement le pasteur ou les membres du conseil, qui ont certes une responsabilité particulière... Mais nous sommes tous appelés à nous encourager les uns les autres, et à chercher à valoriser les dons des autres. 

Alors qu’est-ce que j’ai reçu ? Et qu’est-ce que je fais de ce que j’ai reçu ? Qu’est-ce que tu as reçu ? Et comment je l’accueille et je l’encourage ? 

Et puis il y a ceux qui sont bien au clair quant à ce qu’ils ont reçu, et qui exercent un ministère ou une responsabilité en accord avec leurs dons. Ceux-là ne doivent pas penser qu’ils sont peinards… Au contraire, ils sont exactement dans la situation du serviteur de la parabole qui sait ce que veut son maître. Ils doivent bien faire attention à la façon dont ils gèrent ce qui leur a été confié. Avec humilité et consécration. Pour honorer le maître qui lui a fait confiance. 

Qu’est-ce que j’ai reçu ? Et qu’est-ce que je fais de ce que j’ai reçu ?


Conclusion

Même si la formule liée à Spider-Man est intéressante, on va quand même préférer celle de Jésus. Les deux restent d’ailleurs assez proches. 

À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus.

Il y a une bonne nouvelle dans cette formule et la parabole qui s’y rattache : Dieu nous fait suffisamment confiance pour nous donner et nous confier des choses. Et pas n’importe quoi : ce qui concerne son Royaume. Et la façon dont nous gérons ce qu’il nous donne l’intéresse. Notre service, qu’il soit visible ou discret, qu’il soit dans l’Eglise ou en dehors de l’Eglise, compte aux yeux de Dieu. 

Être associé à l’œuvre de Dieu, par ce qu’il nous donne et ce qu’il nous confie, implique une grande responsabilité. Ce n’est pas un pouvoir, c’est un service, à vivre dans l’humilité et la consécration. Comme le Fils de Dieu, dans la personne de Jésus, a renoncé à son pouvoir divin pour devenir serviteur et nous aimer. Le Serviteur parfait nous invite, à notre tour, à être de simples serviteurs, humbles et fidèles. 

Qu’est-ce que j’ai reçu ? Et qu’est-ce que je fais de ce que j’ai reçu ?


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